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L'avis de Jean-Luc Rivera

« Les traductions révisées par Pierre-Paul Durastanti sont fort agréables à lire, le petit texte d’Edmond Hamilton sur son épouse fort intéressant et la bibliogaphie d’Alain Sprauel impeccable. Cerise sur le gâteau, outre une belle couverture d’Elian Black’Mor, le livre comporte six dessins de Caza, que demander de plus ! Amateurs de SF, ou plus simplement de belle littérature d’évasion, voici un volume incontournable à lire de suite. » Les coups de cœur de Jean-Luc Rivera

Bifrost 74 en précommande

Le Bifrost 74, consacré à l'auteur français Léo Henry et à paraître le 25 avril, est désormais disponible à la précommande, en papier comme en numérique ! Découvrez le sommaire complet sur la fiche du livre.

Cœur d'acier

Changement de registre pour Brandon Sanderson : lui qui était plutôt familier des univers de fantasy s’attaque avec Cœur d’acier au monde des super-héros. Avec, comme on va le voir, un assez fort potentiel d’adaptation cinématographique (les droits du livre furent d’ailleurs acquis un an avant la parution du roman !).

L’action se déroule à Chicago. Ou plutôt Newcago, puisque la ville a été défigurée à l’arrivée de Cœur d’acier, un super-vilain doté de la capacité de changer en métal tout objet ou chose inanimée… En effet, dix ans avant le début du livre, manquant d’être tué, Cœur d’acier a transformé l’intégralité de Chicago en acier. Alors âgé de huit ans, David Charleston assista à la scène : son père et lui se trouvaient sur les lieux, et c’est d’ailleurs son père qui faillit stopper Cœur d’acier avant que ce dernier ne réplique et l’abatte. David n’a depuis cessé de vouloir venger la mort de son géniteur, amassant toute la documentation possible sur les super-héros. Contrairement aux idées reçues, il sait que Cœur d’acier est vulnérable, puisqu’il l’a vu saigner… Mais il sait aussi que seul, il n’a aucune chance de l’emporter. Aussi décide-t-il de rejoindre les rangs des Redresseurs, les seuls à s’opposer aux super-vilains…

Le monde créé par Sanderson — et destiné à être exploré par d’autres romans — regorge de mutants aux super-pouvoirs. Mais il semble qu’il ne s’agisse que de super-vilains qui mettent sous coupe réglée les êtres « normaux ». De fait, le parti-pris de l’auteur d’adopter le point de vue des êtres humains coulait de source, une manière astucieuse d’aborder le « genre super-héroïque » : il reste extérieur aux mutants tout en nous montrant en permanence leur potentiel, puisque l’ensemble du décor est la conséquence des pouvoirs de l’un d’entre eux. Les super-vilains ne sont pour autant pas oubliés, ils apparaissent régulièrement, essentiellement dans des scènes de combats extrêmement visuels, et ont une vraie personnalité que Sanderson dépeint avec son professionnalisme habituel (dans l’année qui a précédé Cœur d’acier, il a publié le quatrième tome de « Fils-des-Brumes », un volume de « La Roue du Temps » repris à la mort de Robert Jordan, et le début d’une autre série !). La maîtrise narrative de Sanderson fait d’ailleurs merveille dans ce récit, mené tambour battant de la première à la dernière page, avec ce qu’il faut de rebondissements sciemment distillés et de personnages solidement campés. Bref : un roman qui se lit d’une traite, procure un plaisir largement supérieur à nombre de films de super-héros actuels, et une nouvelle réussite dans l’œuvre de Sanderson. Vivement la suite !

Involution

Vincent, ingénieur de haut niveau au creux de la vague et en proie à des déboires affectifs, vient tenter sa chance au Brésil, chez Globo, nouveau leader sur le réseau mondial. Il escompte se rapprocher de son ex, Chloé, ingénieur de pointe également, mais chez Foréa, entreprise qui veut débusquer de gigantesque réserves de gaz dans le manteau terrestre pour faire face à l’épuisement des ressources en hydrocarbure. Ce qui le rapprocherait aussi de leur fille, Angie. Il est accueilli à Sao Paulo par Sebastian Terra-Pereira, le « jeune milliardaire sympathique ». (C’est un concept !) Si les affaires de M. Terra-Pereira sont florissantes, ce monde-là ne tourne cependant plus très rond : il y a l’AMAS — Anomalie Magnétique de l’Atlantique Sud — qui s’intensifie et est à l’origine de pas mal de désastres, dont la chute des drones de surveillance qui maintenaient bon an mal an les cohortes de pauvres dans leurs favelas. L’émeute ne tarde guère…

Involution commence par suivre trois lignes narratives qui se rejoignent finalement assez vite car le roman est court. Outre Vincent et Chloé, on suit César/Exu, un crackolero régnant sur Crackolandia et initié à la quimbanda, une magie noire qui est au vaudou (ou à la santeria) ce que la samba est à la salsa. On passe plus de la moitié du roman sur un faux rythme tout en se demandant où Héliot veut nous emmener, percevant toutefois les prémisses d’une catastrophe… Tout s’emballe lorsque Chloé tente de franchir la discontinuité de Mohorovicic (le Moho) avec une foreuse sonique — les allusions à Stephen Baxter en quatrième de couv’ trouvent là leur crédit ; on pensera aux « Xeelees », ou aux « Inhibiteurs » d’Alastair Reynolds. Le forage libère ? déclenche ? un processus ? une entité ? qui interrompt les mouvements des masses de fer liquide dans le noyau terrestre à l’origine du champ magnétique protégeant le vivant des flux de particules à haute énergie et de radiations dures ; c’est le point final à l’aventure humaine, qui entre dès lors dans l’ère de l’involution…

Reste qu’on ne peut évacuer un défaut dans la structure de l’intrigue : l’AMAS, qui occupe le devant de la scène au début du roman, finit par passer en pertes et profits. Le forage de Chloé n’était pas lié aux recherches sur l’AMAS, qui mettaient en lumière le risque d’une disparition du champ magnétique. L’entité intraterrestre aurait décidé d’éradiquer l’humanité avant le forage, à moins que ce ne soit celui-ci qui lui en révèle l’existence, qu’elle interprète comme un facteur de risque. Il semble que l’entité veuille utiliser les restes de l’humanité involuée pour préparer la venue des Initiateurs (ceux qui ont créé l’entité), alors même que l’humanité apparaît comme un impromptu. L’enchaînement des causes et effets n’est pas clair, mais il faut prendre un certain recul pour saisir ce défaut de cohérence interne qui n’a cependant rien de rédhibitoire. Il suffit de se laisser porter par le flot du texte pour y prendre plaisir, d’autant qu’il n’est pas si fréquent qu’un auteur hexagonal nous offre une telle vision universelle pour une fin du monde douce-amère.

La Flamme chantante

À sa mort, Clark Ashton Smith (1893-1961) était encore totalement inconnu en France. Il est vrai que la situation de Robert E. Howard n’était pas meilleure et que Lovecraft lui-même commençait tout juste à pointer le bout de son nez. La science-fiction était alors en vogue, tandis que le fantastique était au creux de la vague et que la fantasy, patiemment, attendait son heure.

Un premier et gros recueil de C.A. Smith, Autres Dimensions, jamais réédité depuis, devait voir le jour en 1971, chez Christian Bourgois. Cependant, ce sont les années 80 qui allaient être sa décennie de gloire en France. D’abord, deux recueils à la Librairie des Champs Elysées, Poséidonis et Zothique, puis sept autres (sur huit volumes) aux Nouvelles Editions Oswald (L’Ile inconnue, Ubbo Sathla, L’Empire des nécromants, La Gorgone, Le Dieu carnivore (en deux tomes), Les Abominations de Yondo et Morthylla) mettraient la quasi totalité de ses nouvelles à portée du public français.

Avant que le silence des tombeaux ne s’appesantisse à nouveau sur l’œuvre de Smith…

Seul le micro éditeur La Clef d’Argent continua à s’intéresser à l’auteur d’Auburn. Plus récemment, un autre micro éditeur, L’Œil du Sphinx, s’attacha à faire connaître d’autres facettes de l’œuvre de Smith, dont toute la considérable poésie restait encore inaccessible hormis quelques échantillons publiés naguère dans le numéro 9 de la revue Antarès.

La publication de cette plaquette marque le retour de Smith chez un « grand éditeur », mais à quelles fins ? Pourquoi publier une unique nouvelle sous la forme d’une plaquette à la triste couleur chair qui ne coûte pas moins de quatorze euros pour seulement 107 pages ? C’est cher, même pour la nouvelle traduction d’un texte que l’on trouve sans difficulté sur le marché de l’occasion dans le recueil L’Ile inconnue (NéO), et surtout pour trois fois rien dans l’anthologie de Jacques Sadoul Les Meilleurs Récits de Wonder Stories, pulp où la VO fut publiée dans les numéros de juillet 1931 pour la première partie, et novembre 1931 pour la seconde. L’entreprise d’Actes Sud me semble bien hasardeuse à une époque où Internet permet de trouver aisément presque tous les livres que l’on souhaite…

La Flamme chantante n’est pas typique de la production de l’auteur. Que ce récit ait été publié dans Wonder Stories, plutôt que dans Weird Tales, la mythique revue de Farnsworth Wright qui accueillait dans ses pages les auteurs du cercle lovecraftien, dont Smith n’était pas le moindre, est significatif. C’est un récit de science-fiction dont la manière, bien datée aujourd’hui (dans un coin perdu du Nevada s’ouvre une porte vers l’ailleurs, une autre dimension), n’en fit pas moins les choux gras de l’un des auteurs les plus ré-putés des années 30, Abraham Merritt, qui recourut à semblable artifice à maintes reprises (Le Gouffre de la Lune, pour ne citer qu’un exemple). Smith use aussi du procédé consistant à faire d’un personnage fictif intermédiaire entre lui-même et le principal protagoniste, le récipiendaire du récit, technique qu’utilisera James Hilton dans Horizon perdu deux ans plus tard.

Si le processus narratif de la première partie date, la seconde partie du récit, directe, souffre des descriptions des dimensions supérieures merveilleuses auxquelles les protagonistes accèdent — ne reste au final qu’une confiture de mots assez peu évocatrice, Smith échouant ici à montrer juste assez pour suggérer. Malgré sa facture ancienne, la première partie se révèle bien mieux réussie que la seconde.

Clark Ashton Smith mérite sans doute aucun que l’on reprenne ses nouvelles en un fort volume du type Omnibus ou « Bouquins ». Mais on reste dubitatif quant à l’opportunité de cette édition d’une nouvelle qui n’est pas de ses toutes meilleures.

L'Écrivain fantôme

Après « Le Trou dans le mur », dans Fiction n°2, aux Moutons électriques, « Puzzle » dans Utopiae 2006, à l’Atalante, La Bouquineuse chez Xénia, voici un quatrième texte de Z. Zivkovic traduit en français. C’est assez peu pour un auteur jouissant de la réputation qui est la sienne, lauréat du World Fantasy Award (catégorie novella) pour « The Library ». Le problème semble partout le même : on dispose aisément de ce qui est écrit dans le patois local ou traduit de l’anglais, et c’est tout ou presque. Un brin d’allemand, un zeste d’espagnol, un rien d’italien, un semblant de russe… Alors, le serbe… Mais il existe des éditeurs, tout petits, certes, qui font de louables efforts.

Editeur qui, ici, présente ce court roman comme le moins fantastique de Zivkovic, et, pour tout dire, on n’y trouve pas la moindre once de surnaturel. Si fantastique il y a, c’est celui de la situation, improbable, tout juste à la limite de l’absurde. C’est un roman minimaliste s’il en est. Un unique personnage sur la seule scène d’un bureau à domicile, un ordinateur et un gros chat pataud comme un jeune labrador nommé Félicien. Toute l’action, si tant est qu’action il y ait, se déroule en une matinée pour un one man show silencieux hormis les coups de gong annonçant l’arrivée des courriels dans la boîte email du notre « auteur », écrivain en mal d’inspiration qui tue le temps en répondant à ses cinq correspondants plus déglingués du chapeau les uns que les autres.

L’ « admirateur anonyme » voudrait que l’ « auteur » écrive un roman dont il lui céderait la paternité. Hautemer, narcissique et jaloux, écrivain lui aussi, non pas raté, mais médiocre, désire que l’ « auteur » lui écrive des pastiches de ses propres œuvres… Banana souhaite voir l’ « auteur » terminer le roman onirique qu’elle ne saurait finir. P-O pastiche les nouvelles de l’ « auteur » et voudrait que celui-ci écrive les nouvelles-sources dont il aurait déjà rédigé les pastiches par avance ! Et enfin, Pandore, qui n’a d’autre désir que de voir l’ « auteur » écrire un roman sur et pour son chien Albert, dont elle détiendrait l’unique exemplaire pour en faire la lecture au fantôme de son clebs… Tous ces braves gens qui mériteraient bien un entonnoir à jugulaire envisagent chacun derrière leur écran que l’ « auteur » se plie à leurs desiderata en utilisant pour pseudonyme le nom de son chat, comme il le fait sur Internet pour correspondre avec eux.

La quatrième de couv’ dit tout sur L’Ecrivain fantôme, une œuvre joyeuse et espiègle. Une sorte de farce. Un jeu où le lecteur se demande comment l’auteur et l’ « auteur » vont s’en tirer. Le salto de sortie n’est peut-être pas tout à fait à la hauteur des espérances, mais l’essentiel de l’intérêt réside dans la démarche qui nous y conduit. Brillant, virtuose et, surtout, amusant, L’Ecrivain fantôme est une pochade plaisante, loin, très loin des sombres registres où se déploie la plus grande part de l’Imaginaire.

Au fil du temps

Ce recueil de sept nouvelles, en grande partie inédit en français, constitue le quatrième livre de George R. R. Martin chez ActuSF en attendant Au fil du rêve… L’éditeur continue de nous proposer les nouvelles écrites par Martin à l’aube de sa carrière, dans les années 70 et 80. Ces récits ne sont en rien des fonds de tiroir, on n’en est pas encore là… À cette époque, Martin n’était pas la star qu’il est devenu depuis, et bien que ses nouvelles fussent souvent remarquables, elles n’étaient pas une garantie de succès commercial. Certaines connurent l’heur d’une traduction, d’autres non.

Les quatre nouvelles centrales sont honnêtes, mais en rien transcendantes : on reste assez loin de ce que Martin produisit de meilleur. « Et la mort est son héritage » met en scène l’effet contre-productif de l’assassinat politique (ou de l’attentat) par la génération d’un martyr fasciste. « Week-end en zone de guerre » nous fait assister de l’intérieur à une métamorphose pas moins hideuse que celle de Kafka ; on assiste à la volte-face psychologique du personnage qui, en peu de temps, passe de l’autre côté du cheval. Il est clair, à travers ces deux textes, que les problématiques sociales ou politiques ne sont pas la tasse de thé de Martin : il s’avère bien plus à l’aise et efficace dans des problématiques exclusivement centrées sur l’humain.

« Une affaire périphérique » est un petit space-opera sympathique, mais dont on ne saurait soutenir qu’il a révolutionné le genre ; c’est surtout un jeu triangulaire entre les divers personnages. « Vaisseau de Guerre » est incontestablement la nouvelle la plus anecdotique du recueil, mais on y trouve en germe deux de ses romans : Le Volcryn et Les Voyages de Haviland Tuff.

Martin conte deux fois la même histoire, dans « La Forteresse » et « Assiégés » : la reddition aux Russes, sans combat, en 1808, de la forteresse de Sveaborg défendant Helsinki, et le rôle ambigu joué par les nationalistes finlandais préférant en la circonstance l’ennemi russe à l’allié contraint suédois. La première version est un texte historique que Martin rendit comme travail de fin d’année en école de journalisme. « Assiégés » raconte exactement les mêmes événements, mais sous la forme d’un récit de science-fiction. Le rapprochement des deux textes crée une synergie remarquable et procure une excellente occasion de montrer ce qu’est la SF.

« Variantes douteuses » est le plus long et le meilleur texte du volume, un récit nourri de la passion de l’auteur pour les échecs, une histoire qui, avec « Assiégés », justifie le titre du recueil (et sans doute son achat). À l’origine de l’intrigue, une partie d’échecs en tournoi où des outsiders faillirent bien créer l’exploit. Un joueur bon mais timoré se retrouve en position de gagner face à un adversaire réputé plus fort, mais il bat en retraite au lieu de jouer un coup évident pour pousser son avantage, puis finit par perdre. Pour ses équipiers, il est clair « qu’il n’a pas eu les couilles » de gagner. Il va dès lors traîner sa défaite comme un boulet faisant de lui un homme aigri et revanchard… La SF va bien sûr s’inviter dans le texte, et si la fin de la nouvelle est peut-être un brin faible, l’essentiel est bien dans les rapports entre les personnages. Dire que Martin est brillant dans l’exercice relève du pur euphémisme…

Bref, si ce recueil n’est pas le meilleur de George R. R. Martin, la plupart s’en satisferont largement.

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