Connexion

Actualités

Griaule revient...

Le Calice du dragon, nouveau roman de Lucius Shepard à paraître le 23 mai, est désormais disponible à la précommande disponible à la précommande en papier comme en numérique. Pour patienter jusque-là, téléchargez gratuitement le premier chapitre en PDF !

Critiques du Bifrost 69

Les critiques de livres et le guide de lecture rock & SF du Bifrost 69 sont maintenant en ligne !

Omegatropic

[Critique commune à Omegatropic, The Hunters of Pangaea et Revolutions in the Earth.]

« Pour moi, la recherche est la clef de tout, explique Stephen Baxter. En un sens, j’ai fait de ma vie tout entière une sorte d’exercice de recherche de bas niveau. Je lis voracement — beaucoup de vulgarisation scientifique, puisque science et technologie restent au centre de gravité de mon sujet — mais aussi un journal costaud, tous les jours, de la première à la dernière page. Et de l’histoire, des biographies… Toute cette information est traitée, en permanence. Je n’arrête pas de créer des fiches, de remplir nombre de carnets de tout ce qui retient mon attention ; et, le plus souvent, je les maintiens à jour. » Une bonne partie de cette documentation se retrouve, directement ou indirectement, dans ses fictions. Mais elle déborde parfois dans de courts essais, voire des ouvrages de « non fiction ».

Sans surprise, les sujets favoris de Stephen Baxter sont alors l’espace et la science-fiction — cette dernière racontée des deux côtés de la barrière, du point de vue de l’écrivain reconnu et de celui du connaisseur passionné. L’auteur a réuni une vingtaine de textes des deux sortes dans un recueil publié au profit de la British Science Fiction Association, Omegatropic (2001). Il y livre des « Journaux de collaborateur », avec Arthur C. Clarke en particulier (pour Lumière des jours enfuis), et expose ses idées sur la science ou les gadgets dans la hard SF ; on y trouve aussi de fascinantes variations sur « La Technologie de l’omniscience » (ou comment inscrire le projet de Clarke dans la continuité littéraire d’H.G. Wells et d’Isaac Asimov, pour mieux dépasser les trois…), sur la meilleure façon de « Reconstruire la machine à explorer le temps » (pour Les Vaisseaux du temps), ou encore sur la fin du monde (« All aboard for the Eschaton ! »)…

Logiquement, compte tenu de l’importance de la Lune et de Mars dans son œuvre romanesque (Poussière de Lune, Voyage, Anti-Ice), on trouve également dans Omegatropic plusieurs analyses du présent, des possibles futurs, et surtout des passés littéraires d’un Age de l’espace qui, « bien sûr, a refusé de suivre le script de Robert Heinlein ». Continuateur revendiqué des très britanniques H. G. Wells et A. C. Clarke, Stephen Baxter entretient une relation plus ambivalente avec l’Américain Robert Heinlein qui, s’il « a rendu possible pour les Américains de croire qu’ils pourraient atteindre la Lune, les persuada aussi que ce serait facile, ce qui ne fut pas le cas » et dont, « sur le long terme, l’influence prophétique a peut-être été plus un obstacle qu’une aide. » (« America’s Moon »). Paradoxal, Baxter admet dans « Le Vol des taïkonautes » (in The Hunters of Pangaea) que ceux qui, comme lui, persistent à « militer en faveur de l’exploration de Mars font peut-être fausse route » : les enjeux scientifiques de l’aventure martienne « n’ont pas encore suffisamment enflammé l’imagination du public pour desserrer les cordons de la bourse. Au final, nous devons bien admettre que nous sommes allés sur la Lune pour des raisons irrationnelles ; peut-être est-ce une semblable irrationalité qui nous mènera aussi sur Mars ».

Mais ses passions ne se limitent pas à la science et à l’espace. Il mobilise la même méthode et la même minutie lorsqu’il s’intéresse par exemple à « Une brève histoire de la mi-temps : le football dans la science-fiction » (Hunters of Pangea), dont le « Gardes-frontières » de Greg Egan (in Océanique) n’est pas l’exemple le moins exotique. Un tel exercice d’érudition amusera les vrais passionnés de foot, comme Baxter ; et permettra peut-être à l’amateur de hard SF de distinguer plus clairement ce qui agace parfois sous sa plume les contempteurs du genre… tout en mettant en évidence la qualité du travail proprement littéraire qui permet de passer de ce matériau brut, de la juxtaposition besogneuse de détails apparemment oiseux, à de petits joyaux de construction comme la nouvelle éponyme du recueil, « Les Chasseurs de la Pangée » (spin-off d’Evolution).

Stephen Baxter explore une tonalité intermédiaire dans Revolutions in the Earth, ouvrage à mi-chemin entre vulgarisation et monographie d’histoire des sciences. Il y retrace les efforts du pionner écossais de la géologie, James Hutton (1726 - 1797), qui consacra sa vie à démontrer que le temps de formation des structures observées à la surface de la Terre était bien supérieur aux quelque 6000 ans d’existence calculés par les Créationnistes. Là encore, la minutie scrupuleuse et l’intelligence de la géologie de l’auteur de Poussière de lune rendent un ouvrage à la fois foisonnant, solide, lisible — et un peu laborieux. Hard ou pas, la fiction lui va mieux !

Revolutions in the Earth

[Critique commune à OmegatropicThe Hunters of Pangaea et Revolutions in the Earth.]

« Pour moi, la recherche est la clef de tout, explique Stephen BaxterEn un sens, j’ai fait de ma vie tout entière une sorte d’exercice de recherche de bas niveau. Je lis voracement — beaucoup de vulgarisation scientifique, puisque science et technologie restent au centre de gravité de mon sujet — mais aussi un journal costaud, tous les jours, de la première à la dernière page. Et de l’histoire, des biographies… Toute cette information est traitée, en permanence. Je n’arrête pas de créer des fiches, de remplir nombre de carnets de tout ce qui retient mon attention ; et, le plus souvent, je les maintiens à jour. » Une bonne partie de cette documentation se retrouve, directement ou indirectement, dans ses fictions. Mais elle déborde parfois dans de courts essais, voire des ouvrages de « non fiction ».

Sans surprise, les sujets favoris de Stephen Baxter sont alors l’espace et la science-fiction — cette dernière racontée des deux côtés de la barrière, du point de vue de l’écrivain reconnu et de celui du connaisseur passionné. L’auteur a réuni une vingtaine de textes des deux sortes dans un recueil publié au profit de la British Science Fiction Association, Omegatropic (2001). Il y livre des « Journaux de collaborateur », avec Arthur C. Clarke en particulier (pour Lumière des jours enfuis), et expose ses idées sur la science ou les gadgets dans la hard SF ; on y trouve aussi de fascinantes variations sur « La Technologie de l’omniscience » (ou comment inscrire le projet de Clarke dans la continuité littéraire d’H.G. Wells et d’Isaac Asimov, pour mieux dépasser les trois…), sur la meilleure façon de « Reconstruire la machine à explorer le temps » (pour Les Vaisseaux du temps), ou encore sur la fin du monde (« All aboard for the Eschaton ! »)…

Logiquement, compte tenu de l’importance de la Lune et de Mars dans son œuvre romanesque (Poussière de LuneVoyageAnti-Ice), on trouve également dans Omegatropic plusieurs analyses du présent, des possibles futurs, et surtout des passés littéraires d’un Age de l’espace qui, « bien sûr, a refusé de suivre le script de Robert Heinlein ». Continuateur revendiqué des très britanniques H. G. Wells et A. C. Clarke, Stephen Baxter entretient une relation plus ambivalente avec l’Américain Robert Heinlein qui, s’il « a rendu possible pour les Américains de croire qu’ils pourraient atteindre la Lune, les persuada aussi que ce serait facile, ce qui ne fut pas le cas » et dont, « sur le long terme, l’influence prophétique a peut-être été plus un obstacle qu’une aide. » (« America’s Moon »). Paradoxal, Baxter admet dans « Le Vol des taïkonautes » (in The Hunters of Pangaea) que ceux qui, comme lui, persistent à « militer en faveur de l’exploration de Mars font peut-être fausse route » : les enjeux scientifiques de l’aventure martienne « n’ont pas encore suffisamment enflammé l’imagination du public pour desserrer les cordons de la bourse. Au final, nous devons bien admettre que nous sommes allés sur la Lune pour des raisons irrationnelles ; peut-être est-ce une semblable irrationalité qui nous mènera aussi sur Mars ».

Mais ses passions ne se limitent pas à la science et à l’espace. Il mobilise la même méthode et la même minutie lorsqu’il s’intéresse par exemple à « Une brève histoire de la mi-temps : le football dans la science-fiction » (Hunters of Pangea), dont le « Gardes-frontières » de Greg Egan (in Océanique) n’est pas l’exemple le moins exotique. Un tel exercice d’érudition amusera les vrais passionnés de foot, comme Baxter ; et permettra peut-être à l’amateur de hard SF de distinguer plus clairement ce qui agace parfois sous sa plume les contempteurs du genre… tout en mettant en évidence la qualité du travail proprement littéraire qui permet de passer de ce matériau brut, de la juxtaposition besogneuse de détails apparemment oiseux, à de petits joyaux de construction comme la nouvelle éponyme du recueil, « Les Chasseurs de la Pangée » (spin-off d’Evolution).

Stephen Baxter explore une tonalité intermédiaire dans Revolutions in the Earth, ouvrage à mi-chemin entre vulgarisation et monographie d’histoire des sciences. Il y retrace les efforts du pionner écossais de la géologie, James Hutton (1726 - 1797), qui consacra sa vie à démontrer que le temps de formation des structures observées à la surface de la Terre était bien supérieur aux quelque 6000 ans d’existence calculés par les Créationnistes. Là encore, la minutie scrupuleuse et l’intelligence de la géologie de l’auteur de Poussière de lune rendent un ouvrage à la fois foisonnant, solide, lisible — et un peu laborieux. Hard ou pas, la fiction lui va mieux !

The Hunters of Pangaea

[Critique commune à OmegatropicThe Hunters of Pangaea et Revolutions in the Earth.]

« Pour moi, la recherche est la clef de tout, explique Stephen BaxterEn un sens, j’ai fait de ma vie tout entière une sorte d’exercice de recherche de bas niveau. Je lis voracement — beaucoup de vulgarisation scientifique, puisque science et technologie restent au centre de gravité de mon sujet — mais aussi un journal costaud, tous les jours, de la première à la dernière page. Et de l’histoire, des biographies… Toute cette information est traitée, en permanence. Je n’arrête pas de créer des fiches, de remplir nombre de carnets de tout ce qui retient mon attention ; et, le plus souvent, je les maintiens à jour. » Une bonne partie de cette documentation se retrouve, directement ou indirectement, dans ses fictions. Mais elle déborde parfois dans de courts essais, voire des ouvrages de « non fiction ».

Sans surprise, les sujets favoris de Stephen Baxter sont alors l’espace et la science-fiction — cette dernière racontée des deux côtés de la barrière, du point de vue de l’écrivain reconnu et de celui du connaisseur passionné. L’auteur a réuni une vingtaine de textes des deux sortes dans un recueil publié au profit de la British Science Fiction Association, Omegatropic (2001). Il y livre des « Journaux de collaborateur », avec Arthur C. Clarke en particulier (pour Lumière des jours enfuis), et expose ses idées sur la science ou les gadgets dans la hard SF ; on y trouve aussi de fascinantes variations sur « La Technologie de l’omniscience » (ou comment inscrire le projet de Clarke dans la continuité littéraire d’H.G. Wells et d’Isaac Asimov, pour mieux dépasser les trois…), sur la meilleure façon de « Reconstruire la machine à explorer le temps » (pour Les Vaisseaux du temps), ou encore sur la fin du monde (« All aboard for the Eschaton ! »)…

Logiquement, compte tenu de l’importance de la Lune et de Mars dans son œuvre romanesque (Poussière de LuneVoyageAnti-Ice), on trouve également dans Omegatropic plusieurs analyses du présent, des possibles futurs, et surtout des passés littéraires d’un Age de l’espace qui, « bien sûr, a refusé de suivre le script de Robert Heinlein ». Continuateur revendiqué des très britanniques H. G. Wells et A. C. Clarke, Stephen Baxter entretient une relation plus ambivalente avec l’Américain Robert Heinlein qui, s’il « a rendu possible pour les Américains de croire qu’ils pourraient atteindre la Lune, les persuada aussi que ce serait facile, ce qui ne fut pas le cas » et dont, « sur le long terme, l’influence prophétique a peut-être été plus un obstacle qu’une aide. » (« America’s Moon »). Paradoxal, Baxter admet dans « Le Vol des taïkonautes » (in The Hunters of Pangaea) que ceux qui, comme lui, persistent à « militer en faveur de l’exploration de Mars font peut-être fausse route » : les enjeux scientifiques de l’aventure martienne « n’ont pas encore suffisamment enflammé l’imagination du public pour desserrer les cordons de la bourse. Au final, nous devons bien admettre que nous sommes allés sur la Lune pour des raisons irrationnelles ; peut-être est-ce une semblable irrationalité qui nous mènera aussi sur Mars ».

Mais ses passions ne se limitent pas à la science et à l’espace. Il mobilise la même méthode et la même minutie lorsqu’il s’intéresse par exemple à « Une brève histoire de la mi-temps : le football dans la science-fiction » (Hunters of Pangea), dont le « Gardes-frontières » de Greg Egan (in Océanique) n’est pas l’exemple le moins exotique. Un tel exercice d’érudition amusera les vrais passionnés de foot, comme Baxter ; et permettra peut-être à l’amateur de hard SF de distinguer plus clairement ce qui agace parfois sous sa plume les contempteurs du genre… tout en mettant en évidence la qualité du travail proprement littéraire qui permet de passer de ce matériau brut, de la juxtaposition besogneuse de détails apparemment oiseux, à de petits joyaux de construction comme la nouvelle éponyme du recueil, « Les Chasseurs de la Pangée » (spin-off d’Evolution).

Stephen Baxter explore une tonalité intermédiaire dans Revolutions in the Earth, ouvrage à mi-chemin entre vulgarisation et monographie d’histoire des sciences. Il y retrace les efforts du pionner écossais de la géologie, James Hutton (1726 - 1797), qui consacra sa vie à démontrer que le temps de formation des structures observées à la surface de la Terre était bien supérieur aux quelque 6000 ans d’existence calculés par les Créationnistes. Là encore, la minutie scrupuleuse et l’intelligence de la géologie de l’auteur de Poussière de lune rendent un ouvrage à la fois foisonnant, solide, lisible — et un peu laborieux. Hard ou pas, la fiction lui va mieux !

Arche

[Critique commune à Déluge et Arche.]

Le point de départ de ce diptyque est assez original : en effet, pour nous parler de la fin de la Terre telle que nous la connaissons, Baxter commence par nous décrire un futur proche dans lequel l’Espagne s’est fragmentée sous l’effet du terrorisme, et introduit ses protagonistes sous la forme d’un groupe d’otages soudé par cinq ans de captivité. De leur libération, alors que le niveau des eaux commence à monter, jusqu’à la fin de l’histoire, ils ne cesseront de rester en contact les uns avec les autres.

La fin de la Terre ? Presque, car la montée des eaux de Stephen Baxter, ce n’est pas de la gnognotte : au lieu de nous resservir l’habituelle fonte des calottes glaciaires, qui ferait certes des dommages, mais limités, il propose une hypothèse plus osée, plus SF : l’idée que le manteau de notre planète renferme de gigantesques océans souterrains qui, à la faveur d’un mouvement tectonique, se déversent en surface. Du coup, la crue — plus que le déluge du titre — est désormais quasiment sans fin, et le niveau des eaux va monter de plusieurs kilomètres. L’environnement de la Terre opère ainsi un changement complet, et l’on imagine bien que ce postulat va permettre à Baxter de nous décrire le phénomène dans toute son ampleur et d’en analyser toutes les conséquences. Plutôt que d’adopter un mode de narration globalisant, où l’on passerait en revue les conditions climatiques changeantes sur toute la planète, il préfère garder le focus sur ses otages qui vont peu à peu prendre conscience de l’universalité du phénomène tout en essayant de sauver leurs proches ; même lors d’un cataclysme planétaire, Baxter reste ainsi au plus près de l’humain. C’est l’un des principaux intérêts de Déluge : mêler destin particulier et catastrophe écologique majeure, sans verser trop dans le mélodramatique (à ce titre, Baxter ne donne jamais de chiffres sur la portion de population ayant péri suite à la crue).

Baxter adopte une narration chronologique, où le lent défilé des dates résonne douloureusement avec l’inexorabilité de l’augmentation du niveau des eaux. Les tentatives de l’Homme pour contrer cette catastrophe, même si elles sont parfois audacieuses (le personnage de Nathan Lammockson, milliardaire égoïste mais visionnaire, est à ce titre emblématique de la théorie darwiniste selon laquelle seuls les plus forts réussiront à s’adapter), semblent irrémédiablement vouées à l’échec. Après tout, qui sommes-nous, pauvres êtres humains, face à des phénomènes qui nous dépassent ? Et ce n’est pas la dernière scène du roman, inévitable et inoubliable (des scènes comme celle-là nous rappellent pourquoi nous lisons de la SF), qui changera cette conclusion.

Dans Déluge, Lammockson et les siens construisent la Troisième Arche, gigantesque plateforme-radeau assemblée de bric et de broc qui leur permettra de continuer à exister quand les eaux recouvriront toute la planète. Mais pourquoi troisième ? Eh bien, c’est ce à quoi va répondre Arche, second volet du diptyque. Pas totalement synchrones (Arche commence alors que la crue est déjà bien entamée), les deux romans se recoupent beaucoup, et partagent même certaines scènes communes. Lorsque l’humanité se rend compte de l’inéluctabilité de l’événement auquel elle assiste impuissante, des milliardaires — parmi lesquels figure bien évidemment Lammockson — décident de construire un vaisseau spatial qui permettra à l’homme de coloniser une nouvelle planète lorsque la Terre sera devenue invivable. Même si Baxter aborde de front les questions scientifiques sur la possibilité d’un itinéraire au long cours (via une bulle de distorsion permettant un voyage en accéléré), et technologiques sur la création de ce vaisseau-arche, il ne s’y étend pas. Ce qui l’intéresse davantage, c’est encore une fois l’aspect humain. Aussi va-t-on assister à la formation du futur équipage : des jeunes femmes et hommes qui apprendront à se connaître au fil des années, tout en se perfectionnant dans différentes spécialités scientifiques. Puis arrive le moment du départ, où un grain de sable vient s’immiscer à bord du vaisseau sous la forme de « Personnes Déplacées », entendez les laissés-pour-compte qui décident de se rebeller et dont certains vont réussir à pénétrer dans l’arche. Dès lors, les tensions, que l’on avait voulu éviter par la formation groupée de tout l’équipage, vont se multiplier. Cette partie est la moins convaincante du diptyque, car Baxter abandonne toute prospective scientifique rigoureuse pour lui préférer le ressort dramatique souvent peu vraisemblable de la vie à bord de l’Arche (on imagine difficilement qu’un des protagonistes puisse devenir un dictateur, ou que l’on condamne tel autre, fautif, à une amputation de la jambe). Baxter sacrifie ici au spectaculaire de manière gratuite ; il semble que son seul but soit de préparer le schisme quasi-religieux qui va voir les habitants du vaisseau s’affronter et décider de se séparer pour choisir différents itinéraires. Même si, comme le dit l’adage, « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », on doute fortement à la fin d’Arche que Baxter soit réellement convaincu du bien-fondé de ce dicton.

Saga dense (chaque roman pèses ses sept cents pages en poche) dans laquelle les motifs religieux sont transparents — le déluge, l’arche de Noé, bien évidemment, mais aussi la figure messianique revendiquée par Lammockson, ou encore le schisme à bord de l’arche —, Déluge/Arche est donc marqué par la volonté de Baxter de rester au plus près de l’humain. A ce titre, on signalera que les protagonistes principaux sont essentiellement féminins, pied de nez à la tradition plutôt virile des récits-catastrophes, courant dans lequel ce diptyque s’inscrit bien évidemment. Sans prétendre être aussi hard science que certains autres livres de l’auteur, cette série articule finalement ses deux romans autour d’une thématique centrale : celle de la transmission du savoir d’une génération à l’autre, et des difficultés qui vont avec, notamment au moment où se produit un événement planétaire qui va provoquer une rupture du monde tel que nous le connaissons.

Au final, Déluge/Arche ne se révèle sans doute pas l’œuvre la plus aboutie de Baxter (la crédibilité scientifique est parfois traitée avec légèreté, et l’évolution psychologique des colons d’Arche semble peu vraisemblable), mais reste une lecture intéressante et donc recommandée.

Déluge

[Critique commune à Déluge et Arche.]

Le point de départ de ce diptyque est assez original : en effet, pour nous parler de la fin de la Terre telle que nous la connaissons, Baxter commence par nous décrire un futur proche dans lequel l’Espagne s’est fragmentée sous l’effet du terrorisme, et introduit ses protagonistes sous la forme d’un groupe d’otages soudé par cinq ans de captivité. De leur libération, alors que le niveau des eaux commence à monter, jusqu’à la fin de l’histoire, ils ne cesseront de rester en contact les uns avec les autres.

La fin de la Terre ? Presque, car la montée des eaux de Stephen Baxter, ce n’est pas de la gnognotte : au lieu de nous resservir l’habituelle fonte des calottes glaciaires, qui ferait certes des dommages, mais limités, il propose une hypothèse plus osée, plus SF : l’idée que le manteau de notre planète renferme de gigantesques océans souterrains qui, à la faveur d’un mouvement tectonique, se déversent en surface. Du coup, la crue — plus que le déluge du titre — est désormais quasiment sans fin, et le niveau des eaux va monter de plusieurs kilomètres. L’environnement de la Terre opère ainsi un changement complet, et l’on imagine bien que ce postulat va permettre à Baxter de nous décrire le phénomène dans toute son ampleur et d’en analyser toutes les conséquences. Plutôt que d’adopter un mode de narration globalisant, où l’on passerait en revue les conditions climatiques changeantes sur toute la planète, il préfère garder le focus sur ses otages qui vont peu à peu prendre conscience de l’universalité du phénomène tout en essayant de sauver leurs proches ; même lors d’un cataclysme planétaire, Baxter reste ainsi au plus près de l’humain. C’est l’un des principaux intérêts de Déluge : mêler destin particulier et catastrophe écologique majeure, sans verser trop dans le mélodramatique (à ce titre, Baxter ne donne jamais de chiffres sur la portion de population ayant péri suite à la crue).

Baxter adopte une narration chronologique, où le lent défilé des dates résonne douloureusement avec l’inexorabilité de l’augmentation du niveau des eaux. Les tentatives de l’Homme pour contrer cette catastrophe, même si elles sont parfois audacieuses (le personnage de Nathan Lammockson, milliardaire égoïste mais visionnaire, est à ce titre emblématique de la théorie darwiniste selon laquelle seuls les plus forts réussiront à s’adapter), semblent irrémédiablement vouées à l’échec. Après tout, qui sommes-nous, pauvres êtres humains, face à des phénomènes qui nous dépassent ? Et ce n’est pas la dernière scène du roman, inévitable et inoubliable (des scènes comme celle-là nous rappellent pourquoi nous lisons de la SF), qui changera cette conclusion.

Dans Déluge, Lammockson et les siens construisent la Troisième Arche, gigantesque plateforme-radeau assemblée de bric et de broc qui leur permettra de continuer à exister quand les eaux recouvriront toute la planète. Mais pourquoi troisième ? Eh bien, c’est ce à quoi va répondre Arche, second volet du diptyque. Pas totalement synchrones (Arche commence alors que la crue est déjà bien entamée), les deux romans se recoupent beaucoup, et partagent même certaines scènes communes. Lorsque l’humanité se rend compte de l’inéluctabilité de l’événement auquel elle assiste impuissante, des milliardaires — parmi lesquels figure bien évidemment Lammockson — décident de construire un vaisseau spatial qui permettra à l’homme de coloniser une nouvelle planète lorsque la Terre sera devenue invivable. Même si Baxter aborde de front les questions scientifiques sur la possibilité d’un itinéraire au long cours (via une bulle de distorsion permettant un voyage en accéléré), et technologiques sur la création de ce vaisseau-arche, il ne s’y étend pas. Ce qui l’intéresse davantage, c’est encore une fois l’aspect humain. Aussi va-t-on assister à la formation du futur équipage : des jeunes femmes et hommes qui apprendront à se connaître au fil des années, tout en se perfectionnant dans différentes spécialités scientifiques. Puis arrive le moment du départ, où un grain de sable vient s’immiscer à bord du vaisseau sous la forme de « Personnes Déplacées », entendez les laissés-pour-compte qui décident de se rebeller et dont certains vont réussir à pénétrer dans l’arche. Dès lors, les tensions, que l’on avait voulu éviter par la formation groupée de tout l’équipage, vont se multiplier. Cette partie est la moins convaincante du diptyque, car Baxter abandonne toute prospective scientifique rigoureuse pour lui préférer le ressort dramatique souvent peu vraisemblable de la vie à bord de l’Arche (on imagine difficilement qu’un des protagonistes puisse devenir un dictateur, ou que l’on condamne tel autre, fautif, à une amputation de la jambe). Baxter sacrifie ici au spectaculaire de manière gratuite ; il semble que son seul but soit de préparer le schisme quasi-religieux qui va voir les habitants du vaisseau s’affronter et décider de se séparer pour choisir différents itinéraires. Même si, comme le dit l’adage, « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », on doute fortement à la fin d’Arche que Baxter soit réellement convaincu du bien-fondé de ce dicton.

Saga dense (chaque roman pèses ses sept cents pages en poche) dans laquelle les motifs religieux sont transparents — le déluge, l’arche de Noé, bien évidemment, mais aussi la figure messianique revendiquée par Lammockson, ou encore le schisme à bord de l’arche —, Déluge/Arche est donc marqué par la volonté de Baxter de rester au plus près de l’humain. A ce titre, on signalera que les protagonistes principaux sont essentiellement féminins, pied de nez à la tradition plutôt virile des récits-catastrophes, courant dans lequel ce diptyque s’inscrit bien évidemment. Sans prétendre être aussi hard science que certains autres livres de l’auteur, cette série articule finalement ses deux romans autour d’une thématique centrale : celle de la transmission du savoir d’une génération à l’autre, et des difficultés qui vont avec, notamment au moment où se produit un événement planétaire qui va provoquer une rupture du monde tel que nous le connaissons.

Au final, Déluge/Arche ne se révèle sans doute pas l’œuvre la plus aboutie de Baxter (la crédibilité scientifique est parfois traitée avec légèreté, et l’évolution psychologique des colons d’Arche semble peu vraisemblable), mais reste une lecture intéressante et donc recommandée.

Les Premiers-nés

[Critique commune à L'Œil du tempsTempête solaire et Les Premiers-nés.]

Une équipe de l’ONU en hélicoptère — une femme, deux hommes —, et les trois cosmonautes d’une capsule Soyouz sont pris dans un étrange phénomène physique et s’aperçoivent assez vite que la Terre a été démontée puis remontée avec des morceaux d’époques différentes, a priori toutes antérieures à leur naissance. L’équipe de l’ONU rejoint un contingent de l’armée britannique du milieu du XIXe siècle, dans le nord de l’Inde, et l’équipe du Soyouz observe trois grands peuplements humains très développés sur cette nouvelle Terre baptisée Mir, avant d’initier leur rentrée dans l’atmosphère. Babylone est le plus proche : une ville coupée en deux par une explosion nucléaire « ancienne », vers laquelle, après quelques péripéties, vont converger l’armée d’Alexandre Le Grand et celle de Gengis Kahn, ainsi que nos voyageurs du futur (du moins ceux qui ont survécu).

Le premier volume de cette trilogie Baxter/ Clarke est un étonnant mélange de hard science discrète et de SF à papa (on pense à certains romans de Silverberg, agréables mais mineurs). Même si la première partie, jusqu’à la page 128, est un poil laborieuse, on progresse vite vers la confrontation Gengis Kahn/Alexandre le Grand promise, le tout vu par des yeux modernes. Suivre les aventures de Zabel et Bisesa, découvrir un Rudyard Kipling jeune, tout cela fait de L’Œil du temps une sorte de plaisir coupable, à l’ancienne, tout à fait recommandable si on supporte les maladresses d’exposition et la violence. Car, comme Origine, par moment L’Œil du temps envoie du bois et pas pour rire (viols, décapitations, énucléations, chirurgie avec les moyens du bord). Pas de doute, on savait s’amuser à ces époques-là (le mélange n’arrange rien, bien au contraire). Mais Baxter ne s’attarde jamais sur cette violence qu’il n’essaye même pas de mettre en scène. Au voyeurisme, il préfère le factuel sec et distant. Contrairement à ce qui se passe dans la vraie vie, ici un viol ne dure jamais plus d’une ligne.

Tempête solaire, le second tome, part dans une direction tellement différente qu’on en est déboussolé pendant presque toute sa lecture. Le 9 juin 2047, une tempête solaire frappe la Terre et provoque de nombreuses catastrophes, électriques et autres. S’ensuit une intrigue hard science autour d’une seconde tempête solaire, « a global killer », prédite pour quatre ans et demi plus tard par un génie des neutrinos. Force est de constater que c’est du pur Baxter, dans sa veine DélugeArche, avec une catastrophe, une solution « impossible ou presque », un fond progressiste très marqué, une grande foi dans le futur. On n’évite pas de longues plages d’explication à base de physique des particules, mais aussi des passages d’exposition, patauds, qui semblent ressurgir d’un autre âge de la SF, celui, justement, des Fontaines du paradis d’Arthur C. Clarke.

Dans le troisième tome, Baxter fait la jonction entre tous les éléments des tomes précédents et les Œils (sic!) du temps, c’est-à-dire les Premiers-nés du titre. Ce troisième tome, malheureusement, se révèle aussi laborieux qu’ennuyeux, malgré quelques passages réussis et une saine volonté de vouloir « nouer ensemble » toutes les pistes empruntées par les tomes précédents.

La trilogie de « L’Odyssée du temps » est un ensemble « malade de son hétérogénéité », mais paradoxalement cette hétérogénéité, ces surprises régulières, participent du charme global qui se dégage des deux premiers volumes. Le troisième (remake au carré du deuxième : la menace venue d’ailleurs, les « préparatifs de survie », la confrontation) n’est pas de trop, il est raté.

Au final, on conseillera le premier tome à ceux qui veulent lire de la SF à papa pleine de grands empires en mouvements (Macédoniens, Mongols). Les tomes deux et trois, conçus pour pouvoir être lus sans le un (les rappels des faits sont nombreux), plairont plutôt aux fans hardcore de Baxter qui veulent tout savoir sur la construction d’un bouclier planétaire, les conséquences de l’immersion totale d’une planète jovienne dans le Soleil et la nature de sphères dont le rapport circonférence/diamètre est trois, au lieu de Pi. 

Tempête solaire

[Critique commune à L'Œil du tempsTempête solaire et Les Premiers-nés.]

Une équipe de l’ONU en hélicoptère — une femme, deux hommes —, et les trois cosmonautes d’une capsule Soyouz sont pris dans un étrange phénomène physique et s’aperçoivent assez vite que la Terre a été démontée puis remontée avec des morceaux d’époques différentes, a priori toutes antérieures à leur naissance. L’équipe de l’ONU rejoint un contingent de l’armée britannique du milieu du XIXe siècle, dans le nord de l’Inde, et l’équipe du Soyouz observe trois grands peuplements humains très développés sur cette nouvelle Terre baptisée Mir, avant d’initier leur rentrée dans l’atmosphère. Babylone est le plus proche : une ville coupée en deux par une explosion nucléaire « ancienne », vers laquelle, après quelques péripéties, vont converger l’armée d’Alexandre Le Grand et celle de Gengis Kahn, ainsi que nos voyageurs du futur (du moins ceux qui ont survécu).

Le premier volume de cette trilogie Baxter/ Clarke est un étonnant mélange de hard science discrète et de SF à papa (on pense à certains romans de Silverberg, agréables mais mineurs). Même si la première partie, jusqu’à la page 128, est un poil laborieuse, on progresse vite vers la confrontation Gengis Kahn/Alexandre le Grand promise, le tout vu par des yeux modernes. Suivre les aventures de Zabel et Bisesa, découvrir un Rudyard Kipling jeune, tout cela fait de L’Œil du temps une sorte de plaisir coupable, à l’ancienne, tout à fait recommandable si on supporte les maladresses d’exposition et la violence. Car, comme Origine, par moment L’Œil du temps envoie du bois et pas pour rire (viols, décapitations, énucléations, chirurgie avec les moyens du bord). Pas de doute, on savait s’amuser à ces époques-là (le mélange n’arrange rien, bien au contraire). Mais Baxter ne s’attarde jamais sur cette violence qu’il n’essaye même pas de mettre en scène. Au voyeurisme, il préfère le factuel sec et distant. Contrairement à ce qui se passe dans la vraie vie, ici un viol ne dure jamais plus d’une ligne.

Tempête solaire, le second tome, part dans une direction tellement différente qu’on en est déboussolé pendant presque toute sa lecture. Le 9 juin 2047, une tempête solaire frappe la Terre et provoque de nombreuses catastrophes, électriques et autres. S’ensuit une intrigue hard science autour d’une seconde tempête solaire, « a global killer », prédite pour quatre ans et demi plus tard par un génie des neutrinos. Force est de constater que c’est du pur Baxter, dans sa veine DélugeArche, avec une catastrophe, une solution « impossible ou presque », un fond progressiste très marqué, une grande foi dans le futur. On n’évite pas de longues plages d’explication à base de physique des particules, mais aussi des passages d’exposition, patauds, qui semblent ressurgir d’un autre âge de la SF, celui, justement, des Fontaines du paradis d’Arthur C. Clarke.

Dans le troisième tome, Baxter fait la jonction entre tous les éléments des tomes précédents et les Œils (sic!) du temps, c’est-à-dire les Premiers-nés du titre. Ce troisième tome, malheureusement, se révèle aussi laborieux qu’ennuyeux, malgré quelques passages réussis et une saine volonté de vouloir « nouer ensemble » toutes les pistes empruntées par les tomes précédents.

La trilogie de « L’Odyssée du temps » est un ensemble « malade de son hétérogénéité », mais paradoxalement cette hétérogénéité, ces surprises régulières, participent du charme global qui se dégage des deux premiers volumes. Le troisième (remake au carré du deuxième : la menace venue d’ailleurs, les « préparatifs de survie », la confrontation) n’est pas de trop, il est raté.

Au final, on conseillera le premier tome à ceux qui veulent lire de la SF à papa pleine de grands empires en mouvements (Macédoniens, Mongols). Les tomes deux et trois, conçus pour pouvoir être lus sans le un (les rappels des faits sont nombreux), plairont plutôt aux fans hardcore de Baxter qui veulent tout savoir sur la construction d’un bouclier planétaire, les conséquences de l’immersion totale d’une planète jovienne dans le Soleil et la nature de sphères dont le rapport circonférence/diamètre est trois, au lieu de Pi. 

  1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280 281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315 316 317 318 319 320 321 322 323 324 325 326 327 328 329 330 331 332 333 334 335 336 337 338 339 340 341 342 343 344 345 346 347 348 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359 360 361 362 363 364 365 366 367 368 369 370 371 372 373 374 375 376 377 378 379 380 381 382 383 384 385 386 387 388 389 390 391 392 393 394 395 396 397 398 399 400 401 402 403 404 405 406 407 408 409 410 411 412 413 414 415 416 417 418 419 420 421 422 423 424 425 426 427 428 429 430 431 432 433 434 435 436 437 438 439 440 441 442 443 444 445 446 447 448 449 450 451 452 453 454 455 456 457 458 459 460 461 462 463 464 465 466 467 468 469 470 471 472 473 474 475 476 477 478 479 480 481 482 483 484 485 486 487 488 489 490 491 492 493 494 495 496 497 498 499 500 501 502 503 504 505 506 507 508 509 510 511 512 513 514 515 516 517 518 519 520 521 522 523 524 525 526 527 528 529 530 531 532 533 534 535 536 537 538 539 540 541 542 543 544 545 546 547 548 549 550 551 552 553 554 555 556 557 558 559 560 561 562 563 564 565 566 567 568 569 570 571 572 573 574 575 576 577 578 579 580 581 582 583 584 585 586 587 588 589 590 591 592 593 594 595 596 597 598 599 600 601 602 603 604 605 606 607 608 609 610 611 612 613 614 615 616 617 618 619 620 621 622 623 624 625 626 627 628 629 630 631 632 633 634 635 636 637 638 639 640 641 642 643 644 645 646 647 648 649 650 651 652 653 654 655 656 657 658 659 660 661 662 663 664 665 666 667 668 669 670 671 672 673 674 675 676 677 678 679 680 681 682 683 684 685 686 687 688 689 690 691 692 693 694 695 696 697 698 699 700 701 702 703 704 705 706 707 708 709 710 711 712 713 714  

Ça vient de paraître

La Maison des Soleils

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 114
PayPlug