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Fragments d'un miroir brisé

En 1998, Valerio Evangelisti, en collaboration avec Giuseppe Lippi, publie une anthologie, Tutti i denti del mostro sono perfetti [Toutes les dents du monstre sont parfaites]. C’est ce livre qui est à l’origine de Fragments d’un miroir brisé ; toutefois, comme la SF italienne n’était guère connue en France à l’époque de la pa­rution de Fragments, c’est-à-dire en 1999, l’auteur bolonais a préféré, plutôt que de traduire le volume original, concocter une anthologie spécifique pour le public français, censée montrer toute la palette de la SF tran­salpine. Intention louable, mais qui ne permet pas de trouver de réelle cohérence entre les différents textes. Certes, des cou­rants peuvent se déceler, comme l’indique Evangelisti dans sa courte préface – qu’on aurait aimée plus développée, tant la connaissance de la SF italienne est lacunaire de ce côté-ci des Alpes – mais, globalement, on ne pourra que savourer les textes un à un. Lesquels, c’est aussi le jeu de ce type de recueils, sont également disparates en termes de niveau et d’intérêt. On signalera donc en priorité le morceau de choix qu’est « La Baleine du ciel », novella de Luca Masali, uchronie arctique dans laquelle des soldats italiens sous Mussolini tentent de comprendre des phénomènes inexpliqués sur la banquise. Le texte final d’Evangelisti, « Kappa », est également très efficace, dans sa trame alternée au Japon et au Pérou, qui dénonce la mainmise japonaise sur le pays d’Amérique du Sud, y compris pour des raisons très sombres. Daniele Brolli nous propose dans « Tarentula » une rêverie poétique qui tourne à l’horreur, une horreur qu’Andrea Colombo aborde de façon plus anecdotique dans « Je le jure ». Luigi Pàchi traite du cyberpunk dans « La Musique du plaisir », avec son protagoniste qui s’immerge dans le virtual sound pour mieux récupérer de son quotidien glau­que. Nicoletta Vallorani, dans « Choukra », narre la rencontre sensuelle de l’homme avec les habitants de cette planète, et de ce qu’il en advint, alors que dans « Le Dernier souvenir », de Georgia Mantovani, la narratrice tente de coupler Big Crunch avec extase sexuelle et énergie orgonique – un procédé que n’aurait pas renié le maître de cérémonie, qui convoqua Wilhelm Reich dans sa série « Eymerich ».

Sans proposer de réel chef-d’œuvre, Fragments d’un miroir brisé, anthologie inégale, se révèle néanmoins une bonne porte d’entrée pour appréhender la SF italienne. À l’époque de sa parution, celle-ci était largement méconnue du lectorat français ; même s’il y eut depuis quelques tentatives éparses, vingt-trois ans plus tard, le constat reste hélas identique.

Trilogie américaine

Le lectorat italien de Valerio Evangelisti dis­pose de nombreux ouvrages mettant en évi­dence que l’auteur de SF tel qu’on avait pu le percevoir à une époque, ici, était en fait un auteur généraliste, capable de donner dans tous les registres : on l’a vu, aussi bien dans le récit de pirates, dans le roman historique, que dans la fresque sociale ou le roman noir le plus cru.

De ce côté-ci des Alpes, ses différentes séries n’ont pas toutes connu autant de succès que dans leur pays d’origine : certaines n’ont été que partiellement traduites, d’autres ne l’ont pas été du tout, et on le regrette.

Par chance, sa « trilogie américaine » l’a été intégralement, chez Rivages pour ses deux premiers volets, chez Libertalia pour le dernier. Et on conseillera à toutes celles et ceux qui n’ont pas encore connu le bonheur de la découvrir de la lire dans l’ordre chronologique interne. Soit : Anthracite, puis Bri­seurs de grève, et enfin Nous ne sommes rien soyons tout ! Ceci afin de mieux goûter la progression thématique.

Car thématiquement, on ne peut le nier, il y a bien trilogie, les trois romans traitent du syn­dicalisme aux États-Unis, entre le milieu du XIXe et celui du XXe, tout en pouvant se lire de façon indépendante. À y regarder de plus près, il n’y a cependant pas unité de traitement entre le premier volet, sorte de western mettant en scène le pistolero Pantera (déjà évo­qué plus haut), et les deux suivants qui relèvent du roman (très) noir et dont il est question ici… Ces deux-là ont en commun de suivre chacun les pas d’une vraie crapule prête à tout pour évoluer socialement.

Centré sur le personnage de Robert William Coates, dit Bob Coates, l’action de Briseurs de grève démarre en 1877. Bob est alors âgé de quatorze ans. Il est fils d’émigrants nord-irlandais et con­naît déjà le monde du travail. Il est très tôt repéré par son patron, propriétaire d’une compagnie ferroviaire, et Thomas Furlong, de l’agence de détectives du même nom, qui s’occupe de sa sécurité. Bien qu’encore très jeune, Bob est déjà du côté de l’ordre, du patron et de ses sbires. Ces derniers comprennent qu’ils pourront le manipuler sans peine dans le cadre des combats qui ne man­queront pas de les opposer aux salariés de la compagnie, et faire appel à ses services au moment opportun.

Sept ans après, Bob est marié, a deux en­fants. Il n’a que vingt-et-un ans mais, après services rendus, est devenu agent-détective. Il est missionné pour infiltrer l’Union Pacific de Jay Gould, «le capitaliste le plus rusé et féroce d’Amérique, un rapace à forme hu­maine », qui souhaite baisser d’un quart le salaire de ses cheminots. Pour ce faire, Bob se fait embaucher et intègre les Knights of Labor, une sorte de syndicat dont le fonctionnement évoque celui d’une société secrète. Il joue le rôle d’informateur, d’influenceur, mais la grève est décidée et le destin lui joue un sale tour puisque sa femme, tombée gravement malade, décède, ne pouvant être transportée à Chicago à cause de la grève des trains que Bob a lui-même contribué à faire naître ! Le sort est d’autant plus cruel que Gould recule face à cette grève…

Son premier grand combat, perdu, n’a servi à rien.

Commence alors une très longue descente aux enfers qui durera sa vie entière, et verra Bob Coates pas­ser d’une ville à l’autre, d’une compagnie à l’autre, d’une agen­ce de détectives à une autre, pour infiltrer les endroits chauds du pays où s’organisent les lut­tes sociales, afin de casser les grèves.

Homme de l’ombre sans moralité, mais avec des con­victions profondes — notam­ment l’incompatibilité entre le monde du travail et le syndicalisme –, Bob brûle tout ce qu’il touche, trahit à qui mieux mieux, commet des actes irréparables. Dé­voué à la cause patronale, fanatisé, il ne parvient pas à refonder une famille et sombre peu à peu dans la crasse et l’alcool. Le récit s’achève sur des horreurs commises en 1919… qui en appelleront sans doute d’autres les années suivantes.

Ce roman, qui convoque de façon allusive Jack London et Dashiell Hammett, et repose d’après son auteur sur un véritable travail de recherche, met en lumière les mécanismes – du côté patronal aussi bien que salarial : les deux faces de la même pièce – qui ont conduit aux mouvements sociaux ayant agité les USA pendant des décennies, à travers la dérive de cet homme avili…

Publié huit ans plus tôt, mais se déroulant quelques années après la fin de Briseurs de grève, Nous ne sommes rien soyons tout ! nous emmène encore plus loin dans l’horreur et l’ignominie.

Autre homme de l’ombre, Eduardo Cosimo Lombardo, devenu Eddie Florio dans les années 1930, est un Calabrais, né à Buenos Aires, ancien docker qui travaille désormais pour les syndicats sur le port de Seattle. Il se fait recruter pour jouer les mouchards et faire des rapports de police. À ce moment-là, il est marié, père de deux enfants : en ap­parence un homme normal. Mais il est, tout au contraire, un sale type, pourri jusqu’à la moelle des os, sans moralité, sans idéal, pire que Bob Coates… un sadique qui aime battre les prostituées à coups de ceinture. Et pas seulement.

En 1933, il travaille à San Francisco pour le Blue Book, un syndicat patronal qui contrôle presque tous les quais mais qui est contesté par l’ILA, un syndicat concurrent d’obédience communiste et défendant les dockers. À la solde des patrons, il magouille, manipule et se fait manipuler afin de gravir les échelons de la hiérarchie syndicale. Après grèves et compromis, il est contraint de partir vivre à New York.

Et c’est à cette période qu’il bascule définitivement, lui aussi – comme Bob Coates, mais dans une version encore plus sombre et mafieuse. Car Eddie a le cerveau moisi. Il viole, séquestre, tue froidement. Et fantasme sur les femmes de sa famille, sans barrière d’âge puisqu’il aime coucher avec de jeunes mineures. Chez lui, il n’y a aucune croyance, aucune idéologie, aucun idéal. Juste une folie criminelle qui l’anime et le pousse.

Incontestablement, ce type est une merde, pour reprendre le terme utilisé par l’auteur dans notre entretien. Qui rencontrera lui aussi son destin… Écrit de main de maître dans un style simple mais efficace, Nous ne som­mes rien soyons tout ! est un récit glacé et vé­né­neux, un grand roman noir « italo-américain » inscrit dans une veine scorsesienne.

Ces deux romans non seulement traitent du même sujet, mais présentent diverses similitudes : dans les deux cas, il s’agit d’un personnage qui évolue en sous-marin dans le monde syndical, que l’on suit sa vie durant, qui passe du côté obscur de la force et à qui le destin joue des tours — avec, parfois, l’aide du hasard. Ils nous proposent, sur des trames linéaires, différents points de vue – intérieur et extérieur, micro et macro – sur les logi­ques ouvrière, patronale et syndicale.

L’auteur y oppose de façon quelque peu ma­nichéenne – mais comment traiter ce sujet autrement, pour un auteur qui est aussi un militant d’extrême gauche assumé ? – les bons aux méchants, les ouvriers aux patrons, avec comme arbitres des syndicats infiltrés et aux dirigeants parfois corrompus.

Plus encore que dans ses autres ouvrages traduits, on y perçoit un Evangelisti engagé en faveur de la cause prolétarienne, sincère, humaniste. Ils ne peuvent que nous faire re­gret­ter l’absence en librairie de ses cinq ro­mans réalistes consacrés à la classe ouvrière italienne. Puissent-ils être traduits un jour…

Le Roman de Nostradamus

Alors que la saga dévolue à Ni­colas Eymerich oc­cupe une place de choix dans l’Imagi­naire contemporain, Le Roman de No­stradamus est lui bien oublié. Pourtant publiée en français dès 1999, cette trilogie est désormais in­disponible en librairie. Ce que l’on déplorera, car elle déploie des qualités égalant celles de la série du fameux inquisiteur.

Comme cette dernière, celle de Michel de Nostredame (véri­table nom de Nos­­­tradamus) croise de passionnante ma­nière fictions historique et Imaginaire. Quant à la première, nourrie par d’amples recherches, elle dessine à la fois la biographie de Nostredame et son contexte. Ou plutôt les contextes. Témoignant d’une ambition historique considérable et assumée, portée par un art narratif consom­mé, Evangelisti déploie, à partir du portrait de Nostredame, une fresque restituant les bouleversements politiques, religieux et cul­turels affectant alors la France et l’Europe. Certes dominé par les motifs de la montée en puissance de la Réforme et des affrontements consécutifs entre catholiques et protestants, Le Roman de Nostradamus ne se limite cependant pas à la seule évocation des guerres de religion. À la peinture crue de ces sanglants affrontements s’ajoutent encore (et entre autres nombreux thèmes) celles de la littérature et de la médecine de la Renaissance, ou bien encore du Grand Jeu diplomatico-militaire dont l’Italie est alors le théâtre géopolitique.

Le Roman de Nostradamus ne se restreint pas à une classique Histoire vue d’en haut (celle des hommes dits grands et des événements tenus pour majeurs), mais s’at­tache encore à dire l’Histoire vue d’en bas. Soit celle des hommes et des femmes long­temps tenues pour quantité négligeable par l’interprétation dominante du passé. Certainement inspiré par les pratiques de la micro-histoire, comme par celles des études de genre, Evangelisti ménage dans son Ro­man une place cen­trale aux dominés. In­sistant sur les origines de Nostredame, petit-fils d’un Juif converti au catholicisme, Evange­listi en fait une figure paradigmatique du mi­noritaire, oscillant face aux normes dominantes entre désir d’intégration et accès de révolte. Dé­peinte avec une fine com­plexité, la psyché de Nos­tredame imaginée par Evangelisti n’est pas ex­empte de zones d’ombre. Nostredame est ainsi dépeint comme sexiste, cédant parfois à une misogynie brutale s’exerçant à l’encontre de ses deux épouses, Magdelène et Anne.

Si la première disparaît rapidement, em­portée par la peste, la seconde s’impose en revanche comme l’un de ses protagonistes essentiels, présente tout au long du cycle. Faisant de la part d’Evangelisti l’objet d’une attention aussi prononcée que celle consacrée au personnage de Nostredame, Anne s’impose comme la représentation exemplaire de la condition féminine dans l’Europe du XVIe siècle naissant. La jeune femme est d’abord une incarnation sans fard des plus aliénantes conséquences du patriarcat toujours aussi vif dans des Temps pourtant dits Modernes. Confrontée à une domination ma­sculine d’essence prostitutionnelle puis con­jugale, Anne n’en est pas pour autant soumise, encore moins brisée. Faisant preuve d’une inentamable liberté d’esprit et de corps, elle parvient ainsi à ébranler les certitudes machistes de son époux. Jusqu’à ce que, par la grâce de l’action de cette féministe avant la lettre qu’est Anne, Nostredame se transforme in fine en ce que l’on appelle de nos jours un pro-féministe.

Prenant ainsi la suite de la contre-histoire du Moyen Âge qu’est le cycle d’« Eymerich », Le Roman de Nos­tradamus propose une controstoria de la genèse des Temps Modernes. De cette entreprise critique participe encore la part du cycle plus proprement dévolu à l’Imaginaire. Celle-ci prolonge notamment la lutte entre forces liberticides et émancipatrices dans un extraordinaire au-delà, que l’on s’efforcera cependant de ne pas divulgâcher. Car le très grand plaisir de lecture procuré par Le Ro­man de Nostradamus tient encore à la découverte fiévreuse des origines de la puissance visionnaire de Nostredame. Tout au plus indiquera-t-on que comme dans la saga eymerichienne, Evangelisti agrège fantasti­que et SF en une geste lovecraftienne engendrant des visions d’horreur cosmique.

Sommet de l’œuvre d’Evan­ge­listi, Le Roman de Nostra­damus mériterait donc de réapparaitre dans les librairies francophones. À défaut de prédiction, formons le vœu que pareil événement éditorial advienne au plus vite.

Day Hospital

Peut-on faire un livre drôle, émouvant et palpitant, sur sa lutte contre le cancer ? Si l’on s’appelle Valerio Evangelisti, la réponse est clairement oui. Quinze ans avant d’être finalement emporté par la camarde, Valerio Evangelisti avait déjà eu maille à partir avec le cancer. En effet, une simple visite de routine chez le dentiste découvre chez lui un lymphome non hodgkinien de type B assez agressif. En décembre 2009, l’écrivain va commencer les différents examens aboutissant à ce diagnostic, puis la chimiothérapie qui s’ensuit. Et tout du long, il va tenir son journal, dont il partagera de larges extraits sur son blog avant de les rassembler en 2013, une fois sa rémission assurée, dans Day Hospital — un livre court malgré son sujet, et jamais larmoyant.

Le narrateur protagoniste y aborde pourtant sans fard ses peurs, ses angoisses, ses douleurs et contrariétés – tant morales que physiques, rencontrées durant la maladie. Même si le texte n’a, semble-t-il, pas été ré­écrit a posteriori, Valerio Evangelisti garde tout du long ironie et distance qui lui permettent certes d’affronter la ma­ladie, mais qui permettent également aux lecteurs de suivre ce récit sans avoir l’impression d’être des voyeurs malsains. Au contraire, Day Hospital donne plutôt le sentiment d’avoir un ami qui vous raconte ses problèmes en cherchant votre soutien, mais aussi à vous faire rire. Et l’autrice de ces lignes d’avouer que la « birratherapia », ou thérapie par la bière, pour contrer les effets indésirables de la chimiothérapie (qui peut déshydrater le patient en raison de nausées et de diarrhées post-séances) est une trouvaille aussi pratique que très drôle. De plus, outre son cancer, Valerio Evangelisti lève ici le voile sur son travail quotidien, ce qui est toujours intéressant pour qui veut découvrir comment une œuvre telle que la sienne s’est construite.

Le Cycle des pirates

Parfois, l’horreur n’a pas besoin de créatu­res surnaturelles ou de guerres mondiales pour se manifester. Il lui arrive même de se nicher au soleil des Caraïbes, dans un monde plein d’aventu­res dont on oublie souvent les contreparties sanglantes : l’Âge d’or de la piraterie. C’est cette période que choisit d’explorer Valerio Evangelisti avec son « Cycle des Pirates », dont seul le premier roman, Tortuga, a été traduit en français. La trilogie s’attache ainsi à trois lieux et trois années en particulier : 1683 et la ville de Veracruz, puis 1685 et l’île de la Tortue, enfin 1697 et Cartha­gène. Et pour compliquer le tout, Valerio Evangelisti change de personnage principal d’un roman à l’autre, et ne les a pas écrits dans l’ordre chronologique.

Le premier, Tortuga, celui qui se passe en 1685, suit Rogério de Campos, un marin portugais, ancien jésuite, recruté de force par le pirate Laurens de Graff, dit Lorencillo. Par ses yeux, nous allons découvrir l’univers de la piraterie avec ses côtés démocratiques et ses règles de vie, mais également sanguinaires, violents et même pédophiles vis-à-vis des mousses remplaçant les femmes sur les navires où règne une séparation stricte des sexes. Mais loin d’être un ange, l’ancien religieux a lui aussi ses propres secrets, et va peu à peu abandonner ses grands prin­cipes pour mener à bien ce qu’il considère sa mission. Veracruz se passe deux ans auparavant, et raconte plus en détail la prise de la ville du même nom, haut fait de Michel de Grammont et des frères de la Côte. L’histoire nous est ici contée par Hubert Macary, officier sur le navire de Lo­rencillo et tiraillé entre deux femmes : Claire, la sœur de Michel de Grammont, et la femme pas si fatale Gabriela Junot-Vergara. Enfin, Carta­gena clôt le cycle en même temps qu’une page de la piraterie caribéenne se tourne. Ici, le récit se fait plus choral, et les pirates ayant abandonné l’île de la Tortue sont dé­sormais liés sous la bannière du gouverneur Ducasse, un ancien capitaine négrier. Ils vont s’allier difficilement avec l’amiral de Pointis, qui a besoin d’eux pour prendre la ville de Carthagène en Colombie. Récit plus sombre encore que les deux autres, ce dernier clôt une trilogie alors que la course en mer change de visage et de haut lieu pour ses exploits.

Si pour vous, les pirates sont des personnages tels que ceux présentés dans L’Île au Trésor de R.L. Stevenson ou les séries télévisées comme Our Flag Means Death ou Black Flag, oubliez immédiatement l’image de carte postale. Certes, il y a des abordages, des courses poursuites, des plages de sable fin, du rhum et du vin à foison, mais les pirates décrits par Evangelisti ne sont ni galants ni unis dans leurs points de vue. Épris de libertés, ils n’ont rien contre le fait de posséder des esclaves. Ils prônent l’égalité, mais il ne fait pas si bon avoir une couleur de peau qui n’évo­que pas la vieille Europe, ou, à quelques exceptions près, être une femme. Venus à la piraterie pour des raisons diverses et va­riées, parfois contre leur gré, les pirates de l’écrivain bolonais n’en sont pas moins incroyablement vivants et profondément humains dans leurs dilemmes – au point de ne pas perdre une miette de leurs aventures, tout en étendant fortement au passage les con­naissances nautiques du lecteur spectateur, en tout cas celles de la présente chroniqueu­se.

Pantera

Autre antihéros mis en scène de manière récurrente par Valerio Evangelisti, quoique moins emblématique qu’Eymerich, Pantera est un Mexicain vivant aux États-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle, à la fois pistolero et palero, autrement dit adepte du Palo Mayombe, une religion afro-américaine assez similaire au Vau­dou qui lui donne une cer­taine compréhension des phénomènes surnaturels auxquels il sera confronté à plusieurs reprises. Per­sonnage solitaire et mutique, capable d’accès de violence meurtriers, Pantera est le protagoniste d’une nouvelle et de deux romans.

Il fait sa première apparition dans Métal Hurlant, recueil de quatre nouvelles proposant une thématique et une ligne chronologique commu­nes, et qui doivent également beau­coup à l’amour de l’auteur pour le heavy metal des anné­­­­es 80, à com­mencer par leurs titres. La première d’entre elles, « Venom », pose les bornes temporelles du recueil : le XIVe siècle de Nicolas Eymerich, qui y tient bien entendu le rôle principal, et un futur non daté où s’affrontent à mort deux bran­ches de l’humanité, dont l’une s’est radicalement transformée par l’utilisation d’un métal bio-actif. Com­me dans ses romans, l’inquisiteur met en branle une série d’événements dont les conséquences ne se feront pleinement ressentir que plusieurs siècles plus tard. Les trois autres textes au sommaire se rattachent de manière plus ou moins explicite au même cycle. Dans un futur proche, « Sepultura » décrit le fonctionnement d’un pénitencier d’un genre nouveau, à São Paulo, tandis que « Metallica » voit s’af­fronter les forces armées d’extrémistes chrétiens et musulmans dans un quartier de la Nouvelle-Orléans. Comme souvent chez Evangelisti, ces deux nouvelles mêlent science-fiction et fantastique, pour aboutir à un résultat aussi original qu’intrigant. « Pantera », le récit qui introduit le personnage éponyme, propose lui aussi un mélange de rationnel et de surnaturel, mesmérisme et magnétisme d’un côté, rites magiques de l’autre, face à un danger qui quant à lui relève du pur fantastique : de gigantesques statues de ca­valiers (les « Cow-boys from Hell », référence directe au plus célèbre album du groupe de metal Pantera) qui s’apprêtent à prendre vie pour réduire à néant un village texan. Mais avant de mener à bien la mission pour laquelle on l’a engagé, Pantera va avant tout chercher à découvrir ce qui a pu attirer une telle menace sur la population. Valerio Evan­gelisti s’amuse ici beaucoup avec les con­ventions du western, puisant davantage son inspiration dans les séries B transalpines que dans son modèle américain.

On retrouve ensuite Pantera dans Black Flag, roman sur lequel plane en permanence l’ombre du 11 septembre. À la lecture du prologue, on pense assister à la chute des tours du World Trade Center, avant de comprendre que l’auteur décrit en fait le bombardement de Panama City par l’armée américaine, fin 1989. Une scène qui donne le ton et annonce le propos du roman. Com­me chez Nicolas Eymerich, l’action de Black Flag se déroule principalement à deux épo­ques : en 1865, durant les derniers mois de la Guerre de Sécession, alors que Pantera rejoint un régiment de Confédérés semant la terreur dans plusieurs états du sud, et en l’an 3000, sur une Terre surpeuplée, dont les habitants ne se différencient plus que par la psychopathologie dont ils sont atteints : Schizophrènes, Hysté­riques, Phobiques, etc., on est littéralement en présence d’un monde de fous, où l’on s’entre-tue à tours de bras. De manière assez confuse et pas vraiment convaincante, Valerio Evangelisti tente de tirer une évolution logi­que entre ces deux époques : d’un côté des militaires qui renoncent aux lois de la guerre pour laisser libre cours à leurs plus bas instincts, de l’autre ces trois cents milliards d’individus ne vivant que dans la recherche d’un plaisir immédiat né de la souffrance d’autrui. Le romancier semble nous dire que les États-Unis ont donné naissance à une folie meurtrière qui a fini (ou finira) par se propager à l’ensemble de la planète, mais la démonstration est trop décousue et trop peu argumentée pour em­porter l’adhésion. Si l’on prend chaque partie individuellement, celle mettant en scène Pantera fonctionne plutôt bien, solidement ancrée dans son cadre historique. En revan­che, celle située dans le futur est à ce point outrancière qu’elle frôle le ridicule à plusieurs reprises.

Pantera tient son ultime rôle dans Anthra­cite, roman pourtant paru un an avant Black Flag en Italie, mais dont l’action se situe dix ans plus tard. Cette fois, Valerio Evangelisti met en sourdine les éléments fantastiques du personnage pour faire de lui le témoin de son époque. En 1875, Pantera se retrouve en Pennsylvanie, dans une ville dont les habitants vivent de l’extraction du charbon, dans des conditions abjectes, et où les luttes sociales s’apprêtent à prendre une tournure radicale. Ballotté entre les différentes factions qui s’op­posent, Molly Maguires d’un côté, une organisation secrète qui défend les droits des travailleurs d’origine irlandaise, agence Pinkerton de l’autre, chargée de protéger l’ordre et surtout les avoirs de la bourgeoisie locale, Pantera va faire ce qu’il peut pour sauver sa peau sans y perdre son âme. De par sa personnalité in­saisissable et la place qu’il oc­cupe dans le récit, chaque camp espérant le voir rejoindre sa cause, Pantera évoque ici, plus que jamais, le personnage de l’Homme sans Nom qu’interprétait Clint Eastwood dans les westerns de Sergio Leone, le cynisme et l’opportunisme en moins. Il est avant tout l’élément extérieur, étranger, semblable en cela à l’auteur, qui occupe une place de choix pour rendre compte de ce moment d’histoire. Anthracite, s’il met un terme à la carrière de Pantera, inaugure surtout un nouveau cycle dans l’œuvre de l’auteur, et met en scène le début des luttes sociales du pro­lé­tariat américain, un travail qu’Evangelisti poursuivra de fort belle manière dans Nous ne sommes rien soyons tout ! et Briseurs de grève.

La Coulée de feu

Quand on est diplômé en sciences politi­ques, spécialisé en Histoire moderne, et qu’on est réputé passer chaque année du temps à Puerto Escondido, au Mexique, il est inévitable qu’un roman consacré aux luttes ayant déchiré et construit tout à la fois ce pays finisse par émerger. Ce livre, c’est La Coulée de feu, consacré aux années 1859-1890, de la guerre civile entre Libéraux et Conser­vateurs au début du troisième mandat du dictateur Porfirio Diaz. Une suite, Il Collare spezzato, parue en 2006 mais malheureusement jamais traduite en français, continue cette fresque historique jusque dans les années 30, décrivant notamment la Révolution qui a fait entrer les noms de Zapata et de Pancho Villa dans la légende.

Evangelisti nous conte à la fois la construction d’une nation mexicaine indépendante à partir d’éléments disparates se vouant parfois une haine féroce, et celle des luttes po­litiques, sociales et syndicales, menées par le peuple contre des forces, y compris libérales, qui le spolient de ses terres, le réduisent quasiment en esclavage et procèdent même à des épurations ethniques. Le Mexi­que en devenir doit faire face, selon l’époque, à ses propres forces conservatrices, à un in­terventionnisme américain (no­tamment des Texas Rangers, ra­cistes et violents, loin de l’image héroïque donnée par la série avec Chuck Norris), à des rêves de reconstruction d’une secon­de Confédération de la part de troupes Sudistes après la Guerre de Sécession, à des seigneurs de guerre (les Caciques), à l’impérialisme de la Triple Alliance, et peut-être, surtout, au fait que l’indépendance acquise face aux forces réactionnaires ou européennes et le triomphe des libéraux ne crée pas un pays de coca­gne, mais une dictature où indiens et pauvres, paysans et ouvriers, sont écrasés, et où les intérêts anglais et américains contrôlent la majorité de l’infrastructure, minière ou ferroviaire.

L’auteur nous raconte tout cela d’une plume mordante sans être cynique, via de très nom­breux personnages / points de vue, anglo-saxons ou hispaniques, issus de toutes les classes de la société texane / sudiste ou mexicaine, bien souvent voués à un destin tragique. Et c’est là que se situe le potentiel défaut de ce roman : outre les ellipses temporelles et la com­plexité inhérente à l’Histoire politique de ce pays, le nombre très élevé de points de vue rend certes la narration très dynamique, mais finit à la longue par perdre un peu l’honnête lecteur. Sans compter le côté caricatural des personnages féminins, de la vierge (guerrière) courageuse à la putain arriviste, sans nuance entre ces extrêmes. Tou­tefois, si vous vous intéressez à l’émergence du Mexique et à ses relations complexes avec les américains, ce roman d’une éru­dition admirable est incontournable.

Peut-être les étoiles (Terra Ignota T.5)

À quelques jours près, trois années auront été nécessaires aux éditions du Bélial’ pour achever la publication de « Terra Ignota », cinq volumes d’une œuvre immense, tant par le travail qu’elle représente que par ce qu’elle a apporté à l’Imaginaire au sens large, et à la science-fiction en particulier. Il faut saluer, une fois encore, l’exceptionnel travail de traduction de Michelle Charrier, dont la plume est désormais indissociable de tout ce que cet univers représente pour ses lecteurs francophones.

Avec les dernières pages arrive enfin le terme de la guerre : les masques tombent, il est l’heure de faire les comptes et, pour les vainqueurs, de préparer la suite. Sans doute le fait d’appeler Hobbes au côté de Mycroft Canner constituait en soi un indice sur l’issue du conflit ayant occupé le tome précédent, L’Alphabet des Créateurs (cf. Bifrost n° 106), et le présent volume. L’identité du camp vainqueur ne surprendra donc pas : Ada Palmer, fidèle à ses habitudes, se cache dans les détails. La récompense du lecteur patient se trouve dans les mille et une nuances de la réponse apportée à la question posée dès que la guerre, dans ce monde engourdi par une paix séculaire, est devenue une perspective inévitable : à quel prix l’Utopie peut-elle survivre ? Car l’Utopie n’a jamais cessé d’être le point d’interrogation de ce récit, son objet d’étude et d’expérimentation, tantôt appareil critique, tantôt instrument de démonstration ; il en a toujours été la ligne rouge, le cœur et l’horizon, tant et si bien qu’il était permis de se demander si Ada Palmer aurait finalement l’audace de répondre à sa propre question. Force est de le constater in fine : sa réponse est magnifique, simple dans son principe, évidente telle qu’elle nous est offerte, extrêmement touchante en ce qu’elle incarne l’état d’esprit de son autrice, l’espoir qu’elle place en l’humanité, ce qu’elle s’efforce de transmettre.

On en conviendra, et avec nous les découragés en cours de route : Ada Palmer n’est pas toujours facile à suivre. Elle laisse dans son sillage une œuvre qui imposerait presque d’emblée sa relecture tant elle exige de son lecteur, et ce dès les premières pages. « Terra Ignota » est dense d’idées exploitées, riche d’inspirations et d’une culture énorme, ambitieux dans sa mise en œuvre et ses visées. Quelques lenteurs dans la trame donneront parfois le sentiment de s’empêtrer dans un déroulé complexe et interminable d’évènements, tandis que la multiplicité des protagonistes peu rendre l’ensemble confus et difficile à cartographier. C’est pourtant ce foisonnement qui confère à son univers un relief proprement extraordinaire, son atmosphère hors du commun, et permet de restituer l’extrême subtilité de la réflexion que l’autrice y mène. Au terme des 2 900 pages de cette monumentale saga, la récompense est bel et bien là, confirmant ce que l’on savait déjà : « Terra Ignota » est une œuvre magistrale qui restera. Une pierre de touche.

Léopard noir, loup rouge

Auteur de plusieurs œuvres de fiction, dont le multi-récompensé Brève histoire de sept meurtres, Marlon James a fait une entrée remarquée dans les littératures de l’Imaginaire avec Léopard noir, loup rouge, pour lequel il a reçu en 2020 le prix Locus du meilleur roman d’horreur. Il aura fallu attendre trois ans pour voir enfin traduit ce premier tome de la trilogie « Dark Star » précédé d’une réputation favorable.

Le lecteur est d’emblée livré à Pisteur qui, suite à son arrestation, est interrogé au sujet d’un enfant disparu. Ainsi, en bon conteur, celui qui a la réputation d’avoir du nez se confesse à son interlocuteur, digressant d’une histoire à une autre, retraçant peu à peu le fil de la traque dans laquelle il a accepté de se lancer afin de retrouver l’enfant. Le point de vue proposé est donc celui de l’inquisiteur chargé d’obtenir de lui des informations, n’ayant d’autre choix que de l’écouter, au risque de longs détours et d’incohérences. Leur échange transparait au gré des remarques que Pisteur lui adresse en réponse ou en réaction.

Dans une atmosphère passablement inquiétante, et loin de tout manichéisme moral, sorcières, métamorphes, enfants étranges et autres créatures effrayantes achèvent de situer cet univers dans le registre de la dark fantasy. Le roman se démarque avant tout par l’inspiration de son auteur, qui est allé puiser mythes et légendes dans le vivier culturel du continent africain pour les mettre au service de son récit. Cette première approche constitue déjà en soi un atout considérable, véritable bouffée d’air frais au sein d’une production éditoriale saturée depuis des décennies, à quelques exceptions près (Ken Liu et le silkpunk) par les cultures occidentales. Une perte de codes et de repères bienvenue en ce qu’elle renforce le sense of wonder chez un lecteur qui, sorti de sa zone de confort, sera plus facile à surprendre. La qualité de l’écriture s’impose ensuite très vite comme l’autre atout majeur du roman. Si Marlon James fait le choix d’une narration proche de l’oral, dans une logique propre au conteur, il ne glisse jamais dans la facilité du registre familier. Le langage est pourtant brut, obscène plus souvent qu’à son tour, mais gardant toujours la maitrise de sa vulgarité, et volontiers percutant au détour d’une phrase qui sonne juste ou d’une réplique ciselée. Du reste, le récit est sans complaisance et recèle une certaine violence qui n’est pas sans rappeler le style de Nnedi Okorafor, quitte à brusquer son lecteur.

Marlon James n’est donc pas tendre mais, pour peu que l’on s’y prête, tout cela fonctionne à merveille. Et si le Pisteur n’est pas un protagoniste des plus attachant, sa façon de délivrer son récit sur le mode du conte s’avère captivante, tout comme l’univers dans lequel il s’inscrit. Le secret, sans doute, pour dévorer près de 700 pages sans même s’en apercevoir. À découvrir absolument !

La Pilule, suivi de Big Girl

Pour cette première parution de Meg Elison en français, les éditions Goater nous proposent une traduction d’un recueil mêlant fiction, essais et entretien. L’ouvrage débute par « La Pilule », nouvelle récompensée par un prix Locus, et qui à elle seule justifie l’achat du livre. Sa plume précise mêle une écriture de l’intime à une certaine teinte d’angoisse. Le sujet ? Une jeune femme, grosse comme toute sa famille, voit un jour l’arrivée d’une efficace pilule amaigrissante. Malgré un taux de mortalité de 10 % et une semaine de douleurs à peine supportables, le dispositif est peu à peu adopté aux USA, puis mondialement, normalisant encore plus les corps… et faisant peser de façon démesurée la grossophobie sur cette femme qui refuse de prendre cette pilule. Véritable descente aux enfers, le récit montre le piège se refermer sur notre protagoniste déterminée à vivre, survivre, dans une société qui lui est particulièrement hostile, hormis dans ses aspects fétichisants. Au travers de cette démonstration science-fictionnelle d’une société où la grossophobie est des plus déshumanisantes, Meg Elison livre une réflexion sur l’impact de la norme dans la lignée de la nouvelle « Aimer ce que l’on voit » de Ted Chiang. Implacable et nécessaire.

À sa suite, « El Hugé » semble bien pâle, mais se lit avec plaisir, comme une respiration avant l’étrange « Big Girl », où l’on voit apparaître dans la baie de San Francisco une géante nue, bientôt identifiée comme une adolescente en pleine métamorphose. Avec une prose poétique ponctuée de diverses archives de blogs, journaux et posts de réseaux sociaux, l’autrice dénonce l’objectification et la sexualisation des adolescentes, jusqu’à l’étourdissement : efficace. (Un bémol : la couverture du recueil, qui semble être passée à côté du propos de la nouvelle « Big Girl , dommage.)

L’essai « Emportée par Autant en emporte le vent » permet d’en savoir un peu plus sur Meg Elison, via ses nombreuses lectures d’un classique au fil de sa vie. Ces relectures diffèrent tels des miroirs de son vécu – personnel ou théorique – et mettent en perspective des points de tension entre la littérature et la société, entre l’intime et l’imaginaire, entre les différentes personnes qu’a été l’autrice… et que beaucoup d’entre nous peuvent expérimenter (pour peu qu’on relise).

Dernière nouvelle, « Un tel peuple » est une autre extrapolation dystopique des USA. Anti-conte de Noël au travers du regard de son protagoniste, Omar, terrassé par un problème dentaire qu’il est trop démuni pour soigner, on (re)découvre un pays sous la coupe d’un président qui, souhaitant rendre grandeur à sa nation, n’a en réalité fait que soumettre la majorité de ses citoyens à un état de surveillance, de délation, de répression et de grande pauvreté. Une fois de plus, l’inquiétude procurée par ce puzzle dystopique se confronte à un manque d’espoir tout aussi totalitaire.

L’entretien avec Terry Bisson, ainsi que le texte « Tripes » clôturent ce recueil en nous apportant des clés de relecture – « Tripes » précède « La Pilule » de quelques années et éclaire sur ses racines autofictionnelles – et attisent la curiosité envers les autres textes de Meg Elison… Bonne nouvelle, les éditions Goater indiquent en fin d’ouvrage que son premier roman, The Book of the Unnamed Midwife (prix Philip K. Dick 2014) est en cours de traduction. Arrivée prévue en 2024, soit dix ans après sa parution initiale : encore un peu de patience, car si ce premier roman de Meg Elison est à la hauteur de ses nouvelles, cela en vaudra la peine !

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