Connexion

Bifrost

Bifrost, c’est tous les trois mois depuis avril 1996, et sur près de deux cents pages, l’actualité des mondes de l’imaginaire, la publication des meilleurs auteurs du moment, français et étrangers, des interviews, des critiques de livres, des articles de vulgarisation scientifique, sans oublier des dossiers complets sur ceux qui font les littératures de genre, de Philip K. Dick à Ursula K. Le Guin, de J.R.R. Tolkien à George R.R. Martin, H.P Lovecraft ou Stephen King. Bifrost, c’est enfin un ton, une approche critique tranchée et sans compromis, avec l’ambition nette d’orienter l’amateur des littératures de genre dans la jungle de publications sans cesse plus nombreuses en pointant le bon, voire l’excellent, aussi bien que le mauvais.

Bifrost a été sacrée meilleure revue européenne par le prix Eurocon 2016.

Disponible   À paraître   Bientôt épuisé   En réimpression   Épuisé

Bifrost n° 113

Revues - Bifrost - 113

Bifrost n° 113

« Le spectacle de la machine qui produit du sens dispense l’homme de penser. » Il est tentant d’appliquer la formule de Jean Baudrillard à l’intelligence artificielle, et de l’envisager sous le prisme de la science-fiction qui, depuis toujours, s’occupe à produire du sens en pensant le spectacle de la machine. C’est là l’objet de ce numéro de Bifrost : les enjeux cultuels, socio-économiques, mais aussi de définition sous-tendus par la problématiques de l’intelligence artificielle. En se gardant de toute posture morale – autant que faire se peut. On s’intéressera ici à la façon dont la science-fiction d’hier et d’aujourd’hui aborde la thématique de l’IA, quelles sont les œuvres phares qui y sont liées, et comment la pensée exprimée par le genre a évolué au fil du temps. En pensant le monde futur, la SF contribue à cristalliser le présent ; une responsabilité aussi lourde que passionnante. Notre sujet présent en est un exemple éclatant. Un de plus.

11,90 €   Ajouter au panier

Bifrost n° 112

Revues - Bifrost - 112

Bifrost n° 112

En avril 1332, un objet qui se déplaçait à une vitesse prodigieuse entra dans le Système solaire, suivit une trajectoire hyperbolique autour du soleil puis repartit, le tout en l’espace de quelques semaines. Visible à l’œil nu, il aurait ressemblé à n’importe quelle comète, présage d’on ne savait trop quoi, brillant pendant un temps dans le ciel nocturne. Mais il était trop sombre pour qu’on le repère sans grossissement, et les télescopes capables de montrer pareil objet ne seraient conçus que six cents ans plus tard. Personne, sur Terre, ne remarqua son passage.
Le quinzième jour du même mois, dans la ville française de Bayonne, en Gascogne, Sibilla Ysarni, femme de tailleur, donna naissance à un enfant. La délivrance se produisit à l’aube, et les premiers cris du nouveau-né se mêlèrent au tintement des cloches de la cathédrale au loin. On disait de Dieu qu’il aimait le monde, mais en regardant la sage-femme essuyer le sang sur le visage de sa fille, Sibilla fut prise de l’idée hérétique que l’amour pouvait uniquement habiter la chair, qu’il était cloué sur une croix de temps et de mort.
Sibilla Ysarni mit deux autres enfants au monde avant qu’une fièvre quelconque l’emporte par une douce soirée d’été de l’an 1348. Parmi ses descendants, on compterait une certaine Esmi Sur-Kalleen, née en 2210 dans une conurbation dense sur la côte orientale de l’île de Baffin…

Robert Charles Wilson
Dans le corps du ciel

11,90 €   Ajouter au panier

Bifrost n° 111

Revues - Bifrost - 111

Bifrost n° 111

Le docteur Mort tourne le dos au vent pour allumer une cigarette qu’il tire d’un étui en or. Elle est encore plus longue qu’une 101, avec un bout rouge et un dragon d’or sur le papier.
« Pendant que tu regardais la mer, je suis sorti en catimini des pages de l’excellent roman que tu as dans la poche de ta veste.
– Je ne savais pas que vous pouviez faire ça.
– Oh, mais oui. Je viendrai te voir de temps à autre.
– Le capitaine Ransom est déjà là. Il va vous tuer. » Le docteur Mort sourit et hoche la tête.
« J’en doute fort. Vois-tu, Tackman, Ransom et moi, nous sommes un peu comme des lutteurs de foire ; nous faisons notre numéro sous des aspects variés, vingt fois, cent fois – mais c’est toujours pour la galerie. »
Il expédie sa cigarette par-dessus la palissade, et pendant un moment on peut suivre des yeux la petite lueur de son bout enflammé, puis on la voit s’éteindre dans l’eau. Le temps de se retourner, et le docteur Mort a disparu. Il fait froid.

Gene Wolfe
L’Île du docteur Mort et autres histoires

11,90 €   Ajouter au panier

Bifrost n° 110

Revues - Bifrost - 110

Bifrost n° 110

Je me suis sentie tout à coup très seule, vulnérable. Une brise soufflait de la mer et me projetait du sable dans les yeux. Le soleil basculait vers l’horizon et il ferait bientôt froid. Au moment où les prémices de la panique montaient en moi, un homme est sorti de la maison en se frottant vivement les mains. Puis il a emprunté un sentier pavé dans ma direction.
« Ravi de vous voir ici, Carrie. »
Je me suis brusquement sentie idiote d’avoir envisagé que Zima ne vienne pas.
« Salut », ai-je répondu, mal à l’aise.
Mon hôte m’a tendu la main. Je l’ai serrée et j’ai perçu la texture légèrement plastique de sa peau artificielle. Aujourd’hui, elle était gris étain.
« Allons nous asseoir sur le balcon. Le crépuscule est un beau spectacle, n’est-ce pas ? »
J’ai acquiescé : « En effet. »
Il s’est détourné, s’est dirigé vers la maison. Ses muscles, contractés par la marche, saillaient sous sa peau à la couleur métallique. Des éclats pareils à des écailles sur la chair de son dos tissaient comme une mosaïque de puces réfléchissantes. Il était aussi beau qu’une statue ; une panthère puissante et déliée…

Alastair Reynolds
Bleu Zima

11,90 €   Ajouter au panier

Bifrost n° 109

Revues - Bifrost - 109

Bifrost n° 109

Ma femme et mes filles ne me comprenaient pas. Elles se plaignaient de tout ce sang qui giclait dans la maison quand j’empaillais une bête. C’est ma femme qui le supportait le moins.
Elle ne supportait pas grand-chose, mais c’était une sainte. Saine, robuste, avec des bras maigres mais puissants. Une vraie paysanne. Futée et peu bavarde.
Maintenant que j’y pense, elle ne parlait quasiment jamais. Seulement pour se lamenter lorsque j’empaillais ou pour nos filles. Là, elle devenait violente. Elle m’a menacé une fois avec une pelle. « Tiens-toi à l’écart de tes filles, vieux porc !
– Mais ils le font tous ! Pose ce truc et prépare à manger ! »
Je ne parlais pas beaucoup non plus, j’essayais surtout de la calmer. Elle n’était pas méchante en fait, non. Elle s’occupait de la maison et ne parlait pas avec les voisins. Chez nous, le silence régnait. On vivait bien.

Valerio Evangelisti
Cicci di Scandicci

11,90 €   Ajouter au panier

Bifrost n° 108

Revues - Bifrost - 108

Bifrost n° 108

Ma dernière nuit d’enfant commença par une visite. Les sœurs de T’Gatoi nous avaient attribué deux œufs stériles. Le premier, T’Gatoi le donna à ma mère, mon frère et mes sœurs ; l’autre, elle tenait à ce que je le mange en entier. Peu importait. Il y en avait assez pour que tout le monde se sente bien à la ?n. Presque tout le monde. Ma mère ne voulait pas y toucher. Elle restait assise là, à nous regarder planer et rêver sans elle. La plupart du temps, elle me regardait, moi. Couché contre le long ventre velouté de T’Gatoi, je sirotais mon œuf en me demandant pourquoi ma mère se refusait un plaisir aussi inoffensif. Elle aurait eu moins de cheveux gris si elle se l’était accordé de temps en temps. Les œufs prolongeaient la vie et la force. Mon père, qui n’avait jamais dit non à aucun, était parvenu à un âge au moins deux fois plus avancé que la normale. Et, sur le tard, quand il aurait dû se trouver ralenti, il avait épousé ma mère et lui avait fait quatre enfants…

Octavia E. Butler
Enfants de sang

11,90 €   Ajouter au panier

Bifrost n° 107

Revues - Bifrost - 107

Bifrost n° 107

Voici les causes du désastre :
Premièrement : l’estimation de la température de la planète était incorrecte. La balise n’aurait jamais dû être installée. Ce monde ne peut pas supporter davantage la vie humaine que les déserts glacés de nos pôles. Deuxièmement : mes compagnons sont tous morts. J’ignore au juste ce qui est arrivé ; sans doute des défauts d’encodage, une défaillance au cours de la transmission ou une erreur dans la réception de la balise. Quelle qu’en soit la cause, le résultat est le même. Ils ne se sont jamais réveillés. L’analyse de la balise en dira davantage, mais un premier diagnostic a révélé que des séquences entières de leur téléchargement étaient manquantes, ou altérées, ou dans un ordre chaotique. Les matériaux de leurs réceptacles ont été traités par le système de recyclage. Troisièmement : la plupart des dépôts sont perdus, endommagés ou inaccessibles. J’ai retrouvé le premier à treize kilomètres de son emplacement initial et à trois cents mètres au fond d’une crevasse. Mon scanner a indiqué qu’il se trouvait sens dessus dessous, encastré dans la glace. Il est bloqué là depuis déjà plusieurs centaines d’années et fait désormais partie du glacier. Pas question de descendre dans cette faille pour le dégager…

Ray Nayler
Sarcophage

 

11,90 €   Ajouter au panier

Bifrost n° 106

Revues - Bifrost - 106

Bifrost n° 106

Au premier anniversaire de la mission, Jasper, encore nu, encore fâché, décrète qu’ils sont piégés dans une simulation.
« Réfléchissez, débiles. » Du plat des mains, il pousse contre le plafond bas en métal, fléchissant ses bras d’os et de tendons. « Le lancement, c’était comme à l’écran, non ? L’énorme grondement, le compte à rebours interminable, l’inversion de gravité. Un véritable film. »
À deux mètres de là, Beatriz est sous perf. Un tuyau sinue jusque dans son poignet tout meurtri ; le cocktail chimique la cloue au matelas en mousse à mémoire de forme. Elle se rappelle le lancement. Un vigile qui kiffait ses tatouages de la Santa Muerte lui a refilé en douce un sandwich au salami, genre ceux qu’elle achetait à la supérette avec sa mère. Elle a vomi ce dernier dîner quand ils sont passés en apesanteur ; il flottait dans la cabine comme un ballon pourri.
Beatriz ne prend plus la peine de répondre à Jasper, sauf quand ils baisent…

Rich Larson
On est peut-être tous des sims

11,90 €   Ajouter au panier

Bifrost n° 105

Revues - Bifrost - 105

Bifrost n° 105

Il pleuvait sur la vallée depuis trente-six heures, une pluie drue, ininterrompue. Le sol était saturé. Le moindre repli aux flancs hérissés crachait un torrent boueux qui courait s’agréger aux autres torrents en contrebas avant de se déverser par des chenaux naturels dans la rivière. Une rivière qui, tirée de sa torpeur coutumière, roulait en rugissant tel un nouveau Mississippi, déchirant ses berges, s’étalant en une vaste tache jaune sur les champs et dans les rues de Grand Falls fuies par ses habitants en quête de hautes terres. Arbres déracinés et poutres emportées heurtaient les murs des vieilles bâtisses en brique de la grand-rue. Dans le hall de l’hôtel, les crachoirs de bronze flottaient de plus en plus haut, entrechoquant en un glas pitoyable leurs flancs sonores.
Au sommet des crêtes fermant la vallée au nord-est et au sud-ouest, cachés par une main méticuleuse, deux petits mécanismes bourdonnaient sans interruption — des minisemeurs qui ne devaient rien à la technologie terrienne. Leur énergie s’épuiserait en quelques jours, mais pour l’heure, ils fonctionnaient avec une efficacité remarquable, propulsant un courant régulier de particules chargées d’électricité vers le ciel, ensemençant les nuages qui s’amassaient sur les crêtes. Dans la vallée, la pluie tombait toujours…

Leigh Brackett
Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel

11,90 €  

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12  

Ça vient de paraître

Le monde, tous droits réservés

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 113
PayPlug