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Sept secondes pour devenir un aigle

Sept secondes pour devenir un aigle est le dernier recueil publié de Thomas Day. En six nouvelles et un peu plus de trois cent pages, il livre sa vision, justement pessimiste, de l’état du monde et de l’avenir de l’humanité. S’y ajoute, pour le lecteur, une postface documentée de Yannick Rumpala, spécialiste de la décroissance, proche donc du souci de Thomas Day ici.

Car ce dont nous parle l’auteur — convaincant car convaincu — dans un recueil très joliment illustré par Aurélien Police, c’est d’écologie, de deep ecology, même, idéologie radicale qui considère comme moralement condamnable de traiter le monde comme une ressource au service de l’homme, et l’enjoint à respecter la planète sur laquelle il vit ainsi que les êtres vivants avec lesquels il la partage.

Protéger la planète, les biotopes, la biodiversité, est nécessaire en soi car tout ce qui est a une valeur, indépendamment de son utilité pour l’Homme. Cela implique conscien-ce, respect et maîtrise ; la deep ecology c’est à peu près l’opposé exact de l’Ancien Testament invitant les hommes à croitre et à se multiplier en soumettant la Terre et ses créatures.

Sauver la planète, la venger, la soigner, s’assurer au moins de ne pas la meurtrir plus, c’est à ces tâches que s’affairent les personnages de Thomas Day. Suivons-les.

Commençons par « Mariposa », très beau texte, délicat et empreint de nostalgie. On y voit un groupe de Japonais assistés d’un Américain — ennemis d’hier qui tentèrent mutuellement de s’éliminer et y réussirent en partie — faire cause commune pour protéger une espèce d’arbre à papillons endémique, rendant par là même à la terre une partie de ce qu’elle leur donna. Et pas seulement sur un plan symbolique…

Dans « Sept secondes pour devenir un aigle », un vieux rebelle indien transmet le flambeau de la révolte à un fils adolescent qu’il n’a pas élevé. Venger la Terre, blesser ceux qui la blessent, est la seule voie droite : c’est celle que Johnny la Vérole enseigne à Léo au cours de sa dernière chevauchée vers une revanche qui est celle de la Terre meurtrie. Léo y apprendra à vivre sans argent, hors du système, en se protégeant des objets de la modernité qui attachent au mode de production suicidaire que l’Occident impose au monde.

« Ethologie du tigre » est un beau texte dans lequel un homme qui a fait le choix, difficile mais raisonnable, de ne pas se reproduire, étudie les tigres et tente sans espoir de protéger cette espèce qu’il aime d’une extinction programmée par l’humanité.

« Shikata gan ai » fait du lecteur le spectateur d’un désastre écologique. Dans une ambiance à la Stalker, on suivra des récupérateurs pillant la zone interdite de Fukushima pour vivre de la revente d’objets abandonnés par les populations en fuite.

« Tjukurpa » est proche de « Sept secondes… ». Personnages issus de peuples premiers aux marges de la modernité ravageuse, retour aux pratiques et valeurs anciennes, recherche d’harmonie avec le monde, y compris en version virtuelle, rétribution violente et décroissance « forcée » dans une forme, ici subliminale, d’écoterrorisme doux.

Enfin, « Lumière Noire » nous montre une Terre nettoyée d’une bonne partie de l’Humanité par une IA rogue décidée à réaliser enfin le potentiel jamais exploité de l’Homme en se tournant vers les étoiles. Inquiétant et déjanté. Peut-être nécessaire.

Sur un thème capital, Sept secondes pour devenir un aigle combine l’urgence d’un cri primal à une vraie maîtrise narrative. C’est donc un recueil éminemment recommandable.

Ceux de l'autre rive

1935. La Grande Dépression est encore vivace aux Etats-Unis. L’économie est moribonde ; la misère est grande, surtout dans les zones rurales.

Dans ce contexte morose, Frank et Eudora, un couple en rupture de ban, s’installent à Whitbrow — petite ville de Géorgie dans laquelle Frank vient d’hériter d’une maison — pour y démarrer une nouvelle vie. Eudora remplacera l’institutrice de la ville et Frank prévoit de faire des recherches pour écrire la biographie de son terrifiant ancêtre local, un planteur esclavagiste, cruel et sanguinaire, assassiné lors de la révolte de ses esclaves. Le couple s’intègre lentement à la vie de Whitbrow et découvre, ce faisant, les étranges traditions de la petite ville et le mystère qui entoure la forêt de l’autre côté de la rivière. Vient un jour où une décision malheureuse de la communauté provoque une avalanche d’évènements terrifiants…

Ceux de l’autre rive est un premier roman, et il en a deux ou trois traits caractéristiques. Quelques mots ou expressions trop modernes dans la bouche d’un narrateur des années 30, des personnages peut-être un peu trop contemporains dans leurs attitudes (même pour des intellectuels de la Côte Est), certains dialogues imparfaits, une motivation maléfique pas totalement réaliste. On pourra aussi lui reprocher une fin sans doute rapide, et qui, par certains côtés, fleure bon le jeu de rôle.

Mais il serait vraiment dommage de s’en tenir là.

Ceux de l’autre rive possède une bonne histoire, au rythme de progression très satisfaisant. Il parvient à être un roman de genre bien typé qui se camoufle sur une bonne partie de sa longueur, évitant ainsi l’écueil d’une catégorisation trop rapide tout en instillant dès l’abord un sentiment de malaise intense. Intrigant un lecteur qui n’a, longtemps, pas tous les éléments du mystère en main, il l’invite à croiser deux personnages principaux détaillés et attachants, ainsi qu’un nombre conséquent de seconds rôles pittoresques et hauts en couleur, dans une bourgade reculée de l’Amérique profonde que la modernité n’a pas encore atteinte. Convaincant dans la description qu’il fait d’hommes simples dépassés par les évènements, Buehlman montre très bien la désagrégation rapide d’une petite communauté confrontée à une menace trop grande pour elle, et l’inefficacité de « civils » tentant de résister par la force à une adversité violente. N’est pas un vétéran de la grande Guerre qui veut ; seul Frank peut s’en vanter.

Ceux de l’autre rive, malgré ses défauts de jeunesse, est un ouvrage agréable et palpitant, un page-turner très distrayant. Il y a dans ce premier roman quelque chose du Stephen King des débuts, quand il savait écrire court et inquiéter sans abuser d’effets gore, quand il savait aussi faire entrer le lecteur dans les rituels intimes d’une communauté sans l’abreuver de références pro domo. Quant à Buehlman, c’est un auteur dont il faudra suivre la maturation ; en France dès qu’aura été traduit son second roman : Between two fires.

J’y vais de ce pas.

Mausolées

Europe. Futur indéterminé. Siècle prochain ?

Les Conflits sont terminés. Ils ont culminé dans l’Année Noire et éradiqué une bonne partie de l’Humanité. Réinventant les structures de la Renaissance italienne, les hommes font leur vie dans des Cités-Etats largement autonomes, elles-mêmes regroupées, en Europe du moins, en une Fédération lâche et lointaine. Cette vie, même dans la version rabougrie qu’imposent les restrictions de l’Après-guerre, ne durera peut-être plus longtemps car la fertilité humaine a diminué de façon drastique sous l’effet des armes chimiques et génétiques utilisées massivement pendant les Conflits.

Dans ce monde rieur, précisément dans la cité de Sargonne où il arrive en « ferrail », se présente au lecteur le jeune Léo Kargo, embauché comme bibliothécaire et biographe par le célèbre et énigmatique Pavel Khan, chef de guerre des Conflits, combattant impitoyable pour la démocratie, fléau des potentats mafieux, mercenaire devenu avec la paix milliardaire et mécène. Dans la base fortifiée de son nouveau patron, Kargo découvre un monde étrange. Une théorie d’assistants — dont la peu farouche Danoo — et de gardes du corps forme le nouvel entourage du jeune homme, qui ne rencontrera pas le « souverain » Khan avant plusieurs mois ; l’immense bibliothèque de Khan, que Kargo est chargé de préserver et d’améliorer, semble lui délivrer un message par-delà les siècles. Mais à l’image de l’humanité entière, et sans doute pour les mêmes raisons, elle est menacée par une lèpre qui détruit les pages et fait disparaître les ouvrages. Il est temps de réagir avant que tout ne disparaisse, en espérant seulement qu’il ne soit pas déjà trop tard. Mais comment espérer quand les projets de réparation génétique ne sont pas encore aboutis, quand la lèpre des livres progresse si vite qu’il faut bien admettre qu’ils tirent peut-être leur révérence car, voulant nous parler d’un monde disparu au point d’être incompréhensible, ils n’ont plus rien d’intelligible à nous dire, quand les derniers jours de Khan sont consacrés à une vieille vengeance ? La bonne idée est peut-être simplement de laisser partir ce qui a fait son temps…

Dans Mausolées, Chavassieux présente au lecteur un théâtre d’ombres rempli d’illusions et de faux-semblants. Nul n’y est seulement ce qu’il affirme, les non-dits et les trahisons abondent ; la méfiance est, pour les résidents de la forteresse, une vertu évolutionnaire qu’ils doivent posséder sous peine de mort. La vie au palais est symbolisée par un jeu de stratégie, le Palais des Fous, créé par Khan lui-même, dans lequel chaque pièce peut être jouée indifféremment par chacun des adversaires. Persuasion, corruption, menace sont nécessaires à la victoire ; il peut même être rationnel de sacrifier une pièce utile pour empêcher l’autre de l’utiliser à son profit.

Finalement assez peu conforme aux canons de la SFF, si ce n’est par son contexte, Mausolées est une histoire de secrets, de vengeance, de paranoïa. C’est un roman qui aurait pu mettre en scène des mafieux contemporains sans être fondamentalement différent. Il peut, de ce fait, décevoir le lecteur attiré par la présentation post-apo’ de l’éditeur. Nonobstant, c’est une très bonne histoire, lente, tendue, qui saisit le lecteur, fasciné par l’étude, presque entomologique, de la vie d’une fourmilière hiérarchisée et organisée. C’est l’histoire de la fin d’un cycle, celui de l’humanité que nous connaissons, de sa philosophie et de ses mythes fondateurs. Car même si les hommes réussissent à maitriser assez le génie génétique — et ceux des humains qui souhaitent l’extinction — pour éviter que l’humanité ne devienne un souvenir, ce qui nous succèdera sera très différent de nous ; comment comprendre le son que rend l’arc d’Ulysse quand on ne sait pas ce qui est une hirondelle ?

C’est aussi en contrepoint une histoire sur la volonté de survivre, de poursuivre, de faire descendance, tant physique qu’intellectuelle.

Eros et Thanatos s’affrontent dans Mausolées ; le lecteur assiste, médusé, à leur duel.

Rappelant plutôt le Boris Vian de L’Arrache-cœur que le Walter Miller d’Un cantique pour Leibowitz, enfermant ses personnages comme dans le Bunker Palace Hôtel de Bilal, Mausolées propose un voyage dans une contrée étrange où vivent des femmes-troncs nues aux membres mécaniques, où une abbaye, reconvertie en place forte, abrite des trésors culturels derrière des systèmes de destruction massive, où des vieillards agressent, depuis leur maison, les passants qu’ils haïssent, où les politiques, corrompus ou incompétents, meurent ou trahissent, où un centre pour handicapés tient lieu, parfois, de centre du monde. Un voyage en terre bien singulière, plaisamment dépaysant.

Très écrit, mais jamais trop, Mausolées est un roman d’une lecture agréable, plein d’images qui embellissent le texte sans jamais l’alourdir inutilement. Un roman recommandable pour peu que le lecteur sache où il met les pieds.

Silo

Ainsi, les prestigieuses éditions Actes Sud lancent « Exofictions », une collection de… science-fiction. Si si. Exercice périlleux, du coup, qui consiste à publier de la SF sans trop que ça se voie, afin d’ambitionner un succès populaire dans un genre réputé répulsif auprès du grand public français. Face au postulat de ce grand écart annoncé, les optimistes verront peut-être là l’occasion de redorer le blason d’un domaine bien malmené en librairie, et de convaincre quelques « critiques littéraires » parisiens de tenter l’aventure SF sans trop se boucher le nez… On peut toujours rêver.

Or donc, pour résoudre cette quadrature du cercle, « Exofictions » a misé sur Hugh Howey, un phénomène outre-Atlantique, une de ces belles histoires qui courent le Net depuis quelque temps : auteur qui s’autoédite sur la Toile ; rencontre un immense succès populaire ; est repéré par un éditeur US qui fait dudit succès initial une réussite mondiale colossale. Bref, Actes Sud a mis le paquet pour obtenir Silo (ils n’étaient pas les seuls sur le coup, naturellement), puis pour le faire connaître (grosse campagne de pub, venue de l’auteur en France, services de presse abondants, etc.). Et force est de reconnaître que l’éditeur arlésien ne s’est pas trompé : il a trouvé le bon produit, une infusion de science-fiction peu corsée à même de ne pas trop agresser le palais délicat d’un lectorat peu habitué au domaine.

Dans un futur indéterminé, après une catastrophe tout aussi indéterminée ayant rendu le monde extérieur impropre à la vie (ou prétendu tel), un petit bout d’humanité se calfeutre dans un immense silo souterrain de cent quarante-quatre étages. On découvre comment il s’organise, une partie de son histoire, les mensonges d’une hiérarchie qui manipule la population, le tout à travers les yeux de quelques personnages clés du Silo.

Si Silo n’est pas un bon livre de SF, c’est indéniablement un bon produit, un page-turner typiquement américain aux cliffhangers parfaitement huilés, à la caractérisation des personnages poussée à l’extrême. Trop, sans doute, car il en devient parfois bavard dans l’introspection excessive de ses héros. Il pèche aussi par une construction non assumée jusqu’au bout. Rappelons qu’il s’agit là, initialement, d’un recueil de nouvelles. Or, si les trois premiers textes nous présentent le point de vue de trois personnages différents, Howey change son fusil d’épaules en cours de route à partir du quatrième récit en cassant son principe. Dommage, car il y avait là, dans cette construction en prisme, une réelle ambition — autre que celle de raconter une histoire rondement menée. Enfin, pour l’amateur de SF un tantinet capé, Silo ne sort jamais d’un schéma ouvertement grand public qui en fait avant tout un « livre de SF pour les nuls », manière de roman post-apo’ dystopique light assez agaçant.

Bref, Silo est un succès public, et ça ne surprendra personne. On l’a dit, Actes Sud ne s’est pas trompé et a mis les petits plats dans les grands. Aussi le candide pourra toujours se dire qu’un tel ouvrage pourrait amener de nouveaux lecteurs à la SF. Mwouais… En attendant, plutôt que lire le tome 2 et 3 (eh oui, il s’agit d’une trilogie !), on relira La Vérité avant-dernière de Philip Dick et Les Cavernes d’acier d’Isaac Asimov, en attendant le prochain titre de la collection « Exofiction », Leviathan Wakes de James Corey, un gros space opera qui envoie du bois, et nettement moins « infusion de SF » que le présent Silo.

Fils du ciel

[Critique commune à Fils du ciel, Lever du jour sur la montagne de fer, L'Empire du milieu, La Glace et le feu et L'Art de la guerre.]

Zhongguo. La Chine. Vaste pays qui fascine et effraie à la fois, y compris de nos jours. À juste titre, si l’on doit croire David Wingrove. Car en cette fin de XXIe siècle, le monde va connaître un bouleversement terrifiant. Sous la conduite de Zao Chun, un haut dignitaire, la Chine lance une attaque imparable contre le monde occidental. Premières visées, les bourses, centres névralgiques où tout se décide. L’assassinat du président des Etats-Unis d’Amérique et l’effondrement des marchés financiers sont le début d’une mécanique précise à l’efficacité redoutable. En quelques mois, l’Europe retourne au Moyen Age. En Angleterre, les gens vivent tant bien que mal dans des communautés refermées sur elles-mêmes. Sans nouvelle des autres pays. Mais tandis que les survivants reconstruisent patiemment un semblant de civilisation, l’ennemi approche. Son but : unifier le monde en une gigantesque cité construite de toutes pièces ; faire disparaître un passé de guerre et de divisions ; pacifier la planète. Mais à quel prix ?

Il est des œuvres portées par leur auteur envers et contre tout. Il est des histoires qui veulent exister jusqu’à leur dénouement. « Zhongguo » est de celles-là. David Wingrove est tenace. Cette série, qu’il défend depuis des années, a déjà été publiée dans les années 80. Mais devant le tassement des ventes, elle n’est pas vraiment arrivée au bout, l’auteur bricolant une fin, plutôt décevante, avant l’heure. Depuis 2011, grâce à un nouvel éditeur, l’aventure recommence. Et, ce qui n’avait pris « que » huit volets doit à présent s’épanouir en vingt romans dont l’architecture est déjà prévue, les titres annoncés.

Les deux premiers tomes, Fils du ciel et Lever du jour sur la montagne de fer, absents de la première mouture, racontent la transition entre notre monde et celui imaginé et voulu par Zao Chun. Les personnages, européens, nous servent de guide. En effet, proches de nous, ils sont la porte d’entrée d’une société codée selon des valeurs parfois bien éloignées des nôtres. C’est d’ailleurs un des problèmes de cette introduction. David Wingrove a voulu tenir par la main son lecteur, ne pas le plonger tout de suite dans un environnement résolument asiatique, aux règles inconnues, voire dérangeantes. Il a donc situé ces deux premiers romans en Angleterre, adoptant pour seul regard celui des Occidentaux victimes d’une attaque imprévue et cruelle. D’où une impression pour le lecteur que tout ce qui vient de l’Est est mauvais, les Chinois sont des monstres sans cœur, etc. Bref, une approche assez caricaturale. Une impression que la suite de la saga dissipe, et c’est tant mieux : dès L’Empire du milieu, traîtres et criminels se recrutent aussi bien chez les maîtres de la société que chez les Hongmao, les Occidentaux.

À partir de ce troisième tome, nous voilà donc sommes immergés dans les eaux troubles du pouvoir… Au XXIIe siècle, le monde est unifié. Tous les habitants (près de quarante milliards !) sont logés dans sept gigantesques cités. La paix semble régner. Mais les rancœurs et les jalousies sont à vif. Les Hongmao ruminent leur défaite et veulent renverser une société sclérosée où ils n’ont pas leur place. Et c’est parti pour des intrigues riches et parfois surprenantes, des complots, des haines, des passions et des trahisons. Tous les ingrédients d’une série nichée dans les hautes sphères sont déployés. Avec une érudition distillée sans ostentation, à bon escient, l’auteur révèle son univers par petites touches. Les personnages n’ont rien de coquilles vides : ils prennent corps, sont animés de sentiments puissants. David Wingrove est un artisan habile. Il connaît son affaire et sait multiplier les points de vue, les intrigues, les coups du sort pour donner du souffle à une saga qui en aura besoin (vingt volumes ! rappelons-le). Souhaitons-lui de trouver son public, d’aller au bout de son dénouement, de ne pas laisser, une fois encore, au bord de la route ceux qui auront cru en « Zhongguo ». Un pari que cette série mérite…

Lever du jour sur la montagne de fer

[Critique commune à Fils du ciel, Lever du jour sur la montagne de fer, L'Empire du milieu, La Glace et le feu et L'Art de la guerre.]

Zhongguo. La Chine. Vaste pays qui fascine et effraie à la fois, y compris de nos jours. À juste titre, si l’on doit croire David Wingrove. Car en cette fin de XXIe siècle, le monde va connaître un bouleversement terrifiant. Sous la conduite de Zao Chun, un haut dignitaire, la Chine lance une attaque imparable contre le monde occidental. Premières visées, les bourses, centres névralgiques où tout se décide. L’assassinat du président des Etats-Unis d’Amérique et l’effondrement des marchés financiers sont le début d’une mécanique précise à l’efficacité redoutable. En quelques mois, l’Europe retourne au Moyen Age. En Angleterre, les gens vivent tant bien que mal dans des communautés refermées sur elles-mêmes. Sans nouvelle des autres pays. Mais tandis que les survivants reconstruisent patiemment un semblant de civilisation, l’ennemi approche. Son but : unifier le monde en une gigantesque cité construite de toutes pièces ; faire disparaître un passé de guerre et de divisions ; pacifier la planète. Mais à quel prix ?

Il est des œuvres portées par leur auteur envers et contre tout. Il est des histoires qui veulent exister jusqu’à leur dénouement. « Zhongguo » est de celles-là. David Wingrove est tenace. Cette série, qu’il défend depuis des années, a déjà été publiée dans les années 80. Mais devant le tassement des ventes, elle n’est pas vraiment arrivée au bout, l’auteur bricolant une fin, plutôt décevante, avant l’heure. Depuis 2011, grâce à un nouvel éditeur, l’aventure recommence. Et, ce qui n’avait pris « que » huit volets doit à présent s’épanouir en vingt romans dont l’architecture est déjà prévue, les titres annoncés.

Les deux premiers tomes, Fils du ciel et Lever du jour sur la montagne de fer, absents de la première mouture, racontent la transition entre notre monde et celui imaginé et voulu par Zao Chun. Les personnages, européens, nous servent de guide. En effet, proches de nous, ils sont la porte d’entrée d’une société codée selon des valeurs parfois bien éloignées des nôtres. C’est d’ailleurs un des problèmes de cette introduction. David Wingrove a voulu tenir par la main son lecteur, ne pas le plonger tout de suite dans un environnement résolument asiatique, aux règles inconnues, voire dérangeantes. Il a donc situé ces deux premiers romans en Angleterre, adoptant pour seul regard celui des Occidentaux victimes d’une attaque imprévue et cruelle. D’où une impression pour le lecteur que tout ce qui vient de l’Est est mauvais, les Chinois sont des monstres sans cœur, etc. Bref, une approche assez caricaturale. Une impression que la suite de la saga dissipe, et c’est tant mieux : dès L’Empire du milieu, traîtres et criminels se recrutent aussi bien chez les maîtres de la société que chez les Hongmao, les Occidentaux.

À partir de ce troisième tome, nous voilà donc sommes immergés dans les eaux troubles du pouvoir… Au XXIIe siècle, le monde est unifié. Tous les habitants (près de quarante milliards !) sont logés dans sept gigantesques cités. La paix semble régner. Mais les rancœurs et les jalousies sont à vif. Les Hongmao ruminent leur défaite et veulent renverser une société sclérosée où ils n’ont pas leur place. Et c’est parti pour des intrigues riches et parfois surprenantes, des complots, des haines, des passions et des trahisons. Tous les ingrédients d’une série nichée dans les hautes sphères sont déployés. Avec une érudition distillée sans ostentation, à bon escient, l’auteur révèle son univers par petites touches. Les personnages n’ont rien de coquilles vides : ils prennent corps, sont animés de sentiments puissants. David Wingrove est un artisan habile. Il connaît son affaire et sait multiplier les points de vue, les intrigues, les coups du sort pour donner du souffle à une saga qui en aura besoin (vingt volumes ! rappelons-le). Souhaitons-lui de trouver son public, d’aller au bout de son dénouement, de ne pas laisser, une fois encore, au bord de la route ceux qui auront cru en « Zhongguo ». Un pari que cette série mérite…

L'Empire du milieu

[Critique commune à Fils du ciel, Lever du jour sur la montagne de fer, L'Empire du milieu, La Glace et le feu et L'Art de la guerre.]

Zhongguo. La Chine. Vaste pays qui fascine et effraie à la fois, y compris de nos jours. À juste titre, si l’on doit croire David Wingrove. Car en cette fin de XXIe siècle, le monde va connaître un bouleversement terrifiant. Sous la conduite de Zao Chun, un haut dignitaire, la Chine lance une attaque imparable contre le monde occidental. Premières visées, les bourses, centres névralgiques où tout se décide. L’assassinat du président des Etats-Unis d’Amérique et l’effondrement des marchés financiers sont le début d’une mécanique précise à l’efficacité redoutable. En quelques mois, l’Europe retourne au Moyen Age. En Angleterre, les gens vivent tant bien que mal dans des communautés refermées sur elles-mêmes. Sans nouvelle des autres pays. Mais tandis que les survivants reconstruisent patiemment un semblant de civilisation, l’ennemi approche. Son but : unifier le monde en une gigantesque cité construite de toutes pièces ; faire disparaître un passé de guerre et de divisions ; pacifier la planète. Mais à quel prix ?

Il est des œuvres portées par leur auteur envers et contre tout. Il est des histoires qui veulent exister jusqu’à leur dénouement. « Zhongguo » est de celles-là. David Wingrove est tenace. Cette série, qu’il défend depuis des années, a déjà été publiée dans les années 80. Mais devant le tassement des ventes, elle n’est pas vraiment arrivée au bout, l’auteur bricolant une fin, plutôt décevante, avant l’heure. Depuis 2011, grâce à un nouvel éditeur, l’aventure recommence. Et, ce qui n’avait pris « que » huit volets doit à présent s’épanouir en vingt romans dont l’architecture est déjà prévue, les titres annoncés.

Les deux premiers tomes, Fils du ciel et Lever du jour sur la montagne de fer, absents de la première mouture, racontent la transition entre notre monde et celui imaginé et voulu par Zao Chun. Les personnages, européens, nous servent de guide. En effet, proches de nous, ils sont la porte d’entrée d’une société codée selon des valeurs parfois bien éloignées des nôtres. C’est d’ailleurs un des problèmes de cette introduction. David Wingrove a voulu tenir par la main son lecteur, ne pas le plonger tout de suite dans un environnement résolument asiatique, aux règles inconnues, voire dérangeantes. Il a donc situé ces deux premiers romans en Angleterre, adoptant pour seul regard celui des Occidentaux victimes d’une attaque imprévue et cruelle. D’où une impression pour le lecteur que tout ce qui vient de l’Est est mauvais, les Chinois sont des monstres sans cœur, etc. Bref, une approche assez caricaturale. Une impression que la suite de la saga dissipe, et c’est tant mieux : dès L’Empire du milieu, traîtres et criminels se recrutent aussi bien chez les maîtres de la société que chez les Hongmao, les Occidentaux.

À partir de ce troisième tome, nous voilà donc sommes immergés dans les eaux troubles du pouvoir… Au XXIIe siècle, le monde est unifié. Tous les habitants (près de quarante milliards !) sont logés dans sept gigantesques cités. La paix semble régner. Mais les rancœurs et les jalousies sont à vif. Les Hongmao ruminent leur défaite et veulent renverser une société sclérosée où ils n’ont pas leur place. Et c’est parti pour des intrigues riches et parfois surprenantes, des complots, des haines, des passions et des trahisons. Tous les ingrédients d’une série nichée dans les hautes sphères sont déployés. Avec une érudition distillée sans ostentation, à bon escient, l’auteur révèle son univers par petites touches. Les personnages n’ont rien de coquilles vides : ils prennent corps, sont animés de sentiments puissants. David Wingrove est un artisan habile. Il connaît son affaire et sait multiplier les points de vue, les intrigues, les coups du sort pour donner du souffle à une saga qui en aura besoin (vingt volumes ! rappelons-le). Souhaitons-lui de trouver son public, d’aller au bout de son dénouement, de ne pas laisser, une fois encore, au bord de la route ceux qui auront cru en « Zhongguo ». Un pari que cette série mérite…

La Glace et le feu

[Critique commune à Fils du ciel, Lever du jour sur la montagne de fer, L'Empire du milieu, La Glace et le feu et L'Art de la guerre.]

Zhongguo. La Chine. Vaste pays qui fascine et effraie à la fois, y compris de nos jours. À juste titre, si l’on doit croire David Wingrove. Car en cette fin de XXIe siècle, le monde va connaître un bouleversement terrifiant. Sous la conduite de Zao Chun, un haut dignitaire, la Chine lance une attaque imparable contre le monde occidental. Premières visées, les bourses, centres névralgiques où tout se décide. L’assassinat du président des Etats-Unis d’Amérique et l’effondrement des marchés financiers sont le début d’une mécanique précise à l’efficacité redoutable. En quelques mois, l’Europe retourne au Moyen Age. En Angleterre, les gens vivent tant bien que mal dans des communautés refermées sur elles-mêmes. Sans nouvelle des autres pays. Mais tandis que les survivants reconstruisent patiemment un semblant de civilisation, l’ennemi approche. Son but : unifier le monde en une gigantesque cité construite de toutes pièces ; faire disparaître un passé de guerre et de divisions ; pacifier la planète. Mais à quel prix ?

Il est des œuvres portées par leur auteur envers et contre tout. Il est des histoires qui veulent exister jusqu’à leur dénouement. « Zhongguo » est de celles-là. David Wingrove est tenace. Cette série, qu’il défend depuis des années, a déjà été publiée dans les années 80. Mais devant le tassement des ventes, elle n’est pas vraiment arrivée au bout, l’auteur bricolant une fin, plutôt décevante, avant l’heure. Depuis 2011, grâce à un nouvel éditeur, l’aventure recommence. Et, ce qui n’avait pris « que » huit volets doit à présent s’épanouir en vingt romans dont l’architecture est déjà prévue, les titres annoncés.

Les deux premiers tomes, Fils du ciel et Lever du jour sur la montagne de fer, absents de la première mouture, racontent la transition entre notre monde et celui imaginé et voulu par Zao Chun. Les personnages, européens, nous servent de guide. En effet, proches de nous, ils sont la porte d’entrée d’une société codée selon des valeurs parfois bien éloignées des nôtres. C’est d’ailleurs un des problèmes de cette introduction. David Wingrove a voulu tenir par la main son lecteur, ne pas le plonger tout de suite dans un environnement résolument asiatique, aux règles inconnues, voire dérangeantes. Il a donc situé ces deux premiers romans en Angleterre, adoptant pour seul regard celui des Occidentaux victimes d’une attaque imprévue et cruelle. D’où une impression pour le lecteur que tout ce qui vient de l’Est est mauvais, les Chinois sont des monstres sans cœur, etc. Bref, une approche assez caricaturale. Une impression que la suite de la saga dissipe, et c’est tant mieux : dès L’Empire du milieu, traîtres et criminels se recrutent aussi bien chez les maîtres de la société que chez les Hongmao, les Occidentaux.

À partir de ce troisième tome, nous voilà donc sommes immergés dans les eaux troubles du pouvoir… Au XXIIe siècle, le monde est unifié. Tous les habitants (près de quarante milliards !) sont logés dans sept gigantesques cités. La paix semble régner. Mais les rancœurs et les jalousies sont à vif. Les Hongmao ruminent leur défaite et veulent renverser une société sclérosée où ils n’ont pas leur place. Et c’est parti pour des intrigues riches et parfois surprenantes, des complots, des haines, des passions et des trahisons. Tous les ingrédients d’une série nichée dans les hautes sphères sont déployés. Avec une érudition distillée sans ostentation, à bon escient, l’auteur révèle son univers par petites touches. Les personnages n’ont rien de coquilles vides : ils prennent corps, sont animés de sentiments puissants. David Wingrove est un artisan habile. Il connaît son affaire et sait multiplier les points de vue, les intrigues, les coups du sort pour donner du souffle à une saga qui en aura besoin (vingt volumes ! rappelons-le). Souhaitons-lui de trouver son public, d’aller au bout de son dénouement, de ne pas laisser, une fois encore, au bord de la route ceux qui auront cru en « Zhongguo ». Un pari que cette série mérite…

L'Art de la guerre

[Critique commune à Fils du ciel, Lever du jour sur la montagne de fer, L'Empire du milieu, La Glace et le feu et L'Art de la guerre.]

Zhongguo. La Chine. Vaste pays qui fascine et effraie à la fois, y compris de nos jours. À juste titre, si l’on doit croire David Wingrove. Car en cette fin de XXIe siècle, le monde va connaître un bouleversement terrifiant. Sous la conduite de Zao Chun, un haut dignitaire, la Chine lance une attaque imparable contre le monde occidental. Premières visées, les bourses, centres névralgiques où tout se décide. L’assassinat du président des Etats-Unis d’Amérique et l’effondrement des marchés financiers sont le début d’une mécanique précise à l’efficacité redoutable. En quelques mois, l’Europe retourne au Moyen Age. En Angleterre, les gens vivent tant bien que mal dans des communautés refermées sur elles-mêmes. Sans nouvelle des autres pays. Mais tandis que les survivants reconstruisent patiemment un semblant de civilisation, l’ennemi approche. Son but : unifier le monde en une gigantesque cité construite de toutes pièces ; faire disparaître un passé de guerre et de divisions ; pacifier la planète. Mais à quel prix ?

Il est des œuvres portées par leur auteur envers et contre tout. Il est des histoires qui veulent exister jusqu’à leur dénouement. « Zhongguo » est de celles-là. David Wingrove est tenace. Cette série, qu’il défend depuis des années, a déjà été publiée dans les années 80. Mais devant le tassement des ventes, elle n’est pas vraiment arrivée au bout, l’auteur bricolant une fin, plutôt décevante, avant l’heure. Depuis 2011, grâce à un nouvel éditeur, l’aventure recommence. Et, ce qui n’avait pris « que » huit volets doit à présent s’épanouir en vingt romans dont l’architecture est déjà prévue, les titres annoncés.

Les deux premiers tomes, Fils du ciel et Lever du jour sur la montagne de fer, absents de la première mouture, racontent la transition entre notre monde et celui imaginé et voulu par Zao Chun. Les personnages, européens, nous servent de guide. En effet, proches de nous, ils sont la porte d’entrée d’une société codée selon des valeurs parfois bien éloignées des nôtres. C’est d’ailleurs un des problèmes de cette introduction. David Wingrove a voulu tenir par la main son lecteur, ne pas le plonger tout de suite dans un environnement résolument asiatique, aux règles inconnues, voire dérangeantes. Il a donc situé ces deux premiers romans en Angleterre, adoptant pour seul regard celui des Occidentaux victimes d’une attaque imprévue et cruelle. D’où une impression pour le lecteur que tout ce qui vient de l’Est est mauvais, les Chinois sont des monstres sans cœur, etc. Bref, une approche assez caricaturale. Une impression que la suite de la saga dissipe, et c’est tant mieux : dès L’Empire du milieu, traîtres et criminels se recrutent aussi bien chez les maîtres de la société que chez les Hongmao, les Occidentaux.

À partir de ce troisième tome, nous voilà donc sommes immergés dans les eaux troubles du pouvoir… Au XXIIe siècle, le monde est unifié. Tous les habitants (près de quarante milliards !) sont logés dans sept gigantesques cités. La paix semble régner. Mais les rancœurs et les jalousies sont à vif. Les Hongmao ruminent leur défaite et veulent renverser une société sclérosée où ils n’ont pas leur place. Et c’est parti pour des intrigues riches et parfois surprenantes, des complots, des haines, des passions et des trahisons. Tous les ingrédients d’une série nichée dans les hautes sphères sont déployés. Avec une érudition distillée sans ostentation, à bon escient, l’auteur révèle son univers par petites touches. Les personnages n’ont rien de coquilles vides : ils prennent corps, sont animés de sentiments puissants. David Wingrove est un artisan habile. Il connaît son affaire et sait multiplier les points de vue, les intrigues, les coups du sort pour donner du souffle à une saga qui en aura besoin (vingt volumes ! rappelons-le). Souhaitons-lui de trouver son public, d’aller au bout de son dénouement, de ne pas laisser, une fois encore, au bord de la route ceux qui auront cru en « Zhongguo ». Un pari que cette série mérite…

Même pas mort

Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos, devrait être mort. Jeté comme un jeune chien fou dans la guerre, il plonge au milieu des ennemis. Le corps transpercé de lances, il est considéré comme perdu. Mais il guérit miraculeusement. Chez les Celtes, à cette époque, pas question de se réjouir d’un tel prodige. Cet homme revenu d’entre les morts est un monstre puni par les dieux. Pour quel crime ? Il lui faudra le découvrir en allant interroger les puissantes et terrifiantes habitantes de l’île des Vieilles. Et comprendre ce qu’on attend de lui.

Ce livre, premier d’une trilogie (le chiffre trois est très important pour les Celtes), est le récit de la vie de Bellovèse. On y découvre un vieil homme, puissant et fier, qui revient sur son existence ; un parcours qui mérite d’être conté, et ce depuis l’enfance, quand il a perdu son père, tué par son oncle Ambigat. Rien de surprenant entre tribus rivales. Le jeune Bellovèse est élevé, avec son frère, par une mère consciente de son rang, resserrée sur sa haine et sa colère, pleine d’une violence légitime mais dévastatrice. Il est éduqué aussi par la forêt et ses habitants, des êtres magiques et cruels, sans tolérance aucune pour la naïveté des humains.

Car le monde que fait éclore Jean-Philippe Jaworski, ancré dans le concret, est empli des personnages fabuleux de l’imaginaire celte. Dans cette culture, la différence entre surnaturel et réel s’estompe sans cesse. Une légère brume, un marais, une île écartée… et on se retrouve aux prises avec des créatures effrayantes que seul un druide peut expliquer et, parfois, apaiser. Dire un mot de trop, aller trop loin dans les bois peut se révéler fatal. Le danger est présent partout, même, et surtout, parmi ses congénères. Les rapports sociaux sont extrêmement codifiés et, par rapport à notre vision actuelle de l’humain, d’une rare violence. La mort est banale, et souvent souhaitable car préférable au déshonneur.

Jean-Philippe Jaworski a abandonné pour un temps son Vieux Royaume, théâtre de Janua Vera, un recueil de nouvelles, et de Gagner la guerre, son premier roman (réédité à l’occasion de la sortie de Même par mort dans une luxueuse édition à couverture rigide). Se plongeant dans un monde qui le fascine depuis longtemps, il réussit le tour de force de faire vivre cette société disparue, revisitée et déformée au fil des générations, et redécouverte ces dernières années grâce aux progrès de l’archéologie. Il immerge son lecteur dans un bain acide, tant la vie est dure, les sentiments exacerbés ; fleuri également, tant la nature, décrite avec précision et amour, impose sa présence. Autre force de cet ouvrage : son exigence. Jean-Philippe Jaworski a la passion des mots. Il emploie le terme juste, même s’il est rare. À l’instar d’un artisan poète, il les choisit, les fait vibrer pour jouer de leur sonorité autant que de leur sens, comme un peintre, il file un motif inscrit dans la trame, mais sans rester linéaire dans sa narration. Les bonds dans le temps sont multiples et toujours justifiés. L’effet est puissant, l’immersion totale. Ce roman est riche et beau. Il ne faut pas passer à côté. Vraiment pas.

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