Connexion

Actualités

La Petite Mort

Après l'anthologie de vampires sexuels concoctée par Poppy Z. Brite, Albin Michel présente un épais recueil de nouvelles érotiques fantastiques d'un excellent niveau, comme en témoigne la qualité des auteurs retenus : Clive Barker, Pat Cadigan, Douglas Clegg, K. W. Jeter, Kathe Koja, Barry Malzberg, Richard Christian Matheson, Lucius Shepard, etc., sans oublier une grande dame du policier, Ruth Rendell.

Dans cette anthologie, il est moins question de sexualité que de relations, tant il est vrai que celle-ci est tributaire de la personnalité des acteurs. On y trouvera bien sûr quelques scènes torrides, des unions charnelles monstrueuses, violentes ou hors normes, un éventail de situations déclinant les figures de l'homosexualité, du sadomasochisme, voire de l'inceste, mais l'essentiel n'est pas là. Comme l'illustrent Koja et Malzberg avec la bizarre relation d'un artiste photographiant les modèles ravissants ou monstrueux, que lui amène une belle collectionneuse de clichés, « La prudente géométrie de l'amour » touche à l'âme. La découverte de l'autre, et parfois sa possession, passent autant par l'esprit que par le corps.

Il est beaucoup question de douleur dans ce recueil ; celle-ci semble même indissociable du plaisir qui provoque le même pincement au cœur. Les motifs d'une sexualité décalée, malade, en quête d'un équilibre qui ne se trouve parfois que hors normes, sont omniprésents. Ils sont typiques d'un fantastique moderne qui a cessé de faire appel au surnaturel dans ses récits, sinon d'une façon très voilée. Les maléfices ne représentent qu'un quart des textes et souvent, tournent autour du ménage à trois : l'amant désireux de récupérer sa femme fait appel à la sorcellerie (« La dernière fois » de Lucius Shepard, excellent !, « Trous » de Sarah Clemens), couples et maris infidèles sont sous l'emprise de maléfices (« Le rocher » de Mélanie Tem) où ils revivent parfois leurs relations coupables (« Boutons de fièvre », de Carol Oates),

Métaphoriques ou crûment réalistes, ces nouvelles frappent fort et juste. Si le fantastique traite souvent de la mort, il était normal qu'il s'intéressât à la petite mort et aux fantasmes qui l'accompagnent. Le lecteur sera au moins assuré que sexe et fantastique font bon ménage !

Idoru

Elle est belle, elle est célèbre. Elle va se marier avec Rez, de l'indétronable groupe rock Lo/Rez. Mais elle n'existe pas. Rei Toei est une idoru, une créature virtuelle des petits écrans, nippons. Le medium de ce mariage serait le module primaire de programmation biomoléculaire Rodel-van Erp C\7A qui intéresse également les russes, auxquels il est interdit de fournir de la technologie sensible. Une course poursuite commence alors, mettant en scène des trafiquants et leurs porte-valises, des fans du chanteur comme Chia, qui effectue le voyage jusqu'à Tokyo pour juger de la véracité de la rumeur, et des ennemis jurés comme la directrice de Slitscan, acharnée à détruire l'image de la pop star

Comme souvent chez Gibson, l'intrigue importe moins que le décor. Elle n'est qu'un support pour décrire un futur immédiat chrome et acier qui bascule dans l'univers des apparences, noyé d'informations plus que d'informatique, un monde grouillant incapable de maîtriser ses mutations, où les personnes capables de dégager des points nodaux dans des masses de données informes sont très prisées et recherchées

Cette plongée hallucinante est à sa façon une fable sur la célébrité, qu'il convient de fuir non parce qu'elle est désormais factice mais parce qu'elle empêche de goûter aux joies sereines de l'anonymat.

Si la lecture de ce roman est vivement conseillée, elle est cependant gâchée par les irritantes coquilles qui le parsèment, mots oubliés, participes passés à l'infinitif et autres malveillances syntaxiques. Il aurait été décent, pour un livre cyberpunk, d'utiliser un correcteur orthographique et grammatical.

Boulevard des Étoiles

« Boulevard des Étoiles, le carnaval bat son plein… » La Terre est devenue un lieu de loisirs permanent depuis que les Alii, en effectuant le Grand Ménage, ont décimé les neuf dixième de la population. Les personnages composent à longueur de temps des jeux de rôle grandeur nature, mars l'ennui peut les conduire à les interpréter pour de vrai ; c'est ce qu'apprend bien involontairement Walt Umfrey, physicien sur le satellite Erymède, venu se distraire sur Terre (« La tête de Walt Umfrey »). On peut aussi se faire peur par procuration, en se branchant sur les pilotes de course qui frôlent la mort à 1500 km/h. « Yadjine et la mort » est probablement la plus belle nouvelle de ce recueil, où une femme tente de connaître Marq Folker, et, à travers lui, de contempler l'abîme de la mort. Cet univers de fête n'est pas tout rose : Perris, qui enquête dans l'entourage de la rimbaldienne (et transparente) star du rock Morry Jimmison, désire se venger de la secte qui a massacré sa famille. Enfin, les éternels désaxés désireux de devenir maîtres du monde sévissent toujours : le docteur Zo-Lost Goodtheirn met au point une armée de monstricules (« Les amis de monsieur Soon » et « À la recherche de monsieur Goodtheim »).

Baroque, foisonnant de détails, le recueil constituant Boulevard des Étoiles ne ressemble à nul autre. Il se rattache au cycle « eryméen » de Sernine, qui comprend quelques romans et nouvelles. Ces textes n'ont rien de spéculatif, on s'en doute, mais jouent métaphoriquement avec des images, des décors. Curieusement, bien que Sernine avoue dans l'interview finale attacher de l'importance au récit, les intrigues qu'il développe laissent indifférent (à l'exception de « Yadjine et la mort ») probablement en raison de la complexité et de la richesse du décor qui requiert sans cesse l'attention. Il manque peut-être à ces textes un point d'ancrage, un sujet central que les excès de cette société ne viendraient distraire. Mais il est difficile de ne pas tourner la tête dans cet univers. Car, « Boulevard des Étoiles, le Carnaval bat son plein »…

Un feu sur l'abîme

Est-il encore possible, en cette fin de siècle, d'écrire un space-opera tel que le concevaient E. E. “ Doc ” Smith ou Edmond Hamilton il y a plus d'un demi-siècle, c'est-à-dire un roman d'aventure démesuré, frénétique, ne laissant jamais à son lecteur le temps de respirer, et n'ayant en définitive d'autre but que de distraire ?

Et surtout, un tel livre peut-il être autre chose que parfaitement ringard ? À ces questions, Vernor Vinge répond oui sans hésiter et nous en donne la meilleure démonstration possible

À première vue Un feu sur l'abîme accu­mule tous les clichés propres au space-opera : intrigue prétexte (les héros doivent partir à la recherche d'un mystérieux artefact, seul capable de sauver l'univers du péril qui le menace), extraterrestres improbables (les Cavaliers des Slrodes, sortes de caoutchoucs en pot pensants), anthropocentrisme (la race des Dards, sur la planète desquels se déroule une grande partie du roman, a bâti une civilisation étonnamment semblable à notre propre moyen-âge, ce qui est d'autant plus étrange que leur morphologie est plus proche de celle du chien que de l'humain), combats spa­tiaux à vitesse supraluminique, sans parler de l'inévitable détour par quelques haut-lieux du genre, bar et marché galactiques en tête. Avec un tel matériau, l'approche parodique, telle que la pratique Red Deff par exemple, semble être le seul moyen pour l'auteur de ne pas sombrer dans le grotesque.

Pourtant, Vernor Vinge infirme ce point de vue. Pince sans rire de génie, il parvient à nous faire avaler les invraisemblances les plus énormes sans se départir d'un sérieux imperturbable. Les personnages, humains comme extraterrestres, révèlent rapidement des personnalités et des motivations com­plexes. Le souci du détail de l'auteur lorsqu'il décrit la civilisation des Dards et l'originalité de leur mode de pensée (la base de la société n’est pas l'individu mais la meute, les Dards n'accédant à l'intelligence que lorsqu'au moins quatre individus mettent leur psyché en commun) en font l'un des éléments les plus fascinants de ce roman. Et surtout, le récit est mené sans temps morts, ce qui, sur une telle longueur, relève de l'exploit.

Loin du souci de la rigueur scientifique chère à un Gregory Benford ou des préoccu­pations socio-politiques d'un Iain M. Banks, Vernor Vinge à son tour réinvente le genre. Son message : le space-opera n'a d'autre but que de divertir le lecteur. C'est pourquoi il doit être pris avec le plus grand sérieux. On ne peut que rester béat d'admiration devant le résultat.

La Piste indigo

Durant plusieurs décennies, le Fleuve Noir fut incontestablement l'éditeur le plus conservateur et le moins accessible, préférant faire travailler à la chaîne ses auteurs maison plutôt que s'ou­vrir aux nouveaux talents. La situation s'inversa complètement durant les années quatre-vingt et la collection « Anticipation » permit à ceux qui allaient devenir les auteurs les plus en vue de la science-fiction française (Ayerdhal, Lehman, Wagner, Genefort…) de faire leurs débuts professionnels. Ces der­nières années, si le Fleuve publie toujours autant, sinon plus, de jeunes écrivains, la plupart disparaissent après un ou deux romans, généralement fort médiocres. Qui se souvient aujourd'hui de Hugo van Gaert, Christophe Kauffman ou Lucas Gorka ? Et surtout : qui regrette leur disparition ?

Depuis la fin d' « Anticipation », les choses ne se sont pas arrangées, bien au contraire : la quasi-totalité des premiers romans publiés par le Fleuve Noir sont d'une nullité abyssale. À qui la faute ? À une politique éditoriale aberrante ou simplement à l'absence de bons manuscrits ? Probablement aux deux.

La piste indigo est symptomatique de cette crise. Le point de départ de cette his­toire n'est pas inintéressant : l'arrêt soudain du principal réseau informatique mondial, basé à Singapour, entraîne l'effondrement du système économique planétaire et attise les tensions internationales. Au Tibet une équipe improvisée d'informaticiens va tenter de débloquer la situation avant qu'il ne soit trop tard. Malheureusement, passé les pre­mières scènes d'exposition, le récit avance à la vitesse d'un cheval mort. De scènes répétitives en dialogues redondants et empruntés au possible (entre autres, les personnages ont tous la fâcheuse manie de répéter le nom de leur interlocuteur toutes les deux phrases), le roman s'enlise et le lecteur s'endort. On en vient à se demander si l'auteur se moque pas de nous lorsqu'il écrit : « Il restait de la guerre une attente interminable, attente de ce qu'il se passe enfin quelque chose. » (p.319) Les derniers doutes sont levés lorsque l'intrigue est enfin résolue, dans un flou artistique absolu, et qu'un des personnages s'exclame : « comment a-t-on gagné, on ne le saura jamais ! » (p.356) Le cynisme de Chabeuil n'a d'égal que la vacuité de son roman, dont la plus impardonnable des tares est d'être encore plus méprisant que méprisable.

Orages en terre de France

Rares sont les auteurs à avoir eu l'oppor­tunité de publier un recueil de nouvelles dans la défunte collection « Anticipation ». Michel Pagel est le seul à en avoir publié deux : Désirs cruels, en 1989, et Orages en terre de France deux ans plus tard. Ce dernier livre, aujourd'hui réédité, regrou­pe quatre uchronies se déroulant à la fin du XXe siècle, dans une France en guerre contre l'Angleterre depuis près de mille ans. La Révolution n'a pas eu lieu, la monarchie s'est maintenue des deux côtés de la Manche et l'Église est toujours aussi puissante et respectée.

Dans « Ader », un universitaire à la retraite construit la première machine volante. Une invention absolument révolutionnaire, mais qui risque fort de lui valoir les foudres de l'Église — au mieux l'excommunication, au pire la mort. « Bonsoir, maman » est une courte vignette où une malade revient une dernière fois chez elle, auprès de sa famille, avant de mourir. « Le Templier » raconte la machination mise en place pour discréditer Frédéric d'Arles, le plus célèbre télévangéliste français. Quatrième et dernière nouvelle, « L'inondation » s'intéresse au destin de trois personnages : un déserteur de l'armée anglaise, la femme qu'il a tuée, l'homme qui l'a ressuscitée.

Si ces textes relèvent de l'uchronie, Michel Pagel ne se soucie guère de justifier historiquement son univers et préfère s'intéresser à ses personnages. Le plus mémorable d'entre eux est certainement Frédéric d'Arles, manipulateur de foules, fou de Dieu, haïssable en tous points et pourtant extrêmement humain. Les protagonistes des autres nouvelles sont aussi finement dessinés : des hommes et des femmes subissant une guerre dont ils ne comprennent plus depuis longtemps les enjeux ; écrasés par le poids des traditions, essayant tant bien que mal de faire face à des situations exceptionnelles. Certains choisiront de se rebeller contre les pouvoirs en place et l'absurdité de leur condition, d'autres accepteront de transiger, n'ayant plus d'autre but que de sauver leur vie. Tout au long de ce recueil, Michel Pagel nous fait partager les désirs et les craintes de ses personnages leurs espoirs et leurs doutes. Une œuvre d'une rare sensibilité.

L'Impossible Quête

Jean-Christophe Chaumette est un auteur rare. C'est sans doute sa principale qualité. Après un polar-fantastique pas bon du tout (Le jeu, en 1989) et avant une fantasy franchement nulle (Le Niwaâd, l'an dernier, il publia au début des années 90 ce long roman que le Fleuve Noir a jugé utile de rééditer aujourd'hui. Point positif : sa publi­cation sous le label « Legend » plutôt que « Space ». Car, sous ses apparences de space opera, Le Neuvième Cercle est bien un roman de fantasy et de la pire espèce : une heroic fantasy aussi violente qu'imbécile.

Le cadre créé par Chaumette est tout fait rudimentaire et des plus incohérents : vastes empires guerriers s'étendant sur plusieurs systèmes solaires et voyages supraluminiques d'une part, systèmes éco­nomique et industriel primitifs — les armes sont fabriquées par des artisans forgerons ! — d'autre part. Comme le confirme un coup d'œil sur l'appendice en fin de second volume, l'auteur s'est plus attaché a créer un exotisme de pacotille qu'à mettre en place un univers vraisemblable, sinon original. Qu'importe d'ailleurs, puisque ce cadre a pour unique fonction de justifier les innombrables scènes de batailles qui sont le cœur du roman. Ici, Chaumette s'en donne à cœur joie : on s'éventre avec entrain, on s'étripe gaillardement, on se décapite à qui mieux mieux, on se démembre à longueur de pages, ad nauseum. Dans cette guerre, la diplomatie occupe une place on ne peut plus négligeable, la philosophie des différents belligérants ne dépassant de toute façon pas le stade du « Moi plus fort que toi, toi obéir moi sinon moi casser tête à toi ». Sur plus de 800 pages, cette forme de rhétorique peut lasser jusqu'au plus brutophile des lecteurs.

Lorsqu'elle ne patauge pas dans le sang et les tripes, l'histoire nous raconte le destin de Stanley Peterson, mercenaire cruel et sans pitié, au cœur dur comme la pierre, qui Dieu merci rencontrera l'Amour (avec un A majuscule et un corps de rêve) et deviendra le sauveur de l'humanité. Le tout entrecoupé de pensées profondes sur le sens de la vie, mélange de mysticisme bon marché et de confucianisme de bistrot. De là à dire qu'il n'y a rien à sauver de cette longue saga, il n'y a qu'un pas que je m'empresse d'ailleurs de franchir.

  1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280 281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315 316 317 318 319 320 321 322 323 324 325 326 327 328 329 330 331 332 333 334 335 336 337 338 339 340 341 342 343 344 345 346 347 348 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359 360 361 362 363 364 365 366 367 368 369 370 371 372 373 374 375 376 377 378 379 380 381 382 383 384 385 386 387 388 389 390 391 392 393 394 395 396 397 398 399 400 401 402 403 404 405 406 407 408 409 410 411 412 413 414 415 416 417 418 419 420 421 422 423 424 425 426 427 428 429 430 431 432 433 434 435 436 437 438 439 440 441 442 443 444 445 446 447 448 449 450 451 452 453 454 455 456 457 458 459 460 461 462 463 464 465 466 467 468 469 470 471 472 473 474 475 476 477 478 479 480 481 482 483 484 485 486 487 488 489 490 491 492 493 494 495 496 497 498 499 500 501 502 503 504 505 506 507 508 509 510 511 512 513 514 515 516 517 518 519 520 521 522 523 524 525 526 527 528 529 530 531 532 533 534 535 536 537 538 539 540 541 542 543 544 545 546 547 548 549 550 551 552 553 554 555 556 557 558 559 560 561 562 563 564 565 566 567 568 569 570 571 572 573 574 575 576 577 578 579 580 581 582 583 584 585 586 587 588 589 590 591 592 593 594 595 596 597 598 599 600 601 602 603 604 605 606 607 608 609 610 611 612 613 614 615 616 617 618 619 620 621 622 623 624 625 626 627 628 629 630 631 632 633 634 635 636 637 638 639 640 641 642 643 644 645 646 647 648 649 650 651 652 653 654 655 656 657 658 659 660 661 662 663 664 665 666 667 668 669 670 671 672 673 674 675 676 677 678 679 680 681 682 683 684 685 686 687 688 689 690 691 692 693 694 695 696 697 698 699 700 701 702 703 704 705 706 707 708 709 710 711 712 713 714  

Ça vient de paraître

La Maison des Soleils

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 114
PayPlug