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Les Dieux incertains

[Critique commune à Le Signe des Locustes et Les Dieux incertains.]

M. John Harrison ne fait pas franchement l'unanimité. Il suffit de parcourir quelques Forums ou plusieurs critiques pour s'en convaincre. « Sous-Moorcock » pour les uns, « style illisible » pour les autres, cet Anglais discret et sympathique (que les chanceux présents aux Utopiales de Nantes ont eu l'occasion de rencontrer) n'est pas un auteur facile, loin s'en faut. Obscurs, parfois difficilement compréhensibles, voire franchement « circonvolutionnés », ses romans sont pourtant intelligents, curieux, inventifs, drôles (oui oui) et surtout déraisonnables. Deuxième et troisième parties de l'improbable cycle de « Viriconium », Le Signe des locustes et Les Dieux incertains ne dérogent pas à la règle. Leurs détracteurs devraient donc se compter par centaines (au moins). Reste que les colonnes de Bifrost sont un lieu où il est encore possible d'exprimer ses opinions sans craindre l'excommunication. Disons-le donc tout net : oui, M. John Harrison est injustement méconnu et sans doute injustement critiqué. « Viriconium » est un chef-d'œuvre du bizarre, du fou, du n'importe quoi, traversé çà et là de traits bouleversants (rendez-vous aux dernières pages), l'ensemble du texte démontrant deux choses : Harrison sait prodigieusement bien écrire, et il s'amuse beaucoup. Il détourne, retourne, dévie, revient, repart, compare, mais (surtout) évite comme la peste les sujets-verbes-compléments. Il ne suffit évidemment pas de « faire compliqué » pour prétendre à l'excellence, mais Harrison y ajoute l'imagination, la densité, le théâtral (trop, diront certains), le grotesque, l'horreur et un savoir-faire tout sauf fantomatique. « Viriconium » 2 et 3 (et, par la même, l'œuvre entière d'Harrison) ne plairont donc pas aux fans d'Asimov, parce qu'ils s'inscrivent dans une tradition littéraire exigeante, complètement barrée et résolument « adulte ». L'auteur prend nettement position, à nous de le suivre, ou pas…

Reprenons.

Viriconium (cap. Cité Pastel) est un empire comme les autres situés sur Terre après (longtemps après) l'apocalypse. Plusieurs millénaires ont vu émerger et s'écrouler derechef différentes cultures, dont Viriconium est le dernier avatar. Tome 1 du cycle en question, La Cité pastel narrait les aventures des derniers Methvens partis en guerre contre une reine nordique félonne. Situé 80 ans plus tard, Le Signe des locustes s'approche un peu plus du pathologique et raconte une histoire que l'on pourrait aisément qualifier de méta-science-fictionnesque. Une nouvelle menace est à craindre, une menace indicible capable d'abattre le semblant de civilisation mise sur pied à Viriconium. D'abord cantonnée aux bas-fonds de la ville, la nouvelle religion du signe des locustes est le prémisse de quelque chose d'abominable, une horreur sans nom qui vaudra à Tomb le nabot un nouveau voyage vers le nord. Avec lui, Cellur (le maître des oiseaux, laissé pour mort au premier tome), Alstath Fulthor (le premier des ressuscités, vous suivez ?), mais aussi Galen Hornwrack (spadassin déchu rongé d'amertume) et une femme à moitié folle ayant apporté au Bistrot Viriconium (le bar du coin, quoi) une grosse tête d'insecte putréfiée. Pourquoi la folie semble-t-elle s'emparer du royaume ? Que signifient ces présages insectoïdes envahissants ? C'est ce que la petite troupe découvrira après un voyage au bout de l'horreur et de la folie, donnant l'occasion à l'auteur de décrire tout un monde halluciné (dans lequel des entités lunaires transforment un ancien pilote de vaisseau spatial en radio cosmique, un brusque choc des réalités (parallèles ?) entraîne l'invasion involontaire de sauterelles géantes et extraterrestres, tandis que les fidèles du Signe sont la proie de transformations physiques monstrueuses et que Viricomium est au plus mal — Hum…).

Agaçant, horripilant, pénible et somme toute moyennement compréhensible, Le Signe des locustes est pourtant d'une étonnante force littéraire. On peut comparer le roman à une sorte de brouillard permanent parfois troué de zones visibles qui font figure d'illuminations (le passage des marins rendus fous par le Signe, et qui enflamment leurs bateaux, est exceptionnel). Reste que l'auteur va loin, et qu'on ne le suit pas forcément. Réservons donc Le Signe des locustes aux plus motivés, tout en les prévenant que la suite est pire, bien pire. Allons-y donc !

Avec une couverture qui fera sans doute date comme l'une des plus laides de la littérature contemporaine (tout comme Alain Brion un peu plus haut, on a connu Guillaume Sorel plus inspiré, et c'est rien de le dire !), Les Dieux incertains démarre assez mal… Autant savoir que le délire aperçu avec Le Signe des locustes fait figure de conte d'une lumineuse clarté à côté de ce contestable tome 3. Le roman s'enrichit d'ailleurs de trois nouvelles, dont la dernière (« Voyage d'un jeune homme à Viriconium ») éclaire (ou obscurcit, c'est selon) quelque peu la nature parallèle du monde dépeint par Harrison. De fait, le compagnonnage de l'auteur doit autant à Moorcock qu'à Mathurin ou Mervyn Peake, et ce n'est pas innocent si un auteur comme China Miéville rend à Harrison ce qui appartient à Harrison.

Située bien après les deux premiers tomes (mais peut-on raisonnablement parler de tomes ?), l'action de cette dernière partie relève beaucoup plus de l'allégorie évanescente que de la prosaïque linéarité narrative. Un fléau semble s'abattre sur la ville basse, menaçant bientôt la ville haute, refuge de la noblesse et de l'élite. Invisible à l'œil nu (ou alors seulement de loin), ce fléau se caractérise par la lente dissolution de la substance même de la réalité. Les personnages, choses et ordures semblent se fondre dans un même flou gangrené, alors que la déliquescence de cette cité autrefois florissante semble s'accélérer. Témoins (et acteurs ?) de cette profonde dégénérescence, deux frères braillards, ivrognes et immondes, traînent sur les pavés en incarnant toute la mauvaise conscience du monde. Mais leur nature semble pourtant plus proche de la divinité (à priori, les dieux incertains, c'est eux) que ne veut bien le laisser croire leur pitoyable apparence. En parallèle, on suit les aventures (doucement, quand même) d'un peintre radical connu pour la férocité de ses œuvres. Bien décidé (mais vraiment doucement, hein) à sortir une femme peintre célèbre de la zone de quarantaine, il échafaude plusieurs plans (tous voués à l'échec) pour la ramener vers la ville haute, loin d'une maladie qui semble consumer aussi bien sa santé mentale que physique. Sur ce postulat à priori incompréhensible, Harrison manie avec brio son style inimitable, fait d'impasses stylistiques, de pièges littéraires et de sous-entendus violemment ironiques qui posent inévitablement la question ultime : se fout-il de notre gueule ? Oui, certainement, mais avec humour, charme et tendresse, d'où son absolution immédiate.

Avant d'aborder Les Dieux incertains proprement dit, on pourra s'attarder sur la nouvelle « Tégeus Cromis et la lamie », dans laquelle le héros fameux et magnifique de La Cité pastel fait un retour en force, avec une histoire de traque-au-monstre qui n'est pas sans rappeler la bête du Gévaudan et son cortège de mystères.

Au final, Le cycle de « Viriconium » est une œuvre terriblement « à part » dans la S-F d'aujourd'hui, mais son audace stylistique et la circonvolution permanente qui la caractérisent la positionnent d'emblée sur le secteur des OLNI indispensables, à prendre ou à laisser, en fonction des goûts de chacun. Peut-on parler d'anti-S-F ? Peut-être. En attendant, l'un des personnages de Harrison précise d'ailleurs que « plusieurs critiques tentent de présenter ses œuvres comme une suite d'images sans valeur narrative que seul son art lie les unes aux autres. » Une description qu'on peut aisément appliquer à « Viriconium », même si Harrison la réfute. Qu'en faire, donc ? Honnêtement, c'est à vous de voir…

Le Signe des locustes

[Critique commune à Le Signe des Locustes et Les Dieux incertains.]

M. John Harrison ne fait pas franchement l'unanimité. Il suffit de parcourir quelques Forums ou plusieurs critiques pour s'en convaincre. « Sous-Moorcock » pour les uns, « style illisible » pour les autres, cet Anglais discret et sympathique (que les chanceux présents aux Utopiales de Nantes ont eu l'occasion de rencontrer) n'est pas un auteur facile, loin s'en faut. Obscurs, parfois difficilement compréhensibles, voire franchement « circonvolutionnés », ses romans sont pourtant intelligents, curieux, inventifs, drôles (oui oui) et surtout déraisonnables. Deuxième et troisième parties de l'improbable cycle de « Viriconium », Le Signe des locustes et Les Dieux incertains ne dérogent pas à la règle. Leurs détracteurs devraient donc se compter par centaines (au moins). Reste que les colonnes de Bifrost sont un lieu où il est encore possible d'exprimer ses opinions sans craindre l'excommunication. Disons-le donc tout net : oui, M. John Harrison est injustement méconnu et sans doute injustement critiqué. « Viriconium » est un chef-d'œuvre du bizarre, du fou, du n'importe quoi, traversé çà et là de traits bouleversants (rendez-vous aux dernières pages), l'ensemble du texte démontrant deux choses : Harrison sait prodigieusement bien écrire, et il s'amuse beaucoup. Il détourne, retourne, dévie, revient, repart, compare, mais (surtout) évite comme la peste les sujets-verbes-compléments. Il ne suffit évidemment pas de « faire compliqué » pour prétendre à l'excellence, mais Harrison y ajoute l'imagination, la densité, le théâtral (trop, diront certains), le grotesque, l'horreur et un savoir-faire tout sauf fantomatique. « Viriconium » 2 et 3 (et, par la même, l'œuvre entière d'Harrison) ne plairont donc pas aux fans d'Asimov, parce qu'ils s'inscrivent dans une tradition littéraire exigeante, complètement barrée et résolument « adulte ». L'auteur prend nettement position, à nous de le suivre, ou pas…

Reprenons.

Viriconium (cap. Cité Pastel) est un empire comme les autres situés sur Terre après (longtemps après) l'apocalypse. Plusieurs millénaires ont vu émerger et s'écrouler derechef différentes cultures, dont Viriconium est le dernier avatar. Tome 1 du cycle en question, La Cité pastel narrait les aventures des derniers Methvens partis en guerre contre une reine nordique félonne. Situé 80 ans plus tard, Le Signe des locustes s'approche un peu plus du pathologique et raconte une histoire que l'on pourrait aisément qualifier de méta-science-fictionnesque. Une nouvelle menace est à craindre, une menace indicible capable d'abattre le semblant de civilisation mise sur pied à Viriconium. D'abord cantonnée aux bas-fonds de la ville, la nouvelle religion du signe des locustes est le prémisse de quelque chose d'abominable, une horreur sans nom qui vaudra à Tomb le nabot un nouveau voyage vers le nord. Avec lui, Cellur (le maître des oiseaux, laissé pour mort au premier tome), Alstath Fulthor (le premier des ressuscités, vous suivez ?), mais aussi Galen Hornwrack (spadassin déchu rongé d'amertume) et une femme à moitié folle ayant apporté au Bistrot Viriconium (le bar du coin, quoi) une grosse tête d'insecte putréfiée. Pourquoi la folie semble-t-elle s'emparer du royaume ? Que signifient ces présages insectoïdes envahissants ? C'est ce que la petite troupe découvrira après un voyage au bout de l'horreur et de la folie, donnant l'occasion à l'auteur de décrire tout un monde halluciné (dans lequel des entités lunaires transforment un ancien pilote de vaisseau spatial en radio cosmique, un brusque choc des réalités (parallèles ?) entraîne l'invasion involontaire de sauterelles géantes et extraterrestres, tandis que les fidèles du Signe sont la proie de transformations physiques monstrueuses et que Viricomium est au plus mal — Hum…).

Agaçant, horripilant, pénible et somme toute moyennement compréhensible, Le Signe des locustes est pourtant d'une étonnante force littéraire. On peut comparer le roman à une sorte de brouillard permanent parfois troué de zones visibles qui font figure d'illuminations (le passage des marins rendus fous par le Signe, et qui enflamment leurs bateaux, est exceptionnel). Reste que l'auteur va loin, et qu'on ne le suit pas forcément. Réservons donc Le Signe des locustes aux plus motivés, tout en les prévenant que la suite est pire, bien pire. Allons-y donc !

Avec une couverture qui fera sans doute date comme l'une des plus laides de la littérature contemporaine (tout comme Alain Brion un peu plus haut, on a connu Guillaume Sorel plus inspiré, et c'est rien de le dire !), Les Dieux incertains démarre assez mal… Autant savoir que le délire aperçu avec Le Signe des locustes fait figure de conte d'une lumineuse clarté à côté de ce contestable tome 3. Le roman s'enrichit d'ailleurs de trois nouvelles, dont la dernière (« Voyage d'un jeune homme à Viriconium ») éclaire (ou obscurcit, c'est selon) quelque peu la nature parallèle du monde dépeint par Harrison. De fait, le compagnonnage de l'auteur doit autant à Moorcock qu'à Mathurin ou Mervyn Peake, et ce n'est pas innocent si un auteur comme China Miéville rend à Harrison ce qui appartient à Harrison.

Située bien après les deux premiers tomes (mais peut-on raisonnablement parler de tomes ?), l'action de cette dernière partie relève beaucoup plus de l'allégorie évanescente que de la prosaïque linéarité narrative. Un fléau semble s'abattre sur la ville basse, menaçant bientôt la ville haute, refuge de la noblesse et de l'élite. Invisible à l'œil nu (ou alors seulement de loin), ce fléau se caractérise par la lente dissolution de la substance même de la réalité. Les personnages, choses et ordures semblent se fondre dans un même flou gangrené, alors que la déliquescence de cette cité autrefois florissante semble s'accélérer. Témoins (et acteurs ?) de cette profonde dégénérescence, deux frères braillards, ivrognes et immondes, traînent sur les pavés en incarnant toute la mauvaise conscience du monde. Mais leur nature semble pourtant plus proche de la divinité (à priori, les dieux incertains, c'est eux) que ne veut bien le laisser croire leur pitoyable apparence. En parallèle, on suit les aventures (doucement, quand même) d'un peintre radical connu pour la férocité de ses œuvres. Bien décidé (mais vraiment doucement, hein) à sortir une femme peintre célèbre de la zone de quarantaine, il échafaude plusieurs plans (tous voués à l'échec) pour la ramener vers la ville haute, loin d'une maladie qui semble consumer aussi bien sa santé mentale que physique. Sur ce postulat à priori incompréhensible, Harrison manie avec brio son style inimitable, fait d'impasses stylistiques, de pièges littéraires et de sous-entendus violemment ironiques qui posent inévitablement la question ultime : se fout-il de notre gueule ? Oui, certainement, mais avec humour, charme et tendresse, d'où son absolution immédiate.

Avant d'aborder Les Dieux incertains proprement dit, on pourra s'attarder sur la nouvelle « Tégeus Cromis et la lamie », dans laquelle le héros fameux et magnifique de La Cité pastel fait un retour en force, avec une histoire de traque-au-monstre qui n'est pas sans rappeler la bête du Gévaudan et son cortège de mystères.

Au final, Le cycle de « Viriconium » est une œuvre terriblement « à part » dans la S-F d'aujourd'hui, mais son audace stylistique et la circonvolution permanente qui la caractérisent la positionnent d'emblée sur le secteur des OLNI indispensables, à prendre ou à laisser, en fonction des goûts de chacun. Peut-on parler d'anti-S-F ? Peut-être. En attendant, l'un des personnages de Harrison précise d'ailleurs que « plusieurs critiques tentent de présenter ses œuvres comme une suite d'images sans valeur narrative que seul son art lie les unes aux autres. » Une description qu'on peut aisément appliquer à « Viriconium », même si Harrison la réfute. Qu'en faire, donc ? Honnêtement, c'est à vous de voir…

Le Dernier chasseur de sorcières

Désormais édité quasi exclusivement au Diable Vauvert, James Morrow reste fidèle à lui-même en signant Le Dernier chasseur de sorcières. Malicieux, sardonique, iconoclaste, rebelle et sincèrement inquiet quant à l'humanité en général, Morrow mêle avec un incroyable brio humour et sérieux, légèreté et drame, délires anarchisants et sentences dogmatiques, le tout dans un pavé de 700 pages qu'on pourra facilement classer au rayon des chefs-d'œuvre.

Raconté d'une plume subtile, délicieusement décalée, voire vieillotte, Le Dernier chasseur de sorcières est l'archétype du roman humaniste, dénonçant avec intelligence les travers de nos semblables, sans jamais perdre de vue qu'une amélioration est possible, et qu'une foi inébranlable en la science, l'étude et la connaissance pourrait bien nous tirer de la fange dans laquelle nous nous complaisons. Bref, un roman majeur d'un auteur qui l'est tout autant…

Situé à cette époque charnière qui voit la timide arrivée d'une science appliquée et applicable (fin XVIIe, milieu XVIIIe), Le Dernier chasseur de sorcières est divisé en deux parties distinctes, mais entremêlées au fil des chapitres. On suit les aventures (car il s'agit bien d'aventures) de Jennet Crompton, la toute jeune fille d'un chasseur de sorcière anglais patenté, dans la très sombre Angleterre de 1688. Prise sous l'aile de sa tante, la très intelligente, très humaniste et très féministe (pour l'époque, c'est du travail) Isobel, la petite Jennet partage son temps entre l'étude du latin, des mathématiques et des merveilleux traités d'un certain Isaac newton, dont les points de vue sur la nature physique du monde sont en train de bouleverser un ordre que l'on croyait immuable. Destiné à prendre la succession de leur père, le jeune Dunstan s'éloigne peu à peu de sa sœur, accompagnant leur géniteur lors des interrogatoires des sorcières, apprenant l'art de reconnaître la marque du démon, tout en prenant un juvénile plaisir (comme tout le monde d'ailleurs) aux nombreuses pendaisons publiques des suppôts de Satan.

Jennet, de son côté, rejoint la croyance de sa chère tante Isobel dans la non-existence du démon, les « trucs » des chasseurs de sorcières n'ayant évidemment aucun sens ni raison physique.

Malheureusement, le destin est en marche, et c'est au tour de la tante Isobel d'être accusée de sorcellerie, ses expériences scientifiques sentant un peu trop le souffre. Enthousiaste quant à l'idée de brûler sa propre sœur pour la libérer du joug infernal du démon, le père de Jennet mène à son terme un procès retentissant, terminé comme il se doit par un joyeux bûcher purificateur… Témoin impuissant de l'abominable supplice de sa tante, Jennet jure alors de n'avoir plus qu'un seul but dans la vie : faire abroger la loi royale sur la sorcellerie, et par là même, prouver l'inexistence du diable en prônant une rationalité scientifique pure et simple. Tâche ardue qui la mènera jusqu'au nouveau monde (où son père est envoyé avec la mission de purifier les colonies du démon qui s'y complait) et qui lui fera connaître maintes expériences intéressantes (procès des sorcières de Salem, exécutions diverses, massacre de son père et des habitants de leur village, enlèvement par les indiens, vie commune avec une tribu pendant presque dix ans, maternité brutalement stoppée par la variole, mariage avec un postier, seconde maternité plus heureuse, rencontre avec Benjamin Franklin, troisième maternité, vie naufragée sur une île déserte au milieu d'une utopie montée par des esclaves noirs en fuite, bref tout un tas de choses palpitantes, et, aussi curieux que ça puisse paraître, rigoureusement crédibles), avant de se confronter enfin avec son rêve d'enfant, mais dans le rôle de l'accusée !

En parallèle de cette histoire édifiante, drôle, tragique, violente, pathétique et grandiose, James Morrow prend la parole à la première personne du singulier, la donnant allégoriquement au livre principal d'Isaac Newton lui-même (les célèbres Principiaes Mathematicas). C'est donc un livre qui parle, mais un livre immortel, qui a connu beaucoup d'époques et qui, de temps en temps, s'introduit dans l'esprit d'humains soigneusement sélectionnés pour agir. Un parti pris curieux mais hilarant, tour à tour sérieux et potache, le tout masquant bien humblement une érudition proprement stupéfiante.

C'est l'occasion pour Morrow (le livre, donc) de décrire un voyage récent dans la ville de Salem, endroit riant transformé en Disneyland de la sorcellerie, avec vente de citrouilles et balais, néons et hot-dogs, châteaux hantés et trains fantômes, le tout sur le lieu même où des centaines d'innocents (dont une enfant de « quatre ans, rendue folle par trois mois de cachot humide ») subirent les tortures les plus abominables avant de griller vif pour la plus grande gloire de Dieu. Morrow en profite pour évoquer une lettre imaginaire envoyée au directeur de l'entreprise responsable de l'exploitation commerciale de Salem, lui proposant de plancher sur la construction d'un parc de ce genre à Auschwitz, avec petits trains, étoiles jaunes en pin's et compagnie. Une suggestion de mauvais goût, comme il se doit…

D'acidité, James Morrow n'en manque pas, mais c'est d'une acidité lucide qu'il s'agit, jamais amère. Malgré le cortège d'horreurs et de monstrueuses injustices qu'on y trouve, Le Dernier chasseur de sorcières est un livre profondément optimiste, drôle et intelligent. On saluera au passage le Diable Vauvert, dont la justesse de vue éditoriale est rarement prise en défaut, tout en félicitant l'excellent travail de traduction de Philippe Rouard qui a dû beaucoup souffrir. Au final, Le Dernier chasseur de sorcières est tout simplement l'un des plus grands livres de James Morrow, brillantissime auteur de presque soixante ans, dont on attend avec impatience les prochains ouvrages.

Dans la vallée des statues

Principalement connu pour sa très curieuse (et très bonne) Forêt des Mythagos, Robert Holdstock est à l'honneur en « Lunes d'encre », avec deux titres disponibles simultanément, dont un recueil de nouvelles plutôt épais (sans même parler de son autre titre, Le Graal de fer au Pré aux Clercs, roman dont nous vous causons plus bas).

Pour la petite histoire, certains textes proposés ici ont déjà fait l'objet d'un recueil baptisé Thorn (un baby « Lunes d'encre » promotionnel, offert pour l'achat de deux titres de la collection), un livre qui fait office d'apéritif avant les choses sérieuses. Dans la vallée des statues en donne donc plus et plus longtemps, sans toutefois prétendre à « l'intégrale ». Il s'agit plutôt d'une sélection serrée et chronologique, offrant un panorama fidèle et représentatif des évolutions de l'auteur, littérairement, humainement et thématiquement. La collection « Lunes d'encre » fait au passage un excellent travail éditorial sur Holdstock, avec des livres sans équivalent en langue anglaise, ce dont on se félicite.

Écrites de 1974 à 1995, les dix-sept nouvelles qui composent Dans la vallée des statues font la part belle à l'ambiance celtique chère à Holdstock, sans toutefois dénigrer les genres plus classiques, voyages dans le temps et délires spatiaux compris. C'est toutefois sur le terrain sombre, humide, touffu et dense de la « celtitude » que Robert Holdstock donne le meilleur de lui-même. Ainsi, les derniers textes sont tout simplement les meilleurs, avec cette écriture à la fois mystérieuse et cette brutale irruption des mythes celtiques dans un quotidien bien terne. C'est d'ailleurs l'un des intérêts d'un auteur comme Holdstock, qui propose une relecture sans équivalent du « mythe », le livrant à la sauce « réel » avec beaucoup d'efficacité. De fait, point de merveilleux ni d'onirique, mais bien l'odeur de la sueur, du sang, et le primitivisme tout animal (graisse, poils, sperme et os compris) qui caractérise la mythologie celtique. La vie y est brutale, sans pitié, et surtout sans véritable considération pour le genre humain, outil dans le meilleur des cas, victime dans le pire. Bref, on est bien loin du Seigneur des anneaux et l'on pénètre ici un monde très particulier, qui ne ressemble à aucun autre et dont on a bien du mal à se défaire.

S'il est évidemment hors de propos de résumer ici les nouvelles proposées dans ce recueil, on retiendra toutefois l'extraordinaire « Les Selkies », une vision particulièrement réaliste de nos bonnes vieilles sirènes (les femmes poissons, pas les saletés volantes chères à Homère), dans un décor écossais inquiétant (les îles Orcades, pour ne pas les citer) : sorte de Robinson moderne, Peterson attend le retour de « sa » selkie, ces femmes qui surgissent des flots glacés sous forme de phoque, pour se transformer ensuite en arbres, enracinés aux rochers, avant de prendre encore d'autres apparences (suivant un processus complexe et particulièrement peu ragoûtant), toutes plus fascinantes les unes que les autres. Quand c'est une autre selkie qui lui rend visite, Peterson comprend qu'il est arrivé quelque chose à son aimée.

Directement précédente à cette nouvelle de toute beauté, « Le Changeforme » en offre déjà beaucoup, via l'initiation d'un jeune garçon par un shaman angoissé, confronté à une énigme temporelle incompréhensible qui dépasse ses compétences. Allégorie subtile de l'apprentissage et de la liberté qu'il apporte (via un esclavage volontaire), ce texte poétique et (c'est plutôt rare chez Holdstock) optimiste est l'un des meilleurs du recueil.

Dans un registre radicalement différent qui remonte au « jeune » Holdstock, « Vieillir encore » relate une expérience scientifique sans précédent : l'observation de la vie accélérée (chimiquement) de deux enfants créés en matrice artificielle, sous l'œil d'une équipe de chercheurs décidés à percer le secret de l'âge et de la vie. Pathétique, sombre et glaciale, cette nouvelle fait office d'Ovni pour le lecteur habitué au Holdstock celtique. Mais si le décor change du tout au tout, on y retrouve néanmoins cette impuissance bien humaine, cette faiblesse si contraignante et cette terreur sous-jacente à l'œuvre « holdstockienne » en général. Témoin, la nouvelle « Thorn », qui met en scène un sculpteur chargé du visage du christ dans une église catholique, et dont le travail véritable relève de l'alliance avec une divinité païenne bien plus ancienne… Et redoutable.

Au final, Dans la vallée des statues est un recueil parfois fascinant, souvent bizarre, toujours curieux et finalement très inventif, éclairé sporadiquement par l'une des plumes les plus originales du moment. Il est donc temps que le lecteur français découvre Robert Holdstock, un auteur somme toute peu connu et dont on aurait pourtant bien du mal à se passer. Dans la vallée des statues est une excellente porte d'entrée dans un monde très particulier, une sorte de voyage (initiatique ou non, à vous de voir) où l'exigence littéraire n'est pas vaine. Loin de là.

Berceuse

[Critique réalisée à partir de l'édition originale de l'ouvrage]

Première histoire véritablement fantastique de Chuck Palahniuk, Berceuse a quand même végété une vingtaine de mois après sa parution outre-Atlantique avant de faire son apparition dans les librairies hexagonales. Une attente curieusement longue, dans la mesure où Palahniuk fait partie de ces auteurs « best-sellerisés » qui font beaucoup de bien aux finances d'une maison d'édition…

Curieusement publié (mais inscrit dans une certaine continuité) au sein de la collection plus ou moins policière « La Noire » (Gallimard), Berceuse est une sorte de road-movie mis sur papier, entrecroisé de flash-back et de digressions variées. On y retrouve le style propre à l'auteur, et cette narration non-linéaire décalée, broyée et déroutante, qui reste malgré tout d'une grande lisibilité. Après la relative déception de Monstres invisibles, Palahniuk nous revient au sommet de sa forme, dans un roman à la fois terrifiant et hilarant, véritable marque de fabrique déclinée au fil de ses livres.

Berceuse tourne autour d'un vieux conte africain, une berceuse apaisante qui a le pouvoir de faire mourir ceux qui l'entendent. Alors qu'il enquête sur le syndrome de la mort subite du nourrisson, Carl Streator (journaliste traumatisé par la mort de son épouse et de sa fille) prend connaissance de ce sinistre sortilège, tout en réalisant qu'il suffit parfois de le penser pour voir une victime rouler des yeux et s'écrouler.

Transformé en serial killer involontaire, Streator s'embarque dans une odyssée rocambolesque à travers les États-Unis, histoire de récupérer et de détruire toutes les pages 27 du livre qui contient la berceuse tueuse. Avec lui, on trouve une propriétaire d'agence immobilière spécialisée dans la vente (lucrative) de maisons hantées, sa secrétaire apprentie sorcière (et insupportable) et son copain écolo radical. De scènes délirantes en révélations autoflagellantes, tous trois réalisent peu à peu que leur quête les mène droit vers le fameux Livre des Sorcières, grimoire maudit renfermant l'intégrale des sorts du monde entier, pour le plus grand malheur de l'humanité. Dès lors, la tentation du pouvoir pervertit quelque peu les ambitions pures et l'altruisme innocent du début…

Comme on s'en doute (et comme d'habitude), l'intrigue n'est que le prétexte dont se sert Palahniuk pour aligner des remarques sardoniques, parfois sordides, mais toujours percutantes sur l'humanité. De la nécrophilie la plus glauque à l'humour le plus débridé en passant par des scènes d'une rare émotion (tout arrive), Berceuse est un roman majeur, à part, lumineux et absolument inclassable. Polar fantastico-ésotérico-réaliste, ce texte est tout simplement l'un des meilleurs de Palahniuk. De quoi patienter en attendant la traduction prochaine de Diary, dernier opus en date.

Réalité partagée

Sur Monde, les habitants vivent selon la réalité partagée, dans une harmonie consensuelle qui ne souffre aucune dérogation : tout désaccord, toute violence s'accompagnent de terribles maux de tête. Les personnes coupables d'un quelconque crime se trouvent coupées des autres, qui les ignorent, mais reçoivent de l'Etat des pilules destinées à soulager leur souffrance. Une expédition terrienne composée d'anthropologues, d'un géologue et d'une botaniste (l'art floral est omniprésent chez les Mondiens) tente d'étudier les bases physiques de cette réalité partagée. Pour David Allen, rigide chercheur rêvant de grandeur, une telle découverte éradiquerait la violence entre les humains. Bazargan, le chef de l'équipe, est très attentif à observer les coutumes locales afin de persuader les prêtres que les Terriens partagent également la réalité. Si ce n'était pas le cas, ils seraient déclarés irréels et tués sur-le-champ.

Mais les chercheurs ignorent que leur mission dissimule un projet militaire destiné à étudier l'un des sept satellites de Monde, en réalité un artefact se révélant être une arme redoutable. Celle-ci est également convoitée par les Faucheurs, belliqueux extraterrestres qui empruntent, comme les Terriens, les tunnels spatiaux disposés à proximité des systèmes solaires par une race inconnue (une idée décidément de plus en plus répandue dans la S-F). Ce satellite artificiel a-t-il un lien avec la radioactivité qui se concentre sur une seule montagne de Monde, le lieu sacré et interdit de la Première fleur ? Peut-on l'étudier sans déclencher de catastrophe ?

L'intrigue se déroule alternativement sur Monde et dans l'espace, apportant progressivement des réponses aux problèmes posés par ces mystères. La partie scientifique, fort bien documentée, traitant essentiellement de neurologie et de mécanique quantique, est savamment distillée et exposée avec clarté. Il en va de même pour les développements anthropologiques qu'autorise la présentation de cette civilisation originale. Elle ne parasite jamais l'action, très prenante, de ce roman, mais lui fournit au contraire les rebondissements nécessaires pour culminer jusqu'au climax final, digne des meilleurs space op'.

On attend avec impatience la suite de cette trilogie1.

 

Notes :
1. On signalera qu'a été publiée dans le Bifrost n°17 « Les Fleurs de la prison d'Aulite », une novella de Nancy Kress directement à l'origine de la présente trilogie. [NdRC.]

Les Porteurs de cerveau

En 2007, à la mort du père, Daniel Neto retrouve sa famille, qu'il n'aime guère, à l'exception d'une sœur, pour assister aux obsèques. Le représentant de Deuil sur Mesure, venu présenter sa panoplie de funérailles, se remet vite avec la mère qui s'est hâtée de décorer la maison familiale à son goût, tandis que le fils, narrateur du présent journal commenté par le NIET (Nouvel Institut d'Ingénierie EThique), retourne à ses occupations qui consistent surtout à porter sur le monde un regard critique et acerbe et à courir après les seins plantureux.

Autour de lui, des personnes et des objets disparaissent, diverses marques de produits, tandis que de nouvelles lois venues simplifier le monde réduisent le nombre de catégories de combats de boxe ou de thèmes, ou limitent les personnages romanesques à ceux du XIXe siècle.

On l'aura compris, le roman oscille entre l'absurde et le surréalisme, dans une satire de notre société contemporaine où la diversité du choix est en lutte permanente contre la standardisation, qui le limite. Les aphorismes, maximes et autres traits d'esprit, souvent bien trouvés — mais là n'est pas la question —, abondent dans ce texte ; mais ils se multiplient jusqu'à étouffer le récit qu'on peine à suivre. Les remarques sentencieuses interviennent à tout propos au détriment de l'intrigue qui se déroule sans fil conducteur apparent. Il semble bien qu'on ait là un roman à clés dont il manque les serrures.

Dans la guerre entre « et » et « ou », « le "e" a rendu les armes sans conditions » lit-on page 189. Et le récit est malheureusement passé à la trappe au profit d'un discours aussi abscons qu'irritant, trop dense pour être digeste.

Le philosophe et historien Milo, qui a déjà publié divers essais remarqués, au lieu de passer au roman, aurait dû préférer le « ou » au « et ». On apprendra probablement dans une suite la raison pour laquelle les chiens échappent à cette simplification du monde, mais il est probable que devant un tel fatras le lecteur aura lui aussi opté pour le renoncement des tomes à venir.

Passage

Joanna Lander enquête sur les EMI, les expériences de mort imminente, dans un labyrinthique hôpital de Denver. Elle essaye souvent de prendre de vitesse son concurrent Mandrake, qui, en charlatan avisé, oriente les réponses des personnes rescapées d'une mort clinique pour lui permettre de publier ses best-sellers sur la réalité de la vie après la vie. Elle accepte d'aider le neurologue Richard Wright dans ses expériences de simulation des EMI par le biais d'une drogue psychoactive. Mais comme les cobayes sont peu nombreux, Joanna décide à son tour de passer par le fameux tunnel de lumière pour comprendre ce que recouvre ce phénomène, débouchant ainsi… sur le pont du Titanic, peu avant son naufrage !

Délire hallucinatoire, expérience paranormale ou réalité scientifique ? Joanna se perd d'autant plus en conjectures que Wright a du mal à croire à son récit. Elle multiplie donc les EMI simulées tout en enquêtant auprès d'un patient dans le coma, un ancien professeur d'anglais frappé de la maladie d'Alzheimer, avec l'aide d'une gamine cardiaque passionnée par les grandes catastrophes de l'humanité. Les autres cobayes ont-ils également été sur le Titanic ? Pourquoi certains prennent-ils peur ?

L'enquête est racontée avec un luxe de détails, qui n'omet rien d'une conversation ou des aléas de la vie quotidienne. Les contretemps retardant la solution de l'enquête se multiplient de façon trop systématique dans la seconde partie et la réponse finale déçoit quelque peu par son manque d'ampleur : après plus de 800 pages, c'est la montagne qui accouche d'une souris.

Pourtant, on n'arrive pas à décrocher en cours de lecture : les rebondissements, même minimes, soutiennent un intérêt qui va croissant, le contexte est d'un réalisme proche du documentaire concernant l'hôpital et ses malades ; sur les EMI, on aura un compte-rendu à peu près exhaustif autorisant une belle réflexion sur la mort. On s'attache aisément aux personnages bien campés de Joanna et de Richard, mais aussi à Maisie, la touchante et courageuse petite fille au cœur malade, à Vielle, l'infirmière qui refuse de quitter les urgences malgré la faune dangereuse qui y atterrit, et jusqu'aux seconds rôles, comme le bavard ancien combattant de la guerre du Pacifique, la mère de Maisie murée dans ses illusions, Kit, la nièce du professeur d'anglais… Entre les périodes de stress et les scènes attendrissantes, l'humour ne manque pas, pour tempérer un sujet quelque peu morbide, avec de nombreux « running gags » comme la recherche d'un itinéraire dans le dédale de l'hôpital, les fuites à l'arrivée de Mandrake, les portables en surchauffe, etc. On ne peut que rester admiratif en lisant la description finale de la personne au seuil de la mort : ces très belles pages sont tour à tour poignantes, apaisantes, et incitent à la méditation.

Il n'y a pas à dire : Connie Willis sait captiver son lecteur et le tenir en haleine. Malgré une explication un peu décevante en fin de volume, cette lecture se justifie cent fois, ne serait-ce que pour ses belles leçons de vie.

La Mécanique du Talion

Léodor Kovall a été torturé au-delà de l'imaginable. Son corps reconstruit grâce à une assistance medikit, il devient Valrin Hass, mû par une haine inextinguible contre ses tortionnaires. Sa traque l'emmène sur plusieurs planètes et astéroïdes aménagés à la recherche de Jana, la femme sans ongle, qu'un généticien, Xavier Ekhoud, a jadis cloné pour le compte des ennemis de Kovall, la puissante multimondiale KAY. Mais, amoureux d'elle, il a gardé une copie de son ADN, dans l'espoir de la cloner à nouveau. Celui-ci révèle qu'il contient des séquences étrangères, d'origine Vangk.

On retrouve ici des motifs de l'univers que Laurent Genefort construit patiemment au fil de ses romans : les post-humains, présents dès Les Peaux-Epaisses, ainsi que les Portes Vangk permettant de voyager à travers l'espace. Ici, trois d'entre elles, débouchant inexplicablement sur un monde dépourvue de vie, ont permis de trouver un Vangk mort. Mais les luttes pour sa possession ont désactivé la Porte. Les Pèlerins, une branche des Apôtres des Vangk, ont décidé de construire un vaisseau assez puissant pour traverser l'espace jusqu'à Alioculus X2. Jana, contaminée en étudiant le Vangk, est devenue un enjeu dans cette course de vitesse.

Les rebondissements s'enchaînent sans discontinuer et sont dignes d'un space opera classique mais bien maîtrisé. Genefort privilégie l'aventure, ce qui ôte de la profondeur à son roman, malgré des protagonistes plus fouillés que la norme dans ce type de récit — ainsi le personnage de Valrin/Kovall, qui fait l'objet d'une réflexion sur ce qui lui reste d'humanité, à présent que seule sa haine l'anime. D'une lecture agréable et facile, on est assuré de ne jamais s'ennuyer avec ce sympathique roman.

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