Connexion

Actualités

Erat Fatum

Tiens, J'ai Lu se remet à publier des séries. Après le retour de la Cybione d'Ayerdhal, série entamée en des temps ancestraux au Fleuve Noir, voici celui de Pierre Pèlerin, le héros d'Hervé Jubert. Pas de bol, ce troisième volume est aussi le dernier.

Pour ceux qui auraient oublié de quoi parle cette série — deux ans et demi se sont tout de même écoulés entre la parution du roman précédent, In Media Res, et celui-ci — petit rappel des faits : nous sommes au milieu du XXIe siècle, et le Vatican — rebaptisé ici le Vé — est redevenu une puissance mondiale majeure. Pierre Pèlerin est l'un de ses principaux champions, chargé de défendre ses intérêts sur toute la planète. Mais c'est un champion atypique, adoré par la population et détesté par sa hiérarchie. Une partie de cette dernière décide donc son élimination pure et simple. Pèlerin bénéficie néanmoins de quelques appuis solides, et réapparaît bientôt au grand jour, sous l'identité de son propre sosie, acteur de films pornos ! Une couverture idéale pour pénétrer à Hotaku-Ne, le temple du jeu et de la luxure sud-asiatique, dont les dirigeants, non contents de ne pas reverser une partie de leurs bénéfices au Vé, détiennent en outre une arme capable de déclencher l'apocalypse nucléaire.

Je fais partie des lecteurs qui ont découvert Hervé Jubert avec Le Roi sans visage, paru il y a quatre ans dans la défunte collection « Abysses » de la Librairie des Champs-Elysées. J'avais immédiatement été emballé par le rythme effréné de ce roman et l'imagination débridée de son auteur. Les Aventures de Pierre Pèlerin est une série moins exubérante, et ce troisième volume ne fait pas exception. C'est même le plus policé de tous. L'écriture est mieux maîtrisée qu'autrefois, mais les péripéties et les retournements de situation se sont raréfiés. Le récit suit son cours paisiblement, trop paisiblement. Certaines idées amusantes, comme celle de transformer l'agent du Vé en acteur porno, ne débouchent pas sur grand-chose. Il faut attendre les cinquante dernières pages pour que l'action s'accélère enfin et que l'on retrouve le Hervé Jubert que l'on aime. C'est hélas un peu tard.

Erat Fatum n'est pas foncièrement un mauvais bouquin, il est même tout à fait lisible, mais il est décevant de la part d'un auteur que l'on sait capable de faire bien mieux.

Ventus

Voici donc le premier roman de Schroeder à être traduit et publié en France — alors qu'il s'agit en fait du second roman de l'auteur, le premier, Claus effect, ayant été coécrit avec David Nickle. Gageons que ce ne sera pas le dernier, car cet auteur canadien, que les lecteurs de Bifrost ont découvert dans le n° 26, nous livre ici ce qui ressemble fort à un chef-d'œuvre, en dépit de défauts formels.

Ventus est un monde sur lequel un lent et complexe processus de terraformation a échappé au contrôle des hommes, à la veille de son aboutissement. Les colons, envoyés pour y prospérer, sont tout juste tolérés par les Vents, ces machines efficientes qui gèrent l'écosystème de la planète et qui interdisent toute technologie risquant d'altérer la biosphère. Adoptant un mode de vie rupestre, les ventusiens se sont organisés en royaumes de type féodal et ont divinisé les Vents. Calandria May et Axel Chan, deux mercenaires bio-améliorés au service de l'Archipel humain, sont dépêchés sur Ventus pour traquer le Général Armiger, l'âme damnée de 3340, une Intelligence Artificielle qui a bien failli éradiquer l'humanité de la Galaxie. En butte à l'hostilité des Vents et à la méfiance des colons, leur enquête les mène droit vers le jeune Jordan, dont le destin exceptionnel sera déterminant pour l'avenir de la planète et pour la résolution de l'énigme qu'elle représente…

Nourri par une dynamique efficace et une vraie intelligence narrative, le roman de Schroeder souffre cependant de plusieurs petits défauts de style et de structure, surtout sensibles dans sa première partie. L'auteur (un fait de la traduction ?), use et abuse de termes génériques faciles pour désigner ses personnages. Ainsi le mot « compagne », utilisé à outrance et mal à propos, ou bien encore l'expression « Ah, te voilà ! », répétée de manière navrante. Plus largement, l'auteur gère inégalement les points de vue de ses personnages. S'il affecte de les respecter au début du récit, il finit par s'embrouiller et choisit parfois celui qui réduit la tension dramatique de la scène, ce qui gâche le plaisir du lecteur. Las ! Ce ne sont que des défauts mineurs, aisément occultés par la richesse thématique de ce roman dense particulièrement ambitieux.

Ventus est d'abord un texte inspiré sur la terraformation, qui lui sert à la fois de décor et de ressort narratif. En associant nanotechnologie, intelligence artificielle et terraformation, il délivre un message écologique fondé sur une réinterprétation géniale des croyances animistes : les Vents, présents dans chaque animal, chaque brin d'herbe, goutte d'eau ou pierre, ont donné une voix à la Nature. Mais l'écosystème vivant et agissant s'est affranchi de sa programmation, se dotant d'un nouveau langage pour mieux s'autodéterminer. Si ce monde s'éveillant à la conscience n'est pas sans évoquer Solaris, la description des différentes machines qui concourent à la stabilité de la biosphère de Ventus témoigne d'un souci de crédibilité scientifique qui rappelle celui de la trilogie martienne de Kim Stanley Robinson : miroirs orbitaux qui augmentent l'ensoleillement, mécanismes de filtration et d'acheminement des eaux marines pour irriguer les terres arables, etc. C'est dans cette alchimie réussie entre enchantement du réel et rigueur scientifique que résident la force et l'originalité du roman. Schroeder revisite les grands thèmes de la fantasy à la lumière de leur potentiel science-fictif. Il utilise les termes de dieu et de demi-dieu pour qualifier les I.A. et leurs serviteurs ; quant aux Vents, Griffes du Ciel et Cygnes de Diadème évoquent davantage des créatures fabuleuses que des machines. L'auteur jongle avec les arcanes de l'épopée, tels que le retour du Mal ou la bataille finale dans un lieu chargé de sens et de magie, sans ruiner la dimension hard science de son propos. Voici bien ce qu'est Ventus, un space opera hanté par le merveilleux.

Schroeder sous-tend aussi son intrigue d'une intéressante réflexion sur l'utopie. Au-delà des clins d'œil savoureux à l'île de Thomas More et aux cités radieuses, le personnage de Galas, la reine idéaliste qui fonde des villes expérimentales en plein désert, et les projets totalitaristes d'Armiger et de 3340, prouvent que la science-fiction reste une cousine espiègle de l'utopie, qui sait jouer avec les faux-semblants de l'idéal.

En conclusion, l'œuvre de Karl Schroeder est une incontestable réussite. Ventus est une fresque démesurée qui transcende ses imperfections en jouant sur nos peurs et nos aspirations profondes. Après ce roman, vous ne regarderez plus le ciel de la même façon.

Critiques Bifrost 27

Les chroniques de livres du Bifrost n°27 sont maintenant en ligne sur l'onglet Critiques !

GPI 2012 Préselection

Pas moins de neuf citations pour les livres du Bélial' et les nouvelles de Bifrost dans la préselection du Grand Prix de l'Imaginaire 2012 !

Féerie, la BO 3

Découvrez deux nouveaux morceaux de la bande originale de Féerie pour les ténèbres, composés par Jérôme Noirez et à télécharger gratuitement !

Précommande Féérie

Féérie pour les ténèbres, l'intégrale de Jérôme Noirez est désormais disponible à la précommande !

Nouvelle gratuite Noirez

En attendant l'intégrale Féerie pour les ténèbres, découvrez l'univers particulier de Jérôme Noirez avec Pour qui grincent les gonds, nouvelle à lire en ligne ou à télécharger gratuitement du 1er au 29 février !

Intégrale Féerie numérique

L'intégrale Féérie pour les ténèbres de Jérôme Noirez, comprenant trois romans et cinq nouvelles paraîtra également en numérique sans DRM et sera vendu 19,99 €.

Dernier jour Sylvie Denis

Dernier jour pour télécharger gratuitement en ePub et PDF ou lire en ligne la nouvelle L'Aventure de la cité ultime de Sylvie Denis !

Ventes numériques 2011

Le livre numérique a-t-il décollé en 2011 ? Découvrez les chiffres de ventes détaillés du Bélial' pour l'année écoulée...

  1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280 281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315 316 317 318 319 320 321 322 323 324 325 326 327 328 329 330 331 332 333 334 335 336 337 338 339 340 341 342 343 344 345 346 347 348 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359 360 361 362 363 364 365 366 367 368 369 370 371 372 373 374 375 376 377 378 379 380 381 382 383 384 385 386 387 388 389 390 391 392 393 394 395 396 397 398 399 400 401 402 403 404 405 406 407 408 409 410 411 412 413 414 415 416 417 418 419 420 421 422 423 424 425 426 427 428 429 430 431 432 433 434 435 436 437 438 439 440 441 442 443 444 445 446 447 448 449 450 451 452 453 454 455 456 457 458 459 460 461 462 463 464 465 466 467 468 469 470 471 472 473 474 475 476 477 478 479 480 481 482 483 484 485 486 487 488 489 490 491 492 493 494 495 496 497 498 499 500 501 502 503 504 505 506 507 508 509 510 511 512 513 514 515 516 517 518 519 520 521 522 523 524 525 526 527 528 529 530 531 532 533 534 535 536 537 538 539 540 541 542 543 544 545 546 547 548 549 550 551 552 553 554 555 556 557 558 559 560 561 562 563 564 565 566 567 568 569 570 571 572 573 574 575 576 577 578 579 580 581 582 583 584 585 586 587 588 589 590 591 592 593 594 595 596 597 598 599 600 601 602 603 604 605 606 607 608 609 610 611 612 613 614 615 616 617 618 619 620 621 622 623 624 625 626 627 628 629 630 631 632 633 634 635 636 637 638 639 640 641 642 643 644 645 646 647 648 649 650 651 652 653 654 655 656 657 658 659 660 661 662 663 664 665 666 667 668 669 670 671 672 673 674 675 676 677 678 679 680 681 682 683 684 685 686 687 688 689 690 691 692 693 694 695 696 697 698 699 700 701 702 703 704 705 706 707 708 709 710 711 712 713 714  

Ça vient de paraître

La Maison des Soleils

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 114
PayPlug