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Les Rivières de Londres

« Je dois parler à ce troll, déclara Nightingale.
– Monsieur, je pense que nous sommes censés les appeler des “sans-abri”.
– Non. Lui, c’est un troll. »

Croiser des trolls, traquer des vampires, voilà désormais le quotidien du sergent Peter Grant depuis qu’il a été promu apprenti du capitaine Nightingale de la Police Métropolitaine de Londres. Nightingale, dernier magicien de la police. Et mieux vaut pour Peter devenir apprenti magicien que de terminer dans quelque placard de l’administration de la PM. Tout cela ne serait pas arrivé si Peter, présent pour monter la garde sur une scène de crime, n’avait pas eu l’heur de croiser un témoin des plus spectraux — le fantôme d’un acteur, décédé depuis quelques siècles. Mais Peter n’a guère le temps de jouer les apprentis sorciers : il lui faut désamorcer le conflit latent entre le Vieil Homme du Fleuve et Mama Tamise, deux individus qui ressemblent à s’y méprendre à des divinités et qui se disputent la rivière, ne pas se laisser piéger par leurs enfants-affluents, et surtout mettre fin à cette étrange série de meurtres, dont les victimes ont toutes en commun d’avoir eu les traits ravagés d’une manière qui n’a rien de naturel. Mais que faire si le responsable présumé de ces crimes semble être un Guignol anarchiste, tout droit échappé d’un spectacle de marionnettes pour enfants ?

Le proverbe bien connu enjoint de ne pas juger un livre sur sa couverture, et c’est bien le cas pour Les Rivières de Londres, roman à qui son illustration ne rend absolument pas justice. Elle tendrait à le faire classer du côté des sous-Harry-Potteries, alors que, à la lecture, on se situe plus volontiers du côté de séries comme Torchwood ou Doctor Who. Et pour cause : Ben Aaronovitch n’est pas exactement ce que l’on appellerait un auteur débutant, étant donné qu’il s’est exercé avec l’écriture de scénarios et de novélisations de… Doctor Who. Il a eu le temps de perfectionner sa plume avant de se lancer (avec bonheur) dans une série bien à lui. Le jeune sorcier à la cicatrice peut donc dormir tranquille, Peter Grant ne viendra pas le concurrencer. D’autant que le boulot de notre apprenti-sorcier ne lui laisse que peu de temps pour perfectionner sa pratique de la magie. Une magie qu’il tente d’appréhender avec ses quelques connaissances en physique, ce qui nous vaut des interrogations amusantes sur la conservation de l’énergie ou l’origine de l’énergie de cette fameuse magie. Moins sombre que celui dépeint par Neil Gaiman dans Neverwhere, le Londres que traverse Peter Grant est à son image : métis et cosmopolite (ainsi, Mama Tamise est une plantureuse mama noire), quadrillé de caméras de vidéo-surveillance. Une Londres des plus actuelles, en somme, peuplée de personnages bien croqués servis par des dialogues truculents, et qui prennent place dans une intrigue joliment menée jusqu’à son dénouement. Sans oublier une traduction au diapason. Ce premier tome d’une série de trois, d’une lecture des plus plaisantes, s’avère tout à fait recommandable.

Enola Game

Au début, il y a l’événement : une grande lumière blanche. Une explosion nucléaire, autre chose ? Par analogie avec Hiroshima, une mère de famille surnomme l’incident et la situation qui en découle Enola Game. Evidemment, cela n’a rien de ludique. Bientôt, voici des soldats qui arpentent les rues, qui distribuent des rations et qui ordonnent aux gens de ne pas quitter leurs domiciles. Quelque part dans un quartier résidentiel, cette mère et sa fillette restent donc cloîtrées chez elles, en attendant que la situation s’améliore. Si tant est que les choses reviennent à la normale. Les soldats disparaissent, sont remplacés par des pillards. A mesure que le temps passe, on va vers le dénuement. Plus d’eau, plus d’électricité. Parce qu’il fait froid, il faut sacrifier les meubles, les livres, les souvenirs qui s’y associent. Jusqu’à finir par sacrifier ce que l’on possède de plus précieux.

Ce court roman s’apparente à un négatif de La Route. Comme dans le récit de Cormac McCarthy, il y a eu une catastrophe, et l’on suit deux personnages anonymes. Ici cependant, nul voyage : on ne quittera pas la maison. Quand il sera temps de partir pour la mère et sa fille, c’est déjà trop tard. Et tandis que les personnages de La Route avancent dans un éternel présent, la mère dans Enola Game arpente le passé, passe en revue ses souvenirs (chaque objet dont elle doit se séparer fonctionne comme une madeleine de Proust), repense à sa vie d’avant et ses velléités, ce qui, précisément, fait le sens d’une vie, à l’avenir de sa fille, qui sera irrémédiablement marqué par cette catastrophe dont on ne saura rien.

Ceux qui s’attendent à un bon vieux post-apo, plein de bruit et de fureur, ont le droit de passer leur chemin. Divisé en très courts chapitres émaillés de citations, Enola Game est la chronique très intimiste d’une mère confrontée à la disparition progressive de tout ce qui constituait sa vie. Les uns (probablement les unes ?) trouveront cela sensible et réussi, mais il est à craindre que les autres s’ennuient ferme.

René

Disiz est un rappeur français connu au début de sa carrière sous le nom de Disiz la Peste. Originaire de la banlieue plus précisément d’Evry, dans la cité des Epinettes-Aunettes), il a sorti plusieurs albums depuis le premier, Le Poisson rouge, en 2000. Après un premier roman, Les Derniers de la rue Ponty, en 2009, voici son deuxième opus, un livre d’anticipation sociale.

L’anticipation commence dès la première page : la chronologie des événements ayant mené au futur de René nous est décrite succinctement. Lors des élections présidentielles de 2012, Nicolas Sarkozy et Ma-rine Le Pen arrivent au second tour. Après des émeutes en banlieue, Sarkozy est élu président, mais Le Pen devient rapidement premier ministre. La suite des événements conduit à la victoire du Front National en 2017 ; quand le roman débute, nous sommes désormais en 2025. Dans un Etat très policier, radicalisé, le jeune René tente de subsister, entre mère alcoolique et bandes qui règnent sur la cité. Il va faire la connaissance d’Edgar, délinquant obsédé, pour le meilleur et pour le pire…

On l’a vu, ce roman se veut ouvrage d’anticipation sociale. Encore faudrait-il que cette anticipation soit crédible et serve le propos du livre. Sur le premier point, on peut en douter très fortement : le déroulé des événements conduisant au monde de René est en effet hautement improbable. Comme il nous est imposé sans aucune finesse dans les premières pages, cela n’aide pas à entrer dans le roman, ce qui est fort dommageable car celui-ci ne s’embarrasse pas de détails sur la construction de ce monde futur, préférant s’intéresser à la vie quotidienne de ses protagonistes. Bien sûr, tout en étant invraisemblable, le livre n’est quand même pas complètement à côté de la plaque : la radicalisation décrite par Disiz est effectivement en marche, et plus les années passent, plus la banlieue ressemble à une poudrière. Mais l’auteur n’arrive à aucun moment à éviter la caricature ; en outre, quand il veut faire preuve d’un peu d’originalité, ça tombe à plat : les SMS ont été remplacés par des InstinctiPhone sur lesquels on s’exprime comme en 2012 alors que treize ans ont passé. Or, quiconque s’intéresse un peu à la culture populaire sait que les modes bougent beaucoup plus vite que ça, et qu’il y a fort peu de chances pour que les téléphones du futur ressemblent à ceux existant aujourd’hui. Un détail, certes, mais qui s’avère symptomatique de l’univers pensé par Disiz : son anticipation n’est qu’un très léger décalage du monde d’aujourd’hui. Et dans la mesure où ce qu’il y décrit n’est au fond qu’un fait divers comme il s’en produit régulièrement dans les banlieues (certes, il y a ici mort d’homme, ce qui est moins courant), en aucun cas le fait que l’intrigue se déroule dans ce décalque futuriste n’a un quelconque intérêt. Dès lors, le choix par l’auteur d’une anticipation sociale ne se justifie pas, et amoindrit même le propos de Disiz (il est beaucoup plus délicat d’écrire un roman polémique se déroulant dans les banlieues d’aujourd’hui que dans un futur hypothétique).

René se lit ainsi pour l’essentiel comme la chronique de la vie de la cité et le récit d’un fait divers. Ce qui pourrait suffire en soi, si toutefois il n’y avait de nombreuses scories dans la construction des personnages et le mode de narration. Quelques exemples : on nous dit à peu de lignes d’intervalle que René est un fou des livres, qu’il en possède plusieurs centaines sur son ordinateur… et qu’il lit toujours les mêmes livres. René, qui a vécu toute sa vie renfermé sur lui-même, ne s’ouvrant à personne, rencontre Edgar et, ni une ni deux, il le suit aussi sec, en totale contradiction avec la construction préalable de son personnage. Alors que le roman est écrit du point de vue de René, certains personnages sont introduits par leur prénom, sans que l’on sache qui ils sont (Jonathan, le frère d’Edgar, qui devient d’ailleurs un peu plus loin Michel-Jonathan). Le point de vue central de René, qui fait du reste le principal intérêt de ce livre, cède la place à d’autres points de vue vers la fin du roman, sans justification (si ce n’est sans doute celle que son auteur n’a pas su comment faire autrement). Bref, de nombreux points formels pêchent, qui auraient sans doute pu être évités avec un vrai travail éditorial, ce qui ne semble pas être le cas ici.

René se révèle donc une vraie déception, un roman caricatural qui enfile les clichés et les mauvais choix narratifs, et qui n’a qui plus est, en dépit des apparences, pas grand-chose à voir avec de la science-fiction prospective. On oublie.

L'avenir n'est pas écrit

Ron Currie Jr. est un écrivain américain né en 1975 ; après un premier livre sous forme de recueil de nouvelles en 2007, God is Dead, paraît en 2009 son premier roman, L’Avenir n’est pas écrit. Tous deux ont connu un succès critique, glanant quelques prix au passage.

A sa naissance, Junior Thibodeau se voit confier par une voix intérieure (des extraterrestres ?) une terrible malédiction : dans trente-six ans, une comète entrera en collision avec la Terre, détruisant celle-ci. Un contre-la-montre s’engage alors dans la vie de Junior, même si, dans les premières années, compte tenu de son jeune âge, il ne saura qu’en faire ; il faudra qu’il aperçoive des images de bombe atomique pour prendre toute la mesure du caractère dramatique de la situation. Ce contre-la-montre prend la forme de chapitres plus ou moins courts numérotés à l’envers, narrés par la voix intérieure à destination de Junior, donc à la deuxième personne du singulier. Mais, comme Currie se doute qu’il ne pourra pas tenir un roman entier avec ce seul procédé, il intercale des passages rédigés à la première personne qui adoptent les points de vue de Junior, des membres de sa famille ou de sa copine. Comme la narration s’étend sur les trente-six ans de la vie du héros, jusqu’à l’instant fatidique, le roman fonctionne par ellipses ; entre deux chapitres, il s’écoule parfois plusieurs années. Et chaque chapitre, plutôt que de s’intéresser au développement global de l’intrigue, va se focaliser sur des événements marquants et fondateurs, sur une durée relativement restreinte, entre quelques heures et quelques jours.

On le voit, la construction est primordiale dans ce livre ; toutefois, on a vite compris comment Currie va agencer son récit, et dans la mesure où le procédé est assez simple, chargé est donnée à l’auteur de continuer de capter l’attention du lecteur. Et c’est là que le bât blesse quelque peu : en choisissant de reléguer au second plan l’histoire de la comète meurtrière, en préférant s’intéresser à la destinée de cette famille déchirée, entre père taciturne, mère renonçant peu à peu à l’existence et fils handicapé, Currie fait sans doute le mauvais choix. Si la narration est intéressante dans sa description de l’évolution de la psychologie de Junior — notamment lorsque ce dernier est confronté au cancer de son père, passages poignants où son combat contre l’inéluctable en présage un autre, encore plus définitif —, elle en oublie sans sourciller l’enjeu dramatique global. Certes, les personnages sont bien campés, on s’attache à certains d’entre eux, mais globalement on se fait quand même pas mal suer. L’angle d’attaque choisi par Currie est intéressant, mais se révèle au final une fausse bonne idée ; il aurait sans doute fallu réinjecter davantage de tension dramatique, ou alors opter pour un format un peu plus court, de façon à éviter qu’une certaine lassitude ne s’installe.

Malgré ces défauts, on ne peut que saluer la maîtrise narrative de l’auteur, d’ores et déjà impressionnante pour un premier roman, s’inscrivant ainsi dans la droite lignée des storytellers américains. A l’aise dans la description psychologique, il nous gratifie également de dialogues qui sonnent juste (même s’ils sont parfois un brin envahissants) et d’un humour par moments assez mordant, tout en faisant preuve d’un réel talent pour retranscrire les tourments de ses personnages.

Avec L’Avenir n’est pas écrit (titre assez malheureux, mais l’original, Everything Matters!, ne l’est pas moins), nous faisons ainsi la connaissance de Ron Currie Jr., jeune écrivain qui, indubitablement, si on lui donne quelques années pour qu’il perfectionne son art, devrait régulièrement, et à juste titre, truster les places de best-sellers…

Soldat des brumes

[Critique portant sur les deux volumes du cycle.]

Soldat des Brumes débute en 479 avant notre ère, à l’époque des guerres médiques. Latro, mercenaire au service de Xerxès, souverain de Parsa, est blessé lors d’une bataille opposant les armées du Grand Roi aux Cordiers. A son réveil, il a pratiquement tout oublié de son passé et ne parvient pas à conserver sa mémoire récente. Le matin, il se souvient de la veille. Mais à midi, il a oublié. Ainsi que le lui dit l’étrange et belle Drakonia : « Il faut donc jouir de chacune de ces journées comme elle vient, car une journée est tout ce que tu as. » Pourtant, Latro conserve le souvenir de certains actes, comme se battre avec son inséparable épée Falcata, car « le savoir et la mémoire sont deux choses différentes ». Reste que son état l’oblige chaque jour à consigner les faits sur un rouleau sous peine qu’ils s’effacent. En contrepartie de son handicap, Latro peut voir les dieux et converser avec eux. Ils lui permettent aussi d’observer les choses invisibles au reste du commun. Afin de recouvrer sa mémoire, le soldat part à la recherche d’un guérisseur qui vient du Pays du Fleuve. Durant son périple, il sera accompagné du guerrier noir Sept Lions, d’Io Thabaïkos, petite esclave d’une douzaine d’années qui lui est profondément attachée, du triérarque Hyperéidès, et rien moins que du poète Pindare qui a promis à Apollon de le mener au temple de la Terre Mère : « C’est auprès du sanctuaire de la Terre Mère que tu es tombé, c’est auprès de l’un de ses sanctuaires que tu dois retourner. » Après avoir connu nombre de péripéties, comme devenir homme à tout faire chez la mère maquerelle Kalléos, Latro participera au siège de Sestos, cité en pays thrace tenue par les Perses. Il s’imposera comme soldat d’excellence.

Soldat d’Aretê, second des trois romans, reprend directement après la prise de Sestos. A la demande d’Hyperéidès, Latro et ses compagnons partent à la recherche d’Oeobazus, un Mède qui a fabriqué les câbles pour le pont des navires du Grand Roi. Oeobazus est retenu captif par le roi Kotys des Thraces, qui s’apprête à le sacrifier. Le groupe sera lui aussi fait prisonnier, en compagnie de la reine Hippephode et ses Amazones, alors que les filles d’Arès conduisaient des chevaux sacrés au dieu Apollon dans son grand temple du sud. Après maintes aventures, Latro participera aux jeux delphiques en tant que champion de Corde. Il retrouvera Pindare, s’illustrera au pancrace et à la course de char lors d’un final éblouissant.

Se déroulant quelques années plus tard, Soldat de Sidon, l’ultime roman, place les nouvelles aventures de Latro, ou Koulious, en Terre du Fleuve. Envoyé par un satrape vers le sud pour établir une reconnaissance, notamment de la Nubie, Latro s’entoure à nouveau de compagnons hauts en couleurs, comme Myt-ser’ou, « petite chatte », chanteuse placée sous la protection de la déesse Hathor, ou Uraeus son esclave, en fait le serpent cobra du dieu Sésostris. Latro découvre que son handicap persistant lui permet aussi de voir les dieux égyptiens. Devenu le protégé d’Anubis, héros de la mort, Latro est en passe de devenir lui-même une légende. Ainsi, en chemin, un marchand grec évoque qu’un certain Latro a participé aux Jeux il y a quelques temps : « C’était un combattant terrifiant. » Latro est mythifié de son vivant. Etre maudit par un dieu signifie être touché par lui. Et être touché par lui, c’est partager sa divinité en une modeste mesure. Il retrouvera Sept Lions (ici Mfalmé), souverain du royaume du Sud, et sa splendide épouse la reine Bittulsima qui veut retourner dans sa Babylone natale. Au terme de ce troisième roman nettement plus mystique (ainsi, la forme incantatoire du chapitre 10), Latro se souvient qu’il est, mais uniquement de cela. Autrement dit l’essentiel, puisque « aucun homme n’est libre s’il ne sait pas comment il l’est devenu ».

Entreprise colossale, à la fois exigeante et procurant un authentique plaisir d’évasion comme peu de romans y parviennent en fantasy, le cycle de Soldat des Brumes dépeint une Antiquité parfaitement fidèle, y compris dans son décalage de noms, qu’ils soient de lieux ou de nations. Athènes, cité des philosophes, devient tout naturellement Pensée. Sparte est de la même façon nommée Corde, attribution en tout point légitime puisque, ainsi que nous l’apprend Héro-dote dans ses Histoires, les Spartiates étaient surnommés « Cordiers » parce qu’ils mesuraient au moyen de cordes les enceintes des cités vaincues, afin de les réduire. De même, si Gene Wolfe prend soin dans ses avertissements de nous rappeler que la Grèce décrite est antérieure à celle de l’Age d’or des philosophes, il écrit après Platon et lui est scrupuleusement fidèle. Latro le mercenaire est blessé lors d’une bataille, ce qui lui permet de côtoyer les dieux. Dans La République, au livre X, Platon relate le mythe d’Er le Pamphylien, mercenaire blessé lors d’une bataille, ce qui l’autorise à côtoyer les dieux. Cependant, la référence n’est chez Wolfe en aucun cas servile. Il la détourne à l’avantage de son récit. Ainsi, à un âge où la culture est essentiellement orale, Latro est dépendant de ses écrits pour maintenir son identité. Autrement dit tout le contraire de Platon qui, dans le Phèdre, s’interroge sur le statut de l’écriture. Pour le philosophe, le discours écrit est un simulacre du discours savant. L’écriture est bonne pour la remémoration mais mauvaise pour la mémoire vivante. Un livre est orphelin, incapable de se défendre puisque son auteur n’est pas là pour s’expliquer au lecteur. Latro est perdu, orphelin de lui-même, sans ses rouleaux qu’il garde toujours auprès de lui. Dans Soldat de Sidon, il donnera à l’écrit une mémoire éternelle en gravant son nom dans une caverne décorée de peintures rupestres. Gene Wolfe, écrivain, offre une réflexion profonde sur la nature des mots, par exemple à travers le souci qu’ont ses personnages de bien interpréter les oracles, ou l’analyse brillante que fait l’auteur américain de l’énigme du Sphinx. Et, tout comme Œdipe, lorsque Latro emprunte le mauvais chemin, les circonstances le remettent sur la bonne voie.

L’autre préoccupation de Wolfe tient à la mémoire, aux souvenirs qui font, ou défont, un homme. Les techniques de remémorations attribuées à Simonide de Céos et décrites dans Soldat d’Aretê constituent un véritable tour de force de la part de Gene Wolfe, car en tout point fidèle aux sources originales, ici le De Oratore de Cicéron évoquant Simonide et son architecture de la mémoire. Latro vit dans un perpétuel instant, et chaque fois qu’il possède une femme, ou une déesse, elle est pour lui la première. Les dieux peuvent être bons mais ils n’éprouvent jamais de compassion : « Ce sont les dieux qui possèdent ce monde, pas nous. Nous ne sommes que des hommes sans terre, même le plus puissant des rois. Les dieux nous permettent de cultiver leurs champs puis nous prennent la récolte. Nous nous rencontrons et nous aimons, parfois quelqu’un nous élève un tombeau. Peu importe — un autre le pillera et les vents disperseront notre poussière ; puis on nous oubliera. »

L’ensemble des trois romans offre une parfaite cohésion, d’autant plus audacieuse que le récit est fragmenté, au fil des remémorations de Latro. Nous découvrons progressivement que le héros est latin. Sa mère l’appelait Lucius et chantait pour le dieu Lare. Latro a la vision d’un soldat qui porte une aigle au sommet de sa hampe, et la déesse Mère lui lance : « Par la louve qui a nourri tes pères de son lait. » De même, le guerrier noir Sept Lions est probablement un juif d’Ethiopie.

Dans un jeu avec le lecteur, Gene Wolfe affirme commenter des rouleaux retrouvés. Un détail toutefois nous fait douter de la prétendue authenticité des documents. Durant les trois récits, en effet, la mer et le ciel sont souvent décrits comme « bleu ». Or les Grecs, et dans une moindre mesure les Latins, ne percevaient pas l’océan et les cieux en bleu, preuve que la représentation du monde est en grande partie l’effet de culture et d’habitudes.

Parlons plutôt du pur plaisir, permanent durant la lecture. Jouissance de retrouver les Spartiates tels qu’ils apparaissent dans 300, roman graphique de Frank Miller et son adaptation filmique, jusqu’à l’épisode du puits où finissent les ambassadeurs de Xerxès. Excellence aussi de la traduction, révisée ou inédite. Dans un premier temps, sur les deux premiers livres du cycle, Patrick Marcel efface les égarements de William Olivier Desmond, remplaçant « les joues aussi pâles que du talc », par « les joues aussi pâles que du suif », « casquette » par « bonnet ». Puis, dans un second temps, il nous offre avec le troisième roman inédit une traduction pleine de vie, de sensations et de poésie. La réception française du cycle lui devra assurément beaucoup.

Soldat des brumes est le récit inoubliable d’une amnésie. On retrouvera dans ces deux volumes le souffle que déploie Gene Wolfe dans L’Ombre du bourreau. Mais aussi la subtilité et la nostalgie qui empreignent « L’Ile du docteur mort », les héros de pulps dans la nouvelle remplaçant les dieux. Réflexion et évasion, lire Gene Wolfe s’avère indispensable. Soldat des Brumes trouve sa place au côté du premier roman appartenant au cycle Le Lion de Macédoine de David Gemmell, et de l’injustement méconnu Les Murailles de feu de Steven Pressfield, éblouissant roman qui décrit heure par heure le sacrifice des trois cents aux Thermopyles.

Soldat des brumes est l’une de ces rares œuvres qui vous garantit l’évasion, la réflexion et la certitude de la relire avec un même plaisir dans quelques années.

Si c'était à refaire

Reporter au New York Times, Andrew Stilman est assassiné peu après son mariage. Il se réveille exactement deux mois plus tôt, ce qui laisse soixante jours pour comprendre la raison de son meurtre et pouvoir modifier le futur.

Sur la base d’un scénario de science-fiction qui semble être une variation du Replay de Ken Grimwood, je m’attendais à l’émergence d’un futur post-apo dans lequel une guerrière aurait un symbiote greffé entre les nibards.

J’ai été déçu…

Flashback

2035. L’Amérique a connu de profonds bouleversements, en comparaison desquels la guerre d’Indépendance fait figure d’aimable partie de croquet disputée entre gentlemen anglais et colons mal dégrossis. Mais dans tous les cas, de vrais Anglo-saxons. Les étrangers sont aux portes du pays, mais côté propriétaires. Les Russes sont des gangsters très cruels, les Latinos tiennent le Nouveau-Mexique dans l’élan de la Reconquista et taguent les églises. Alors que jusqu’alors les gominés étaient croyants, tout se perd. La palme revient cependant aux Japonais qui contrôlent tous les postes clefs. Et les porte-clés aussi, vu qu’ils ont accès à tout. Les nyakoués sont habillés de superbes costumes à la mode des années 60, font montre d’arrogance, s’expriment d’une voix suave et évoluent dans un environnement composé de shôji et de tansu. Ce dès la première page ; on repassera pour la traduction. Lorsqu’apparaît le mot tatami, le lecteur respire, il se retrouve en territoire connu, et pour le rassurer il y a même un jardin de gravier. On évoquera par la suite les attendus bushidô et seppuku.

Dans ce futur pas si lointain, en fait notre présent cauchemardé par un redneck sous méta-amphétamine, les descendants du Mayflower ne sont pas à la fête. « Les temps sont durs pour les petits entrepreneurs », c’est dire si l’on est en pleine prospective. Quant aux jeunes, ils s’expriment par « cool », « pas cool » voire « mégacool » pour les plus lettrés d’entre eux. Ils évoluent en bandes et violent à l’occasion une fillette hispanique, « une de ces mignonettes petites vierges avec juste un filet de poils au-dessus de la fente ». Val, le fils du héros, n’est pas vraiment coupable vu qu’il s’est contenté de regarder. D’ailleurs, il reviendra dans le droit chemin lorsque son papa lui offrira un gant de base-ball, véritable relique d’une Amérique disparue.

Et puis il y a le flashback. Une drogue qui permet de revivre, au choix, n’importe quel événement du passé dans ses moindres détails. La substance est sévèrement prohibée ici et ailleurs. Au point que dans le nouveau Califat Global sa possession entraîne la décapitation immédiate. Cela arrive suffisamment souvent pour que le réseau d’al-Jazira diffuse les exécutions en continu.

Dans ce merdier ambiant, un détective privé est engagé par le puissant Nakamura pour reprendre l’enquête non résolue relative à la mort de son fils. Nick Bottom avait suivi l’affaire du temps où il appartenait à la police de Denver. Mais depuis il travaille pour son compte. Il est mal sapé et exhibe un trou dans sa chaussette devant l’élégant Japonais. Nick a une caisse pourrie, il est en indélicatesse avec les flics officiels, sa femme est morte. Depuis il est accro au flashback, ce qui pourrait présenter un atout dans la reconstitution des faits. Nick Bottom accepte le contrat et se lance, assisté de Sato le colosse, bras droit de Nakamura. Comme dans toute buddy story, les deux partenaires ne peuvent pas se piffrer mais ils finiront par mieux se connaître.

Le roman Flashback suscite deux réflexions. D’une part il atteste clairement des vues de Dan Simmons. Après avoir résisté durant des décennies, l’Amérique est tombée sous les coups de boutoir assénés par Marx, Le Che, Marcuse, Oussama Ben Laden et la prolifération des migrants attirés par tous les droits qu’offre le pays sans en respecter les devoirs. Ce niveau de lecture est une réussite, dans la mesure où il traduit la pensée politique de l’auteur, celle amplement diffusée sur son site. Hasard de l’actualité éditoriale, Flashback apparaît comme l’équivalent du Armageddon Rag de George R. R. Martin, toutefois à l’opposé du prisme politique. Ici les films des années 40 et 50 remplacent les disques des années 60 et 70, et chacun profère une nostalgie de l’Amérique. Pas la même, c’est certain. Une analogie entre Martin et Simmons qui ne tient que si l’on excepte la qualité d’écriture…

D’autre part, le succès de la confession politique recouvre un complet ratage, celui de l’intrigue et de la narration. Tout, absolument tout a déjà été lu et vu mille fois. A commencer par le personnage principal, ce qui est ennuyeux, détective privé forcément vêtu comme un clochard, déchiré à l’alcool la drogue, incapable de faire le deuil d’un traumatisme qui lui a brisé sa vie, en conflit avec la police mais drôlement futé. Echec complet y compris pour le flashback, substance permettant de revisiter son passé, a priori une excellente idée. Sauf que l’auteur ne parvient pas à faire mieux que ce qui est déjà un lieu commun, à savoir les souvenirs continuellement ressassés par les privés depuis Hammett et Chandler.

Alors la quatrième de couverture a beau invoquer Hypérion, Terreur et Drood (mais curieusement, pas L’Echiquier du mal), façon méthode Coué, nous n’avons affaire ici qu’au meilleur Michael Crichton écrit depuis sa mort. On l’aura compris, ce roman, mettant en scène le détective Bottom dont le nom sonne juste, est une merde liquide expulsée au travers d’un amas d’hémorroïdes.

Starters

Le décor : après la guerre des spores, seuls survivent les enders (plus de 60 ans) et les starters (moins de 20 ans), considérés comme les plus vulnérables et ayant donc bénéficiés du vaccin contre les spores du génocide. Le reste de la population a été décimé. Une dystopie sur la sécurité sociale ? Non, attendez la suite. Callie, jeune starter de 16 ans, tente de survivre avec son petit frère malade, Tyler. D’immeubles désaffectés en squats, elle doit tantôt échapper aux marshalls qui traquent les adolescents en errance pour les enfermer à l’institut 37, tantôt se battre contre d’autres perdus en quête de nourriture. Afin de se sortir de cette situation, Callie décide de louer son corps à… la banque des corps. Le principe : des enders fortunés, dont la durée de vie peut aller jusqu’à 150 ans, louent le corps de starters retouchés à coup de chirurgie esthétique, pour vivre ou revivre des expériences que leur corps ne leur permet plus : sport, soirée disco… Seulement voilà, le locataire de Callie a un autre projet : un meurtre.

Premier roman « jeune adulte » de Lissa Price traduit en français, paru dans la toute nouvelle collection « R » dédiée aux adolescents et plus des éditions Robert Laffont, Starters aurait pu nous convaincre avec autant de thèmes riches à explorer : culte de l’esthétique, le corps comme objet de consommation, esclavagisme organisé, quête de la jeunesse éternelle… En effet, sans être très originale, l’idée initiale du livre s’avère plutôt bonne. Sauf que le traitement laisse à désirer. D’abord, le roman est bourré de maladresses et souffre d’erreurs qu’on qualifiera de jeunesse (justement). Un exemple ? Un point d’ancrage fort de l’intrigue se trouve être une soirée organisée par la Ligue de la jeunesse, le 19 à 20 heures ! Information essentielle que l’auteur va nous rappeler au moins cinq fois. Le 19 à 20 h, le 19 à 20 h, le 19 à 20 h… Bon, c’est vrai qu’on est tatillon, mais quand même, c’est lourd. Et puis il y a quelques perles : « J’arrive au lieu de rendez-vous : une patinoire (…) il y fait très froid, à cause de la glace » ! Sans commentaire… Par ailleurs, les personnages manquent cruellement de profondeur, la réflexion sur le thème de l’esclavagisme légalisé, qui aurait mérité un développement étayé, est inexistante ou presque, sans parler de l’intrigue, qui, pour être honnête, se révèle cousue de fil blanc. Et on passe allégrement sur la mièvrerie de la romance : c’est mignon tout plein. Reste un texte rythmé plutôt bien ficelé dans sa mécanique. On reconnaît là l’expérience de Lissa Price en tant que scénariste. C’est au final un peu court et cela n’apporte pas grand-chose. Voilà donc un roman ado (plus que « young adult ») qui se lit vite, bien, facilement et sans prise de tête… c’est le cas de le dire. Il est très possible que certains adolescents apprécient le livre, mais l’âge du chroniqueur ne lui aura pas permis d’en saisir toutes les subtilités. Peut-être le second volet, Enders, à paraître en novembre 2012, complétera-t-il les lacunes d’un premier texte en définitive assez décevant. Pourquoi pas sur la plage, pour se détendre ? On ne voit que ça.

La Soif primordiale

Le vampire est une engeance qui, à l’instar du chiendent, pousse partout ou presque (y compris dans les pages de Bifrost ; on se reportera à notre n°60 pour s’en convaincre). Enfin, le vampire s’installe là où vivent les auteurs ayant envie d’écrire des histoires de vampires ; aussi, le mythe du vampire a-t-il quasiment fait le tour du monde. Parti de Valachie et de Transylvanie, le vampire a conquis le monde. Comme bien des gens, le vampire s’est trouvé une terre d’accueil aux Etats-Unis et tout particulièrement à Hollywood. Mais tous les émigrés européens n’ont pas gagné l’Amérique du Nord. Pablo De Santis étant argentin, on en rencontre donc aussi à Buenos Aires… Dans les années 50, en pleine dictature…

Sous la dictature, mieux vaut se tenir tranquille, ce qui convient parfaitement aux vampires locaux qui n’aspirent qu’à vivre peinards en toute discrétion, ne demandant rien à personne. « Ces êtres extraordinaires que l’on nomme “les antiquaires” vivent dans la pénombre, entourés d’objets anciens, vendent de vieux livres et sont la proie de la soif primordiale, la soif du sang », nous apprend la quatrième de couverture.

Le roman est découpé en huit chapitres correspondant à des phases bien tranchées de l’intrigue. Le personnage principal, Santiago, jeune réparateur de machines à écrire, se retrouve en charge de la rubrique ésotérique du journal où il s’est fait embaucher et devient informateur du ministère de l’Occulte qui s’intéresse aux phénomènes qualifiés comme tel. Personnellement, j’aimais beaucoup cette idée de ministère de l’Occulte dont les bureaux étaient dissimulés dans les locaux de la Poste centrale de Buenos Aires, mais Pablo de Santis a choisi de la délaisser. Après avoir été témoin d’un meurtre, Santiago va non seulement entrer en contact avec les « antiquaires », mais en devenir un à la suite d’une transfusion… Si Buenos Aires ne se réveille pas chaque matin jonchée de cadavres exsangues, cela tient à ce que les « antiquaires » disposent d’un élixir qui calme la soif primordiale. Malgré cela, certains s’intéressent à eux de beaucoup trop près à leur goût, intrigués et envieux de la longévité des « antiquaires ». La lutte s’engage dans l’ombre…

En suivant Pablo de Santis, on reste toujours à prudente distance de la violence, on la côtoie parfois, certes, mais lorsqu’on en vient à l’effleurer, c’est mine de rien, comme en passant. De la même manière que La Soif primordiale côtoie la littérature populaire, la tutoie sans s’y jeter à corps perdu. Ménageant avec brio la chèvre et le chou des effets, de Santis parvient à rester sur la berge la plus littéraire sans se perdre dans un récit insipide. Voilà un livre que l’on pourra ranger précieusement entre Le Jeu de l’ange de Carlos Ruiz Zafon et La Librairie des ombres de Mikkel Birkegaard, pour un fantastique où les livres jouent un rôle important, mais aussi parmi les meilleures histoires de vampires actuelles, non loin de La Vierge de glace de feu Marc Behm, L’Aube écarlate de Lucius Shepard ou Riverdream, roman signé par l’auteur auquel le présent Bifrost consacre un dossier. Pablo de Santis ne réinvente pas le mythe du vampire. Ces vampires contrôlant leur soif primordiale qui ont fait les choux gras de la bit-lit’ n’attendaient qu’un auteur de talent capable de leur rendre le lustre littéraire de leurs anciens modèles. Voilà qui est fait.

Le Pays fantômes

Après L’Entité 0247 paru à l’automne dernier (critique in Bifrost n°65), voici Le Pays fantôme, qui en est la suite presque directe. De fait, s’il n’est pas indispensable d’avoir lu le premier roman pour aborder le second, c’est tout de même recommandé tant il est ici fréquemment fait référence aux événements survenus dans l’opus initial.

On reprend les mêmes : c’est-à-dire Paige Campbell et Travis Chase, ainsi que l’ex-président des Etats-Unis, Richard Gardner, et on recommence. Paige Campbell est l’unique survivante d’un groupe d’agents de Tangent tombés dans une embuscade style « Petit Clamart » alors qu’ils gagnent un aéroport de Washington après une entrevue avec le nouveau président des Etats-Unis. Une double entité nommée l’Iris, sortie de la Brèche, permet d’ouvrir une fenêtre sur un futur de 80 ans. Il apparaît alors que la « Fin du Monde » a eu lieu… Plus d’Humanité. Et cela, à cause d’événements qui vont survenir dans les quatre mois qui viennent. Une course poursuite s’engage, passant du présent à l’avenir et retour via les « iris », aussi appelés « cylindres », dont chaque camp détient son exemplaire. Chase et Campbell doivent non seulement échapper à leurs ennemis, mais comprendre comment on en est arrivé là. Un scénario qui n’est pas sans évoquer celui de L’Armée des 12 Singes — Finn et sa femme, Audra, écœurés par les échecs de l’action humanitaire qui leur semble consister à appliquer un emplâtre sur une jambe de bois, décident de remettre les compteurs à « zéro » et se voient bien en nouveau Noé. Les Extrêmement Basses Fréquences, EBF, seront leur déluge au risque que l’ « Arche » coule à pic…

L’action est menée tambour battant. Les protagonistes n’ont qu’une vue très partielle des événements qu’ils essaient de comprendre et de contrecarrer. On reste perplexe devant un président américain partie prenante d’un complot visant à la fin du monde. En revanche, on conçoit parfaitement qu’une puissance disposant soudain d’une arme susceptible d’éradiquer tous ses ennemis, tant intérieurs qu’extérieurs, potentiels ou avérés, tout en épargnant quelques copains triés sur le volet, soit mise en œuvre séance tenante.

Le Pays fantôme est un roman d’action qui plaira sans aucun doute à ceux qui ont apprécié L’Entité 0247. Il ne donne pas ce sentiment de « beaucoup de bruit pour rien » du précédent, semble meilleur, mais, en contrepartie, on a perdu le charme de la découverte…

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