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La survie de Molly Southbourne

De la même manière que l’on peut envisager l’existence d’une vie extraterrestre, on doit admettre la possibilité qu’un lecteur de Bifrost ne connaisse pas Molly Southbourne. Cela reste toutefois moins probable que de pécho sous Covid-19 en confinement dans un hôtel Formule 1 réquisitionné pour l’occasion. Mais dans l’éventualité, puisque le présent ouvrage est une suite, rappelons ce qui s’est passé dans Les Meurtres de Molly Southbourne. Depuis son plus jeune âge, Molly génère au moindre saignement des répliques d’elle-même, les « molly », qui cherchent à la tuer. Ses parents lui ont prodigué une éducation spéciale basée sur l’art du combat et ces trois préceptes : « Ne saigne pas. Si tu te vois toi-même, cours. Une compresse, le feu, du détergent.  » Molly a dû se confronter à la vie et aux surprises qu’elle ménage…

Nous la retrouvons donc, sur fond toutefois de changement notable, bien que certaines constantes demeurent. Elle porte un numéro de téléphone tatoué sur le bras qui lui permet de contacter des nettoyeurs l’aidant en cas de crise. Après un grave incident psychotique, Molly vit avec la présence fantôme de ses « gynoïdes », ni clones ni sœurs. Elle va faire la rencontre de Tamara Koleosho, jeune femme d’origine yoruba qui partage la même spécificité : « Je suis comme vous. Quand je saigne, il y a des doubles qui poussent.  » À ceci près qu’elle vit en parfaite harmonie avec ses doubles. Tamara lui permettra de croiser Vitali Ignatiy Nikitovich et d’en apprendre davantage sur sa mère, et partant sur elle-même. Molly va alors devoir redistribuer les rares cartes dont elle dispose, et penser autrement ses alliances…

La Survie de Molly Southbourne a d’entrée l’intelligence de ne pas chercher à reproduire l’effet de surprise initial. Tout en conservant son thème, Thade Thompson en propose une variation, comme on le dirait en musique, qui non seulement ne déçoit pas le lecteur averti, mais conserve et amplifie son intérêt. Tamara apparaît ainsi comme le contrepoint de Molly, davantage préparée à sa condition par son origine yoruba. Rappelons qu’elle est également celle de l’auteur, et que ses particularités ethniques et culturelles la prédisposent à la question du double (cf. notre précédente critique). S’y ajoute une dimension psychiatrique qui enrichit l’ensemble. Sans compter les moments d’actions pures, tels l’exfiltration de Molly par les « tamara  » sous un déluge de balles, ou la transformation de James Down. N’en disons pas plus, sinon que Tade Thompson réussit une nouvelle fois à associer efficacité et réflexion.

D’un récit à l’autre, l’auteur déploie avec cohérence sa narration. En ce sens, on peut tenir le présent texte comme le segment central d’une intrigue en trois parties, qui appelle une résolution. Le moment venu, une reprise en un volume serait d’ailleurs appréciée.

Au terme des précédentes aventures de Molly, on devait admettre qu’il y avait dans l’Imaginaire un avant et un après Tade Thompson. La Survie de Molly Southbourne permet d’affiner : après Tade Thompson, il n’y a que Tade Thompson.

Images de la fin du monde

Poète et écrivain, Christophe Siébert a débuté en 2007 avec son roman J’ai peur (La Musardine). Il est aussi performeur, et lit ses textes accompagné de musiciens ou de vidéo. Et parlons-en, de ses textes : dans le registre noir et horrifique, ils font volontiers la part belle à la pornographie, l’auteur ayant régulièrement été publié chez La Musardine avant d’y diriger une collection ; globalement, on lui retrouve souvent accolé le qualificatif d’underground. Depuis 2019, il est publié au Diable Vauvert, son roman Métaphysique de la viande ayant obtenu le prix Sade.

Comme le dit son auteur, Images de la fin du monde est « une saga post-apocalyptique d’horreur sociale » destinée à s’étendre sur plusieurs tomes (en gros). L’intrigue se passe dans un futur proche — jusqu’en 2025 (hormis quelques flashbacks retraçant le vécu de certains des protagonistes), dans la ville de Mertvecgorod. Cette cité imaginaire est la capitale de la RIM (République Indépendante de Mertvecgorod, qui bénéficie en fin d’ouvrage de sa propre page Wikipédia), un endroit crasseux au possible qui s’étend autour d’une gigantesque décharge à ciel ouvert, la Zona, longue de plus de trente kilomètres, pareille à une énorme boursouflure malsaine symbolisant la décrépitude locale. On y croise de fait nombre de malfrats, de la petite frappe jusqu’au caïd de la pègre locale, des déshérités qui tentent de survivre, des activistes terroristes qui rêvent de renverser la société menée par des politiciens véreux… Les drones – nombreux – survolent et surveillent tout ce beau monde, tentant d’éviter que la cocotte n’explose. Jusqu’à ce que Nikolaï le Svatoj, sorte de gourou gay à la tête d’une milice néonazie qu’il a lui-même mise en place, réussisse à semer le chaos (encore plus), détruisant un échangeur autoroutier et mettant à jour un abîme d’horreur insondable…

Au regard du sous-titre de l’ouvrage, «  Chroniques de Mertvecgorod », nul ne sera surpris d’apprendre qu’il s’agit ici d’un kaléidoscope d’histoires personnelles (nouvelles déjà publiées sur divers supports, mais aussi inédites) qui, réunies, brossent le portrait d’un monde en décomposition. Volontiers trash, Siébert ne recule devant rien, allant jusqu’à proposer une violence assez gratuite pour mieux questionner son lecteur, comme dans « Viande humaine » ou la fin de la première partie de « La Danse de mort ». Mais ce qui peut passer pour de la gratuité aux yeux du lecteur n’est en fait qu’honnêteté de la part de l’auteur : la nature humaine est en effet le matériau premier de son travail, et il le manipule avec une évidente fascination pour ce qu’elle a de plus noir et de plus dérangeant, d’autant plus que son style direct, percutant et éminemment graphique, démultiplie la violence. Siébert souhaite provoquer des réactions chez son lecteur, et le bougre y parvient  : on ne sort pas indemne de cette lente descente, bien souvent en apnée nécessaire, dans les avanies de l’âme humaine ; gageons même qu’une partie du lectorat renoncera à finir l’ouvrage, tant celui-ci ne fait aucune concession. C’est pourtant là toute la force de ce volume, dans ce jusqu’au-boutisme inébranlable qui culmine dans une liste interminable de femmes victimes de violences et battues jusqu’à la mort – 16 pages d’une litanie d’initiales et de dates de naissance et de décès.

Ce roman a beau se dérouler sur les ruines fumantes de l’ex-URSS, la critique sociale concerne bien le monde global dans lequel nous vivons. Choisir un tel cadre permet à Siébert d’exacerber l’aspect satirique et le cynisme ambiant, mais la violence permanente, les états policiers, la mainmise des groupes financiers sur la politique, tout cela tend à devenir universel et ne saurait être réduit à une quelconque zone du planisphère, fut-elle imaginaire. Au passage, on signalera d’ailleurs une certaine parenté entre cette Mertvecgorod et la Yirminadigrad de Léo Henry et Jacques Mucchielli, autre cité fantasmée plein Est ; si le propos et les moyens mis en œuvre diffèrent dans les grandes largeurs, on y trouvera ici quelques réminiscences, notamment dans sa description de la misère sociale.

Fix-up coup de poing, Images de la fin du monde est donc la première des « Chroniques de Mertvecgorod », ville-dépotoir, creuset d’infamie dont les germes envahissent, insidieusement ou ouvertement, notre société moderne, avec Christophe Siébert en guise de guide trash. D’autres suivront, et si le voyage se révèle éprouvant, la force du propos fait qu’on y retournera sans hésiter. D’ici là, on ne manquera pas de consulter le blog de Mertvecgorod, qui propose de quoi prolonger cette exploration des bas-fonds de l’âme humaine

Kra

Dans un futur plus ou moins proche, cataclysmique, un homme veuf recueille dans son jardin une corneille à la joue blanche. Mais c’est tout autant elle qui l’a choisi, afin qu’il devienne le narrateur de ses propres récits. L’oiseau se nomme Dar Duchesnes, «  Du Chêne près de l’herbe », et est immortel. Elle est cette très vieille corneille qu’évoquent dans leurs mythes les Amérindiens, «  Corneille à l’origine des corneilles ». Dar Duchesnes accumule les morts qui sont oubliées au fur et à mesure, mais à chaque résurrection «  il retrouve un peu plus de lui-même que la fois précédente ». L’oiseau est le témoin des différents âges de l’humanité. Les débuts des deux-pattes qui progressivement évoluent en se dotant de compagnons, chiens et chevaux, mais aussi de constructions et de rituels. Le Moyen Âge dont les prêtres tiennent la corneille pour un oiseau noir de mauvaise augure, ce qui n’empêche pas Dar Duchesnes d’apprendre le sens de paroles nouvelles, « Foi. Prière. Saint. Paradis. Enfer » auprès d’un Frère dont il partage l’exil. La corneille ira avec les Saints par-delà l’océan, vers le grand pays qui se situe « côté bec ». Elle vivra avec les Amérindiens et sera proche d’Une-Oreille, solitaire recueilli comme lui. Puis arrivent les Blancs et s’ensuit la guerre et sa mécanisation, aussi bien des comportements que des engins de destruction. Mais au travers des époques se maintient une constante, la corneille est le passeur entre Kra royaume de son espèce, et Ymr royaume des humains. Moins des endroits qu’une double condition, « Ce pays-là, c’est lui qui vient à soi. On y va en restant où on est  », ils permettent le voyage dans le temps et l’espace, d’une partie d’un monde à l’autre, d’un monde à d’autres…

Ainsi que l’évoque Patrick Gyger dans sa belle préface, John Crowley a pâti chez nous d’une infortune littéraire, depuis l’édition inachevée d’Ægypt en 1996, et dix ans après avec la tentative de relance non concluante, la même année chez deux éditeurs, de L’Été Machine et Le Parlement des fées. Avec la publication de Kra, L’Atalante propose moins un retour qu’un rappel : John Crowley est l’un des plus ambitieux auteurs vivants de l’Imaginaire. Dans sa démarche et son exigence, le romancier est d’ailleurs comparable avec un autre grand oublié, John Gardner, dont Le Songe d’Agathon et Grendel entretiennent des affinités thématiques et formelles avec Ægypt et Kra.

Crowley dévide en un style envoûtant une réflexion sur la mort, avant tout celle des êtres aimés et la difficulté à leur survivre lorsqu’ils sont «  morts, archi-morts », formule qui revient régulièrement comme un claquement de bec. La mort qui est habituellement donnée comme horizon assuré, et que pourtant corneille et narrateur peinent à atteindre. Dans un entrelacs d’existence, Dar Duchesnes offre les cadavres des humains à son espèce afin qu’elle s’en nourrisse, lui assurant la vie, et ouvre aux humains le royaume des morts. Ce maillage de vies est aussi celui des deux narrateurs, humain racontant le parcours d’une corneille qui évoque le cheminement humain.

L’addition de narrateurs, et d’un lecteur supposé qui apparaît tardivement dans le récit, est également pour Crowley l’occasion d’interroger le pouvoir de dire, puisque « les mots sont plus grands que leurs sens et capables de vivre sans eux  ». La maîtrise des mots fait la conscience et renvoie au récit de la Genèse qui voit Adam devenir pleinement humain en nommant les êtres et les choses. Crowley revisite ce récit fondateur via un mythe amérindien. De même fait-il référence à l’Épopée de Gilgamesh et la perte de l’immortalité, le mythe d’Orphée lorsque Dar Duchesnes tente de ramener son aimée des Enfers, Esope et son bestiaire fabuleux, le Voyage du saint abbé Brendan qui emmène ici un jeune cuisinier de bord jusqu’en Amérique, ou encore la figure de Tirésias avec Toque de Renard, shaman ni homme ni femme.

Au livre II des Essais, Montaigne disait la difficulté à poser la question « Qu’est-ce que l’homme ? » puisqu’elle désigne aussi bien l’individu que l’espèce. De même est-il malaisé pour l’être humain d’être à la fois le sujet interrogeant et l’objet interrogé. Cette préoccupation profondément humaniste, John Crowley la fait sienne en permettant d’y répondre par notre alter-ego corneille.

À n’en pas douter, Kra s’impose déjà en classique.

Le Magicien quantique

Nous voici face à un beau gros (pas trop) Nouveau Space Opera. Premier roman du canadien de langue anglaise Derek Künsken à être traduit dans notre belle langue de Molière. Avant ça, on avait pu découvrir un échantillon de sa prose dans le numéro 207 (été 2018) de la revue canadienne Solaris : « Couleurs fantômes », sans grand intérêt mais maîtrisé.

Le personnage principal, Belisarius Arjona, est un homo quantus en rupture de ban se livrant à la lucrative activité d’escroc. Les homo quantus sont des HGM, des humains génétiquement modifiés, qui, lorsqu’ils sont en fugue – une sorte de transe – peuvent voir les divers états d’une fonction d’onde quantique sans en provoquer l’effondrement. Dans l’expérience dite « du Chat de Schrödinger », il peuvent ouvrir la boîte et voire à la fois le chat mort et le chat vivant.

Au premier chapitre, on découvre Belissarius dans ses œuvres, lors d’une opération mineure, histoire de nous montrer ce dont il est capable. Puis suit la première partie où il est contacté par Iékanjika, envoyée de l’Union subsaharienne, qui lui demande de faire passer leur flotte de guerre à travers un trou de ver contrôlé par une puissance ennemie…

Belisarius se doit de recruter une équipe pour mener cette mission à bien. Cassandra, une autre homo quantus, aura pour tâche d’abouter les trous de ver. William Gander, ex-mentor de Belisarius, malade en phase terminale, génétiquement déifié, devra introduire les virus conçus par Saint Matthieu dans les défenses informatiques des Fantoches. Les Fantoches, des HGM fabriqués pour en adorer d’autres, les Numen, dont ils étaient esclaves avant que la situation ne s’inverse, détiennent le trou de ver que veut forcer la flotte de l’Union. Gates-15 est un agent double fantoche charger de faire entrer Gander, transformé en Numen par le généticien Antonio Del Casal, au cœur des fortifications fantoches. Saint Matthieu est une intelligence artificielle haut de gammes qui élabore les virus et neutralise de l’électronique au besoin. Vincent Stills et Marie sont des soldats. Lui est un HGM conçu pour vivre au fond des océans à des pressions de 500 à 1000 atmosphères, elle une chimiste experte en explosifs. Ils sont chargés de la diversion et d’exfiltrer le paiement de l’Union.

La troisième partie présente les préparatifs du coup et la quatrième, son exécution.

Imaginez qu’en 1941, la Kriegsmarine ait voulu faire franchir le canal de Suez au Tirpitz, Bismarck, Graf von Spee et autres tas de ferraille de la même eau au nez et à la barbe des Anglais qui tenait alors l’Egypte. Ça tient de la gageure majeure. Mais on l’a dit : Belissarius est un escroc…

En début de lecture, on imaginerait bien une double opération, manquée et réussie, Belissarius finissant, ou pas, d’ailleurs, par effondrer la fonction d’onde à son intérêt. Voire, laissant les fantoches avec une flotte qui ne passe pas et l’Union avec une flotte qui est passée ; une fonction d’onde non effondrée où le chat est toujours à la fois mort et vivant. Derek Künsken déçoit quelque peu en n’ayant pas joué quelque chose d’aussi sophistiqué. Il n’est pas nécessaire de maîtriser les diverses théories scientifiques invoquées par l’auteur pour apprécier le roman. La vieille SF, celle des années 30, n’est de nos jours plus crédible parce que la culture générale de la plupart des gens a intégré assez de science pour que le lecteur ne soit plus à même de suspendre son incrédulité. Un lecteur qui ignorerait tout de Mars aujourd’hui ne serait pas un lecteur de SF ; il n’est plus « croyable » que les autres planètes du système solaire soient habitées. Les Mars d’Edgar Rice Burroughs, Leigh Brackett ou Ray Bradbury ne sont plus crédibles ; il faut au moins la «  Trilogie Martienne » de Kim Stanley Robinson pour que ça marche encore. Pour un physicien quantique, ce que dit ici Künsken de la théorie des quanta n’est peut-être que pur charabia pseudo-scientifique ridicule, mais cela marche fort bien au regard d’un lecteur armé d’une vague connaissance de la théorie. Le gap entre lecteur et auteur ne doit pas être très important. Künsken n’a pas écrit pour un docteur en physique quantique ni pour le dernier des béotiens, mais pour des lecteurs ayant un minimum de culture scientifique. Il demande à être lu comme A. E. van Vogt dont il a repris le principe d’écriture et a modernisé le champ scientifique d’où il extrait son « charabia » de manière à être en phase avec l’époque actuelle.

Le Magicien Quantique a été rédigé selon la pratique de rallonge consistant à suivre chacun des divers protagonistes de chapitre en chapitre. Sans être ennuyeux, le roman manque toutefois de nerf, mais on a là un NSO en rien désagréable qui ravira les aficionados du genre ; les autres peuvent, mais nullement ne doivent, faire l’impasse.

La fin des étiages

Malgré la prolifération du genre sur les écrans (ciné, séries, jeux vidéos) et sous toutes ses formes, malgré l’impératif culturel imposant à ses déclinaisons littéraires de s’hybrider pour exister (1), Gauthier Guillemin faisait la démonstration dans son premier roman, publié à l’automne dernier, qu’une forme plus classique de fantasy avait encore des choses à raconter. Rivages dessinait ainsi les contours d’un monde sylvestre qui s’exprimait autant par ses paysages concrets que par sa dimension onirique, où le voyage du héros tenait à la fois de la fuite, du survival et de l’aventure intérieure. Volontairement exilé dans la forêt du Dômaine, le Voyageur était recueilli par le peuple Ondin, d’origine fabuleuse, partageant un temps ses vicissitudes avant de s’évanouir dans son désir de mouvements et d’espaces. Cette soif de découverte, sinon d’absolu, cette volonté constante d’aller voir ailleurs, facilitée par un étrange pouvoir de téléportation, incitaient du même coup les Ondins à sortir de leur attentisme impuissant pour enfin aller à la rencontre de leurs mythes, et non plus simplement les rêver.

Rivages était l’histoire d’un itinéraire sur une carte, celui du Voyageur, et celle d’un territoire autrement plus vaste que la carte, inexploré. Le trajet du héros se suffisait à lui-même et n’appelait pas vraiment de suite. Mais le territoire bruissait de récits demandant à naître… C’est ainsi qu’a pris forme La Fin des étiages. Le Voyageur en est (quasiment) absent, et les autres têtes d’affiche de Rivages (telle Sylve, la compagne délaissée d’icelui) sont passées au second plan. Le casting est dominé par Quentil, ancien second couteau, à qui échoie le rôle de passeur entre les communautés et les cultures, sujet récurrent chez l’auteur. Les Ondins ne sont pas les seuls habitants de la forêt luxuriante. D’autres peuples, rivaux, alliés, oubliés, entrent en scène. Par la relation de leur découverte et apprivoisement réciproques, mais aussi en mettant en scène tout une gamme de clivages, le roman joue une partition politique plus convaincante, parce que plus complexe et plus crédible, que dans le précédent opus. Les lecteurs de Rivages y retrouveront en outre des questionnements identiques sur les rapports sociaux et sur la place de l’homme dans la nature.

Car tous les peuples du Dômaine n’ont pas développé cette forme de métacommunion avec la forêt prodigieuse. Plutôt qu’une irénique harmonie naturelle, les Nardellynais ont emprunté, à l’image des humains de la cité sans nom fuie par le Voyageur dans Rivages, le chemin du développement industriel et technologique, exploitant sans vergogne ses abondantes et précieuses ressources de bois, de métaux… voire de magie, en dépit du caractère sacré, et même divin, des créatures indigènes d’où cette magie émane.

La cohabitation, dans un cadre non médiéval, d’armes à feu, d’artefacts cyclopéens, d’une technologie à vapeur et d’une sorte de magie élémentaire (sous la forme de machines qui ne sont pas sans évoquer les fameux « djaggernauts » de Magic : the Gathering) n’est pas la moindre astuce d’un récit hybride qui se veut à la fois hommage aux pères fondateurs de la fantasy et relecture moderne. L’imagerie flintlock, proche de ce que l’on peut voir dans certaines œuvres de Miyazaki, est peut-être toutefois la seule convention vraiment novatrice que le livre nous demande d’avaler, tout le reste de l’épopée relevant d’une histoire que nous connaissons déjà fort bien et dont Guillemin ne cache pas l’éternité.

On pourrait en effet facilement résumer l’intrigue à deux formules archiclassiques, et même antiques : entre opéra et tragédie, La Fin des étiages remonte le fleuve des origines, celles de ses personnages et les siennes propres, de même qu’il se fait le théâtre d’un affrontement immémorial entre des peuples qui ignorent à quel point ils sont frères, et où tout converge vers un grand champ de bataille final, orgasme guerrier et cathartique dont l’efficacité narrative a été prouvée depuis au moins l’Iliade et la guerre de Troie.

La Fin des étiages pourrait décevoir ceux qui ont apprécié Rivages pour ses aspects contemplatifs et introspectifs. Si, en revanche, on essaie de prendre la mesure de cette fausse suite par rapport à ce qu’elle fait mieux, en commençant par le dynamisme général, les enjeux narratifs plus clairement définis (malgré une mise en place un peu longue), les dialogues plus assurés, alors il y a de bonnes chances pour que les espoirs déçus deviennent des plaisirs immédiats et garantis. Il suffit de se laisser porter.

(1). On renverra les lecteurs les plus curieux vers le travail de notre confrère Apophis, qui a établi une taxinomie des multiples sous-catégories du genre. [NdA]

Tamanoir

« Le Tamanoir est un personnage libre, curieux, contemporain. C’est quelqu’un qui va fouiller, à son compte, dans les désordres et les failles apparents du quotidien. Ce n’est ni un vengeur, ni le représentant d’une loi ou d’une morale, c’est un enquêteur un peu plus libertaire que d’habitude…  » Les lecteurs attentifs auront sans doute reconnu dans cette accroche l’argument de départ de la série « Le Poulpe » initiée par Jean-Bernard Pouy avec La Petite écuyère a cafté, puis déclinée au fil de 290 aventures aux titres aussi calembouresques qu’inventifs. Le choix de cette accroche n’a rien de fortuit, Jean-Luc A. d’Asciano confessant lui-même en postface regretter que le héros parisien n’ait pas étendu ses tentacules jusqu’aux territoires inquiétants du fantastique. Du surnaturel, Tamanoir n’en manque pas puisqu’on y croise des entités immortelles, des démons, une ribambelle de chats et de la magie noire en pagaille. Chemin faisant, on se frotte aussi à la crapulerie humaine, même si ici l’enquête sert davantage de prétexte à Nathaniel, dit le Tamanoir, pour semer la zizanie dans les plans occultes fourbis par des criminels bien peu adroits. Bref, le Tamanoir n’usurpe pas son surnom lorsqu’il s’agit d’aller fourrer son appendice (pas celui auquel vous pensez) dans des endroits peu recommandables, histoire d’asséner un coup de pied dans la fourmilière. En émule du facétieux dieu de la mythologie amérindienne, vague cousin du Jaguar, il est surtout un esprit malin, un arnaqueur doué extorquant l’information auprès des malfaisants pour mieux réparer un tort, même s’il reste conscient que cela ne changera pas grand chose au monde tel qu’il va mal. Et, si son enquête fait la lumière sur une association de malfaiteurs à la charité très sélective, elle s’ingénie surtout à dépeindre un microcosme populaire et des routines très semblables au personnage inventé par Pouy. Une petite amie libre et indépendante, un quartier général situé dans un troquet où cuisine un homonyme du « Pied de Porc à la Sainte-Scolasse », un ami anarchiste italien qui cache un arsenal chez lui, et tout un tas de freaks et punks à chiens rencontrés pendant ses vaticinations, il ne manque plus au Tamanoir qu’une passion secrète pour compléter le mimétisme. À défaut d’un zinc à se mettre sous la dent, du genre Policarpov I-16, on se contentera de la patine des zincs où il écluse quelques bières, histoire de conjurer les sortilèges médisants. Entre les allées du Père Lachaise et une Antre du Mal conçue comme un jeu de plateforme, en passant par un pavillon de banlieue ressemblant à une pièce montée monstrueuse, le bougre ne ménage pas sa peine, traînant sa gouaille contagieuse, ses calembours malicieux et ses affinités allitératives avec une générosité communicative.

Avec Tamanoir, Jean-Luc A. d’Asciano s’octroie ainsi une parenthèse amusante, plus légère et enlevée que Souviens-toi des monstres, mais pas moins ancrée dans les problématiques contemporaines. Sur les traces du « Poulpe », il acquitte honorablement son tribut aux littératures populaires, avec le souhait d’inspirer ainsi d’autres aventures. L’avenir nous dira.

Un gars et son chien à la fin du monde

Les prophètes de mauvais augure l’ont prédite mille fois mais ne l’ont pas vue arriver – la fin du monde. Ni dans un grand boum ni dans un murmure, elle a surgi sous la forme d’un effacement progressif, une attrition irrémédiable après que l’humanité ait perdu sa fertilité. Surnommé la Castration, l’événement a provoqué le désespoir parmi une population vieillissante, réduite peu à peu à la portion congrue, à quelques rares exceptions près. Gritz vit une centaine d’années après la fin du monde. Lui, ses proches et ses deux chiens habitent une ferme située sur une des Hébrides extérieures, avec comme seuls voisins, une famille sur l’île d’à côté. Quant au reste de la population, il subsiste dans cette photo récupérée dans une maison abandonnée à laquelle Gritz adresse ses mots, bâtissant le récit de son périple sur la terre ferme, parmi les ruines du monde d’avant. Jusqu’à l’arrivée de Brand, Gritz a vécu une existence heureuse, endeuillée hélas par la disparition prématurée de sa sœur Joy. La venue du voyageur vient remettre en question la routine de son quotidien. Après avoir drogué sa famille, ce menteur et ce voleur s’empare de l’un de ses chiens. A posteriori, le fait réveille encore sa colère, lui faisant regretter en même temps l’envie d’en découdre qui l’a saisie à ce moment là, le poussant à embarquer à sa poursuite. Mais personne ne connaît la fin de sa propre histoire – à part la toute fin, quand on meurt.

Un Gars et son chien à la fin du monde est le genre de roman qui vous happe sans coup férir, en dépit de la simplicité de l’intrigue. Éminemment sans prétention, il émane pourtant de cette histoire une sincérité et une force vitale qui la rend aussitôt attachante. C. A. Fletcher n’est pas vraiment un novice dans l’écriture. Scénariste pour le cinéma et la télévision, il est également romancier, auteur de la trilogie de fantasy urbaine «  Stoneheart », pour ne citer que cette série destinée à la jeunesse. L’auteur aborde avec ce roman plus récent le registre post-apocalyptique (oui, encore !), donnant la parole à un adolescent dont l’humanité lumineuse est révélée progressivement pendant le récit qu’il brosse de son voyage. Avec ses multiples péripéties, son narrateur au phrasé très oral, le périple de Gritz a tout du récit d’apprentissage, rappelant l’ordinaire du roman pour la jeunesse. L’adolescent traverse ainsi les vestiges de cités retournées à la poussière et aux ronces, brave une nature guère propice à la contemplation, jouant à la fois de chance et de malchance. Il affronte la mer, naviguant des Hébrides au Pays de Galles, avant d’accoster à Blackpool pour rallier l’Est de l’Angleterre. Dans son cheminement, il rencontre enfin d’autres survivants, se frottant au meilleur et au pire de l’humanité. Bref, il se forge le caractère et apprend beaucoup sur lui-même et sur autrui des épreuves qu’il endure. Certes, si on n’échappe pas à la caricature et à quelques facilités, C. A. Fletcher a suffisamment de métier pour faire passer la pilule. Il distille les révélations, ménageant les coups de théâtre aux moments appropriés, histoire de surprendre le lecteur et de relancer son intérêt. Avec Gritz, il dresse surtout un portrait d’une force incroyable. L’adolescent porte littéralement le récit sur ses épaules par l’abnégation inlassable dont il fait montre, la force de son caractère et son humanisme, impulsant un optimisme rafraîchissant à un contexte et un décor sans doute plus propice à la dépression ou à la catharsis. Un Gars et son chien à la fin du monde est donc un chouette roman qui a du chien, mais aussi un peu d’humain. Ainsi finit le monde ? Non, il ne fait que commencer.

Galeux

Criminel, mécanicien, auto-stoppeur, villageois et bien d’autres choses. Dans sa tête de pré-adolescent, il incarne tous les rôles d’une histoire se réduisant à une succession de déménagements en catastrophe. Il n’a pas de nom, juste un oncle et une tante, et il relate dans un carnet le récit de son existence précaire, ballotté d’une caravane délabrée à une autre, de l’Arkansas à la Floride. Longtemps, il a vécu avec Grandpa, un vieillard fantasque persuadé d’être un loup-garou. Sa tante Libby et son oncle Darren n’ont jamais vraiment démenti les affabulations de l’ancêtre. Bien au contraire, à l’âge de raison, il s’est rendu compte assez vite qu’elles composaient l’ordinaire d’une famille dysfonctionnelle, sans cesse sur la route pour échapper aux conséquences de sa condition particulière. Pour lui, l’avenir reste incertain, même s’il ressent dans sa chair l’attraction de l’atavisme familial. Puisqu’il est difficile de renier son sang, autant s’en accommoder.

À l’instar de Toby Barlow, de Tristan Egolf ou de Glen Duncan, Stephen Graham Jones revisite le thème de la lycanthropie en l’implantant au cœur de l’Amérique profonde, celle des losers et des rednecks. Issu lui-même d’une culture en proie à la déshérence, l’auteur amérindien dépoussière le loup-garou de ses aspects les plus caricaturaux, voire démodés, impulsant au mythe un peu de modernité et de tendresse juvénile. Tel Candide, le narrateur de Galeux, nous parle ainsi de sa famille et de l’inhumanité d’un pays dans lequel il faut littéralement se battre pour survivre. Il nous raconte quelques-uns des épisodes qui ont contribué à forger sa personnalité, se faisant au passage le porte-parole de son oncle Darren, un doux dingue fonctionnant à l’instinct, de sa tante Libby, la figure forte et tutélaire du clan, et de son grand-père. Bref, de sa famille élargie au sens générique et génétique du terme. À ses côtés, on taille la route, d’un petit boulot à un autre, côtoyant la misère culturelle du milieu white trash, tout en s’amusant du récit des frasques de Darren, très inventif lorsqu’il s’agit de se retrouver dans la mouise. À la fois léger et grave, drolatique et triste, Galeux nous dépeint un lumpenprolétatriat attachant et féroce, un milieu où l’envie de vivre prime sur toute autre considération. Et si Stephen Graham Jones façonne en apparence un récit décousu, composé de tranches de vie aux jointures rugueuses, le déroulé haché du très jeune narrateur résonne comme un écho fidèle de son existence cabossée, sans cesse en proie au doute et à l’embarras. La violence horrifique de la transformation et la faim inextinguible de la bête restent en conséquence dans le hors-champ, l’auteur préférant porter son regard sur l’anecdote et sur la marginalité de cette famille, finalement pas si différente du commun des mortels. Jamais complaisant, il fait montre d’une tendresse et d’une sincérité qui tendent à gommer l’âpreté de leur condition défavorisée, sans pour autant en nier la réalité sinistre.

Galeux apparaît donc comme un formidable roman sur l’adolescence et sur la liberté dans un pays où les marges souffrent à l’ombre d’un American way of life illusoire. En dépoussiérant le mythe du loup-garou, Stephen Graham Jones fait aussi œuvre de critique social, révélant des trésors d’humanité, de solidarité et de drôlerie qui font du bien à lire.

Une machine comme moi

1982. Alan Turing n’est pas mort. L’Angleterre s’engage dans la guerre des Malouines, mais va la perdre. Charlie Friend mène une vie sans but véritable ni passion, qu’il gagne plus ou moins en boursicotant sur Internet. Avec l’héritage qu’il vient de toucher, il achète un humain artificiel d’apparence masculine, nommé Adam, et qui constitue l’issue des travaux en intelligence artificielle de Turing. Avec Miranda, sa voisine, ils vont devenir en quelque sorte les parents d’Adam en procédant aux réglages initiaux qui détermineront l’embryon de sa personnalité. Au fil de cette programmation, leur idylle va se nouer, au son du dernier album des Beatles, qui se sont une nouvelle fois reformés. Rapidement, Adam va faire évoluer sa personnalité, héritée pour moitié de chacun des deux amoureux. Charlie pensait trouver enfin un sens à sa vie dans son achat flambant neuf et son nouvel amour, mais des révélations d’Adam sur sa maîtresse vont le déstabiliser, tout comme les liens qui semblent se nouer entre les deux. Quant à Adam, il semble résister à l’étrange détresse qui s’empare de ses pairs les uns après les autres et les pousse à se détruire…

Une machine comme moi est une uchronie qui interroge la place de l’humanité une fois que l’intelligence artificielle aura accompli sa révolution. Le thème n’est pas original en soi, mais le roman questionne également la façon dont l’algorithme saura s’adapter, ou non, à ce qui lui résiste, cet intime qu’on ne saurait partager, le secret, le petit compromis avec soi-même, le mensonge ou bien encore le crime : tout ce qui façonne nos vies par son silence et nous rend singulier. Les deux intelligences se regardent face à face, se jaugent, se mesurent à travers l’autre et s’y perdent un peu, mécanismes contre mécaniques. Machines like me and people like you, dit le titre anglais, mettant bien en évidence cet effet miroir.

Ces questions universelles sont traitées au prisme de la société britannique et de ses maux, qui ont pu conduire notamment à la condamnation d’Alan Turing pour homosexualité, et peut-être ainsi précipiter sa mort en 1954. Et c’est bien lui, personnage secondaire du roman, qui est la clé de toute l’œuvre, tant son histoire est propice à l’uchronie. Turing a changé nos vies, non seulement en jetant les bases de l’informatique, mais aussi en écourtant la Seconde Guerre mondiale de deux ans, dit-on, par son décryptage du code Enigma. Que serait devenu le monde s’il avait survécu ? La question est stimulante. Ian McEwan imagine que trente ans de vie en plus ont suffi pour nous amener à un degré d’évolution cybernétique encore inatteignable aujourd’hui, dans une société britannique de l’ère Thatcher dont l’âpreté et la violence rappellent la nôtre. Mais Turing n’est pas que le moteur de cette évolution, il est également là pour interpeler l’humanité sur ces choix face à la différence, l’étrangeté d’autrui. McEwan dédie son livre à son ami disparu Graeme Mitchison, brillant intellectuel et artiste accompli, professeur de mathématiques à Cambridge dont l’intelligence plurielle rappelle celle de Turing : une façon pour l’écrivain de suggérer qu’à la question qu’il pose sur la nature de l’humanité et son comportement, un jour, vis-à-vis de sa propre créature, une réponse complexe croisant les savoirs et les disciplines sera nécessaire.

Quatorze Crocs

1931, Paris. Pierre Lenoir est un inspecteur de la très spéciale Brigade Nocturne, une unité d’élite de la police chargée de s’occuper des affaires impliquant ces non-morts qui habitent, parfois en grand nombre, dans les villes modernes. Cette fois, c’est un homme mort qui est retrouvé en pleine rue, visage verdâtre et cou percé de quatorze petits trous. Qui est-il ? Qui l’a tué ? Comment ? Et pourquoi ? C’est à ces questions que va tenter de répondre Lenoir, sacrifiant ici aux interrogations habituelles du whodunnit. Ce qui est moins conventionnel, c’est l’intervention d’un fantôme facétieux, d’une vampire séduisante et bien en cour, ainsi que de quelques créatures surnaturelles peu recommandables. Ce qui l’est encore moins, c’est que l’enquête va conduire Lenoir à côtoyer un monde qui lui est radicalement étranger : celui dans lequel se confrontent surréalistes et dadaïstes, auprès notamment du vicomte de Noailles et sa femme. Lenoir devra donc faire preuve de courage physique pour aller au contact de monstres surnaturels, et d’ouverture d’esprit pour naviguer sans encombre dans les eaux tumultueuses aussi créatives que superficielles de l’art moderne.

Arrivant à la fin de Quatorze crocs, j’avais le sentiment que le roman n’était pas fini. Pourtant, de fait, il l’était. Cette étonnante mésaventure est le point central de ce qui dysfonctionne dans Quatorze crocs. Solares y mêle des créatures fantastiques (dont on ne comprend jamais vraiment si les Humains ont conscience ou pas de leur existence ou si cette connaissance est limitée à l’élite mondaine) au Paris des arts. Il les met en scène, sans jamais les développer au-delà de la caricature, dans le cadre d’une enquête résolue avec bien trop de facilité. De fait, après un début peu captivant, le roman tourne autour d’un grand moment central : une soirée chez les De Noailles à laquelle assistent surréalistes et dadaïstes. De Breton à Tzara en passant par Picasso et tous leurs amis, amies, femmes, maîtresses, Solares s’amuse donc à faire un name dropping intensif qui ne sert guère l’avancée du récit (il le fait aussi avant avec le fantôme de Pasteur ou celui de Wilde). Puis, après un passage dans le studio de Man Ray (avec Kiki de Montparnasse) à la recherche du fameux fer à repasser à quatorze clous de l’artiste (qui n’est pas retrouvé), Lenoir est attaqué, puis sauvé, puis c’est fini. Tueur arrêté mais suite à venir avec un background historique déballé en infodump, alors même que le supérieur de Lenoir s’avère être plus qu’un simple Humain, et qu’une proposition lui est faite d’intégrer le cercle intérieur. Ce roman ressemble à une première moitié à qui manquerait sa seconde. Aussi faudrait-il le vendre à moitié prix.

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