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Oublier les étoiles

Lorsque l’on dit d’un livre qu’il est sympathique, cela sous-entend qu’il n’est pas totalement mauvais mais compte néanmoins sa part de défauts. Le présent recueil n’est pas sympathique, il est bon, voire très bon et les seize nouvelles rassemblées ici méritent toutes le détour, même les sept pour lesquelles le manque de place n’a pas permis de présenter une notule spécifique.

« Noir » est un très bon texte qui reprend le thème de l’humanité rendue aveugle par une expérience tournant mal. X.M. Fleury met en scène le péquin moyen et imagine ce qu’il pourrait bien faire si l’opportunité de rectifier de tir lui était donnée. Je ne vous en dis pas davantage…

« La Crique » est une nouvelle franchement politique sur la thématique des migrants qui, à travers une inversion de situation donne à réfléchir sur ce drame contemporain qui pourrait encore s’amplifier à l’avenir.

Dans « Le Travail Assassiné », X.M. Fleury s’empare, toujours avec la même ironie acerbe et son sens de l’humour noir, du thème très présent d’une hypothétique « fin du travail » où les IA feraient à peu près tout, ne laissant aux gens que le loisir de singer une activité professionnelle pour s’éviter de mourir d’ennui.

« L’Ami secret » a un petit côté dickien où, dans un contexte de colonisation et de terraformation, l’auteur s’interroge et nous avec lui sur les rapports que peut entretenir la religion avec l’altérité. Ici encore, l’humanité n’est pas présentée sous son jour le meilleur, – pour faire dans l’euphémisme —, et, quand par hasard un humain serait bon, ce n’est pas bon du tout pour lui.

« Jeux de guerre » revient, dans un contexte de futur proche, sur La Stratégie Ender qu’il retourne comme un gant. La guerre par l’entremise de jeux vidéo… Mais dans la guerre informationnelle l’arme est l’intelligence et peut-être est-il dangereux de croire que l’ennemi plus pauvre est plus stupide.

Dans « Pourfendre les dragons », l’auteur s’inspire des Croisés du Cosmos de Poul Anderson ou des Grognards d’Eridan de Pierre Barbet. Un chevalier qui tient sûrement davantage de Don Quichotte que de Tristan est capturé par des outremondiers elfes afin de débarrasser le monde des nains de ses dragons. Ici l’humour est un brin moins caustique…

Avec « Un cadeau presque parfait », Fleury rejoue « La Clé laxienne » de Sheckley dans un esprit s’apparentant fort à Damon Knight. L’auteur, qui maitrise fort bien l’art de la chute, est ici à son meilleur.

« Immersion » joue encore la carte du transhumanisme dans un monde dual où de riches oisifs en mal de sensations fortes se transfèrent psychiquement dans le corps d’animaux qui n’ont rien demandés. De nouveau, la bêtise humaine fait merveille.

Enfin, « Oublier les étoiles »est aussi court qu’excellent et Fleury y donne l’immense mesure de son art de la chute. L’écologisme règne et traque les derniers chercheurs à l’instar d’une nouvelle inquisition qui veut voir tout le savoir honni définitivement éradiqué et en finir avec tout rêve d’étoiles. X.M. Fleury nous laisse ici comprendre que savoir et intelligence ne vont pas nécessairement de pair ni que cette dernière n’est pas l’apanage des seuls bons.

Voici donc un bon recueil de fictions spéculatives qui donne à penser et à réfléchir, ce qui est plutôt rare par les temps qui courent où la tendance lourde va à une littérature de propagande assumée sans aucun complexe où les réponses sans questions sont assénées, martelées jusqu’à la nausée sans nul répit ni relâche. Oublier les étoiles ne va pas forcément à l’encontre du prêt-à-penser contemporain mais vous laisse le soin de tirer les conclusions par vous-même. X.M. Fleury manie une ironie au scalpel, parfois cinglante, associée à un art de la chute des plus consommé. Ses textes, faciles d’accès, peuvent constituer une porte sur le genre pour qui n’a encore jamais lu de SF. Il serait vraiment très dommage de faire l’impasse.

Les Oiseaux du temps

Les Oiseaux du temps nous arrive après avoir trusté les prix les plus prestigieux de la SF (Hugo, Nebula et Locus, entre autres), mais ce n’est pas parce qu’une scène se déroule dans une pièce où le papier peint est orné de motifs de Star Wars qu’il s’agit de science-fiction.

Nous avons ici en toile de fond une guerre temporelle et multiverselle dont Bleu et Rouge sont des soldates, des entités post seconde singularité, démiurgiques, anentropiques, à faire pâlir Francis Sandows de L’Ile des morts (Roger Zelazny). L’une appartient à l’Agence, l’autre à Jardin, des entités plus vastes s’évertuant sans fin, telles deux anti-Pénélope, à détisser l’œuvre de l’autre au sein d’un continuum d’Everett dont elles parcourent les brins et tresses d’aval et amont et retour telles des araignées gambadant dans leurs toiles.

Toute l’histoire se résume en une bluette homosexuelle entre Bleu et Rouge. Le reste n’est que barbouillage.

La novella se présente sous forme semi-épistolaire. Les lettres que s’envoient Bleu et Rouge, dissimulées dans la lave, les troncs d’arbres, etc., alternent avec des chapitres qu’on qualifiera de narratifs, faute de mieux. Les deux correspondants, alternant de même, agissent de leur propre chef. Or, correspondre avec l’ennemi relève de la trahison. Il semble s’agir, au début du moins, d’une tentative de corruption amoureuse de l’une par l’autre ; rendre l’ennemie amoureuse afin de la faire basculer dans son camp. Mais elles finissent par tomber réciproquement amoureuses au cours de leur duel à fleuret moucheté. La partie devient en fin de compte Bleu & Rouge contre l’Agence & Jardin. Dans les chapitres, Bleu et Rouge prennent volontiers forme humaine pour accomplir leurs diverses missions, qui souvent relèvent de l’effet papillon, du carnage cosmique – ou simplement tuer. Ici chez Gengis Khan, là en Atlantide ou ailleurs.

La vacuité du roman se dissimule sous une apparence de complexité qui n’est que vanité se payant de beau vocabulaire : « apophénie d’un haruspice » (p. 83) ; « Quiscale, Sittelle, Paruline » (p. 91 – des oiseaux) ; « stéganographie » (p. 149), encore et encore. L’éditeur français a trouvé son titre chez un féru d’ornithologie. Titre bien moins parlant que l’original, à condition toutefois de ne le point traduire au singulier : « Ainsi tu perds la guerre du temps » (p. 189), mais de comprendre que c’est un « Vous » pluriel : « C’est ainsi que VOUS perdez la guerre temporelle ». Le titre n’est pas une adresse de Bleu à Rouge ni réciproquement, mais d’elles deux à l’Agence et Jardin ; renvoyant à leur histoire d’amour qui les amène à s’affranchir de leurs entités tutélaires.

Notons en passant que tous les personnages, même très secondaires (une exception), sont exclusivement féminin, et même Jardin.

Sans les citations, (mais la place nous est comptée) on perd la mesure du propos, mais le livre est une véritable litanie obsessionnelle de propositions du type « un cadavre qui a été un homme » (p. 7). Je vous invite, en lisant ce livre, à remplacer partout « homme » par son hyponyme « juif », juste histoire de voir ce que ça donne… Si c’est ok ou pas.

On y déniche aussi çà et là quelques morceaux de bravoure anti-occidentale.

Le roman n’offre rien que la même vanité littéraire de ces « littératurants » qui naguère se gobergeaient de belles phrases creuses. Une bluette lesbienne, certes écrite correctement, voire bien, mais ne servant que de prétexte à des propos que tout un chacun saura apprécier comme il se doit. L’histoire sentimentale se tient, une fois dépouillée de tous ses oripeaux SF, et il y a sûrement un public pour cette prose-là – mais en ce cas, pourquoi la SF ? Car ce roman à l’eau de rose nécessite bel et bien de connaître cette dernière, sans donner jamais la moindre occasion de l’apprécier, au contraire. Les amateurs de science-fiction n’y trouveront rien…

Frank Herbert – Nouvelles 1952-1979

L’œuvre de Frank Herbert ne cessera jamais de revenir sur les thèmes qui la caractérisent, à savoir l’écologie, la rareté, la survie, le pouvoir et son éthique, la religion, la foi et l’espérance, les valeurs de l’échange et la communication, toujours en ouvrant de nouvelles approches, ceci, bien sur, à l’aune des compétences majeures de l’auteur : psychologie et psychanalyse. La présente intégrale des nouvelles (près de 1000 pages pour quarante récits dont plusieurs inédits) déplie ce constat à loisir.

De facture dickienne, « Vous cherchez quelque chose ? » recourt d’emblée à la psychologie pour aborder l’idée nietzschéenne que qui vit dans le confort sans avoir à lutter s’affaiblit, et que le prédateur a tout intérêt à maintenir sa proie dans cette sécurité illusoire.

« Opération Musikron » propose l’idée que l’inconscient collectif jungien ne relèverait pas d’un ordre symbolique, mais biologique, débouchant sur le concept de mémoire génétique – que l’on reverra dans « L’Effet GM » ou encore « L’Œuf et les cendres » – pour revisiter le mythe du phénix tout en préfigurant les révérendes-mères Bene Gesserit.

Le struggle for life au cœur de toute l’œuvre herbertienne conduit, si on ne lui adjoint pas en parallèle des compensations satisfaisantes bien qu’illusoires, au« Syndrome de la Marie-Céleste », une sorte de massif burn out social. Chez Herbert, la lutte pour la (sur)vie ne se limite pas, comme le voudraient les ultralibéraux, à la guerre de tous contre tous qui sont la stratégie et les discours machiavéliens des dominants : diviser pour régner. Aux yeux d’Herbert, des concepts tels que l’éthique ou la coopération sont des armes tout aussi mobilisables aux fins de la survie.

Ce qui précède donna à penser à certains – Marcel Thaon et Eliane Pons —, in Fiction n° 220 (avril 1972), que Frank Herbert devait être perçu comme réactionnaire. Or il parle de la totalité, met souvent en garde contre la tentation de ne la point prendre en compte, et qu’elle comprend tant la réaction que le progrès. Sa plus grande crainte est d’ailleurs le conservatisme. Ainsi, dans « Forces d’occupation » ou « Cessez le feu », montre-t-il le peu d’estime qu’il porte aux militaires. Il fait aussi preuve de cet humour dont il lui a été reproché de manquer dans « Le Rien du tout », et même d’un brin d’ironie face à cette préscience à laquelle soit on ne saurait échapper (Dune), soit qui n’en est pas une. Un sort semblable à celui de Muad’Dib sera effleuré de manière minimaliste dans « Rencontre dans un coin perdu » ; un tel pouvoir ne pouvant qu’engendrer peur, rejet et haine.

« La Drôle de maison sur la colline » , où le prédateur finit par tomber dans le piège qu’il a lui-même tendu, et « BEUARK », tournent autour du désir, moteur libidinal de toute action pour le psychanalyste que fut Herbert, qui, à défaut de sublimation, offre sa victime au prédateur ici paré des oripeaux de l’escroc. Herbert approfondira l’idée du « Comité du tout » dans La Ruche d’Hellstrom et Dosadi. À savoir que lorsque les moyens de la violence sont partout répandus ou qu’il existe une arme absolue, il devient dès lors pour les puissants prudents de s’en abstenir.

Pur chef-d’œuvre, « Essayez de vous souvenir » rappelle que le langage corporel dit la vérité là où les mots, qui ne sont que symboles, peuvent mentir, et a eu une somptueuse descendance avec L’Enchâssement de Ian Watson, Babel 17 de Samuel R. Delany, sans oublier le fameux « L’Histoire de ta vie » de Ted Chiang (mis en images par Denis Villeneuve, déjà…).

La plus grande crainte d’Herbert est celle de l’instauration d’institutions figées parce que suffisamment tolérables. Afin d’y remédier, il a créé le BuSab de Jorj X. McKie. Le thème revient dans « La Bombe mentale » et « La Mort d’une ville », ainsi que dans « La Voie de la sagesse », « Le Chaînon manquant », « Opération meule de foin » et « Les Prêtres du psi », qui forment le fix-up Et l’Homme créa un Dieu. Tant la cabale féminine du troisième texte que le complot d’une religion à même de faire de vrais miracles illustrent l’idée que le changement est non seulement inévitable, mais surtout souhaitable. Jorj X. McKie apparaît comme un alter ego de Jerry Cornelius : des agents réintroduisant du changement, de la fantaisie (de l’humour) dans un monde où cela vient à faire défaut afin que la lutte pour la survie puisse continuer au profit du mieux s’adaptant. Si Herbert avait été physicien, il l’eut exprimé en terme d’entropie, celle-ci s’accroissant inexorablement au fil des changements, la solution la plus écologique, de moindre énergie, consiste à se laisser porter par le flux, s’adapter plutôt que de se scléroser, et continuer de participer à la lutte pour une vie (meilleure). D’un texte à l’autre, ses thèmes ne cessent de s’entrelacer subtilement.

Outre « Le Chant d’une flûte sensible » rattaché au « Programme Conscience », l’intégrale se conclut sur quelques textes de moindre envergure, dont « Le Ferosslk fortuit » destiné au Last Dangerous Visions de feu Harlan Ellison est une variation de « Tout smouales étaient les borogoves » de Lewis Padgett qui n’égale pas son modèle.

Parce qu’il traite des sujets les plus fondamentaux – la survie de l’humanité et les moyens d’y parvenir –, Frank Herbert est un écrivain sans pareil. Il nous révèle les mécanisme du pouvoir à l’œuvre, dit pourquoi nous vivons et pourquoi nous le faisons ainsi. Il montre ce qui est sous-jacent au fonctionnement de l’humanité. Son œuvre ne pouvait voir le jour avant les années 50 et la découverte, la compréhension, de la finitude du monde. Par cela il est l’un des écrivains les plus importants, non de l’Imaginaire ou de la SF, mais de la littérature dans tout ce qu’elle a de plus utile : l’intellection du monde, et les deux tomes de cette intégrale sont à la fois les clés et les racines de cette œuvre.

Et si Napoléon…

Dans la courte préface du présent ouvrage, Stéphanie Nicot rappelle que Napoléon Bonaparte est en France, mais aussi en Europe, le sujet d’une passion déraisonnable, suscitant la fascination de ses laudateurs comme les critiques de ses contempteurs. La précision est utile et même nécessaire, surtout lorsque l’on introduit une anthologie consacrée à l’Ogre, a fortiori lorsque l’on s’aventure sur le terrain de l’uchronie. Le personnage historique et son mythe ne président-ils pas d’ailleurs à la naissance du genre, comme le rappellent Bertrand Campeis et Karine Gobled dans une postface consacrée aux nombreux successeurs de Louis Geoffroy ? Remisant de côté les intentions commémoratives, même si l’on peut juger malicieusement que fêter la mort de l’Empereur n’est pas la plus mauvaise des idées, la préfacière préfère attirer notre attention sur la contribution de Napoléon à notre histoire, notant que le destin de l’Empereur a façonné pour un temps celle-ci, pour le meilleur comme pour le pire. Dont acte.

Treize auteurs ont donc choisi de relever le défi, impulsant à l’Empereur, à la France et au reste du monde une trajectoire historique différente. Ils ont laissé leur imagination vagabonder dans les angles morts de l’Histoire, non sans arrière-pensées éthiques, politiques ou plus simplement ludiques, donnant naissance à des visions alternatives avec le bénéfice du recul du temps. Un luxe dont ne peuvent se passer l’Histoire comme l’uchronie. Ainsi, qu’il soit vainqueur au lieu d’être vaincu, souverain d’un Empire ayant duré plus longtemps que son terme connu, ou plus simplement jamais arrivé au pouvoir, le personnage de Napoléon n’échappe-t-il pas au droit d’inventaire et à une certaine dose de critique.

Selon les goûts, on se passionnera pour le génie militaire du général, acquis au prix fort sur les champs de bataille russes ou européens (« La Nouvelle campagne de Russie » de Fabien Cerutti, « Crassus et Auguste » de Thibaud Latil-Nicolas) ou pour son aventure égyptienne (« Mémorial de Philae » de Ugo Bellagamba). On déplorera l’autoritarisme et l’appétit de conquête de l’Ogre, nourrit à l’imaginaire de VGE et de John Campbell (« L’Empereur d’un autre monde » de Johan Heliot). D’aucuns préféreront sans doute l’originalité de Michael Roch (« Rêves d’égalité »), la poésie du désastre de Jean-Claude Dunyach (« La Dynamique de la révolution »), seule réédition du présent ouvrage, l’uchronie gigogne de Jean-Philippe Jaworski (« Implacable Clio »), la gouaille amusante de Silène Edgar (« Tout se distille »), même si le texte paraît anecdotique, la féerie fantastique de Victor Dixen (« Cent-Jours sans lui ») ou le sarcasme moqueur de Jean-Laurent Del Socorro (« L’Horatius Clotès du Tyrol ») et de Raymond Iss (« Le Dernier rêve de Napoléon »). Dans tous les cas, parmi les treize auteurs, bien peu se sont laissés aller au panégyrique bas de plafond ou à la caricature facile. Une certaine retenue, une bonne connaissance historique, et même une touche de fantaisie contribuent surtout à la cohérence des uchronies proposées en dépit de quelques textes plus faibles que les autres (« Au Service Secret de l’Empereur » de Laurent Poujbois, sorte de préquelle à son roman L’Ange blond, ou encore « Dernier soleil » d’Armand Cabasson, qui voit un Napoléon âgé s’inviter à la bataille de Camerone).

Et si Napoléon… n’est donc pas une simple anthologie prétexte, trop respectueuse pour être honnête, trop caricaturale pour être digne d’intérêt. Bien au contraire, l’ouvrage compte des nouvelles d’auteurs ayant su tirer leur épingle du jeu, sans tomber dans le piège commémoratif. À découvrir.

Symposium, Inc.

Demain. Stéphane Bertrand, pointure des neurosciences, a mis au point une technologie de scanners et d’implants neuronaux ouvrant la voie à une connaissance plus approfondie des ressorts du système nerveux et, partant, de l’esprit humain. N’importe qui peut, à tout moment, consulter ses constantes physiologiques et les corriger par de discrets shots d’hormones sous la forme de bonbons à sucer. Ces mécanismes de régulation de l’humeur et du comportement n’empêchent pourtant pas Rebecca, la fille du bon professeur, d’avoir une araignée au plafond. Le jour de son dix-huitième anniversaire, elle assassine sa mère à coups de couteau avant d’attaquer tranquillement le gâteau. Le caractère odieux du crime, tout comme la célébrité de la famille, ouvre une séquence procédurale médiatisée qui vire très vite au lynchage. Les réseaux sociaux, autoproclamés tribunal d’opinion, ont condamné Rebecca d’avance. Pour éviter à sa fille la perpétuité, le professeur Bertrand engage Amélie Lua, ténor du barreau parisien, réputée pour sa pugnacité, sa rouerie et sa maîtrise des codes de l’information-spectacle. Dans ce nouveau monde où les émotions gouvernent les foules sentimentales, il est toujours possible, avec les bons outils, le bon réseau et le bon timing, de retourner les futurs jurés du procès. Mais l’avocate, qui connaît son employeur de longue date et ne le porte pas forcément dans son cœur, voit peut-être dans cette affaire du siècle l’occasion de solder aussi quelques comptes…

Sous son habillage de techno-thriller efficace, Symposium Inc. n’est pourtant pas réductible à une dénonciation des méfaits d’un capitalisme paroxystique où la marchandisation touche autant le corps que l’esprit, pas plus qu’il se contente de l’examen des bassesses de la société du spectacle. Le livre traite du bien et du mal – vus de l’avenir. La technologie neuronale inventée par le professeur Bertrand est son péché originel. Mais cette société future perdue pour la morale ne peut que la feindre. Face aux masses hormonales figurées par les réseaux sociaux, sanctuaire du vice, le bien promis par la science est une autre caricature. Le mal, enfin, plus que le crime, c’est le libre arbitre. Ce qui intéresse Caruso, c’est la rencontre conflictuelle entre deux visions, celle du droit, qui postule la liberté de choix de l’individu et donc sa responsabilité, et celle de la science, qui affirme la primauté de l’anatomie sur l’autonomie. Un homme est-il la somme de ses constantes neurologique ? La personnalité est-elle modifiable par la chimie ? Comment peut-on encore avoir prise sur le monde, et éprouver de l’intérêt à agir, une fois qu’on a renoncé à soi-même pour le bien commun ? La notion même de justice a-t-elle encore un sens si la science peut tout prédire ? Telles sont quelques-unes des questions que dévoile le récit au fil d’une enquête à tiroirs où les sphères juridiques, technologiques, privées et publiques s’imbriquent constamment. Caruso ambitionne de tout traiter dans un même mouvement, de ne rien laisser dans l’ombre, la vie sentimentale comme l’existence sociale, s’appuyant sur un parti pris formel (phrase sèche, utilitaire) et une construction éclatée (alternance des points de vue, incrustations de commentaires figurant la vox populi) pour donner à son intrigue la forme d’un rébus post-moderne au rythme haletant. Chaque séquence est traitée comme un bloc autonome qui vient éclairer, ou obscurcir, l’information délivrée dans le précédent. Tout cela s’accompagne d’une réelle habileté à faire émerger et évoluer des personnages, même s’il leur arrive parfois de se perdre dans une forme de caricature.

À la lecture, on ne peut s’empêcher de penser à Greg Egan, qui a construit nombre de ses récits sur des bases similaires. Symposium Inc. ne pousse peut-être pas son concept jusqu’au bout, comme l’auteur australien nous en a habitué. Il se contente de nous faire cogiter, avec intelligence et lucidité, devant l’incertaine défaite de l’avenir. Ce qui n’est déjà pas si mal.

La Nuit du Faune

Entreprendre de définir La Nuit du faune pourrait tenir de la gageure, mais on peut donner une idée de ses aspirations en résumant la trame, au demeurant fort simple. Dans un futur très très lointain, le faune Polémas, rejeton d’une branche de l’évolution retournée à une vie superstitieuse et primitive, fraternise avec une étrange fillette nommée Astrée, aux pouvoirs quasi-divins. Le faune aspire à la connaissance ; Astrée voudrait retrouver des yeux d’enfant face à l’immensité de l’univers que son savoir a désenchanté, vidé de tout mystère et de toute beauté. Tous deux vont alors se lancer dans une traversée cosmique jusqu’aux confins de l’espace et du temps, où le faune verra peut-être sa conscience s’éveiller et Astrée connaître une dernière épiphanie.

Dans Latium, son premier roman (critique in Bifrost 86), l’auteur revisitait le space opera sous la forme d’un récit syncrétique, au croisement de l’uchronie, de la tragédie antique et de la philosophie de Leibniz. Tout comme Dan Simmons, l’un de ses principaux modèles, il aime à inscrire ses récits dans une filiation littéraire « classique ». La Nuit du faune renvoie à la tradition des voyages extraordinaires, au sens où, comme les ouvrages de Voltaire ou Cyrano cités par l’éditeur dans sa présentation, il se veut représentatif, tant dans la forme que dans le contenu, d’un certain esprit des Lumières, concentrant des réflexions de critique sociale, religieuse, morale, philosophique, et des éléments de réflexion sur le vivant, sans oublier – bien sûr – l’aspect scientifique. Lorsque l’on aura ajouté que le livre transpose dans l’espace, entre autres références littéraires, quelques motifs de La Divine Comédie ou d’un roman pastoral du XVIIe (L’Astrée, d’Honoré d’Urfé), que chacune de ces facettes, en apparence contraires, parviennent à s’entretisser en un récit unique, kaléidoscopique et compact de 250 pages, on aura à peine esquissé la silhouette du monstre enfanté par Romain Lucazeau.

Monstrueux, inhumain, le roman l’est aussi par la sidération qu’il provoque en levant le voile sur des régions insoupçonnées de l’univers, des technologies défiant l’entendement, des civilisations et des êtres radicalement autres (mention spéciale aux habitants des trous noirs). Rarement un roman de science-fiction de langue française n’aura offert de visions aussi puissantes, n’aura été aussi loin dans le vertige et le sense of wonder. Cette splendeur sidérale, presque terrifiante, a évidemment son revers. Elle ne surgit que par accident, en de brefs moments de grâce perdus dans une éternité de désolation. Carbone, silicium ou matière exotique, l’auteur ne cesse de nous marteler que le destin de toute forme de vie se résume à une lutte éternelle et désespérée pour la perpétuation et l’affranchissement. La grande affaire de l’univers est en définitive la guerre de tous contre tous décrite par Hobbes ; guerre contre la mort aussi, contre l’entropie.

Il est difficile de ne pas frissonner devant ce constat glaçant. Mais rien n’empêche de laisser la philosophie à sa place, de même que les leçons sur l’usage du savoir, sur la finitude, le libre-arbitre et les vertus de l’inaction, pour admirer plutôt le culot avec lequel l’auteur empoigne les grandes matrices de la culture, acceptée dans ses incarnations classiques et populaires. Sous son agrégat, le livre redessine une forme postmoderne et très hybride de la SF et de la mythologie. Tout comme L’Astrée se voulait une synthèse des mythes fondateurs européens, La Nuit du faune organise la synthèse des mythes fondateurs de la SF. Malgré ses méandres et mélanges inédits, il voudrait organiser le chaos de la création sur une même ligne harmonique, dérouler l’étoffe sans couture d’un échiquier intemporel, donner un sens grandiose à la vie.

C’est toute la gloire un peu mégalo et adolescente du roman. Il ne mégote pas, il ose. Et parce qu’il ose, on lui pardonne ce qu’il réussit moins bien. Les bégaiements de sa structure narrative, loin des tissages savants de ses modèles anglo-saxons, et d’où l’émotion a parfois du mal à émerger. Des personnages qui peinent à dépasser leur fonction pour exister par eux-mêmes, souvent réduits à être simples spectateurs du drame qui se joue autour d’eux. On peut lui reprocher enfin de flirter avec un certain pompiérisme ; mais on peut de même lui trouver un vrai aplomb lyrique, ce formalisme visionnaire et profus déjà à l’œuvre dans Latium.

La lumière des galaxies et l’abîme du ciel enténébré baignent les plus belles pages du roman. C’est en définitive ce que l’on souhaite en retenir : sa démesure, son insolente et pourtant exaltante ambition cosmique.

Le Chien du forgeron

Camille Leboulanger, jeune auteur à l’œuvre éclectique, s’attaque ici au genre du biopic. Soit la vie du guerrier celte Cuchulainn, figure centrale du cycle d’Ulster, un ensemble de textes du moyen-âge consacré à l’antiquité irlandaise mais relevant plus de la mythologie que de l’histoire véritable.

Caution littéraire, reconstitution acceptable (sinon crédible) de l’Irlande à l’âge du fer au sein de la noblesse guerrière et religieuse, travellings onctueux le long d’une vie mouvementée et loin d’être exemplaire – on peut tout d’abord s’interroger sur la finalité d’un projet qui ne se semble guère, à la vue de l’emballage, se démarquer des études plus ou moins romancées qui fleurissent périodiquement sur le personnage.

Derrière la dimension hagiographique perce toutefois d’autres ambitions, Leboulanger s’attachant à déconstruire le mythe en lui injectant un peu d’humanité. Il fait ainsi de Cuchulainn un héros ambigu, dominé voire rendu incontrôlable par la riastrad (un accès de fureur aveugle), infirme à sa façon, qui ne peut exister que dans un constant rapport de domination avec les autres. Tantôt célébré par le peuple comme le plus grand défenseur du royaume, ses proches, divisés, ne savent que faire de cette encombrante force de la nature. Cuchulainn est une pierre qui roule sur une pente qui va s’accentuant. Conscient dès l’enfance de son destin, il ne cherchera jamais à l’esquiver mais à l’accomplir, écrasant tout devant lui, ennemis, amis, hommes, femmes, parents, enfant. Le propos anti-viriliste est assez lourdement appuyé, d’autant qu’il s’articule autour d’une vision hasardeuse des relations hommes-femmes, et plus généralement de la figure de la femme, dans l’Irlande pré-chrétienne. L’auteur a pris le parti de rejeter la thèse d’une société matrifocale (pourtant défendue – si ma mémoire est bonne – dans certains des travaux de spécialistes cités en fin de livre) comme motif purement littéraire, au profit d’une réalité sociale où le deuxième sexe, privé de droits et soumis à la loi d’airain du père ou de l’époux (sauf exception notable des femmes de l’île de Skye), est renvoyé à une faiblesse caricaturale. Comme il le rappelle en postface, Leboulanger ne prétend pas à une fidèle réalité historique. Seuls les coupeurs de cheveux en quatre discuteront donc son interprétation, qui n’empêche pas le récit de fonctionner et d’aller son train jusqu’à la conclusion attendue. Ce qui constitue peut-être le principal écueil d’une réécriture qui jamais ne surprend, finalement bien plus sage que moderne au regard des canons actuels de la fantasy.

Tout cela se trouve contrebalancé par une habile stratégie de narration. Car si l’image de Cuchulainn est faussée, écornée, c’est qu’elle est passée au filtre du discours d’un personnage complètement fictif, un conteur, sorte de double, de frère d’ombre du héros, par lequel Leboulanger choisit de nous rapporter son histoire. Ce conteur, ivrogne et peut-être menteur, brouille le dessin à gros traits de Cuchulainn et de sa destinée. Le champion de l’Ulster, que tout le monde croit connaître, est pris ainsi dans la relation ambivalente qui le lie à ce narrateur non fiable. Le livre en profite pour explorer en filigrane le thème de la transmission, et ce qu’elle implique de manipulation. Ce qu’il produit de plus intéressant est l’idée que l’on peut avoir trop à léguer à ses enfants, au risque de les paralyser. C’est une piste seulement à moitié explorée par Le Chien du forgeron, mais qui lui donne ses meilleurs moments.

Les Aventures de Setnê

Figure incontournable du Paris littéraire, Rosny aîné appartient à cette génération d’auteur qui popularisa, au tournant du XXe siècle, le roman merveilleux-scientifique. Le temps d’un court récit, et bien avant Howard et Dunsany, il s’aventura également sur les rives de ce qu’on n’appelait pas encore l’heroic fantasy.

Le personnage de Setnê apparaît dans deux contes égyptiens datés du IIIe siècle avant notre ère, sous les traits d’un scribe et magicien. Rosny en fait un chef guerrier proche de Conan, vassal de Thoutmôsis III (Thoutmès dans le roman), qui régna sur la XVIIIe dynastie, aux alentours de -1500 avant JC. Surnommé le « Napoléon de l’Égypte antique », ce pharaon mena une politique de conquête qui porta le Nouvel empire à son apogée. D’une campagne menée contre Ninive, l’auteur tire un épisode plein du bruit et de la fureur des temps antiques. Pour prendre l’ennemi à revers, Thoutmôsis envoie Setnê et ses soldats intercepter une caravane ennemie et s’emparer d’un défilé. Le plus court chemin passe par une forêt sacrée puis des contrées hautement hostiles. Ils endurent la fournaise du désert des Dragons, traversent la forêt des tigres géants mangeurs d’homme, longent les marécages des Hommes de l’Eau menés par leur reine « avec ses cheveux d’hyacinthe, sa peau bleue, ses immenses yeux de flamme fumeuse. »

Rosny dépeint l’aventure humaine autant que l’épopée de la survie, la façon dont se révèlent les tempéraments au fil des épreuves. Pourquoi certains résistent, et certains succombent ? Qu’est-ce qui peut mouvoir les corps épuisés et les esprits éperdus ? Nombre des soldats puisent leur énergie dans la bravoure de leur chef. D’une force égale au célèbre Cimmérien, Setnê s’en distingue par sa capacité de meneur. Dans le feu du combat, les fils de l’Égypte sont des frères et se doivent une fidélité réciproque et absolue.

Le récit déroule tranquillement cette fantasy prototypale, sans trop d’excès, avec un classicisme presque provocant. Rosny fait du bon boulot, la narration est efficace, servie par un style ciselé, aux envolées parfois poétiques. L’ouvrage est par ailleurs aux standards habituels des éditions Callidor : beau papier, illustrations de qualité, couverture à rabats, préface éclairante. À noter que le titre n’est pas vendu seul mais offert pour l’achat de deux ouvrages du catalogue.

Lisière du Pacifique

Longtemps resté inédit dans nos contrées, Lisière du Pacifique achève le cycle « Orange County » dont on a pu lire jadis les deux précédents volets chez J’ai lu. Première œuvre d’importance de Kim Stanley Robinson, dont chaque volet se lit de manière indépendante, le présent ouvrage forme avec Le Rivage oublié et La Côte dorée un ensemble thématique centré sur le Comté d’Orange permettant à l’auteur américain de fourbir ses arguments à l’aune du roman post-apocalyptique, de la dystopie et de l’écotopie. De quoi envisager le monde et la Californie sous l’angle du pire comme du meilleur, mais dans une perspective résolument politique et spéculative. Kim Stanley Robinson a également bien retenu les leçons de John Dos Passos et John Brunner. Le macrocosme sud californien se dessine ainsi progressivement par le truchement d’un patchwork de destins individuels, mais aussi via le personnage de Tom Barnard, dont les apparitions récurrentes font office de fil directeur.

Chez Kim Stanley Robinson, la science-fiction est éminemment politique. Littérature d’idées, elle offre un ban d’essai aux spéculations et débats enracinés dans le présent. Lisière du Pacifique ne dément pas cette acception du genre, puisqu’on s’immerge directement au cœur d’une petite communauté confrontée à un dilemme social et politique dont le point focal se situe sur les pentes de l’ultime colline « naturelle » de la petite ville d’El Modena. L’homme étant un animal politique, son avenir d’être vivant et celui de son environnement résultent de son engagement dans une voie de développement ou une autre. L’auteur imagine ici une Californie future plus soucieuse d’écologie et de social, confrontant cette écotopie socialiste à la résurgence d’un capitalisme toujours intéressé par le profit et la rentabilité à court terme.

Territoire à l’avant-garde des stratégies de conversion, le Comté d’Orange esquisse un avenir plus soutenable et viable pour l’humanité, sans pour autant renoncer au progrès. Un futur auquel Kim Stanley Robinson s’efforce de donner corps d’une manière raisonnée. L’autopie et les suburbs de La Côte dorée s’effacent ainsi au profit du vélo et d’un mode de vie collectif jusque dans les pratiques politiques et l’habitat. Les maisons sont conçues comme des organismes dotés d’une domotique permettant de réduire au maximum leur impact sur l’environnement, notamment grâce au poétique gel-nuage, sans nuire pour autant au confort de leurs habitants. Sur les océans, les porte-conteneurs ont disparu, remplacés par des voiliers aux gréements composites et automatisés. Le Rivage oublié et son paysage cauchemardesque disparaissent aussi, repoussés grâce à une réglementation plus stricte, notamment pour l’usage de l’eau, qui favorise également le dépeuplement du territoire afin d’en restaurer peu-à-peu les ressources.

Bref, Lisière du Pacifique donne des raisons d’espérer, démontrant s’il est nécessaire de le faire encore, que la science-fiction reste plus que jamais la littérature des possibles. Trente et un ans après sa parution, à l’heure des sécheresses et incendies à répétition en Californie, il serait peut-être temps d’en explorer les pistes de toute urgence.

La Course aux étoiles

Sixième opus des aventures du Capitaine Futur, La Course aux étoiles apparaît comme l’incarnation de cet esprit pulp dont Pierre-Paul Durastanti se veut le héraut et traducteur au Bélial’. La recette est désormais connue. Prenez un héros aux qualités surhumaines, résolu à combattre la malveillance d’où qu’elle provienne. Associez-le à une équipe de compagnons dévoués, à la fois mentors et faire-valoir. Confrontez-les à une menace, un mystère à élucider ou à un adversaire retors. Puis, laissez se dérouler l’aventure, de préférence à un rythme trépidant, d’un cliffhanger à un coup de théâtre, sans trop réfléchir, en optant pour une forme de récit juvénile et vitaliste plutôt que pour l’introspection. Capitaine Futur est tout cela et bien davantage. Un morceau d’histoire de la Science-fiction américaine, lorgnant vers les ressorts du comics. Un space opera suranné, un tantinet routinier dans son développement, mais ne renonçant jamais au bigger than life. Un récit d’aventures jalonné de gimmicks, d’humour, de désinvolture et de décontraction, gouailleur et imperturbable face à l’adversité, confortable comme une paire de chaussons que l’on se plaît à enfiler après une journée au chagrin.

Alors, qu’importe la menace. Les astronefs peuvent disparaître mystérieusement, semant la panique et le doute jusque dans le cœur des fuséologues téméraires. Le système solaire peut se dérouler comme un tapis de jeu pour sales gosses. Les extraterrestres inquiétants et autres monstres affamés ou créatures mécaniques bornées par une programmation funeste peuvent redoubler d’effort et de malice pour nuire à la civilisation. Les cyclotrons surchauffés peuvent cracher les radiations jusqu’à la fusion ultime de leur gravium et les tuyères exploser en chapelets colorés, histoire d’égayer l’espace. Grag et Otho peuvent continuer à se chamailler, Simon Wright goûter à l’indépendance d’une mobilité retrouvée et Joan Randall flirter avec le beau capitaine imperméable à ses tentatives de séduction. Seul compte un émerveillement, certes daté, mais sans cesse renouvelé par les découvertes. Seul importe l’envie de se frotter à l’étoffe des héros, de goûter au plaisir régressif des aventures du colosse à la chevelure flamboyante, ce sorcier de la science, cet homme de demain voué à sauver la Terre et toutes les créatures intelligentes du système solaire. Ad astra et au-delà !

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