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Fantasy

En tant qu'amateur de fantasy, s'il est un livre que j'attendais avec une certaine impatience, et au moins autant de méfiance, c'est bien [licorne regarde à gauche] Fantasy [licorne regarde à droite], « dix-huit grands récits de merveilleux », l'anthologie d'Henri Lœvenbruck et Alain Névant.

La première impression que l'on a de cet ouvrage, si on oublie une couverture particulièrement laide (illustration de Jean-Jacques Chaubin sanctifiée par le logo le plus crétin de l'histoire de l'humanité « Fleu Ve Noir »), c'est son épaisseur : 470 pages. Dans lesquelles coexistent en paix une intro, 18 nouvelles ou novella, une postface, un dictionnaire des auteurs.

En supposant que les anthologistes aient placé les textes dans un ordre particulier (ce qui n'a rien d'évident), résistons à l'envie de commencer par le texte de David Calvo, sautons l'intro insipide et hissons les voiles.

Et c'est à Laurent Genefort qu'incombe la lourde tache d'ouvrir le feu. Son texte se nomme « Huldor ». Il part d'une idée assez marrante — un type défèque un crapaud et se demande bien pourquoi — pour finir en duel de magie abscons. Le tout, bien que convenablement écrit, s'avère sans le moindre intérêt. J'ai toujours entendu dire qu'il fallait commencer une antho par un des deux textes les plus forts de la sélection, et si possible la finir par le texte le plus fort. Espérons que dans ce cas précis « Huldor » ne soit pas un des deux meilleurs textes de l'ouvrage.

En seconde position, « Le Guerrier la Mort » de Pierre Grimbert nous emmène dans un énième combat contre la Faucheuse. Texte bien écrit mais qui laisse un goût amer de déjà-lu, d'inachevé. Là où l'auteur aurait pu nourrir son texte de philosophie, de culture, il se contente de jouer la triste carte de l'heroic fantasy. On nous sert une fois de plus le poncif du combattant qui prend la place (et donc la charge) de celui qu'il vient de battre ; on retrouvera cette thématique dans le texte de Valérie Simon.

Pour la suite, impossible de finir « Le souffleur de rêves », indigeste histoire de moines, d'anges et de monastère. Lisez plutôt Le Nom de la rose...

Et vient Pierre Pelot, peu connu pour sa fantasy, ou alors pour sa lamentable fantasy humoristique post-conanienne. Il nous sert ici un conte floral, « Le Long voyage de Soleil-Fleur et Griffue », qui, s'il n'est pas honteux, n'en est pas pour autant un chef-d'œuvre. Mineur.

Avec « Les Ogres blancs » de Claude Castan et Jérémi Sauvage, seules trois pages permettent de juger que le texte est d'une banalité atroce : on se gardera le droit de ne pas aller au-delà.

Pour ce qui est du texte de G.E. Ranne, le problème est différent. Le potentiel du texte est énorme, mais un traitement bordélique gâche cette trouvaille merveilleuse qui consistait à réécrire les grandes lignes du conte dans le Paris actuel, populaire et parfumé d'orient, peuplé de gosses des rues, de flics à l'affût et de dealers. Beau ratage, un auteur à suivre.

La nouvelle de Stéphane Marsan, « Les Vagabonds d'écume », est un gâchis considérable : sautes de rythme, passages intempestifs d'un temps de narration à un autre, problèmes de construction. Dommage, car développé ce texte aurait pu être un grand plaisir ; il porte en lui quelques images saisissantes et bénéficie par intermittence d'une écriture éblouissante, C'est plus un sujet de novella, de roman.

Jusqu'ici rien ne va et c'est bien Michel Pagel qui s'en tire le mieux avec son histoire de rébellion adolescente cousue de fil blanc où intervient un vrai-faux extraterrestre. Aucune grande idée, une démonstration carrément lourdingue, mais un texte sympa, du moins le plus maîtrisé à ce stade de la lecture.

Mais le retour en enfer est proche... Pleurez braves gens ! Pleurez pour tout ces arbres coupés afin de permettre au texte de Bernard Werber d'être imprimé en ces pages ! Pleurez ! À noter que l'auteur est coutumier du fait, il avait déjà pondu une bouse immonde dans l'anthologie Genèses d'Ayerdhal.

Malgré une belle trouvaille, le texte de Mathieu Gaborit souffre d'un amateurisme inacceptable. Celui de Guy Sirois ne laisse qu'un profond sentiment de déjà-lu et d'ennui. Quant à « L'Histoire de Razôrod le serpent », elle pâtit d'un scénario inepte même si une écriture et un ton prometteurs relèvent un peu la sauce. On ne tire pas sur l'ambulance, on a presque plus de cartouches.

Et voilà qu'arrivé le texte de David Calvo : « John Frog ». Inutile de mentir, il s'agit d'une perle, inventive, enlevée. Une réussite majeure peuplée d'êtres étranges, avec ce petit goût de cirque à la Beetlejuice qui fait immanquablement penser à Tim Burton.

Suit une petite nouvelle de Marie-Anne Le Barbier, qui aurait pu rester dans son enveloppe timbrée. Ça aurait épargné quelques arbres supplémentaires. Rien de scandaleux, juste un texte inutile.

Puis vient le texte le plus long de la sélection, « Le dragon des brumes » de Thomas Day. Un texte long, oui, long et ambitieux, où se trouve revisité le mythe du Loch Ness sur fond de paganisme dans une Écosse du Xlle siècle. Un conte initiatique (il ne s'agit en fait de rien d'autre) à l'écriture travaillée, trop parfois, qui, même s'il souffre de certaines longueurs et incohérences, n'en reste pas moins l'un des projets les plus intéressants de l'anthologie. Un bel effort qui aurait mérité un véritable encadrement éditorial.

Après l'Écosse s'impose le monde délirant d'Eric Boissau. C'est de la fantasy humoristico-bordélique, du sous-Pratchett évidemment, mais l'ensemble laisse présager que Boissau a un grand talent. Un auteur à suivre et à guider.

On ne dira pas de mal du texte de Jeanne Faivre d'Arcier, ce serait faire trop d'honneur à cette connerie extrêmement mal écrite — lisez plutôt un bon ouvrage sur le Tibet.

Quant au texte de Fabrice Colin qui clôt l'anthologie, « Naufrage mode d'emploi », il nous narre la souffrance d'un auteur obligé d'écrire un roman historique sur la famine de la pomme de terre en Irlande, plutôt que de la fantasy. On est loin de la maîtrise nécessaire pour réussir parfaitement un tel texte, mais le résultat est sans aucun doute dans le trio de tête. C'est léger, inventif, et diablement intelligent.

Reste qu'il faudrait trente pages, ni plus ni moins, pour rendre compte de la nullité de la postface d'Henri Lœvenbruck et Alain Névant. Je n'ai pas ces trente pages et le rédac-chef, auto-promotion oblige, me murmure qu'il y a de très bons articles sur la fantasy dans Fées & Gestes, Bifrost n°9 et Dossier fantasy...

Voilà donc une anthologie dont la moitié, aisément, aurait pu nous être épargné, et qui réserve néanmoins quelques bonnes surprises : Colin, Calvo, Boissau.

Une terrible déception qui vient prouver brillamment qu'à de rares exceptions près, il n'y a pas de culture fantasy chez les auteurs francophones et que ceux-ci sont donc incapables d'échapper aux poncifs du genre.

La vie est belle... Alors on s'autorise à rêver à ce qu'aurait pu être une belle anthologie de fantasy au « Fleu Ve Noir » : une introduction générale au genre, un choix de textes pointu, une introduction pour chacun des récits afin de le placer dans le contexte de la fantasy moderne et, en postface, un historique rigoureux, érudit, de la fantasy francophone.

Le Roi sans visage

Paris, 1860, Tandis que Napoléon III dirige d'une main de fer l'Empire français et que le baron Haussmann mène les grands travaux de rénovation de la capitale, dans l'ombre, d'étranges activités se déroulent. Des personnages de fiction abandonnent les pages de leurs livres pour s'incarner et hanter les rayons des bibliothèques. Les gargouilles fuient les églises vouées à la démolition. Des hommes apparemment sans histoire sont soudain pris de folie meurtrière avant qu'on ne les retrouve morts, le visage arraché. Autant de mystères que Georges Beauregard, agent du département Eugénie, est chargé de résoudre. Assisté d'un jeune morphopsychologue, d'un alchimiste du moyen âge et d'un authentique dragon, il a pour mission d'assurer la protection de ses concitoyens et de convaincre les démons de passage sur ce plan astral d'aller jouer ailleurs. Mal vu de ses supérieurs hiérarchiques, sa position devient franchement délicate lorsqu'une entité maléfique enlève le prince Jérôme, neveu de l'Empereur, et se propose de le renvoyer chez lui en plusieurs livraisons... Et pour couronner le tout, Beauregard apprend qu'un tueur en série est à ses trousses. Le Roi sans visage est le premier roman d'Hervé Jubert, un jeune auteur qui fit des débuts remarqués dans le fandom il y a moins d'un an. Il est vrai que la qualité de ses nouvelles tranchait nettement avec la moyenne de la production amateur, mais le passage à la forme longue demeure toujours délicat. On aborde donc ce livre avec une pointe de méfiance et, ô surprise, on en sort enchanté. Jubert n'a pas choisi la facilité en mettant en scène un univers d'une grande richesse et en multipliant personnages et rebondissements. Pourtant, tout au long d'un récit mené à un rythme frénétique, l'auteur fait montre d'une aisance digne d'un vieux routard. Le Roi sans visage ne cesse de surprendre, accumule les clins d'œil référentiels — je vous laisse le plaisir de les découvrir — et les morceaux de bravoure, parfois au détriment de la crédibilité, certes, mais l'on s'amuse tellement à suivre les multiples péripéties auxquelles sont confrontés Georges Beauregard et ses amis que l'on aurait mauvaise grâce de le reprocher à l'auteur. Au bout du compte, si Le Roi sans visage est un premier roman fort prometteur, c'est avant tout l'un des bouquins les plus jouissifs qu'il m'ait été donné de lire récemment.

Je suis la mort

Après un sympathique livre de science-fiction pour la jeunesse, Le Bleu des mondes, paru il y a un an dans la collection « Vertige » des éditions Hachette, J.-P. Hubert confirme avec ce nouveau roman son retour sur la scène éditoriale, après presque dix ans d'absence.

On ne peut que se réjouir de cette nouvelle, même si la qualité de Je suis la mort n'est pas à la hauteur de nos espérances.

Passons rapidement sur la laideur de l'illustration de couverture (une constante au Fleuve) et sur un titre peu engageant pour nous intéresser à l'histoire. L'action se situe au milieu du XXIe siècle, à Middenstad, mégalopole de quatre-vingt millions d'âmes s'étendant dans toute la vallée rhénane. L'humanité se remet plutôt mal d'une pandémie causée par des nano-ordinateurs biologiques, lesquels ont infecté le cerveau des vingt-cinq milliards d'habitants de la planète, modifiant leur comportement de façon souvent spectaculaire. Ainsi Jonis Fall, musicien réputé, accro à toutes sortes de drogues, est-il persuadé d'être la Mort. Le problème c'est qu'il n'est visiblement pas le seul à le croire, car certains organismes, comme la société Pandora, spécialisée dans les rêves de synthèse, ou l'Église de la Clarté Ultime, s'intéressent à lui Pour les uns, Jonis détient les clés de l'immortalité, pour les autres il est celui qui déclenchera l'apocalypse sur Terre.

Je suis la mort fait partie de ces thrillers cyberpunks à la française, sous-genre assez peu intéressant dans l'ensemble mais qui a donné naissance à quelques réussites mineures, comme Inner City de Jean-Marc Ligny. Dans le cas présent, si Jean-Pierre Hubert remet à jour certains gadgets, entre autres en introduisant les nanomachines, il n'apporte pas grand-chose de nouveau, son univers et son récit s'inscrivant dans un cadre dont on a depuis longtemps fait le tour. Je suis la mort s'avère être un produit de consommation courante, tout à fait à sa place dans cette collection, mais qui ne tend pas justice à son auteur.

L'Héritage de Saint-Leibowitz

Aujourd'hui encore, Walter M. Miller reste un mystère. Après une première période très productive — 42 nouvelles et novellas parues entre 1951 et 1957 — l'auteur obtint en 1960 un grand succès public avec Un Cantique pour Leibowitz, succès qui n'est sans doute pas étranger au fait que ce livre fut publié hors collection spécialisée. Puis plus rien. Hormis une anthologie consacrée à la guerre nucléaire — un thème pour le moins récurrent dans son œuvre — co-éditée en 1985 avec Martin H. Greenberg, Miller demeura muet jusqu'à sa disparition, début 96. Pas étonnant donc que la parution posthume de L'Héritage de Saint Leibowitz fasse figure d'événement.

Qu'un romancier revienne plusieurs décennies plus tard à l'œuvre qui l'a rendu célèbre n'a rien d'original. Cela n'a rien de rassurant non plus, les lecteurs de Fondation ou du Monde des non-A ne me contrediront pas sur ce point. Précisons tout de suite que L'Héritage de Saint Leibowitz n'est pas exactement une suite. La quatrième de couverture le présente très justement comme une arborescence, une ramification. L'histoire se déroule au XXXIIIe siècle, environ soixante-dix ans après la fin de la deuxième partie d'Un Cantique pour Leibowitz, dans laquelle un savant se rendait à l'abbaye de Leibowitz pour y retrouver les connaissances perdues de l'ancien monde. Ses recherches ont porté leurs fruits et la civilisation bénéficie désormais de « nouveaux » progrès techniques tels que le télégraphe, la dynamite ou les armes à feu. Du point de vue politique, la situation est de plus en plus tendue. D'un côté, l'Empire du Texarkana, qui a consolidé ses conquêtes du siècle précédent et s'affirme comme la puissance majeure du continent. De l'autre, la papauté, obligée de quitter la Nouvelle-Rome pour se soustraire à l'influence de l'empereur texark, et à présent en exil dans la ville de Valana. Entre les deux, les tribus de nomades que l'un et l'autre camp vont tenter de rallier à leur cause. À l'occasion de l'élection du nouveau pape, le conflit larvé va éclater au grand jour, conduisant inévitablement à la guerre. Témoin privilégié de cet affrontement entre les grands de ce monde, frère Dent-Noire Saint-Georges, simple moine à l'abbaye de Leibowitz, doutant de sa vocation, et qui verra sa vie bouleversée lorsque le cardinal Poney-Brun lui proposera de se mettre à son service et de l'accompagner à Valana.

Tous ceux qui ont lu Un Cantique pour Leibowitz seront sans doute d'accord pour reconnaître qu'il s'agit là d'un des livres majeurs de la science-fiction. Emblématique des peurs de son époque, il tranchait en outre sur la production S-F américaine des années cinquante par la noirceur de son propos, son pessimisme. On s'en doute, ce nouveau volume ne tient pas la comparaison face à son illustre prédécesseur. Il s'agit pourtant d'un fort bon roman. Miller décrit avec une profusion de détails et une bonne dose d'ironie cette société qui, au moment où elle retrouve la voie du progrès, renoue avec ses pires travers. Sur le fond, l'auteur a toujours aussi peu foi en l'homme, et même les institutions religieuses, qui autrefois jouaient un rôle capital dans la préservation des connaissances et au final assuraient la survie de l'humanité, ne sont cette fois pas épargnées, pas plus l'épiscopat, prêt à fouler au pied ses dogmes pour asseoir son pouvoir, que les moines de Leibowitz, imperméables aux mutations du monde qui les entoure et choisissant de s'abriter frileusement derrière leurs préceptes rigides plutôt que de se remettre en question. L'Héritage de Saint-Leibowitz raconte avant tout la quête d'un homme, Dent-Noire, qui, insatisfait des modèles de vie qu'on lui propose, n'aura de cesse de trouver sa propre voie. Là se situe la différence majeure entre les deux romans : alors que le premier dressait un réquisitoire sans concession à rencontre de la société dans son ensemble, le second s'intéresse essentiellement à l'individu et au sens qu'il peut donner à sa vie, malgré le monde. Derrière les mots, Walter M. Miller n'a jamais été aussi proche de nous.

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Retrouvez sur l'onglet Critiques les chroniques de livres du Bifrost n°11 !

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Les nouvelles du Dragon Griaule de Lucius Shepard sont désormais disponible en numérique à la pièce. Le recueil a par ailleurs été mis à jour avec quelques corrections de coquilles, à télécharger depuis votre bibliothèque.

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Bifrost 64 spécial Jérôme Noirez est disponible à la précommande ! En attendant sa parution le 20 octobre, téléchargez gratuitement l'édito d'Olivier Girard.

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Pour patienter d'ici la sortie du Bifrost n°64 le 20 octobre, téléchargez gratuitement In Vino de Jérôme Noirez sur le blog Bifrost !

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Un an après la parution de Rosée de feu de Xavier Mauméjean, le point sur les critiques et les ventes.

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