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Aux origines de la pop culture

En France, l’immédiat après-guerre vit fleurir quantité de maisons d’édition, souvent éphémères, parmi lesquelles deux se montrèrent particulièrement prospères et innovantes : les Presses de la Cité et le Fleuve Noir, qui finirent par unir leurs destinées en 1963. Hachette avait alors le monopole de la distribution en librairie et, pour survivre, les deux nouveaux venus devaient non seulement se distinguer des éditeurs en place, mais aussi échapper à l’emprise de « la Pieuvre verte ». Dans ce but, ils choisirent comme points de vente les petits commerces puis les grands magasins, et, surtout, se forgèrent une identité contrastant fortement avec celle de leurs concurrents « légitimés » : aux Presses de la Cité les best-sellers et les romans populaires, le plus souvent importés des USA, au Fleuve Noir une brassée de collections, tout aussi populaires, animées par une écurie d’auteurs français.

Ce livre retrace la genèse puis l’évolution de ces deux éditeurs, des origines à nos jours, en détaillant les crises qui les ont secoués et qui ont rythmé leur histoire parfois chaotique. Déjà connus pour des ouvrages portant sur la littérature populaire, les auteurs ont bénéficié d’un accès aux archives des Presses comme du Fleuve – du moins à celles qui ont survécu –, mais aussi de certains de leurs auteurs. Loin de se consacrer aux seules vedettes – Frédéric Dard, Georges Simenon, Jean Bruce… –, ils examinent de près des auteurs parfois oubliés aujourd’hui, mais dont l’importance à l’époque était considérable (Paul Kenny).

Autant le dire tout de suite, il est surtout question côté Fleuve Noir des collections « Policier » et « Espionnage », « Anticipation » n’ayant droit qu’à la portion congrue. De façon générale, on peut reprocher sa brièveté à cet ouvrage, en espérant toutefois qu’il ne s’agit que de l’esquisse d’un projet de plus grande ampleur. Toujours est-il que les parties consacrées aux flics et aux barbouzes sont passionnantes, en ce sens qu’elles donnent une bonne idée des enjeux idéologiques des Trente Glorieuses et de la décolonisation.

Ce qui frappe, une fois terminée la lecture d’Aux origines de la pop culture, c’est le parallèle que l’on peut faire avec d’autres structures éditoriales dans des contextes fort différents : les éditions Dupuis dans celui de la bande dessinée franco-belge, et les Marvel Comics dans celui des comics américains. Dans tous les cas, on a une entreprise familiale qui, au fil de sa progression, passe de l’artisanat à l’industrie, puis se retrouve engloutie par une corporation dont elle finit par devenir un rouage, certes utile mais tout à fait secondaire, du simple fait que les enjeux ont changé : ce qui aujourd’hui passe au premier plan, ce n’est pas le livre mais le cinéma, la télévision et les jeux vidéo. Comme le remarquent Artiaga et Letourneux, il est significatif que le Fleuve Noir, au moment où ses collections de romans français périclitaient, se soit lancé dans les novelisations de séries télé.

Mais la structure même de son fonctionnement laissait présager une telle évolution : que ce soit dans les registres du policier, de l’espionnage ou de l’anticipation, l’éditeur ne souhaitait pas tant développer des auteurs que se constituer une écurie de « fournisseurs de contenu », comme on ne disait pas encore. Pour l’écrivain – « le forçat de l’Underwood », dixit Gilles Maurice-Dumoulin –, c’était là une situation confortable s’il assurait une production régulière, mais il pouvait être brutalement remercié quand il ne correspondait plus aux besoins de l’éditeur.

C’est ainsi que, dans le domaine de la SF, on a vu au tournant des années 1980 disparaître du catalogue des « historiques » comme Richard-Bessière, Maurice Limat et Jimmy Guieu, et, une quinzaine d’années plus tard, la collection « Anticipation » elle-même passer à la trappe, laissant sur le carreau ce qu’on a appelé la « génération perdue » (Wagner, Pagel, Ecken…).

Un livre vivement recommandé, ne serait-ce que pour les révélations qu’il dispense grâce à une exploitation intelligente des archives, et pour les documents internes qu’il propose. Quant à savoir ce que la littérature de SF peut retirer de cette « pop culture inepte et marketée en vue d’un marché monde abêtisé à des fins mercantiles », en Bifrosty la question est tranchée depuis longtemps.

Le Temps des sorcières

Le Temps des Sorcières est l’histoire des sœurs Eastwood : Bella, Agnès et Genièvre, trois gamines qui ont grandi ensemble dans l’Amérique de la fin du XIXe siècle, loin de la ville, dans l’absence d’une mère morte en couches, la présence d’un père brutal, et la bienveillance d’une grand-mère un peu sorcière qui les a initiées à la magie. Les années passant et la violence paternelle ne connaissant ni trêve ni limite, les trois sœurs vont l’une après l’autre fuir la maison familiale, brisant ainsi les liens qui les unissaient jusqu’alors. Sans nouvelles les unes des autres, elles se retrouvent pourtant des années plus tard, et par le plus grand des hasards, à New Salem, précisément au moment où un phénomène surnaturel sème la panique en ville. Pour la pieuse population locale, il ne peut s’agir que d’une manifestation maléfique. Les sœurs Eastwood y voient plutôt l’opportunité de rendre aux femmes un pouvoir qui leur a été trop longtemps confisqué.

Le Temps des sorcières est un roman qui entretient un bon nombre de points communs avec son enthousiasmant prédécesseur, Les Dix mille Portes de January (cf. Bifrost n° 105), à commencer par son contexte historique. Mais Alix E. Harrow insiste cette fois davantage encore sur les luttes sociales de l’époque, le mouvement des suffragettes réclamant le droit de vote, les conditions de travail iniques des ouvrières et, plus généralement, le peu de place accordé aux femmes dans cette société en plein essor. La sorcellerie, telle que la conçoit l’autrice, se situe aux antipodes de l’image négative que les fictions ont longtemps véhiculée. Elle est non seulement une source d’émancipation et de (contre) pouvoir, mais avant tout un savoir et une culture qu’il convient de préserver et de transmettre de génération en génération, à travers les livres, les chansons, la tradition orale, toutes ces histoires qui prolifèrent au sein du récit (formules magiques aux airs de comptines, variantes de contes célèbres, ici signées Charlotte Perrault ou les sœurs Grimm). La sorcellerie y est l’exacte opposée de l’ignorance et de la barbarie, de la force brutale à laquelle les sœurs Eastwood ont toujours dû faire face, depuis leur père jusqu’aux autorités de New Salem.

Et puis, dans ce roman comme dans le précédent, il y a cette écriture, toujours au plus près des émotions de ses personnages, de leurs désirs, leurs peurs et leurs espoirs. Sans la plume à fleur de peau d’Alix E. Harrow, les sœurs Eastwood seraient restées de mornes stéréotypes (l’érudite et timide Bella, la craintive et maternelle Agnès, la jeune et rebelle Genièvre). Au contraire, on les découvre au fil du récit dans toute leur complexité.

Le Temps des sorcières n’a sans doute pas la fougue aventurière des Dix mille portes de January. Le parcours de ses héroïnes semble tracé d’avance et, malgré les nombreuses embûches semées sur leur chemin, il ne déviera guère jusqu’à ce qu’elles aient atteint leur objectif final. Le roman n’en est pas moins réussi et doté d’une identité propre pour autant, à la fois plaidoyer féministe résolument moderne, ode à la fiction sous toutes ses formes et émouvant portrait de femmes combatives et fortes. Alix E. Harrow confirme ainsi qu’elle est l’une des voix majeures de la fantasy actuelle.

Summerland

Il y a bientôt dix ans, quelques audacieux lecteurs français découvraient Hannu Rajaniemi et son effarant premier roman, Le Voleur quantique (cf. Bifrost n° 71), œuvre de hard science aussi ardue que jubilatoire, bousculant toutes les conventions du genre pour nous immerger dans une société futuriste radicalement novatrice, puisant son inspiration aussi bien du côté de Greg Egan que de Maurice Leblanc. Les audacieux précédemment évoqués n’ayant pas été en nombre suffisant, l’aventure s’arrêta à ce premier volume et Bragelonne ne publia jamais la suite des rocambolesques aventures post-humanistes de Jean le Flambeur.

Raison de plus pour ne pas rater une seconde fois le rendez-vous que nous proposent aujourd’hui les éditions ActuSF avec l’un des auteurs les plus doués (et rares) de sa génération. Malgré une couverture qui ferait bâiller d’ennui le plus cocaïné des hyperactifs. D’autant que Summerland est une œuvre sans doute beaucoup plus abordable que ses précédents écrits. Il s’agit en premier lieu d’un classique récit d’espionnage, l’histoire d’une agente des services secrets britanniques qui, au terme d’un interrogatoire mouvementé, découvre l’existence d’une taupe et décide de prendre tous les risques pour la démasquer. Il s’agit également d’une uchronie, située en 1938, au moment où la guerre d’Espagne menace de déborder sur le reste de l’Europe. Dans cette version de l’histoire, l’Allemagne n’a jamais sombré dans le nazisme (elle n’est d’ailleurs même pas mentionnée au cours du roman) et la péninsule ibérique voit s’affronter par factions interposées les deux principales puissances du continent : la Grande-Bretagne et l’URSS. Là où les choses se compliquent un peu et font sortir ce livre du cadre habituel des genres susnommés, c’est que l’action se déroule en parallèle sur deux plans : le monde des vivants, et celui des morts. Summerland part en effet du principe que toutes les expérimentations pseudo-scientifiques menées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe par nombre de chercheurs – par ailleurs très sérieux – pour communiquer avec l’au-delà ont conduit à la découverte d’une dimension où aboutissent les âmes des défunts. Une dimension que l’on découvre plus matérielle que spirituelle, obéissant à des règles précises, aussi éloignées soient-elles de celles qui régissent notre univers, et que Rajaniemi va nous exposer en détail sans jamais ralentir son récit, ce qui en soi constitue déjà une sacrée gageure. Les vivants peuvent donc désormais communiquer avec les défunts, via un ectophone, et les morts s’offrir de brefs séjours dans leur monde d’origine en louant le corps de mediums. La découverte et la colonisation en quelques décennies de Summerland va bouleverser tous les aspects de la vie humaine, du rapport individuel de chacun à la mort, jusqu’aux grands équilibres géopolitiques mondiaux.

Et ce sont bien tous ces aspects que Rajaniemi aborde au fil d’un récit étonnamment court compte tenu du nombre incroyable d’idées qu’il brasse. On regrette même qu’il ne se soit pas octroyé davantage de pages pour élargir son champ d’action à d’autres pays, ou pour développer certains concepts qu’il ne fait qu’effleurer, notamment la notion d’au-delà telle qu’elle est envisagée en Union Soviétique, une immortalité on ne peut plus collectiviste. En l’état, Summerland est un roman parfois un peu trop sage et convenu dans ses péripéties, mais qui, dans ses spéculations aussi improbables que rigoureuses, est proprement ébouriffant.

Pam Pam au pays des merveilles

Ouvrir un roman de Karim Berrouka, c’est souvent partir pour une aventure délirante. Autant le dire tout de suite, avec Pam Pam au pays des merveilles, on n’est pas déçu côté déjantage, qu’il s’agisse du texte ou des illustrations de Zariel. Inutile, avec un tel titre, de préciser que le tout est bourré de références.

Insulté en plein début de sieste par une gamine vulgaire (que ceux qui n’aiment que le langage châtié passent leur chemin), Pam Pam, lapin de son état, part à sa poursuite en traversant un peu trop vite le tronc d’un tilleul. À partir de là, tout devient possible. Voilà notre lapin contraint et forcé d’affronter sans relâche des situations loufoques dans lesquelles il risque sa peau. Pas d’autre choix s’il veut quitter ce pays merveilleux où Karim Berrouka fait joyeusement régner un absurde qui doit beaucoup à notre quotidien. Râleur et prêt à en découdre – d’ailleurs, Zariel, depuis quand les lapins ont-ils des canines acérées ? –, Pam Pam fait preuve d’un (mauvais) esprit à toute épreuve pour se sortir des situations les plus improbables.

Comment feriez-vous si vous deviez gober une bulle (la bonne) pour espérer quitter un monde aussi étrange ? Si vous découvriez après deux essais malheureux que vos guides ignorent quelle est la bonne bulle ? Ils connaissent en fait les mauvaises mais sont trop effrayés par la déduction (« Nous préférons le cinéma soviétique. Et Peter Pan ») pour vous aider autrement que par des conseils du type : «Sois ton véritable toi-même, pense Normale Sup, Hypokhâgnise tes space opéras… » Et ce n’est que le niveau 1, car les énigmes du sphynx du Cheshire (hé oui !) vous attendent au tournant si vous voulez atteindre l’hypercentre (« C’est joli comme formulation, on dirait une citation de Damasio… »).

Au delà des jeux avec la logique et les mots, les mésaventures de Pam Pam offrent à Karim Berrouka et à ses lecteurs, un merveilleux défouloir. Elles sont autant d’occasions de cibler les travers de notre société, de ses entreprises et des individus qui la composent, avec le pas de côté nécessaire pour en ricaner gentiment. L’auteur est généreux et distribue des coups de griffes drolatiques à tout va (« On n’est pas des enfants, on est des achepéhis »), mais les transports ferroviaires, les médias, les sites d’achat, la très grande distribution, le capitalisme, le milieu de l’édition, de la chasse, la Justice bénéficient d’un traitement de faveur.

Tout cela — j’en passe et des meilleurs – fait de Pam Pam au pays des merveilles le roman illustré idéal pour décompresser et rire un peu en ces temps plutôt moroses.

Deux vertiges (et autres malaises)

On a souvent qualifié Dominique Douay d’auteur dickien, et il est vrai que l’ombre de PKD plane sur nombre de ses récits, comme dans la nouvelle « Thomas », qui a obtenu en 1977 le Grand Prix de la Science-Fiction Française (futur Grand Prix de l’Imaginaire) ; cela est moins vrai pour le roman phare de cette compilation, La Vie comme une course de chars à voile, qui serait plutôt à rapprocher de l’univers de Christopher Priest.

Dans « Thomas », le rêve schizophrénique d’Alduce est parasité par une entité qu’il n’a pas lui-même créée, et qui va peu à peu dominer l’univers onirique du patient, puis Psychan, l’ordinateur psychanaliste, Georges, le médecin humain, et peut-être un jour la planète entière, tel le Palmer Eldritch du Dieu venu du Centaure.

La Vie comme une course de chars à voiles, probablement le roman le plus ambitieux de l’auteur, jongle certes avec la perception de la réalité, mais le héros, François Rossac, cherche à comprendre le délitement du monde qui l’entoure, comme la plupart des héros priestiens. Il ne plonge pas dans une spirale paranoïaque qui emporte la raison dans un maelstrom lysergique, comme souvent chez Dick. Il y a bien sûr l’élan insensé qui incite à ordonner le monde selon ses propres fantasmes, mais ceux de Rossac se dressent contre les sectes millénaristes, les multinationales et les généraux qui manipulent le monde, et finissent par imposer son propre univers, celui des îles anglo-normandes, qu’un dôme protège d’obscures menaces extérieures, et où Rossac mène une existence privilégiée de champion de chars à voile. L’Archipel du rêve n’est pas loin, mais c’est surtout au Wessex de Futur intérieur que le roman de Douay fait écho.

L’autre roman du volume, Car les temps changent, est le développement d’une nouvelle parue dans le recueil Cinq solutions pour en finir. Il ne s’agit plus là de faire seulement le tri entre l’illusion et la réalité, si tant est qu’elle existe, mais de savoir jusqu’à quel point cette dernière est mise en scène. Le roman flirte avec l’absurde, voire le grotesque, et évoque pour le coup Kafka ou Lem. Chaque 31 décembre a lieu le changement. Vous vous endormez garçon boucher, et le lendemain matin vous êtes président, ou mieux, présidente de la république. Le sexe et l’âge importent peu, seuls comptent l’apparence, le rôle qui vous a été attribué dans un monde où le mot est la chose qu’il exprime, et où la carte devient le territoire. Reste à découvrir qui en est le grand organisateur… Ayant été mystérieusement épargné par le dernier changement, Léo le Lion part en quête de son identité dans une ville en vase clos, un Paris qui s’étage sur une infinité de niveaux, comme la maison aux mille étages de Jean Weiss, et que traversent les canalisations de la Seine et les toboggans du métro. En écho aux slogans de nos dirigeants historiques, du « changement dans la continuité » à la « rupture tranquille » en passant par la nécessité de « mettre un frein à l’immobilisme », Léo découvrira que le changement organisé c’est finalement la continuité assurée, pour que le libéralisme poursuive tranquillement sa route.

En complément de ces deux « vertiges », figurent cinq « malaises », dont l’excellent « Thomas » déjà cité, ainsi que « Froide est ta peau, Sytia. Morne mon désir », et « Le Rêve amoureux », d’une facture plus poétique qui expriment merveilleusement l’art de la concision du novelliste.

Signalons enfin l’interview fleuve de l’auteur par Richard Comballot, qui permet de mieux découvrir et apprécier un écrivain essentiel des années 1970/80, toujours en activité, pour le meilleur… et pour le meilleur.

Ou ce que vous voudrez

Été 2018. Sylvia Harrison est venue à Florence pour écrire son prochain livre. C’est une romancière et une poétesse reconnue, récompensée par un World Fantasy Award. Sa mère ne l’a jamais aimée, mais la littérature l’a aidée à grandir et s’émanciper, l’a sauvée. Elle apprécie les livres, les voyages et la bonne chère. Elle se prépare à participer à la Convention mondiale de science-fiction de San José. Jusque-là, il pourrait s’agir d’un portrait de Jo Walton. Mais Sylvia a 74 ans et, minée par la maladie, elle est consciente d’entamer son dernier livre.

Le narrateur est sa muse, l’ami imaginaire qui s’est incarné dans tous ses textes mais qui reste prisonnier de son crâne (sa « caverne d’os »). Il ne veut pas disparaître avec elle. Il va chercher l’immortalité pour sa créatrice et pour lui-même dans une Renaissance fictive, issue d’un cycle de romans que Sylvia a décidé de revisiter. À la recherche d’une porte sur un éternel été, il invoque avec son accord des souvenirs enfouis de la romancière, dévoilant progressivement les traumatismes de sa vie.

Ou ce que vous voudrez est un roman complexe, qui mêle les trames temporelles et spatiales, et les incises du narrateur en conversation avec Sylvia et avec un futur lecteur. Sa ville de fantasy, Thalia, est le miroir de Florence dans un monde de magie où l’on ne meurt plus de vieillesse, et où le Progrès n’est jamais advenu, où Marcile Ficin et Pic de la Mirandole, mais aussi Miranda et Prospero, sont des mages puissants.

La couverture d’Aurélien Police est une réussite, qui nous fait entrer dans le tableau, en mélangeant les époques et les mondes, et en attirant notre regard fasciné par le dôme de Brunelleschi, la clef d’entrée dans l’histoire.

Jo Walton mobilise les références littéraires de la science-fiction, de la littérature anglaise du XIXe siècle, des humanistes de la Renaissance italienne et des auteurs antiques. Comme dans Morwenna, ses personnages se nourrissent de vrais ouvrages en suscitant des désirs de lecture : Chelsea Quinn Yasbro (avec un clin d’œil appuyé à son Ariosto Furioso), Kim Stanley Robinson, Sofia Samatar… Ou ce que vous voudrez est donc avant tout une ode à la littérature, mais aussi à la culture et à la langue, sous une influence prégnante et revendiquée de Shakespeare et de son Italie imaginaire, avec une érudition gourmande et explicite. C’est aussi une déclaration d’amour à Florence, dont l’autrice nous dévoile les petits plaisirs au quotidien, du glacier de quartier au restaurant gastronomique associatif, et ses coups de cœur parmi les nombreux chefs-d’œuvre de la cité.

Seuls regrets : une fin qui semble un peu précipitée, et le ton distancié, inhérent à la construction du roman, qui freine une lecture immersive. SiMorwenna était un roman par et pour le fan, Ou ce que vous voudrez est un ouvrage d’auteur, un tour de force intimiste qui guide le lecteur dans les rouages de l’écriture : comment sont construites les intrigues, comment naissent et se développent les personnages… Pour ceux qui oseront entrer dans le tableau, soulever le voile, entrer dans la brume de la création !

Vampirologie

Pour qui anime pendant quinze ans < vampirisme.com >, publier tôt ou tard une monographie vouée au sujet est quasiment une évidence. Vu le nombre d’essais consacrés aux vampires, l’ouvrage n’a pas l’ambition d’apporter du sang neuf, mais plutôt celle d’être exhaustif, de montrer le métissage entre les œuvres et le fait que la créature est un miroir du réel, des angoisses de son époque (SIDA, changements de mœurs, etc.) et de ses tabous. Sur ce plan, la tâche est accomplie avec brio. Après avoir posé les bases (mythologie, folklore, Histoire, et la trinité Polidori/Le Fanu/ Stoker), Adrien Party (parfois assisté par des rédacteurs invités) va méticuleusement décliner l’utilisation du vampire sur tous les supports imaginables (littérature ultérieure, cinéma, séries TV, etc.), et selon divers angles (transgression, subversion, etc.), sur un modèle quasi-constant (article introductif, puis liste de dix incontournables, puis interview d’un acteur/expert éminent du domaine concerné), à quelques exceptions près. L’ensemble est bien organisé (quoique de façon assez scolaire), et permet de ne lire que ce qui intéresse le plus l’amateur (une lecture linéaire des 736 pages laissant par contre assez vite l’honnête homme exsangue, pendant négatif de l’exhaustivité du livre). En parallèle, au fil des différents textes, est tiré un bilan de l’évolution de la thématique vampirique, notamment de l’état de monstre bestial antagoniste vivant retiré du monde, vers celui de co-protagoniste tourmenté entre ses natures vampirique et humaine, intégré à la société urbaine et moderne, ainsi qu’à une vraie communauté vampirique. Les jalons les plus capitaux (Anne Rice, Buffy, Twilight, Vampire — La Mascarade, etc.) sont aussi détaillés, et la raison de leur importance disséquée.

L’ouvrage est fort recommandable pour l’amateur de vampires (d’autant qu’il ne cherche pas à vous sucer le sang financièrement parlant), à quelques bémols près : la présentation génère des redites (entre l’article et les dix incontournables, surtout, mais aussi d’une partie à l’autre, particulièrement avec les rédacteurs invités, mais pas que), et ce pavé aurait de fait pu être vampirisé de plusieurs centaines de pages ; elle a aussi pour défaut de noyer l’examen des évolutions dans la masse, et, à notre sens, c’est ce dernier qui aurait dû servir de fil rouge, pas le media d’expression (livre, ciné, etc.). Par ailleurs, l’ouvrage s’étend sur certains points accessoires, mais s’avère mutique sur d’autres : Élisabeth Báthory et son importance sont mentionnées à d’innombrables reprises en quelques mots, mais il faut attendre quasiment la fin du livre pour avoir une vague explication quant à la seconde… Enfin, ultime pinaillage : on aurait apprécié davantage de neutralité dans le propos, certains termes idéologiquement orientés étant acceptables dans un article de blog, moins dans une monographie.

Neuro-Science-Fiction

L’ambition de la collection « Parallaxe » est de proposer des essais de vulgarisation scientifique sous un prisme culturel ludique ; celle de Neuro-Science-Fiction est encore plus grande : fusionner SF et neurologie en un véritable domaine hybride appelé Neuro-SF. Affirmons-le d’emblée : l’entreprise est une franche réussite, tant sur le plan de la vulgarisation (l’auteur emploie des concepts pointus tout en restant toujours compréhensible et agréable à lire) que de l’alliage de ces deux domaines, l’un culturel, l’autre scientifique, à condition d’adhérer au postulat de départ qui est qu’outre les deux domaines divisant traditionnellement la science-fiction (technique et politique), il y en aurait un autre, spécifiquement centré sur le cerveau (vue à laquelle votre serviteur n’adhère pas vraiment, tant les textes relevant du troisième domaine peuvent facilement trouver place dans les deux autres, mais admettons). Précisons toutefois (ce que l’on pourra regretter) que Laurent Vercueil ne se consacre qu’au cerveau organique, laissant donc totalement de côté tout ce qui est améliorations cybernétiques et (plus dommage encore) Intelligences Artificielles.

Dans sa fusion entre ces deux domaines, l’auteur fait évidemment preuve d’une grande compétence dans le premier (la neurologie), puisqu’il est médecin et chercheur dans ce champ scientifique. Sans grande surprise, c’est aussi un fin connaisseur du champ SF, prérequis indispensable à la rédaction de tout essai dans ce domaine culturel. On reste toutefois admiratif devant l’ampleur de ladite érudition, puisque loin de se contenter des exemples les plus évidents d’exploitation du cerveau en SF, il mentionne des textes moins connus, étant dès lors d’une grande pertinence. L’essai est structuré en deux parties : la première part des trois caractéristiques le plus souvent prêtées aux cerveaux extraterrestres en SF (vaste intelligence, contrôle des émotions et agressivité/ défaut d’empathie) et explique comment nos connaissances en neurologie peuvent les rendre crédibles/possibles ; la seconde partie, deux fois plus longue, fait plutôt l’inverse, partant donc du cerveau humain, passant en revue les connaissances actuelles dans divers domaines (sommeil, mémoire, intelligence, etc.), et examinant ce que la SF en a fait à grand renfort d’exemples. Certains clichés sont aussi examinés et démystifiés.

Essai très convaincant forgeant un véritable domaine hybride à partir d’un champ scientifique (la neurologie) et d’un champ culturel (la SF), au style fluide et au ton agréable, vulgarisé de main de maître, voilà un ajout de poids à la collection « Parallaxe ». Espérons que l’auteur en proposera une suite centrée sur les IA et la neuro-cybernétique !

L'Éclat d'étoiles impossibles

Des « dragons » redoutables rodent dans l’hyperespace : pour éviter d’attirer leur attention, la toute-puissante armada de Marbre veut empêcher l’Humanité de faire la guerre en détruisant toutes ses installations et appareils militaires. Donc, en lui faisant la guerre. Oui, c’est d’une folle logique. Et évidemment, l’ampleur des destructions provoquées provoque ce que l’on voulait précisément éviter. Pris entre le marteau et l’enclume, l’équipage hétéroclite du Chien à problèmes n’entrevoit qu’un mince espoir : les deux belligérants semblent redouter au plus haut point l’Intrusion, sorte de portail entre notre univers et un autre. Peut-être la solution s’y trouve-t-elle. Mais pour cela, l’aide d’un autre équipage, celui du capitaine Cordelia Pa, sera nécessaire. La jeune femme, qui a grandi sur les Plaques, escadrille de mégastructures stationnant à proximité immédiate de l’Intrusion, semble avoir un curieux lien avec cette anomalie spatiale, où les lois de la physique sont altérées.

Il est inhabituel, pour ne pas dire bizarre, voire littérairement suicidaire, d’introduire tout un nouveau pan de l’univers, ainsi qu’un groupe de personnages inédit, dans l’ultime tome d’une trilogie. Classiquement, ce dernier est celui de la chute des dominos, pas celui où on continue à les mettre en place. Le roman aurait donc pu imploser, tel un trou noir, sous le poids de sa propre balourdise. Or, pourtant, de façon étonnante, il n’en est rien, et l’auteur s’en tire même plutôt bien. De là à considérer L’Éclat d’étoiles impossibles comme digne d’éloges, il y a un pas : toujours aussi inspiré par les Grands Maîtres récents du (New) Space Opera, il emprunte la solution « coup de baguette magique, pouf y’a plus d’ennemis » de Le Dieu nu : Révélation, de Peter Hamilton, et parvient à faire encore plus cryptique / frustrant, à propos de l’Intrusion, que Iain M. Banks dans Excession. La page 339 a aussi un fort parfum de Babylon 5, dans la façon de ne pas choisir entre Ordre et Chaos lorsqu’ils dévastent la Voie Lactée. Et que dire du recyclage du trope fantasy de l’élu dans un contexte de space opera, en la personne de Cordelia ?

Reste un cycle, « Braises de guerre », qui, malgré ses maladresses, s’en tire non sans honneur, surtout si l’on considère l’énorme masse de space op’ produite par le monde anglo-saxon, une noria globalement des plus médiocres : le propos demeure lisible, fluide, agréable, voire même traversé par quelques fulgurances stylistiques ou conceptuelles tout à fait impressionnantes. Sans doute ne laissera-il pas un souvenir impérissable (à moins de n’avoir jamais lu Banks), mais sa lecture globale n’a rien d’un calvaire.

Patternist

Octavia Butler a 29 ans lorsqu’elle publie en 1976 son premier roman, Le Maître du réseau, qui inaugure l’ambitieuse fresque connue sous le nom de « Patternist », qu’elle peindra de 1976 à 1984. Suivrons, Le Motif (1977), La Survivante (1978, renié par l’autrice), Wild Seed (1980, inédit en français) et enfin Humains, plus qu’humains (1984).

Wild Seed, chronologiquement le premier roman du cycle, retrace la rencontre au xviie siècle de deux êtres hors du commun. Doro le Nubien ne doit son immortalité qu’à sa capacité à transférer son âme dans le corps des humains qu’il tue sans remord. Quant à Anyanwu, qui vient du Bénin, elle est reconnue pour ses incroyables capacités de guérisseuse, mais elle cache en revanche ses pouvoirs de métamorphe et son immortalité qui lui fait traverser les âges depuis quelques centaines d’années. Anyanwu voit en Doro le mari dont elle a toujours rêvé, celui avec lequel elle pourra vivre sans avoir à subir la perte de l’être aimé, mais Doro, s’il n’est pas insensible aux charmes de la déesse, la considère surtout comme un atout pour son grand projet : créer un peuple de mutants surpuissants. Prise dans les mailles du filet de Doro, qui inspire la terreur chez tous ceux qu’il croise, Anyanwu n’a d’autre choix que de lui obéir. Sur ses ordres, elle embarque alors sur un bateau, direction les USA, où elle épouse son fils Isaac, dont les puissants pouvoirs télépathiques font de lui un étalon reproducteur de premier choix. Nul doute qu’à eux deux, ils engendreront des enfants dignes d’élever le peuple des mutants au-dessus de tous les autres et d’assurer ainsi la survie de l’espèce. Mais tout ne se déroule pas comme prévu : la transition, passage de la phase passive à la phase active des pouvoirs, est une épreuve difficile que seuls les esprits forts parviennent à traverser… Avec Le Motif, nous voici dans les années 1970, où Butler dépeint la vie à Forsyth, la ville californienne où Doro continue son élevage de mutants. Il place tous ses espoirs en sa fille Mary, dont il désire faire la plus puissante télépathe de la communauté, celle qui permettra aux télépathes Actifs (ceux qui ont réussi l’épreuve de la transition) de vivre ensemble. La survie de l’espèce, encore et toujours. Lors de sa difficile et douloureuse transition, Mary emprisonne dans son esprit six Actifs et s’avère incapable de les libérer sans risquer de les tuer. Peu à peu les prisonniers, résignés, acceptent de vivre dans le giron de la puissante télépathe dont ils deviennent dépendants. Mais Mary ne compte pas s’arrêter là, et continue d’attirer dans son Motif de nombreux Latents (aux pouvoirs en sommeil) pour les aider à survivre à leur transition. En agrandissant son Motif, elle attire l’attention de Doro qui voit poindre en sa progéniture son nouvel ennemi…

Wild Seed revient sur les origines mythologiques des Patternists, tandis que Le Motif conclut l’ère des fondateurs, Doro et Anyanwu, qui laissent place à une nouvelle génération, celle des Patternists. Ces deux romans sont particulièrement longs et bavards, plus portés sur des joutes verbales que sur l’action. La conclusion est simple, un être aux pouvoirs illimités ne les utilisera que pour soumettre : sexuellement, racialement, socialement, physiquement. Pour Doro ou Mary, qui ont soif de pouvoirs télépathiques, la soumission est une source d’énergie pour assurer leur survie, combattre la solitude, fonder un peuple et faire en sorte que ce dernier survive aux autres, quoi qu’il en coûte. Et c’est là que le propos déconcerte. Si le discours sur l’asservissement des femmes, sur leur nécessaire soumission physique et mentale, avant leur revanche et leur libération, est profondément inscrit dans chacun des deux romans, tout comme le remaniement des cartes raciales, le fait que Butler place l’eugénisme comme seule solution pour la survie d’une espèce interpelle. Par ailleurs, ici pas de laboratoire, ni de pipette, ni de manipulation génétique contrôlée : telles des bêtes, Doro met dans le même lit des hommes et des femmes, contraints par le pouvoir télépathique à se reproduire. Doro, maître tout puissant, esclavagiste de son propre peuple, père incestueux, nous fait oublier par ses pratiques bestiales le but louable de son dessein : la survie.

Humains, plus qu’humains prend place dans un futur post-apocalyptique pas si loin de nous à l’époque de son écriture – en 2017. Eli Doyle est le seul survivant de l’Arche de Clay, un vaisseau spatial qui s’est écrasé dans le désert au retour de la première mission humaine vers une autre planète. Eli porte en lui un virus extraterrestre qui décuple ses appétits nutritifs et… sexuels (tiens donc). Les débuts sont difficiles, les hommes infectés par Eli meurent, tandis que les femmes engrossées par cet astronaute donnent naissance à des êtres hybrides à la frontière entre l’humain et le chat. Survivre, encore et toujours, le virus ne demande que ça, poussant Eli à chasser de nouveaux membres pour agrandir la communauté, jusqu’à ce qu’il croise la route de Blake Maslin et de ses jumelles de seize ans, Rane et Keira…

On retrouve dans ce roman les mêmes thèmes que dans Wild Seed et Le Motif, à ceci près que la nécessité de la survie est soumise à la volonté d’un virus alien dont les humains se retrouvent esclaves, incapables de résister à leurs instincts primaires. Eli serait-il donc moins condamnable que Doro ? Le résultat est pourtant le même : les femmes se jettent dans son lit, incapables de résister à son charisme de mâle dominant. Autres communautés, mêmes mœurs… La lecture de ce roman est supportable grâce à sa structure narrative qui a le mérite d’entretenir le suspense, alternant passé et présent, mais les intentions se répètent et suscitent un certain ennui. Humains, plus qu’humains justifie l’introduction d’une nouvelle mutation, une nouvelle espèce, les Clayarks, qui voudra, comme les Patternists, assurer sa pérennité en se nourrissant des autres, et ouvre la voie vers leur affrontement dans le dernier tome, Le Maître du réseau.

Le Maître du Réseau est une sorte de Patternist suprême, celui dont le Motif est en connexion avec tous les autres. Alors, quand celui-ci se meurt, la guerre de succession fait rage entre ses deux fils légitimes, Teray et Coranseen. Teray n’a que faire du titre, mais refuse de se soumettre télépathiquement à son frère aîné qui exige d’avoir sur lui un contrôle total de ses pensées pour sécuriser son trône. Teray s’enfuit pour rejoindre Forsyth et son père mourant, mais le chemin est long et semé d’obstacles, entre les télépathes envoyés par Coranseen et les raids des Clayarks qui n’aspirent qu’à une chose, contaminer tous ceux qu’ils croiseront sur leur route.

Les femmes passent au second plan dans ce dernier volet : on ne les voit plus se faire engrosser à tour de bras, même si on n’ignore pas leur condition dans cette société ultra-hiérarchisée et patriarcale. Seule Amber, une guérisseuse très puissante, clame et conserve son indépendance, refusant elle aussi de se plier aux volontés de Coranseen. La course au pouvoir n’est qu’un prétexte pour dépeindre un monde où les Patternists ont pris les rênes sur Terre et se sont installés comme une véritable civilisation ; les muets (les humains normaux) sont réduits au rang d’esclaves entièrement contrôlés par télépathie. Quant aux Clayarks, les voici animalisés, leur mutation étant totale. Les manipulations génétiques n’ont plus lieu d’être, seuls le pouvoir et la soumission des minorités comptent désormais.

On ne fera pas ici l’économie de quelques mots sur La Survivante, le quatrième roman d’un point de vue chronologique, volontairement isolé de la critique car renié par son autrice. On y suit les pas d’Alanna, fille adoptive d’un couple de missionnaires ultrareligieux partis sur une autre planète dans l’espoir de sauver l’espèce humaine menacée par les Clayarks. Peu après leur arrivée, les missionnaires rencontrent les Garkohn, une tribu locale, qui les aide à développer leur colonie. Tout va pour le mieux jusqu’à ce qu’ils subissent une attaque des Tehkohns, un groupe rival qui enlève des Garkohn et des missionnaires, dont Alanna, qui va bientôt faire la connaissance de Diut, le charismatique chef du peuple Tehkohn.

Ce texte, que Butler considérait comme son « roman Star Trek », et dont elle a interdit la republication, n’est pas à rejeter en bloc. Car si on peut lui reprocher d’aborder de façon simpliste la rencontre entre deux peuples, et des liens avec les Patternists si ténus qu’on les oublie, le caractère dépaysant du roman est indéniable. Une réécriture du mythe de l’enfant sauvage à travers le personnage d’Alanna, jeune femme attachante, profondément humaine, qui va tomber amoureuse de son ravisseur aux poils bleus… Un peu de romantisme, voire de sentimentalisme, loin de l’esclavagiste Doro et son peuple de mutants.

Si on replace « Patternist » dans son contexte de publication, et au regard de la carrière d’Octavia E. Butler, on lui reconnaîtra l’intérêt d’installer une femme afro-américaine parmi les auteurs de science-fiction des années 70 et 80, très majoritairement blancs et masculins. Mais l’œuvre aurait certainement gagné en saveur et en pertinence si elle avait été condensée en une simple trilogie.

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