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Le Fils des Ténèbres

À Elsnör, le roi Helmer a décidé de défier les dieux d'Asgard. Il capture Haewen, déesse de la nuit, qu'il jure de ne libérer que lorsque sa femme tuée dans d'étranges circonstances, lui sera rendue. Hell, déesse de la mort, n'entend pas céder au chantage d'un humain, et le royaume d'Elsnör s'enfonce dans une nuit perpétuelle tandis qu'Helmer sent le remords grandir en lui, ou plutôt à côté de lui, incarné par une créature sans visage.

Quelques décennies royaume voisin de Walroek, Janes, fils de fermiers sans histoire, pressent qu'il a une destinée à accomplir. Il veut être le premier à percer le secret du château de Nartchreck et à découvrir le trésor qu'il renferme Mais lorsqu'une horde barbare dirigée par Asraan, un démon ailé, s'abat sur Walroek, Janes voit sa famille périr et tout son univers s'effondrer. Dès lors, la soif d'aventure va s'effacer au profit d'un inextinguible désir de vengeance.

Pour son nouveau roman, Fabrice Colin a choisi un univers et une intrigue très classiques. Inspirés de la mythologie scandinave, ses dieux se sont retirés des affaires humaines et vivent isolés à Asgard. Mais leur influence, ainsi que le poids des affrontements passés les ayant opposés aux humains, demeurent très forts. Le roman suit la quête de Janes, à la recherche de ses origines et de sa vraie nature. Classique, certes, mais fort bien mené, et réservant quelques surprises plus qu'agréables, comme cette comédie musicale désopilante improvisée dans les cuisines du château d'Asraan. Et si le romancier ne parvient pas toujours à se départir d'une certaine emphase, dans ses descriptions comme dans ses dialogues, reconnaissons qu'il fait montre dans l'ensemble d'une sobriété dont nombre de ses confrères et sœurs feraient bien de s'inspirer.

Si le terme n'était pas connoté aussi péjorativement, on classerait ce roman — qui n'est que la première partie d'une trilogie — parmi les œuvres d'heroic fantasy. Contournons le problème en parlant de fantasy épique. Le Fils des Ténèbres n'est sans doute pas un chef-d'œuvre, peut-être pas même le meilleur roman de son auteur, mais il s'agit d'un livre extrêmement bien maîtrisé, sans temps mort, offrant en outre certaines scènes réellement enthousiasmantes. Confirmation donc que Fabrice Colin est l'un des tout meilleurs romanciers de fantasy français.

Cyberdanse Macabre

Après La Route de Mandalay, paru l'an dernier à L'Atalante, Richard Canal poursuit dans la voie du polar et nous invite à une Cyberdanse macabre (Dieu, que ce titre est vilain !) Polar assez sensiblement teinté de science-fiction tout même, ce qui semble être le mot d'ordre de cette nouvelle collection baptisée « Quark Noir » [et dans laquelle ne devrait paraître qu'un nombre limité d'ouvrages — NDRC]. Depuis le succès des Racines du mal, on ne compte plus les projets visant à marier les deux genres, plus souvent pour le pire que pour le meilleur. Le choix de Richard Canal pour inaugurer cette série est quoi qu'il en soit fort judicieux, ne boudons donc pas notre plaisir et intéressons-nous de plus près à ce roman.

Mark Sidzik a abandonné ses recherches en astrophysique pour offrir ses services au World Ethics and Research, organisme international chargé d'enquêter sur certaines pratiques illégales ayant trait aux sciences et aux technologies de pointe. En l'occurrence, Mark se rend à Toulouse où le directeur d'un centre de recherche universitaire, le C.E.S.I.M.E., est mort dans un improbable accident de voiture. Cette disparition n'est que la première d'une longue liste de drames qui vont frapper les divers membres du C.E.S.I.M.E., ainsi que ceux qui s'intéressent de trop près à leurs travaux Derrière ces agissements apparaît l'ombre d'Untel, multinationale leader sur le marché des microprocesseurs, et, plus menaçant encore, Spyder, un réseau de hackers prêts à tout pour parvenir à leurs fins.

Cyberdanse macabre est sans doute le moins ambitieux des romans de Richard Canal. Il n'en est pas moins réussi pour autant. À l'instar de son collègue Ayerdhal, dont le Consciences virtuelles demeure à ce jour le meilleur des « Macno », Canal a opté pour un thriller très classique dans la forme, nerveux dans sa conduite et en définitive d'une efficacité irréprochable. Le contrat est respecté, le lecteur aura droit à son lot de péripéties et de personnages bien campés, le bouquin se lit d'une traite sans que jamais l'intérêt ne diminue. Très professionnel, somme toute. Pas du grand Canal, certes, mais force est de constater que même le « petit Canal » se situe largement au-dessus de la production moyenne actuelle. L'auteur semble avoir pris beaucoup de plaisir à l'écriture de cette histoire, gageons que sa lecture saura vous en procurer autant.

Billet sans titre

Si le numéro 12 de Bifrost est épuisé depuis quelques temps, ses chroniques de livres sont maintenant accessibles sur l'onglet Critiques !

Billet sans titre

Cette semaine dans la Bibliothèque Orbitale, podcast alcoolisé s'il en est, Philippe Boulier ne voit pas d'éléphants roses mais des dragons, dont un spécimen nommé Griaule

Le Livre du Nécromant

Voici le cinquième épisode d'un vaste feuilleton épique, dont je ne saurais vous résumer pertinemment l'intrigue. Sachons seulement que les deux fils du défunt roi Jean se disputent la couronne d'Erkynée, et par la même la domination sur tous les peuples du monde connu d'Osten Ard. L'un d'entre eux, Elias, subit l'influence du prêtre renégat Pryrates, et sert indirectement un déplaisant représentant de la race des immortels. L'autre, Josua, a pris la fuite à la tête d'un petit groupe d'hommes et de femmes courageux (aidés d'une poignée de trolls) et s'est réfugiée dans une ancienne et lointaine citadelle, en attendant de pouvoir rassembler la résistance. Parmi les individualités éparpillées qui pourront contribuer à cette résistance, on relève les noms de Maegwin, princesse du royaume envahi de Hernystir, Tiamak, un lettré des marais du sud, et Miriamélé, la propre fille d'Elias qui a fui son père.

Ce volume suit essentiellement les aventures du jeune Simon, qui à la suite des hauts faits accomplis lors des quatre volumes précédents, est adoubé chevalier par Josua ; et de Miriamélé, prisonnière sur un bateau en haute mer, et proie des attentions malhonnêtes du propriétaire de celui-ci, le marquis Aspitis. Quant aux Epées-talisman, on en parle beaucoup, on les voit peu, et on se doute qu'il faudra encore un moment avant que les bons de l'histoire remettent la main sur une collection complète. Ce qui ne nous empêche pas d'entrevoir les heurs et malheurs d'une bonne demi-douzaine d'autres pro — et antagonistes. Ce qui est beaucoup, d'autant plus que chacun est accompagné d'un certain nombre de faire-valoirs comiques, seconds couteaux ou autres vrais ou faux amis. Le moine Cadrach est un des plus hauts en couleurs, avec son lamentable passé de déchéance totale d'un intellectuel (il fit un jour partie de la Ligue du Parchemin) dissous dans la drogue (le vin, dans cet univers de basse technologie).

Vierge de la lecture des épisodes précédents — fort doctement synthésisés en une dizaine de pages denses à l'ouverture du livre — ignorant du nombre et de la teneur de ceux qui suivront la fin, abrupte et lourde de suspense, du présent tome, je me sens comme un badaud, le nez collé sur une somptueuse tapisserie, qui n'en apercevrait que trois points rouges, un fil jaune, et deux traits bleus. Ce sont des sagas où il faut se plonger ; tout est fait, selon les recettes éprouvées de la fantasy, pour que livre s'enfle en univers (cartes en frontispice, glossaires en annexe, et une liste de personnages qui frise le dictionnaire, tout en comportant au moins une omission notable).

Tad Williams a une écriture confortable, un peu trop chargée des clichés rhétoriques moyenâgeux de la « high fantasy », moyennement servie par une traduction parsemée d'anglicismes. Ces clichés ne se muent pas nécessairement en clichés de pensée ; les personnages les plus batailleurs répugnent profondément à la guerre, par exemple. Toutefois, tout à son honneur perdu de princesse, Miriamélé vire au mélo avant de se révéler femme d'action. Le cadre de l'histoire est calqué sur le Moyen-âge européen, avec des langues inventées qui ont des consonnances empruntées au latin, au gaélique, à la vielle langue scandinave... Et, sur cet échantillon, je n'arrive pas à discerner l'originalité de la lutte entre Bien et Mal par humains et créatures magiques interposées qui se livre sur Osten Ard. Rien à voir avec Terremer, par exemple ; une lecture agréable, mais moins forte que celle, disons, de Bordage.

Huis clones

Delta n'est pas un pilote de vaisseau spatial : s'il doit tirer cinq ans d'espace dans un Instrument de Veille Galactique, c'est au titre d'auxiliaire humain de l'ordinateur de bord, WHY (ce sigle possède aussi un décodage, mais à la lecture on se dit qu'ici les acronymes ont plus de sens en eux-mêmes que développés). Mais Delta finit par craquer, et par entraîner WHY dans sa révolte contre le Centre. Et contre d'autres unités qui possèdent avec la sienne un degré insoupçonné de similitude — même si le titre du roman en évente largement la nature.

Avant toutefois de faire de WHY un computeur renégat, solidaire (à la différence de HAL) de son compagnon humain, Delta le promeut écrivain, producteur d'une histoire de poète amoureux transi qui éveille, en dépit de son caractère stéréotypé, d'étranges résonances chez son unique lecteur.

Huis Clones séduit au départ par une situation décalée (même si pas entièrement originale), la violence de l'expression et la crudité des détails, et une écriture personnelle (quoiqu'un tantinet verbeuse). Hélas, plus le roman progresse, plus l'écriture se relâche, plus les invraisemblances scientifiques sont flagrantes. Un échantillon de phrase confuse : comment Delta peut-il être « retenu prisonnier par un poids qui changeait de direction à chaque volte du module en folie » ? (p. 189). Et surtout, on comprend de moins en moins où le roman veut nous mener. Que Calvez ne cultive pas un clone de La Stratégie Ender ou d'Odyssée sous Contrôle, c'est tout à son honneur, mais j'aurais aimé que son livre ne se terminât pas sur une pirouette. Peut mieux faire !

Féérie

Tout commence comme un film à la Quentin Tarentino : Alex Sharkey, personnage sans charisme ni courage, se retrouve prisonnier d'affaires trop dangereuses pour lui. Bien entendu, son goût de l'argent l'a amené à franchir les frontières de l'honnêteté, et le voici confronté à une pègre bien plus violente et bien moins morale que lui, et à des policiers qui le manipulent sans vergogne. Nous sommes dans la deuxième décennie du 21e siècle, les sans-logis s'entassent de façon organisée dans le métro londonien, et la société n'en finit pas de se déliter. Les Poupées sont des êtres vivants cultivés, aux corps humains à la peau bleue, mais avec la docilité et le statut social d'animaux. Elles servent à d'écoeurants combats de gladiateurs. Un milieu excuse bien des infractions à loi ; il est pourtant difficile de pardonner à Alex, qui n'a jamais su se créer un espace personnel de moralité, des valeurs ou des amis à défendre au risque de sa propre vie, comme le fait Leroy, sympathique patron de clandé.

Physiquement et moralement, Alex est le prototype du bidouilleur informatique asocial : obèse, enfermé chez lui à conserver un gigantesque stock de sa boisson sucrée préférée, il ne se gêne pas pour lâcher sur le monde ses créations biologiques. Drogues, virus, et piratages informatiques se sont fondus en un continuum par la grâce de la nanotechnologie. Alex doit sa notoriété à la création d'un virus ciblé sur certains neurones, qui reproduit les effets d'une drogue. Plus ou moins volontairement, il devient complice d'un projet visant à rendre leur libre-arbitre aux poupées, donnant ainsi naissance à une nouvelle espèce, celle des fées. Et au passage, il va tomber sous la fascination de Milena, fillette surdouée et pas totalement humaine, future Reine de ce Royaume qu'elle veut engendrer.

Une douzaine d'années plus tard, Alex, qui a échappé à ses mauvaises relations d'affaires, recherche toujours Milena à travers l'Europe. Sa quête le mènera aux lisières du Royaume Magique (Eurodisney en ruines, devenu un nid de vraies fées !), puis en pleine guerre civile albanaise, aux lisières de laquelle les différentes factions de la Féerie (et un prophète du Web) règlent leurs comptes obscurs.

Le roman s'articule donc en trois parties, Londres/Paris/Albanie, chacune introduisant de nouveaux protagonistes. Je n'ai guère prisé la conclusion du livre, boursouflée par une abondance de complots entrecroisés que j'ai eu du mal à suivre. J'aurais apprécié plus de développements scientifiques spéculatifs de McAuley, qui en est capable... même si ses explications elliptiques font de Greg Egan un modèle d'intelligibilité. Le fil conducteur de l'intrigue a du mal à émerger — elle est mue par Milena, et Sharkey, même pas haïssable, constitue un guide peu clairvoyant et passablement répugnant. Les seconds rôles à ses côtés restent beaucoup plus marquants. Féerie présente une galerie de figures pathétiques (Armand, le soldat psychotique), grotesques (Katrina, lutteuse infatigable, qui jure comme un charretier ; Todd, le journaliste-vedette aussi creux intellectuellement qu'affectivement), émouvants (Morag, infirmière de l'humanitaire dans les camps de réfugiés de la banlieue parisienne), ou haïssables (Doggy Dog, l'apprenti-truand). Nettement plus mémorables que l'univers à la Bruce Sterling (et ses successeurs) où se déroulent leurs aventures.

Les Armes des Garamont

Le Troisième Monde est constitué de deux parties plus ou moins imbriquées, deux faces d'une même pièce : l'Ældo où vivent les Humains et les peuples alliés (les gentils), et le Maûne, univers de brumes et de ténèbres où résident des horreurs sans nom (les méchants, eh oui !), La magie des runes permet, entre autre, d'ouvrir des portes directes entre ces deux univers mitoyens. Parmi les symboles runiques, il en est deux particulièrement puissants et sensés s'annuler l'un et l'autre, véritables piliers du Troisième Monde et garants de son équilibre, la Malerune et l'Arcane. Ces symboles furent dissimulés par les dieux à l'aube des temps. Mal, n'importe où et n'importe comment, évidemment. En effet, dans les brumes du Maûne la Malerune a été découverte, et lue qui plus est ! Résultat l'équilibre s'en trouve rompu et le Maûne menace de détruite l'Ældo, des créatures ignobles se baladent partout, bouffent tout le monde. C'est le bordel, quoi. Naturellement la résistance s'organise en un but crucial, découvrir l'Arcane afin d'annuler les effets anarchiques de la Malerune. Que la quête commence !

Pierre Grimbert est un jeune auteur publié chez un jeune éditeur (les éditions Mnémos qui, si elles ne produisent pas toujours que du bon, font néanmoins preuve d'un réel esprit d'ouverture et de découverte en ayant, en une quarantaine de titres, constitué une « écurie » de jeunes talents parmi lesquels certains sont particulièrement à suivre — Colin, Kloetzer et surtout Calvo). Son premier roman, Le secret de Ji en quatre volumes, fut fort remarqué par la critique et connu un réel succès populaire que vinrent couronner deux prix, le Verlanger et le Ozone. Aussi son nouveau cycle, La Malerune, dont Les Armes des Garamont constitue le premier tome (sur un total de six !), était-il particulièrement attendu. Une attente qui, affirmons-le d'emblée, apparaît après lecture bien peu justifiée. Espoirs déçus ? Sans aucun doute. Et ce qui est le plus frustrant, c'est qu'on a la nette impression qu'il eût fallu peu de chose pour faire des Armes des Garamont un bon bouquin de fantasy épique. Simplement une once de temps, peut-être...

Grimbert a un certain style, ça ne fait pas de doute, comme il sait à l'occasion mener son récit et, de fait son lecteur, vers une tension passablement stimulante. Seulement Les Armes des Garamont est bien trop long (toute la première partie est suffisamment autonome pour être une novella et ce qu'elle apporte au reste du roman peut se résumer en dix pages plutôt qu'en cent trente), faiblement original, manque considérablement de rythme et fait régulièrement montre d'une écriture inachevée, immature. Jusqu'à la manie particulièrement irritante de l'auteur de s'évertuer à conclure ses chapitres par une accroche narrative ridicule... Dommage, car avec du retravail, ce roman aurait été tout à fait acceptable. Alors à qui la faute ? À l'auteur ou à l'éditeur ? Sans doute un peu des deux... Reste à souhaiter que la leçon portera ses fruits dès le second tome, qui pourrait bien être disponible au moment ou vous lisez ces lignes. Sinon...

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