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Actualités

Opération Une heure-lumière 2020

L'opération Une Heure-Lumière 2020 avec son hors-série commence officiellement ce 3 septembre !
Ce hors-série 2020 vous est offert pour l'achat de deux titres ou plus de la collection, version papier. Cette opération a cours dans les librairies participantes et sur belial.fr, dans la limite des stocks disponibles.

Le Bifrost 99 dans la Yozone

« Un Bifrost centré autour de Shirley Jackson dont les écrits plairont ou non, mais qui méritent vraiment de s’y attarder, et des nouvelles enthousiasmantes à un bémol près.
Une belle mise en bouche avant le numéro 100 consacré à Thomas Day, un auteur historique de Bifrost. » La Yozone

Dragon au Pays des Cave Trolls

« L’écriture aiguisée et immersive de Thomas Day nous plonge dans un récit âpre et violent. La construction du roman sous forme de puzzle est particulièrement judicieuse, l’auteur jouant avec les ellipses narratives et les zones d’ombre. Un roman puissant qui envoie un direct droit dans le cerveau et dont on ne sort pas indemne. » Au Pays des Cave Trolls

Les sorties du jour

Nouveautés de la collection Une heure-lumière, Les Agents de Dreamland de Caitlín R. Kiernan (trad. Mélanie Fazi) et Vigilance de Robert Jackson Bennett (trad. Gilles Goullet) sont dès à présent disponibles dans toutes les bonnes librairies et sur belial.fr !

Ténèbres sur Diamondia

Au début des années 70, van Vogt s’est remis à écrire de la science-fiction. Sa réputation n’est alors plus à faire : il est considéré comme l’un des plus grands auteurs de l’Âge d’or. En France, peut-être même est-il le Numéro Un, en attendant que son successeur, un certain Philip K. Dick, ne le détrône. En 1972, il publie donc Ténèbres sur Diamondia. À la différence de nombreux livres de l’auteur, il ne s’agit pas d’un fix-up mais d’un roman d’un seul tenant, et cela se sent.

La planète Diamondia est en proie à de violents troubles, au point que la Fédération Terrienne se doit d’y envoyer une commission de négociation dont fait partie le colonel Charles Morton. Les paisibles indigènes Irsk, qui jusque-là filaient doux et servaient de larbins aux colons diamondiens, sont soudain entrés en rébellion ouverte. La Fédération envisage de retirer ses billes, abandonnant les colons à leur sort… On pourrait être dans un de ces romans d’espionnage interplanétaire dont la SF regorge. Mais van Vogt ne mange pas de ce pain-là. Ce serait trop facile, trop simple. D’emblée, il fait intervenir l’obscurité : une force étrange susceptible d’intervertir corps et personnalités sur toute la planète. Et voilà que Morton tombe dans l’inconscience tandis que son esprit se retrouve dans le corps de Lositeen, un Irsk disposant d’une arme à même de neutraliser l’obscurité. Celle-ci est un champ magnétique contenant les doubles de tous les Irsk de Diamondia et permet-tant une sorte de télépathie entre eux, qui a été installé par Mahala, un extraterrestre surévolué mais disparu.

Cependant, le motif principal du roman est la multiplication des pains du colonel Morton, ce qui nous est présentée comme l’énigme diamondienne. Van Vogt réutilisera cette idée peu après dans L’Homme multiplié. À la différence des fix-ups où l’auteur était contraint d’instaurer un minimum de cohérence pour relier les divers constituants, il peut ici charger tout droit tel un rhinocéros fou sans se préoccuper de savoir où il va, emportant le lecteur. Maux de tête à prévoir…

Outre Morton, le roman offre une galerie de personnages qui seront tour à tour, voire simultanément, le colonel. Le lieutenant Lester Bray, dont le rôle est de faire avancer l’intrigue quand Morton est inconscient. Le capitaine physicien James Marriott, faisant figure de méchant ayant pris le contrôle de l’obscurité à l’origine des troubles. Isolina Ferraris, à la fois prostituée – ou plutôt Mata Hari – et membre d’une délégation de paix diamondienne qui ne sert pas à grand-chose. David Kirk, jeune militaire plein de fric tout aussi inutile. Paul Laurent, l’ambassadeur et chef de la commission de négociation, adepte de la logique définie qui transcende la logique moderne, à l’instar de Morton. On pourra voir dans cette logique définie (qui ne sert à rien) un pendant à la Sémantique Générale du Monde des ?. Quelques Irsk, une « incarnation » ectoplasmique du Mahala qui arpente la jungle. Sans oublier les fantômes pieusement conservés de tous les Irsk et dont je vous laisse deviner à quoi ils peuvent bien servir… Si les joueurs d’échecs du «  Cycle du ? » dissimulent leurs coups sous leur complexité, van Vogt affiche, lui, une complexité en trompe-l’œil, noyée sous nombre d’éléments ne contribuant en rien à la progression de l’intrigue.

L’auteur reste donc ici fidèle à sa manière. Tous les défauts caractéristiques de son style sont bien présents : personnages inutiles, éléments en impasse. Il continue de fourrer imperturbablement toutes les idées que son cerveau effervescent moissonne comme sur une foire à la brocante dans le sac à malice du roman en cours.

Pourtant, Ténèbres sur Diamondia est, avec Le Livre de Ptath, l’un des meilleurs van Vogt qu’il m’ait été donné de lire récemment. Il surpasse À la poursuite des Slans car il ne pousse pas son lecteur dans les ultimes retranchements de sa suspension de l’incrédulité. Il suffit ici d’accepter l’obscurité et la multiplication du colonel Morton pour que ça marche. Le plus incohérent finit par être le plus réussi. Aussi improbable que cela puisse paraître…

Quête sans fin

Une fois encore, Quête sans fin illustre la méthode principale de notre auteur pour ses romans : le fix-up, ici de trois textes courts publiés longtemps auparavant dans Astounding. Soient la nouvelle « Destination Centaure », en 1944, et « La quête » (1943) et « La Cinémathèque » (1946), deux récits sensiblement plus longs. Le moins que l’on puisse dire est qu’ici, cet assemblage hétéroclite montre rapidement ses limites, aussi bien en termes de cohérence que de qualité. De fait, «  Destination Centaure » est très au-dessus des deux autres textes — rien d’étonnant à ce qu’il bénéficie d’une notoriété supérieure.

À la fin des années 70, des boites de films éducatifs, destinés à des écoles ou des conventions professionnelles, contiennent tout autre chose que ce que leur étiquette indique, à savoir des aperçus aux « effets spéciaux » extraordinaires d’autres mondes du Système solaire ou d’engins futuristes. La cinémathèque qui les fournit est incapable d’expliquer la substitution ou la provenance de ces films (ils viennent en réalité du futur et montrent des scènes authentiques). Lorsqu’un professeur de physique de lycée perd son emploi en partie à cause de ces courts-métrages (mais surtout du fait de ses propres paranoïa et malveillance), il décide de résoudre le mystère. Sitôt sa décision prise, c’est le voile noir (et la fin de la partie correspondant à « La Cinémathèque »). Il se réveille deux semaines plus tard, désormais représentant de commerce, et incapable de se souvenir de ce qui lui est arrivé dans l’intervalle. En menant l’enquête, il va découvrir que des voyageurs se déplaçant dans le Temps et les mondes parallèles opèrent sur Terre. Il va alors pénétrer dans le Palais d’Immortalité, un endroit extraordinaire logé dans un « repli du temps », où l’on rajeunit au lieu de vieillir (ce qui rappelle la très postérieure « Maladie de Merlin » de Dan Simmons). Un repli au bout duquel l’Histoire, ou plutôt toutes les Histoires, finissent (comme dans le récent Terminus de Tom Sweterlitsch). Une fois renvoyé dans son époque d’origine, Peter Caxton n’aura de cesse de retourner dans le Palais et d’acquérir l’immortalité, pour se retrouver pris dans la guerre temporelle que se livrent deux Détenteurs – ces humains capables de se déplacer librement dans le Temps.

On connaissait le space opera d’un côté, le time opera de l’autre : ici, van Vogt invente le « space-time opera », quand tous les moyens sont bons pour Caxton pour tricher avec la mort : repli du Temps, donc, cryogénie, « soleil célibataire » dont l’approche catapulte un vaisseau dans une autre époque, et surtout un voyage infraluminique d’un demi-millénaire en catalepsie vers Alpha du Centaure – la partie correspondant à « Destination Centaure », de loin la plus claire et la plus intéressante de cet assemblage (notamment via l’énorme choc culturel et psychologique qui attend les astronautes à l’arrivée). Si tout cela semble bel et bon, l’exécution (ou la traduction ?) est calamiteuse : la pseudoscience de van Vogt est floue, mal ou trop tardivement expliquée, datée et bancale («  la vélocité est égale au cube de la racine cubique de GD »), et l’ensemble du roman vacille sous le poids d’un empilement de concepts de voyage dans le temps et d’univers alternatifs nébuleux, une intrigue particulièrement confuse pour laquelle le lecteur perd peu à peu tout intérêt. Certains passages demeurent cependant fascinants, telle la partie correspondant à « Destination Centaure ». Rien que pour l’ambition, l’imagination, lesense of wonder dont fait preuve l’auteur, Quête sans fin reste donc une lecture stimulante, à défaut d’être pleinement enthousiasmante.

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