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Actualités

Dans l'Abécédaire : K et L

Cette semaine, l'Abécédaire se fait élégiaque : on s'interroge sur l'abolition pure et simple de la mort avec Eric Brown dans son recueil fix-up Kéthani et on s'envole vers des altitudes excessivement lumineuses avec Leyfðu Ljósinu de la musicienne islandaise Hildur Guðnadóttir…

“Issa Elohim” dans la nooSFère

« Issa Elohim est un très beau texte, tout en finesse, dans lequel on retrouve la quintessence du travail de Kloetzer derrière un récit en apparence simple et limpide, mais sur lequel on ne cesse de revenir. » nooSFère

“Tau Zéro” dans le Blog-o-livre

« L’intrigue, qui parait classique, ne manque pas de s’avérer rapidement solide, prenante et entraînante. Le format court du roman permet aussi d’offrir une tension efficace et trouve le juste milieu sans jamais donner l’impression de trop en faire. » Blog-o-livre

Des critiques en plus pour le Bifrost 91

En complément du (gros) cahier critique du Bifrost 91, voici un (petit) supplément. L'occasion de se pencher sur le Dictionnaire Frankenstein de Claude Aziza, de s'aventurer dans la jungle d'Amérique du Sud avec Robert Darvel, de se plonger dans le magistral Hildegarde de Léo Henry et de cueillir quelques fleurs avant la fin du monde avec Nicolas Cartelet…

Jean Baret ou la vie trademarkée : un entretien

Sur le blog, on vous invite à faire connaissance avec Jean Baret, dont le Bélial' publiera le roman Bonheur TM à la rentrée — une claque à s’en faire péter les plombages. Jean Baret donc, nouveau venu (ou presque) dans le landerneau de la SFF, un quasi inconnu qui, gageons-le, ne le restera pas longtemps… Vous cherchiez l’improbable rejeton de K. W. Jeter et Phil Dick ? Le croisement littéraire de Palahniuk et du Jack Barron de Norman Spinrad ? Ne cherchez plus, on l'a trouvé !

Le Dieu monstrueux de Marmuth

Écrivain prolifique, Edmond Hamilton a publié plus de deux cents nouvelles au cours de sa longue carrière. Néanmoins, seule une grosse vingtaine d’entre elles ont eu l’heur d’une traduction en français, dont dix rassemblées dans Le Dieu monstrueux de Mamurth.

Le recueil tire son titre de la nouvelle éponyme, la toute première publiée par son auteur : deux explorateurs écoutent le récit d’un troi-sième, au sujet de son aventure dans les ruines d’une ville in-connue, au centre de laquelle se dresse un temple invisible érigé en l’honneur de quelque divinité hideuse. Une atmosphère lovecraftienne baigne cette nouvelle, classique au pos-sible mais pas moins réussie.

Si vous lisez ces lignes, vous avez sûrement lu « Comment c’est là-haut » dans la partie fictions du présent numéro. Et vous savez donc la grande qualité de ce texte narrant les déboires de la conquête spatiale et la nécessité du rêve. Hamilton poursuit sur ce thème avec « Matériel humain » : les trente-deux membres d’une expédition sont coincés sur la lune jovienne Europe. Sur Terre, les uns veulent envoyer des secours tandis que les autres savent que la conquête spatiale a besoin de héros tragiques. Enfin, « Quand on est du métier » s’intéresse à un écrivain de SF dont les œuvres ont marqué toute une génération et dont le fils est devenu astronaute. D’ailleurs, voici ce dernier prêt à décoller pour la Lune, suscitant les craintes de son père. En un nombre restreint de pages, Hamilton aborde avec brio une myriade de thèmes. Brillant et poignant.

Quelques textes plus mineurs composent ce recueil. « Requiem » fait preuve d’une ambiance mélancolique : dans un futur distant, la Terre va s’abîmer dans un Soleil devenu naine blanche. Un équipage humain est présent pour capter les derniers moments du berceau de l’humanité, alors que celui-ci connaît un ultime printemps à mesure qu’il se rapproche de l’astre solaire mourant. En dépit de son titre, « La Planète morte » s’avère un récit moins plombant : une fusée en perdition se pose sur une planète déserte. Sous les glaces, l’équipage trouve une cité souterraine, peuplée de créatures hideuses. La vérité est-elle ailleurs ? Dans « Les Graines d’ailleurs », un homme trouve dans son jardin deux graines extraterrestres, qui ne tardent pas à germer : deux humanoïdes végétaux poussent lentement, un homme et une femme… Et certains sentiments sont universels. « L’île de déraison » nous présente une société future moralement aseptisée. Pour avoir commis un travers, le protagoniste est envoyé pour une durée indéterminée sur cette île où sont parqués tous les contrevenants. Le choc est rude. Mais une fois sur place, aura-t-il envie d’en repartir ? Une thématique proche imprègne « Dans l’abîme du passé », nouvelle plus réussie et dotée d’un twist que n’aurait pas renié Philip K. Dick. L’abîme du temps, justement : dans « L’auberge hors du monde », un garde de corps accompagne involontairement un chef d’État dans un lieu hors du temps. Le dirigeant vient quérir les conseils de grands hommes du passé et du futur pour sortir du mauvais pas dans lequel sombre sa nation. Ce texte date de 1945 : si le temps en atténue le vertige, l’histoire demeure suffisamment forte pour garder sa pertinence.

Par certains aspects, les nouvelles au sommaire de ce recueil ont pris un léger coup de vieux, sans pour autant trop fleurer la naphtaline. Néanmoins, Hamilton aborde ses récits – les plus spatiaux d’entre eux en particulier – avec une intelligence et une sensibilité qui leur confèrent un caractère intemporel : l’alliage dont sont formés les classiques.

Les Loups des étoiles

La galaxie a peur. La galaxie tremble devant les déprédations des Varnans, ceux que tous surnomment les Loups des étoiles. Sans doute inspirés par les méfaits des vikings, ce peuple sauvage déclenche régulièrement des raids, mettant à sac les richesses des empires et royaumes de la Voie lactée. Usant de leur force physique et de leurs réflexes inouïs, acquis sur leur planète natale où la gravité est écrasante, ils affrontent sans peur les croiseurs de leurs victimes, raflant les trésors des mondes qui les craignent. Parmi les Loups des étoiles, Morgan Chane fait figure d’exception. Élevé sur Varna après la mort de ses parents missionnaires terriens, il s’est adapté à la gravité, développant des capacités physiques exceptionnelles et une indépendance d’esprit insolente. Fuyant la vendetta d’un des plus puissants clans de la planète, il ne doit la vie qu’à John Dilullo. Ayant démasqué le loup blessé, le capitaine mercenaire décide d’utiliser ses capacités pour achever une mission compliquée. Des confins de Vhol (L’Arme de nulle part), d’où est exhumée une arme antédiluvienne invincible, au monde natal des loups (Le Monde des loups), en passant par le système d’Allubane où l’autarcie jalouse de ses ha-bitants cache une technologie dangereuse (Les Mondes interdits), Dilullo et Chane apprennent petit à petit à se connaître au cours d’aventures périlleuses, n’hésitant pas à échanger à fleuret moucheté railleries et sarcasmes divers.

Lorsqu’il écrit la série des « Loups des étoiles », Edmond Hamilton n’est plus vrai-ment un perdreau de l’année. Père du space opera, auteur chenu dont la carrière a dé-buté quarante ans plus tôt, à l’époque des pulps, le bonhomme fait figure de dinosaure lorsque paraît en 1967 le premier tome des aventures de Morgan Chane. Et effectivement, on ne peut s’empêcher de trouver anachroniques les trois romans qui composent cette série, même si leur caractère épique et le world-building pseudo-scientifique démontrent une grande maîtrise de la narration. Car Edmond Hamilton a du métier. Il sait y faire pour provoquer la suspension d’incrédulité et titiller le sense of wonder. Ses descriptions de la galaxie réjouissent les yeux par leur lyrisme un tantinet pompier. La caractérisation de ses personnages, qui tiennent plus de l’archétype que d’un portrait psychologisant, prône l’efficacité et suscite la complicité du lecteur. Bref, « Les Loups des étoiles » dé-tonne quelque peu à une époque où le prix Hugo récompense Dune, Révolte sur la Lune, Seigneur de lumière, Tous à Zanzibar, et où 2001, l’Odyssée de l’espace s’apprête à sortir au cinéma.

Pourtant, pour peu qu’on se laisse porter par les péripéties des aventures de Morgan Chane, le seul Loups des étoiles non natif de Varna – le monde d’origine de cette espèce adepte du pillage –, et pour peu que l’on soit séduit par la connivence quasi-filiale qu’il entretient avec John Dilullo, le dur-à-cuire de la vieille Terre, « Les Loups des étoiles » se révèle une lecture divertissante. Au moins autant que le visionnage d’un épisode de Star Wars dont l’univers puise sans vergogne dans l’œuvre d’Hamilton. Sachant que Leigh Brackett a contribué au scénario de L’Em-pire contre-attaque, il n’est guère étonnant de voir Han Solo com-me un émule de Morgan Chane, wookie y compris. Tout ceci n’empêche cependant pas l’au-teur américain de rechercher une certaine vraisemblance, en reprenant à son compte la thématique de la panspermie et la théorie de l’évolution pour remplir la galaxie de peuples à la couleur de peau chatoyante et à la constitution adaptée à leur environnement. Et même s’il ne se montre guère féministe dans sa représentation de la femme, il laisse infuser quelques préoccupations des années 1960, notamment dans Les Mondes interdits, où l’on peut percevoir l’Errance Libre comme une allusion à peine voilée à la consommation de drogue.

Petit plaisir de lecture, « Les Loups des étoiles » amusera sans doute les amateurs d’une science-fiction confite dans les clichés du space opera. Une acception du genre datée, popularisée sur le grand écran par Star Wars, et dont on ne peut pas renier le plaisir sentimental qu’elle suscite.

La Vallée de la création

Publié pour la première fois dans Startling Stories en juillet 1948, puis en vo-lume en 1964, ce roman connut une première parution française sous le titre La Vallée magique chez Opta, collection « Galaxie-Bis ». Titre qu’il conserva lors de sa réédition au sein du Masque « Science-Fiction », avant de ressortir chez Terre de Brume en 2005 sous un titre plus fidèle à l’original : La Vallée de la création.

Eric Nelson, un mercenaire qui, avec trois de ses confrères, travail-lait pour un seigneur chinois, se retrouve au chômage lorsque son commanditaire décède. Pire, Nelson et ses trois amis doivent fuir car l’armée de la République populaire de Chine, que le seigneur combattait, est à leurs trousses. Aussi, quand Shan Kar, un homme venu d’une mystérieuse vallée himalayenne, leur propose de combattre à ses côtés, ils acceptent aussitôt. Arrivés dans la montagneuse L’Lan, ils comprennent vite que la lutte est âpre entre le Parti des Humanites de Shan Kar, qui prône la supériorité humaine, et la Fraternité, où hu-mains et animaux sont égaux, communiquant télépathiquement entre eux…

Ce court roman, rythmé, très agréable à lire, permet de renouer avec le plaisir des pulps. On ne s’y ennuie pas une seconde, c’est frais et dépaysant, on y trouve la petite touche romantique habituelle, bref, tout est fait pour qu’on y passe un bon moment. Bien entendu, si les rebondissements et coups de théâtre habituels se succèdent sans temps mort, il faut reconnaître que concernant ce dernier point, soixante-dix ans ont passé, et le lecteur d’aujourd’hui, plus aguerri, devinera aisément les éléments à venir de l’intrigue ainsi que l’évolution psychologique du personnage d’Eric Nelson. Ce mercenaire, antipathique au début, se range peu à peu aux idées de partage prônées par la Fraternité. Malgré l’aspect prévisible du récit, et son propos un brin naïf, on ne saurait toutefois en tenir rigueur à l’auteur, tant son message de tolérance est bienvenu. D’ailleurs, tout n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît – et à ce titre la fin, qui, au passage, fait définitivement basculer ce roman dans la science-fiction, est moins heureuse qu’attendu.

Roman mineur dans l’œuvre d’Hamilton, La Vallée de la création reste éminemment lisible du fait de son énergie communicative. On le conseillera néanmoins plutôt aux jeunes lecteurs, pour qui il semble parfaitement adapté, ou aux adultes restés réceptifs à un certain esprit pulps, qui goûtent les divertissements simples mais honnêtes.

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