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Derniers jours pour "20 ans… 20 nouvelles !"

Encore une semaine pour télécharger gratuitement l'anthologie 20 ans… 20 nouvelles ! De Jean-Jacques Nguyen à Mélanie Fazi en passant par Thomas Day ou Serge Lehman, une sélection des meilleures nouvelles et novellas publiées dans Bifrost à raison d'une par année d'existence de la revue…

Tea, coffee, me ?

Pour patienter d'ici la parution du Bifrost 83 et la réédition numérique de La Voie du cygne, (re)découvrez « Tea, Coffee, Me ? » de Laurent Kloetzer, à lire en ligne ou à télécharger gratuitement jusqu'au 31 juillet. Avant CLEER, la première enquête de deux détectives de l'étrange dans un monde corporate…

Les prochains titres en Pulps

Vous avez été nombreux à nous demander quels seraient les prochains titres de la collection Pulps. Sur le forum, maître Durastanti vient de lever le voile sur les deux prochains volumes, à paraître conjointement en février 2017… Heureux ?

Par bonheur le lait

Enfant, on a parfois trouvé ses parents hors du coup. Trop sérieux, trop gonflants, trop distants. Adulte, on s’est aperçu qu’on pouvait faire une overdose de ses propres enfants. Tout le monde a connu ces situations où l’on préférerait que papa joue avec nous plutôt que de regarder un vieux film en noir et blanc ou de lire une revue sans intérêt, on a tous rêvé d’une maman moins terre à terre ; puis, pour ceux qui sont devenus parents, on s’est tous demandé si notre progéniture allait nous lâcher un peu les baskets, histoire d’avoir enfin une minute à soi. Mais il faut composer avec une famille inamovible…

Une part non négligeable de l’œuvre de Neil Gaiman, d’Anansi Boys à Coraline en passant par Le Jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges, célèbre la famille et ses incompréhensions. Dans Par bonheur, le lait, on devine qu’il est encore question de pater familias. Un papa qui lit le journal devant la télévision et « je ne crois pas qu’il fasse attention au reste du monde, quand il lit son journal », remarque le narrateur, un garçon un peu blasé. Le héros et sa petite sœur, en panne de lait pour manger leurs céréales, obligent le papa pantouflard à sortir de son fauteuil. Il se rend à l’épicerie pour acheter une bouteille. Mais la course se prolonge ; les gamins se demandent ce que leur géniteur peut bien trafiquer… Est-il arrivé quelque chose ?

Ce qui est arrivé, on ne le dira pas en détail, car c’est l’objet du conte à dormir debout que le père, une fois rentré, va servir à ses rejetons. Pour faire bref, hors de la maison, l’univers se met à dérailler et le papa se retrouve à voyager dans l’espace-temps en compagnie d’un stégosaure savant. Périple au cours duquel il devra échapper aux pirates, aux vampires, aux cannibales, aux extraterrestres, avant de revenir à son point de départ, c’est-à-dire dans son fauteuil préféré. Magicien de l’imagination, Neil Gaiman mélange allègrement les poncifs de la culture jeunesse et des éléments de sa mythologie personnelle pour déployer une quête bigarrée, à la limite de l’absurde, où la bouteille de lait tient lieu de Graal (ou d’anneau). Quand un auteur écrit, il arrive que des personnages ou des événements lui échappent. Ça semble clairement le cas avec Par bonheur, le lait. Le conte, la comédie, l’humour autorisent la liberté, permettent le nonsense, l’étrange présence d’un dieu volcan hâbleur et les chansons tout à trac d’un dinosaursband amateurs de selfies : c’est du grand n’importe quoi (comme le relève plusieurs fois le garçon…), mais un n’importe quoi qu’on avale sans sourciller.

Livre illustré oblige, impossible de ne pas évoquer le travail de Boulet, dont les amateurs de BD connaissent déjà la patte. Son style graphique, fouillé, expressif, colle parfaitement au ton du récit. Le résultat est souvent somptueux. Les deux vignettes de conclusion se paient même le luxe de brouiller définitivement les pistes d’un texte qui, sans cesse et avec malice, se joue des notions de mensonge et de vérité.

La Belle et le Fuseau

Contes, mythes et mythologies ont toujours été présents dans l’œuvre de Gaiman. Aussi, rien de surprenant à ce que notre auteur décide un jour de porter son dévolu sur la réécriture d’un conte, en l’occurrence celui de la Belle au bois dormant. Un conte déjà popularisé en son temps par Charles Perrault, puis les frères Grimm.

Or donc, voici une reine – cheveux noir de jais, lèvres rouges et teint d’albâtre, n’en disons pas plus – qui se prépare, sans grand enthousiasme, à renoncer à une partie de sa liberté en vue de son mariage. Mais une escouade de trois nains, partis dans le royaume voisin chercher la plus belle étoffe de soie, revient avec des nouvelles inquiétantes : depuis la chambre d’une princesse (maudite par une sorcière, bénie par une fée), une épidémie de sommeil se propage et risque de menacer tôt ou tard le royaume de la reine. Sans plus attendre, cette dernière quitte sa robe pour son armure et, en compagnie du trio de nains, part délivrer le royaume voisin du mal qui l’infeste. Le sommeil, notre reine ne le craint pas, elle qui a passé un an endormie dans un cercueil de verre. Mais il est dit qu’une muraille de ronces entoure le château et qu’une sorcière garde la belle endormie… Les choses sont-elles pourtant ce qu’elles paraissent ?

Avec La Belle et le fuseau, Neil Gaiman effectuait une nouvelle incursion dans le domaine du conte, juste avant Hansel and Gretel (paru peu après au Royaume Uni, et illustré par le talentueux Lorenzo Mattoti). Et pour quel résultat ? Quelque chose que l’on qualifiera de sympathique. Entremêler deux contes fameux, s’interroger sur la notion de genre et inverser bon nombre des éléments attendus – le plus notable s’avérant la quasi absence d’un quelconque prince charmant – sont autant d’excellentes idées. Mais le livre souffre de sa trop grande brièveté : une grosse soixantaine de pages, dont une bonne part occupée par les illustrations, où les personnages peinent à se développer et à devenir attachants – chose d’autant plus dommage que notre auteur excelle d’habitude en la matière. Justement, que serait ce livre sans les dessins de Chris Riddell ? Un trait au noir rehaussé d’aplats dorés, qui magnifie le texte de Gaiman. Ni trop enfantin, ni trop glauque, mais parfait.

À défaut d’être un jalon dans l’œuvre de l’auteur d’American Gods, La Belle et le fuseau demeure un joli livre, un cadeau idéal.

L'Océan au bout du chemin

« J’aimais les mythes. Ce n’étaient ni des histoires pour adultes, ni des histoires pour enfants. Elles étaient mieux que ça. Elles étaient, tout simplement. »

Qu’est-ce que cet Océan au bout du chemin, le dernier en date des romans « adultes » de Neil Gaiman ? Un sentier creusé au cœur des mythes, comme pouvait l’être American Gods ? Un jeu moderne avec les contes traditionnels, lointain écho de Neverwhere et d’une belle somme de nouvelles ? Ou un roman « pour la jeunesse », cruel et poétique comme Coraline, qui se serait déguisé en roman « pour adultes » avec la louable intention de rendre à ceux-ci, pour un temps, une part de leur âme d’enfant ? Tout cela à la fois, sans doute. Mais « la vérité, c’est que les adultes n’existent pas », affirme Lettie, onze ans – et quand vous la connaîtrez mieux, vous ne pourrez que la croire, elle qui, au commencement des temps, a traversé l’Océan pour aborder notre monde.

Cette petite fille, le narrateur l’avait oubliée : ce n’est qu’en arpentant les chemins de son enfance que la mémoire des événements ayant marqué l’année de ses sept ans lui revient. La fête d’anniversaire ratée, la mort du chaton tant aimé, l’indifférence des adultes, le suicide de cet homme inquiétant dans la voiture volée… Autant de souvenirs disparus qui s’imposent soudain – et d’autres, cohortes cauchemardesques de monstres et de terreurs. C’est qu’au bout de la route se dresse toujours la ferme Hempstock, où vivaient ces trois femmes étranges : la vieille et sibylline Mme Hempstock, sa fille Ginnie, et la petite Lettie bien sûr, celle-là même qui affirmait alors, sans rire, que la mare aux canards, au bout du chemin, n’était rien moins qu’un océan… Qu’est-elle devenue, Lettie ? Est-elle réellement partie en Australie, ce lointain jour d’enfance ? Ou sa disparition est-elle d’une manière ou d’une autre liée à ces bulles anciennes qui viennent subitement crever la morne surface d’une vie ?

Le temps du roman, le narrateur a de nouveau sept ans. Et nous avec lui, alors que Gaiman nous guide sans faillir dans les méandres de la mémoire pour nous faire redécouvrir un âge de compréhensions intuitives, sans emprise sur un monde qui nous échappe et que les adultes s’entendent à faire déraper, mais dont on sait encore saisir les gemmes. Un monde où seules les choses réellement importantes ont l’éclat du vrai, un éclat masqué par l’oubli qui nous vient en grandissant. C’est à cette part essentielle de l’être, commune à l’enfant et l’adulte, que s’adresse ici un auteur en pleine jouissance de ses moyens. Il nous entraîne dans le merveilleux avec la force de l’évidence, se faufile entre la puissance implacable des mythes universels et la cruauté des contes, explore l’essence et les possibles d’une entière trajectoire humaine en quelques jours de la vie d’un enfant.

Brillant et hautement recommandable, parsemé de scènes et d’images inoubliables, aussi prégnant parfois que le plus tangible des rêves, L’Océan au bout du chemin sonne toutefois comme le couronnement, plus que l’aboutissement, de thèmes et de figures désormais familiers sous la plume de son auteur. Avec ce roman intime, plus que tout autre nourri de souvenirs, Neil Gaiman donne le sentiment de ne rien risquer. Reste à souhaiter qu’à l’avenir, au prix, s’il le faut, d’une aisance admirable, il sache à nouveau nous surprendre – sans cesser de nous ravir.

Odd et les géants de glace

Odd (bizarre, en anglais…) est un jeune garçon viking. À l’âge de dix ans, sa vie bascule lorsque son père se noie au cours d’un raid en drakkar. Quelques jours après cette terrible nouvelle, Odd se blesse à la jambe avec une hache ; il aura besoin d’une béquille et restera boiteux pour le reste de sa vie. Lorsque sa mère se met en ménage avec un autre homme, Odd regrette de plus en plus son père et son ancien foyer. Au point qu’il décide de se retirer dans la veille cabane au fond des bois, où son paternel aimait venir sculpter le bois. Croisant un renard non loin de la cabane, il décide de le suivre. Celui-ci le conduit à un ours coincé entre deux arbres. Odd le sauve, et apprend que ces deux animaux, et même trois, puisqu’ils sont accompagnés d’un aigle, sont en fait les dieux d’Asgard, Odin, Thor et Loki, qui ont été chassés par les géants de glace. Le règne des géants sur Asgard explique en outre le fait que l’hiver persiste, et que le printemps tarde à se montrer… Odd décide donc d’aider les dieux à récupérer leur royaume. Il traverse Bifrost (sic !), le pont entre le monde des hommes et des dieux, et part pour une quête qui le changera à jamais.

Bien que l’on soit face à un conte pour enfants (jusqu’à dix ans environ – c’est un peu simple pour des ados), on retrouve dans ce livre certains thèmes qui ont fait la réputation de Neil Gaiman, dont le panthéon des dieux nordiques (difficile de ne pas penser à American Gods) coincés dans le monde des humains. L’auteur arrive à faire vivre tous les personnages de ce conte, à les rendre attachants, son écriture fluide et très tendre convient à merveille au format de ce type de récits. L’histoire reste classique dans ses thèmes – la quête du jeune héros rejeté par les siens qui reviendra grandi –, mais la maîtrise narrative de Gaiman est telle que le plaisir de lecture demeure constant.

Bref, un cadeau parfait pour un jeune lecteur débutant, mais dont la limpidité narrative ne manquera pas de séduire tout amateur d’Imaginaire plus capé. Il convient d’ailleurs de signaler que l’éditeur (Albin Michel) propose un fort bel objet : jolie couverture dans les tons bleutés, gravures illustrant chaque chapitre.

L'Étrange Vie de Nobody Owens

L’étrange vie de Nobody Owens, roman destiné à la jeunesse, s’ouvre sur le meurtre sanglant mais feutré d’une famille : le père, la mère, la fille sont égorgés par un mystérieux tueur, membre de la non moins mystérieuse confrérie des « Jack » (parmi lesquels, sans doute, Jack l’Éventreur et Spring-Heeled Jack). Seul le fils, un bambin âgé de dix-huit mois, parvient à s’échapper de la maison et à se réfugier dans le cimetière voisin reconverti en parc naturel. Un cimetière, même abandonné, est peuplé de fantômes et autres créatures surnaturelles. Celui-ci n’échappe pas à la règle, mais l’arrivée d’un bébé, bien vivant, un assassin sur ses talons, revêt un caractère inédit. Les fantômes prennent alors l’enfant sous leur protection, le baptisent Nobody et lui accordent le statut de citoyen libre du cimetière. Silas, créature ni vivante ni morte, seule apte à entrer et sortir de l’enceinte du cimetière, deviendra son tuteur.

L’étrange vie de Nobody Owens est avant tout le roman d’apprentissage d’un gamin sans identité, élevé en marge du monde moderne. Neil Gaiman se réapproprie Le Livre de la jungle de Rudyard Kipling et le transpose dans son univers de fantasy urbaine teinté de poésie macabre et d’une pointe d’humour. La narration non linéaire s’articule autour des épisodes marquants de la vie de Nobody et les ellipses temporelles permettent de suivre son évolution sur une longue période – une quinzaine d’année, en fait, au cours desquelles Nobody doit trouver sa place dans le monde et se forger une identité tout en survivant à l’adversité (le Jack n’oublie pas sa mission). L’auteur convoque le bestiaire fantastique classique, laissant toutefois planer le doute sur la nature de chacun : fantômes, goules, vampires et loups-garous sont au rendez-vous, mais l’histoire de Nobody étant racontée au travers des yeux de ce dernier, assez naïf, il ne se rend compte ni des dangers, ni de l’étrangeté de ses compagnons. Si ce procédé narratif permet à Gaiman de mettre en lumière ses personnages et de susciter l’émotion, il a aussi pour inconvénient de laisser dans l’ombre une part importante de l’univers du roman : la confrérie des Jack et les motivations de cette dernière sont à peine esquissées, au risque de frustrer le lecteur un tant soit peu exigeant. Au chapitre des regrets, il faut aussi ajouter la discrétion des illustrations de Dave McKean.

Roman plébiscité aux USA et au Royaume-Uni – il a reçu le prix Hugo du meilleur roman, le prix Locus du meilleur roman pour jeunes adultes, la médaille Newbery et la médaille Carnegie, L’étrange vie de Nobody Owens bénéficie d’une traduction française élégante. Si l’adaptation en roman graphique est parue, l’adaptation cinématographique se fait encore attendre malgré l’achat des droits par les studios Disney.

Entremonde

Joey est un élève furieusement banal, ni bon ni mauvais. Pas forcément populaire, il se fond dans la masse sans grand-chose pour le distinguer des autres. Au cours d’un jeu de piste organisé par M. Dimas, l’original professeur d’histoire-géo, il se retrouve en équipe avec Rowena, dont il est secrètement amoureux. Il ne tarde pas à se perdre et, en faisant le tour du pâté de maison pour essayer de trouver un repère, il se rend compte que Rowena… n’est plus du tout Rowena, mais une autre fille qui lui ressemble furieusement. Il se rend alors compte qu’il a « marché » dans un univers parallèle. Cette capacité à voyager entre les mondes est remarquée par l’Entremonde, organisme chargé de défendre l’Altivers (l’ensemble des mondes existant) contre les assauts de MAGA et du Binaire qui s’en disputent le contrôle. Souvent dépassé par les événements qu’il peine à comprendre, Joey se retrouve plongé dans une lutte sans merci entre ces factions.

Ce roman est à l’origine un scénario destiné à la télévision coécrit par Neil Gaiman et Michael Reaves (ancien de chez Dreamworks et responsable de plusieurs novellisations dans l’univers Star Wars). Refusé, il est longtemps resté de côté avant que les auteurs décident d’en faire un roman pour la jeunesse. C’est peut-être le péché originel de ce texte. Qui, même s’il est destiné à la jeunesse, manque de liant. Les péripéties s’enchaînent assez vite, sans que les auteurs prennent vraiment la peine de s’attarder sur les personnages ou sur les mécanismes de l’Altivers. On en ressent une certaine incohérence, et la frustration de ne pas en savoir plus. Le côté « scénario » est mal maquillé, et on imagine bien cette histoire adaptée par Dreamworks (qui a posé une option sur les droits en 2007 sans donner depuis suite).

Nous sommes là face à une histoire classique de mondes parallèles et de jeune héros banal qui finit par sauver le monde. Ce thème et son traitement, trop scénaristiques, font d’Entremonde une œuvre mineure à réserver aux inconditionnels ou aux complétistes.

Les auteurs ont donné deux suites, pour le moment inédites en français : The Silver Dream, en 2013, Eternity’s Wheel, en 2015.

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