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Aux frontières du réel 1

 

« Dana Scully tourna le dos au pommeau de la douche, laissant le jet d'eau frapper son dos… le moment idéal, pensa-t-elle soudain pour ce cher Norman Bates de se glisser dans la salle de bain. Une forme se tenait justement là, immobile, attendant le moment d'agir : c'était les serviettes de bain qui pendaient sur leur support ! Elle le savait. Non, elle le supposait plutôt. »

Un tueur invisible au rasoir assassine des militaires dans le New jersey Après quelques tergiversations, Mulder et Scully, flanqués d'un couple de collègues, partent enquêter.

Voici donc, le premier roman tiré de la très populaire série de Chris Carter.

Charles Grant est un vétéran de l'écriture fantastique ayant fait ses débuts avec un cycle d'aventures post-apocalyptiques (qu'il abandonna une fois à court d'idées — sic) et s'étant depuis cantonné à l'épouvante avec bonheur. Cette solide réputation lui vaudra d'obtenir le poste d'auteur des romans d'Aux frontières du réel en dix minutes. Les romans ont été écris sous l’étroite surveillance de Chris Carter lui-même, que ce soit pour la conduite de l'intrigue ou le mode de pensée des personnages. Si Grant sait manier le suspens et l'atmosphère, le récit paraît moins bien calibré et ciselé que dans la série originale : pas de références réitérées à la panoplie paranormale qui émaillent d'ordinaire les enquêtes de nos agents vedettes, un sens de la répartie et des portraits pas assez percutants. Grant remplit son office : le roman se laisse lire, mais son successeur, Kevin J. Anderson (Ground Zero, Ruins) s'en tire peut-être mieux en la matière.

Babel 17

 

« C'est un assassin d'élite, expert dans le maniement de toutes les armes… II peut modifier à volonté ses empreintes digitales et son dessin du fond de l'œil. Une petite intervention sur le réseau nerveux lui a donné le contrôle de ses muscles faciaux, lui permettant de modifier complètement ses traits. Des colorants chimiques et des implants d'hormones sous son cuir chevelu lui donnent la possibilité de changer de couleur de cheveux en quelques secondes, ou si nécessaire, de les perdre et d'en faire pousser d'autres en une demi heure… »

Le Livre de Poche poursuit la réédition des œuvres phares de Samuel Delany : après la très étrange et onirique La Balade de Bêta 2, où un étudiant en sémantique partait pour un coin perdu de l'espace afin d'expliquer les paroles d'une balade interstellaire.

Voici donc un excellent space opera alliant action et réflexion : une sorte de Prisonnier (par la dimension intellectuelle, métaphysique, du levier de l'intrigue — le formidable Babel 17) sur toile de fond de guerre interstellaire. On peut aussi avancer que les lecteurs des romans Star Trek y retrouveront le cachet d'un excellent épisode de la série originale ou de la Nouvelle Génération : l'aventure s'ouvre en effet sur le recrutement d'un équipage (assez baroque) en vue de la résolution d'une énigme. Les héros, sous le commandement du capitaine Rydra Wong, poétesse sensuelle et femme forte s'il en est, voyagent à bord d'un vaisseau — qui secoue son équipage en cas de pépins ! — avec pour mission d'enquêter sur les sabotages perpétrés par l'ennemi au moyen d'un code en apparence indéchiffrable. Bref un prix Nebula 1966 (ex-æquo avec le bouleversant Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes) pour tous qui se lira sans effort.

Inner City

« – Pourquoi ça marche pas ? glapit l'homme aux yeux chassieux. Pourquoi je reste coincé dans ce simul de merde ?

– Vous êtes en Basse Réalité, lui rappelle Kris.

– Alors tu… vous… etes réelle ? (Il allonge le bras, la touche, retire craintivement sa main.) Qu’est-ce que je fous là, putain ? Qu'est-ce que je fous là ? »

Paris Virtual Police Departement Blues.

Kris, agent d'une société spécialisée dans la récupération de nantis accros à la réalité virtuel restés coincés dans leur cyberespace, enquête sur un meurtrier virtuelle. Pendant ce temps, Hang, journaliste pirate informatique, traficote avec les gangs de misérables qui se terrent de l'autre côté de la barrière.

Ligny fait parfaitement la synthèse des angoisses vis à vis de l'essor des réseaux et des réalités virtuelles détournement des intérêts financiers et humanistes de la réalité, réduction de la vie à des fantasmes stériles en continu, radicalisation de la fracture sociale, absence de communication et handicap émotionnel, abandon de la conquête de l'espace. Le final est convenu, même si la chute anti happy-end fait un rien pièce rapportée. Malgré une complaisante incursion dispensable dans un cyberbordel avec toutes les options, qui nous ramène dans un travers habituel en matière de science-fiction francophone (à savoir la scène de sexe/violence gratuite) au total un thriller de bonne tenue.

Starborne

« Nous avons un petit problème. Nous sommes tous à l'extérieur et nous semblons souffrir d'une sorte de dépression collective. Sans raison apparente. C'est venu connue ça. Depuis l'instant où nous avons atterri. Comme si cet endroit était… hanté. »

Ooouh Un nouveau Silverberg éveille toujours une forte curiosité, même si à plusieurs reprises le pire était récemment au rendez-vous. C'est malheureusement le cas avec Starborne. Parce que très honnêtement, au cours de cette quête d'une planète habitable, pour l'humanité, l'ennui profond dispute à l'agacement croissant l'envie furieuse d'envoyer le volume rejoindre les anges qui chantent au fond des soleils.

Durant une première partie, d'une banalité affreuse, on assiste à la chronique navrante des vagues préoccupations et coucheries de l'équipage, avec en prime les angoisses de la jumelle télépathe dont les transmissions à destination de la Terre sont parasitées (comme si un pareil équipage n'était pas préparé à se débrouiller seul pendant un petit bout de temps). La mesure est comble lorsque, à ma stupeur grandissante, le capitaine (qui vient d'un monastère, mais ça n'excuse rien) demande, à l'expédition sur une planète étrangère et hostile, de rapatrier le corps d'un des membres décédé en des circonstances suspectes, tout en justifiant son ordre par la nécessité de récupérer des organes pour leur banque !!! Et une autopsie ? Et les sacrements ? Et la dignité humaine? Je vous épargne la fin. Silverberg ne semble avoir écrit cette histoire que pour remplir des pages blanches, sans se soucier d'avoir des choses à dire, ni de les dire avec rigueur et en profondeur.

À oublier.

Les Libertins du ciel

 

« Les règlements de la marine (stellaire terrienne) étaient stricts. Pour être qualifié d’homo sapiens, un humanoïde devait avoir le pouce opposé aux autres droits, croire en un être suprême, lequel ne devait pas aller plus loin que la divinité trine… le coït doit se pratiquer face à face. La participation du groupe est éliminatoire. La nudité publique également. De même tout contact oral avec des zones érogènes essentielles. »

Un space opera satirique parfaitement invraisemblable où deux astronautes découvrent une planète et entreprennent d'en faire leur Éden personnel, profitant abondamment au passage des accortes extraterrestres aux jambes si souples et aux orteils si agiles, remodelant leur civilisation à leur aise dans la plus complète des irresponsabilités.

Boyd aime visiblement mettre en scène la religion (chrétienne), à moins qu'il ne cherche qu'à choquer les critiques bigots. Le règlement de la marine, si obtus qu'il exclurait 99% de la population terrienne du statut d'homo sapiens, obsède tout de même les héros malgré leur pleine conscience de son irréalisme absolu. Cela ressemble certes à certaines positions morales du Vatican ou des autorités bien pensantes américaines façon années 50 (du genre de celles qui font interdire l'enseignement des théories sur l'évolution de Darwin à l'école, parce que tout cela ne serait qu'une question de croyance…), d'où l'effet satirique, même si cela reste souvent lourd et à côté de la plaque par rapport à l'actualité et la perspicacité d'un Planète à Gogos (de Kornbluth et Pohl, chez le même éditeur).

Bref, ce tour sur la planète Harleck à l'heure du politiquement correct et des nouveaux virus, donne plutôt l'impression de n'être qu'une pantalonnade, prétexte à quelques coups aux derrières de certaines autorités religieuses, morales ou militaires.

Jorvan de la mer

 

« Autour d'eux, la roche vivait et frémissait, fluide comme l'eau des sources qui parfois jaillissait dans les couloirs. Ils cessèrent d'avoir des bras et des jambes, une tête, des yeux, des oreilles. Ils perdirent leur corps, ou eurent  plutôt la sensation qu'ils en avait un, ils n'étaient plus qu'une étincelle de vie et de conscience, capable de choisir son chemin. »

Cinquante pour cent de la Science-Fiction française est belge, lançait en guise de boutade Francis Valéry dans une de ses chroniques (in CyberDreams). En effet, Alain Le Bussy vétéran du fandom francophone, l'un des auteurs les plus prolifiques, avec Laurent Genefort, de la vénérable et ultra francophile collection Fleuve Noir Anticipation d'ailleurs en cours de restructuration, comme évoqué plus tôt dans nos « Paroles de Nornes ».

 Voici donc la suite du cycle de Yorg. De même que pour les volumes précédente, le roman se présente sous la forme d'une mosaïque de récits éclatés entre sept groupes — les Yagrr et les cavaliers Longs-Cheveux, bons sauvages ; les Malalisni mutants anthropophages, mauvais sauvages ; les Survivants, troglodytes mutants ou pas encore ; les savants protecteurs paternalistes du Secret ; les Niepps esclavagistes civilisés à la recherche des richesses du passé, et les Tchings, cruels nippons totalitaristes machinistes. Bombardé des bribes de récits toujours en suspens, le lecteur ne peut que tourner les pages afin de savoir plus vite ce qui va arriver, même si l’ensemble n'est pas d'une originalité foudroyante. Et pourtant, Alain le Bussy, au hasard d'images frappantes, sème incontestablement des pistes pour des développements beaucoup plus surprenants.

Une planète nommée Trahison

« J'étais un régénératif radical. Je pouvais guérir de toute blessure. Et quand une moitié de mes intestins avait été arrachée, mon corps n'avait pu décider laquelle des deux m'appartenait vraiment. »

Ulysse au pays des merveilles rencontre Jason et la toison d'or mutante. Card nous offre ici un roman bâti un peu à la manière de ces épopées antiques où le héros, noble héritier banni et honni fera le tour de sa planète pour en déjouer les complots et résoudre les énigmes. La quête tourne régulièrement à la foire aux atrocités, et le rythme se perd au gré des découvertes et moments quasi oniriques (ou cauchemardesque). C'est dépaysant et en tout cas (beaucoup) moins lourd que les derniers opus d'Ender le Xénocide.

Mise en abîme

 

« Il ne s'agit ni de trafic, ni de piratage, ni de vol de corps, m'expliqua Sovay d'un ton las… Marva s'était aperçue qu'une personnalité aberrante la parasitait. Elle m'a seulement dit comment elle comptait s'en débarrasser: en t'engageant. L'imitation est parfaite. Tu pourrais devenir une actrice fantastique.

– L'imitation est parfaite parce qu'elle n'en est pas une. Elle a pris ma place. »

Total Recall sans Mars, croisé avec un Strange Day où le héros aurait laissé tourner ses enregistrements mentaux en continu. La confusion la plus grande règne sous le crâne de Marva (et celle du lecteur, entre nous), actrice, trafiquante, moucharde tout à la fois mais pas en même temps. Je ne doute pas un instant de la brillance d'un exercice consistant à raconter une histoire du point de vue d'une héroïne aux personnalités alternatives et à la mémoire complètement jetée, mais le résultat en ce qui me concerne serait plutôt une migraine tenace et l'impression de m'être mentalement noyé dans le récit avant la fin du premier tiers et ce, sans l'aide d'une Accompagnatrice. Peut-être faut-il s'accoutumer dans un premier temps à la versatilité de Cadigan en dégustant d'abord, à tête reposé, ses deux premiers romans chez Denoël : L'épreuve du feu et Les Synthérétiques.

La Ligne verte

 

« – Je cuis ! criait le vieux Thot. Je cuis-cuis! Ahhh ! J'suis rôti comme une dinde!

– Merde alors, a dit Harry. Y a un témoin qu’est arrivé avec une journée d'avance.

Assise sur le seuil, sa queue soigneusement lovée autour de ses pattes, la souris observait la scène de ses petits yeux de jais. »

Le couloir de la mort (années 30) comme si vous y étiez, vu par un ex-chef des gardiens flirtant avec Alzheimer (pratique pour prendre l'histoire en route). Une atmosphère et un sens du suspens excellent, même si l’impression d'avoir déjà vu les jumelles Detterick au détour des couloirs de l'hôtel de Shining. Une documentation, un style, une montée en tension irréprochable — précisons que je ne suis pas un lecteur de King.

La ligne verte parait en épisode dans une Collection à 10 FF, mais si vous ajoutez le prix des six volumes, ça fait 60 FF le roman complet. À part ça, c'est vrai que la présentation en roman-feuilleton fait qu'on ne peut pas tricher et aller regarder comment l'histoire se finit. Alors, Caffrey frira-t-il sur la chaise électrique du pénitencier de Cold Mountain pour un crime qu'il n'a peut-Étre pas commis ? Et quelle mort affreuse Edward Delacroix va-t-il connaître ? Lecteur veinard, peut-Étre le savez-vous déjà ! (Fichu décalage spatio-temporel).

Héléna von Nachtheim

 

« Elle était allongée, paisible, profondément endormie. Ses mains pressaient une chose informe contre son corps. Wilhelm se pencha, crut, un instant, que c'était une poignée de feuilles. C'était un petit coq, l’œil ouvert, le bec distendu. Mina regarda Wilhelm sans rien dire. Quand leurs regards se croisèrent, elle jeta deux autres cadavres à ses pieds.

– Et ça et ça. Elles les attire et elle les tue. »

Romance fantastique XIXe siècle et précieux, sans aucun effet gore et pour cause : le baron Wilhelm Vordenburg, jeune étudiant en médecine attaché à la maison de l'ambassadeur, tombe amoureux de sa jeune protégée, la fantasque Héléna. Quand l'entourage de celle-ci ne songe qu'à la cloîtrer, Wilhelm pense en revanche pouvoir comprendre et guérir la curieuse manie que celle-ci a de mettre à mort sans qu'une goutte de sang ne soit versée chats et pigeons quand la nuit vient. Yvon Hecht émule le style suranné d’époque et parvient à instaurer une atmosphère trouble et charmante pour l'histoire d’amour impossible. À noter les références au mesmérisme, magnétisme et autres hypnotismes, tout à fait d'époque.

Héléna von Nachtheim pourrait s’inscrire dans le mouvement de la « rétro-science-fiction » — le même qui voit paraître des romans victoriens (Tim Powers, K.W Jeter, ou sortir des films comme Mars Attacks de Tim Burton, dont l'intention est de présenter les extraterrestres « comme on les imaginaient dans les années 50 » — ou encore des bandes-dessinées de science-fiction reprenant l'imagerie — décors, costumes et mini-vague — des Flash Gordon d'Alex Raymond : une dose de nostalgie ou d’hommage et, paradoxalement, l'exploration de territoires dont l'ancienneté a donné leur cachet exotique.

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