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La Souveraine des ombres

Sur les flancs d’une montagne solitaire, au milieu de terres désolées où les vivants n’ont pas leur place : le ciel blanc, le froid, une forêt de cristal ou de pierre. Une sorcière elfe, manifestement folle à lier, se livre à quelque ballet obscène avec les arbres corrompus. De ses petits yeux chafouins, un écureuil contemple le spectacle tout en se fourrant un gland dans la bouche…

Ainsi commence le premier roman d’un auteur canadien spécialiste (dixit le quatrième de couverture) en histoire militaire, nouvel étalon fantasy de l’écurie Fleuve Noir. Malgré l’introduction un brin tendancieuse et les avertissements de l’éditeur, l’ouvrage ne se départit pas d’un classicisme certain. Pour résumer, c’est l’histoire d’une protectrice de la nature dont l’amour dévorant pour les plantes vertes s’est transformé en rage démente d’assimilation et de destruction. A cette représentante des forces du mal tente de s’opposer un front de peuples aux motivations divergentes.

Champion de la (dés)union, l’elfe de fer Konowa. L’intéressé traîne ses emmerdes comme un boulet du métal le plus dense. Son itinéraire personnel n’est qu’une chaîne de causalités fâcheuses. Rejeté par les siens à cause d’une marque de naissance infâmante. Réfugié au sein d’une société impérialiste qui ne l’intègre pas. Commandant d’un régiment de parias chargé de porter le fer aux quatre coins de l’œcoumène local. Assassin d’un puissant potentat à la solde de la sorcière démente. Exilé dans une jungle impénétrable alors que les arbres, les insectes et les petits animaux de la forêt ne sont pas, mais vraiment pas, ses amis… A ce point là et suivant les caprices d’un hasard scénaristique providentiel, il se voit rappelé par ses supérieurs et réintégré dans ses droits pour diriger une mission aux contours nettement piégeurs : récupérer un artefact magique au nez et à la barbe de la sorcière démente, au fin fond d’une région en pleine rébellion contre l’Empire.

Foin du décor, à peine esquissé, sinon par quelques réflexions à visées politiques sur la délicate question de l’assimilation, les méfaits du colonialisme, le droit des peuples dominés à se révolter et à disposer d’eux-mêmes. Disons-le autrement : le décor, c’est l’action (voire l’inaction). L’auteur, comme son CV l’exigeait presque, se focalise sur la vie et l’œuvre d’une unité militaire en temps de campagne (le fameux régiment des elfes de fer du sous-titre, qui n’ont d’elfes que le nom d’ailleurs). Avec au casting : un prince godichon insupportable de bêtise, un nain bavard et chiqueur, un puceau binoclard, une scribe de terrain fumant le cigarillo, et la magnifique Visyna Tekoy, magicienne de guerre aux idées un peu trop libertaires. Heureusement, il n’y a pas que des jambes de bois dans cette troupe incroyable, et nos héros pourront s’avancer tranquillement, de corvées de chiotte en brutales escarmouches, vers un joli petit remake de Fort Alamo (mettons, du Légende de David Gemmell, pour rester dans le genre qui nous préoccupe).

Instruction aux lecteurs éventuels : ne pas s’attendre à des surprises renversantes. En fantasy comme ailleurs, plus les ficelles sont grosses, mieux ça marche. Le roman ressemble terriblement à un hybride de La Compagnie noire, en moins noir, et d’un Seigneur des Anneaux adolescent (quoi, le « SdA » était un roman pour ados ?) revu à la sauce new age. Les soldats sont des crapules au grand cœur, les elfes ont des noms d’indien, les magiciens dissertent sur la place de l’homme (et créatures assimilées) dans le concert de la nature, les rapports qui se développent entre les différents membres de la communauté sont, au choix, d’une splendide virilité ou d’une retenue très honorable. Dans le monde réel (ou dans un livre de Thomas Day), Konowa et Mlle Tekoy auraient niqué comme des bêtes. Plus chaste et voulant peut-être ménager là son public, Chris Evans nous laisse sur un baiser suspendu…

Voilà ce qui est bien avec la BCF : on peut en relire après des années d’abstinence, on s’y sent comme chez soi. Fondations, distribution, agencement, peintures, tout y est familier. Trame gravée dans l’airain, visages interchangeables. L’art de la fantasy est une maison sans cesse revisitée, que seule distingue l’adresse du décorateur.

S’il n’est pas révolutionnaire — et à conditions de passer outre ses invraisemblances (une armée médiévale en campagne, ça ne ressemble pas à ça, Mr. Evans !) —, le roman de Chris Evans peut se lire avec un certain plaisir, comme l’on prend plaisir, après une longue absence, à retrouver le confort de son logis. Outre plusieurs personnages fort bien animés, il fait valoir quelques effets pyrotechniques très réussis ainsi que de jolis morceaux de bravoure, et il pose suffisamment d’appâts (Pourquoi la nature a-t-elle corrompu la sorcière ? Quels sont ses liens réels avec les elfes qui portent sa marque ? Konowa et Mlle Tekoy concluront-ils ?) pour que le lecteur ferré ait envie de lire la suite.

Préparer l'enfer

2022. Le jour du second tour de l’élection présidentielle, un clochard est assassiné sous l’œil de HyperOpsis, le système omniscient (mais pas encore omnipotent) de vidéosurveillance hexagonal. Dépêché sur le lieu du crime, Louran arrête le meurtrier. Les mains dans les poches de son long parka, l’air narquois, celui-ci toise le policier et le crispe d’entrée par sa désinvolture. Tout semble trop théâtral. La mise en scène de l’assassinat, l’absence de résistance du meurtrier… Louran n’est pas tranquille. Emmené au poste, le tueur avoue tout et plus encore. Il s’appelle Mornau. Il parle de son enfance, de ses motivations intimes, de son cheminement au sein du Franc, parti du candidat en tête des sondages pour l’élection. Et les aveux se muent en confession sur fond de résultat électoral.

Bonne nouvelle pour l’amateur de roman noir. Avec L’Honorable société, quatre mains conjuguant les talents de Dominique Manotti & DOA, et Préparer l’enfer de Thierry Di Rollo, la collection « Série noire » réinvestit un genre, longtemps délaissé au profit des sirènes du thriller plan-plan. Coïncidence ou synchronicité, les deux livres auscultent le cadavre pourrissant de notre démocratie, proposant une lecture salutaire, mais sans concession, des mœurs et pratiques contemporaines.

Même si Préparer l’enfer conjugue les ressorts du roman noir et de l’anticipation, l’atmosphère semble procéder davantage du premier genre. Au-delà des querelles de chapelle, ce roman court, âpre, à la narration sèche, quasi comportementaliste, adresse comme un avertissement. En effet, nul ne peut ignorer que le malaise est patent en France, un constat concernant la démocratie en général. Un mal diffus, insidieux, gangrenant les mentalités, les solidarités, le bien commun.

Spéculant sur les symptômes actuels, l’auteur français élabore un concept troublant de vraisemblance, celui de démocratie ajustée. Un concept résumé ainsi par Mornau : « réduire les libertés progressivement et, en même temps, ne jamais compromettre l’esprit de contestation, le laisser vivre pleinement. Les masses laborieuses, ou plutôt ce qu’il en reste, continuent de protester, de réclamer le maintien de leurs droits, sans se rendre compte un seul instant que ces mêmes droits s’amenuisent par petites touches, à la faveur de réformes a priori indépendantes, mais finalement conjuguées. Réduire la liberté, donner l’illusion qu’elle est intacte parce qu’on peut encore se battre pour la conserver, lier ce bouillonnement social avec la coercition et la culture de la peur. Et la paranoïa sécuritaire. Vous comprenez ? »

On ne sait si Thierry Di Rollo a lu Christian Salmont, Edward Bernays et Noam Chomsky, ou s’il est juste un observateur avisé du quotidien. Son concept apparaît comme une synthèse du storytelling et des techniques de manipulation de l’opinion publique. En somme, fabriquer du consentement pour mieux éroder les libertés démocratiques. Sur ce point, même si elle use de l’artifice de l’anticipation, cette politique-fiction s’inscrit aussi dans le meilleur de la tradition du roman à thèse.

Préparer l’enfer propose un point de vue amoral. Le narrateur n’est pas le policier ou le privé désabusé habituel qui entend réparer un tort, tout en sachant qu’il ne changera pas la face du monde. On suit le cheminement de Mornau, un tueur sans état d’âme. Un pauvre type, parfaite image de la banalité du mal, devenu première gâchette du Franc grâce aux circonstances et à un goût certain pour le meurtre.

Di Rollo dépouille son style : phrases courtes, recherche du mot juste, violence dénué d’outrance. Il échafaude un dispositif narratif elliptique, alternant les allers-retours entre le passé et le présent. L’itinéraire de Mor-nau apparaît autant comme un voyage au cœur de la psyché d’un homme dénué d’affect qu’une plongée au sein d’une société malade, déboussolée, prête à se donner au premier personnage providentiel venu, qu’il porte le tailleur ou non.

Comme dans tout bon roman noir qui se respecte, Préparer l’enfer évite l’écueil du militantisme. Le propos de Thierry Di Rollo se veut politique, dans la meilleure acception du terme. Point de jugement à l’emporte-pièce ou de dogmatisme à la petite semaine. L’auteur français confirme juste que le roman noir donne son meilleur en temps de crise.

En refermant Préparer l’enfer, on se remémore la célèbre phrase de 1984 que George Orwell met dans la bouche de O’Brien : « Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain… éternellement. » En 2022, le totalitarisme est intégré, partie prenante d’une peur auto-entretenue, se passant d’un outil de terreur. Spéculation alarmiste nous dira-t-on ? Fiction fumeuse et pessimiste ? Histoire de mettre tout le monde d’accord, Thierry Di Rollo rappelle juste une évidence : l’enfer commence ici et maintenant. Il bouscule les routines et loin de livrer un roman complètement désabusé, il donne envie de s’insurger et non de s’indigner. De dire non, et après de boire un coup parce c’est dur.

Narcogenèse

Dans la région, les Gaucher font l’unanimité contre eux. On le sait, bon nombre de vieilles familles bourgeoises de province sont la cible, au mieux de la méfiance populaire, au pire de sa rancœur. Un fardeau dont s’accommodent bon gré mal gré les Gaucher, même s’ils cumulent les ragots, on-dit et autres diffamations.

Une multitude de rumeurs courent en effet sur leur compte. Une notoriété fâcheuse que rien ne vient démentir. Le Chais, leur vieille demeure familiale, serait bâtie sur un ancien cimetière. Les hommes n’y auraient pas droit de cité, du moins pas très longtemps, la mort se chargeant de les pousser dehors, pour le plus grand bénéfice des femmes. Un clan de sorcières. Du moins est-ce ainsi que tout le monde les considère au pays. Une accusation très pratique pour expliquer l’origine douteuse de leur fortune personnelle, une telle réussite ne pouvant se justifier que par quelques diableries.

La dernière génération des Gaucher vit toujours au Chais, conformément à sa mauvaise réputation. La mère, veuve depuis peu, protège jalousement sa famille, en particulier ses deux filles. L’une travaille à l’hôpital, où elle fait d’ailleurs des miracles, se dévouant auprès des comateux. L’autre végète dans la propriété familiale avec ses deux enfants, leur géniteur pointant aux abonnés absents. Une routine que rien ne semble vouloir remettre en cause. Jusqu’au jour où l’on retrouve un enfant fugueur plongé dans le coma, à l’intérieur du parc des Gaucher.

Anne Fakhouri n’est plus une inconnue dans le paysage de l’Imaginaire francophone. Remarquée pour son diptyque Le Claivoyage (publié dans une collection « jeunesse »), on l’attendait de pied ferme avec ce troisième roman. L’ex-chroniqueuse du site ActuSF vise ici un lectorat adulte, mais pour autant Narcogenèse ne délaisse pas l’univers de l’enfance et de ses frayeurs. Elle opte ainsi pour une histoire aux marges du fantastique, un récit lorgnant un tantinet du côté du Magicien d’Oz, manière d’agrémenter son intrigue de quelques clins d’œil en direction de ce classique américain. Mais pas davantage.

Si sur le fond Anne Fakhouri nourrit quelques ambitions — une trame teintée de féminisme, brassant les thèmes de l’infanticide et du déni de grossesse —, sur la forme on ne peut s’empêcher de trouver le roman terne et prévisible. Certes, l’auteure déroule son récit avec aisance. Elle fait monter peu à peu la tension, alternant les points de vue (trop sans doute) et les époques par un procédé dont on se gardera de divulguer ici les tenants et aboutissants. Elle mêle une nouvelle fois le rêve et la réalité, ajoutant à l’univers du conte celui de la chronique familiale, et assemblant progressivement les pièces d’un puzzle complexe. Toutefois, tout ceci flirte avec le déjà-vu et manque de densité dramatique. Le roman joue avec les conventions du fantastique sans parvenir à s’en détacher suffisamment pour traiter la dimension sociétale de l’intrigue. On se disperse, on survole, on s’ennuie parfois… Et puis, tout ceci reste trop sage, trop classique, trop respectueux et au final un peu factice.

Signalons pour terminer des répétitions lassantes, notamment un abus du terme silhouette — à se demander si le texte a été suffisamment relu — et une amourette un brin sirupeuse entre deux des personnages. De quoi lâcher le bouquin en cours de route.

Bref, on reste sur une impression mitigée en refermant Narcogenèse. Le sentiment d’avoir lu sans vrai déplaisir une énième histoire de croquemitaine. L’impression aussi de ne pas avoir été remué, malmené, voire bouleversé, comme le sujet le laissait espérer. Dommage…

Dead Kennedy

Parce qu’il voit des fantômes partout, Will Kennedy a reçu le surnom de Dead Kennedy. Un talent dont il se serait bien passé, tant la coexistence avec les vivants lui pose déjà beaucoup de problèmes. Incapable de conserver un travail stable, Will se comporte comme un inadapté social. Un appartement crasseux, un ordinaire composé de sachets de soupe aux nouilles et un cœur irrémédiablement brisé. Sans oublier les mêmes albums joués et rejoués sans cesse : The Clash, David Bowie, The Pogues, Tom Waits et bien d’autres… Comme la bande son d’un passé mythifié, pour ne pas dire momifié.

A trente deux ans, Will se refuse à tourner la page. En dépit d’une parentèle pour le moins envahissante, il ressasse un spleen tenace, les bières éclusées avec son voisin ne parvenant pas à le faire passer. Car Will a perdu naguère son premier amour. Enceinte jusqu’aux dents, elle l’a largué, préférant la sécurité à l’incertitude. Une fille est née. Sa fille, bien qu’elle ne porte pas son nom. Il l’a vue grandir, changer et devenir adolescente. Comme dans un rêve éveillé, entrecoupé de bons souvenirs, Will ne s’étant jamais soucié de son éducation, il craint désormais de la voir, elle aussi, partir.

« Le présent est un câble tendu au dessus du passé. Le secret pour le parcourir, c’est de ne jamais regarder en bas. Sous aucun prétexte. De n’avoir d’yeux pour personne, même pas vos proches. Il faut faire semblant de rester sourd à la voix de tout ceux qui sont tombés là-dedans. Dans le noir. »

Roman de deuil, des occasions manquées et de l’échec, Dead Kennedy emmène le lecteur très loin, sur un territoire intime et intangible. Une zone située quelque part entre les sentiments douloureux que l’on peine à décrire, et la nostalgie d’un passé à jamais perdu. A la différence du commun des mortels, Will ne jouit pas de la possibilité d’oublier. Depuis son plus jeune âge, les revenants lui collent aux basques. Il croise leur route de manière impromptue, ne les distinguant des vivants que par leur teinte monochrome. Images surgies du passé, parfois au détour d’un passage lui-même fantôme, ils se mêlent à ses souvenirs, lui balançant au visage leurs regrets éternels. Avec fatalisme, Will a appris à vivre avec eux, passant outre les signes ou messages qu’ils lui adressent. Jusqu’au jour où il répond à la demande pressante d’un de ses cousins, lui-même harcelé par un spectre. Mille dollars, ça ne se refuse pas. Il prend alors conscience que certaines personnes ne sont pas hantées sans raison et s’interroge sur son propre compte.

Comme on le voit, Dead Kennedy explore des thèmes proches de ceux de L’Oiseau moqueur. Une proximité thématique évitant fort heureusement la simple redite. Bien au contraire, Sean Stewart approfondit son propos, peaufine la métaphore et soigne le traitement de ses personnages. Si le postulat fantastique reste pour le moins ténu, c’est pour aborder par la bande les zones d’ombre et les non-dits de la psychologie humaine. C’est pour mieux questionner le lien familial, la mémoire et la nécessité de devenir adulte afin de s’assumer. A bien des égards, Dead Kennedy apparaît également comme un roman d’apprentissage. Un récit évoluant sur le fil, entre comédie et tragédie, entre folie et raison, tout en justesse, en finesse, sans jamais basculer dans le mélodrame larmoyant. A ce propos, une tonalité douce-amère hante littéralement les pages du roman. Elle n’est pas sans évoquer l’atmosphère familiale des films de Wes Anderson, où tout le monde s’aime, se déteste, puis se réconcilie, avant de se détester à nouveau (chassez le naturel). Et s’il y a un enseignement à tirer de tout cela, on peut le résumer ainsi : il faut faire la paix avec le passé pour envisager l’avenir.

On l’aura compris, Dead Kennedy est une réussite. Une manière pour « Interstices », avec le roman d’Arkady K, de se clôturer en beauté. C’est peu de dire que cette collection nous manquera. Elle nous hante déjà…

Rêves de gloire

Quand Roland C. Wagner décide de donner corps à ce qui est sans doute le plus ancien et le plus longuement mûri de ses projets, il n’y va pas avec le dos de la cuiller : fort de ses sept cents pages, Rêves de Gloire s’impose enfin sur les tables des librairies. La taille, pourtant, est bien la moins impressionnante des qualités de cette uchronie magistrale, la première à se pencher sur la guerre d’Algérie — et sur la France de ces cinquante dernières années.

De nos jours, à Alger, un collectionneur de disques découvre sur un site de vente aux enchères l’existence d’une pièce rare, l’unique 45 tours des improbables Glorieux Fellaghas. La quête de ce graal et les mystères qui l’entourent vont le pousser à s’intéresser de près aux évènements qui, de l’aube des années soixante à la fin des soixante-dix, ont régi les relations de la France, de l’Algérie et… de l’Algérois.

Quelques lignes en exergue du premier chapitre seront la seule concession à la manière uchronique « classique », celle, didactique, qui refait l’Histoire en la dévidant depuis un point de divergence unique. Car pour être symbolique, la fusillade qui coûte la vie au Général de Gaulle en octobre 1960 n’est ni le premier, ni le seul événement fondateur du roman. L’Algérie nouvelle qui se dessine au fil des pages doit ainsi tout autant à la mort du Général qu’à l’attentat raté contre Kennedy. Ou à la présence sur les plages de Biarritz, à l’été 64, d’un Timothy Leary aux poches pleines de fioles de Gloire. Ou encore à l’insurrection de Budapest en 56. Ou encore…

En multipliant les points de divergence, Wagner donne des bases solides à une réalité alternative particulièrement cohérente et réaliste, et plutôt que de la raconter, laisse la parole à ceux, innombrables, qui la font — et la vivent. Autour de quelques personnages récurrents et de l’intrigue « contemporaine », une multitude d’anonymes émergent ainsi du tourbillon des évènements, prêtant leurs voix au chœur le temps d’un souvenir, pour donner vie et cohérence à ce rêve d’Histoire entre contre-culture et barbouzeries. Dans ce concert ininterrompu de voix entrelacées, l’auteur n’oublie jamais que la langue même se doit d’être uchronique ; et cette structure polyphonique parfaitement maîtrisée s’avère être le véhicule idéal pour plonger sans douter au cœur de l’Histoire en marche et des dynamiques sociales, offrant un point de vue privilégié sur le processus uchronique lui-même.

Jamais Roland C. Wagner n’avait aussi bien marié ses passions et ses convictions. Soigneu-sement réinventés, le rock « psychodélique », les expérimentations sociales et les explora-tions psychotropes des sixties sont les piliers d’un roman vivant, ensoleillé et jubilatoire, qui confronte sans idéalisme des valeurs qu’on voudrait universelles à un regard incisif sur les sociétés contemporaines.

Fruit d’un savant équilibre entre pragmatisme et utopie, entre musique et politique, Rêves de Gloire, enthousiasmant de bout en bout, pose avec passion et humanité un regard neuf, sans tabous, sur un passé toujours sensible, sur les chemins qui s’ouvrent à nous et sur les pièges qui nous guettent.

Et l’uchronie gagne là l’une de ses plus belles pièces.

Dilvish le Damné

Il y a fort à parier que quiconque ayant lu « La Route de Dilfar », brève nouvelle parue dans le « Livre d’or » consacré à Roger Zelazny, n’a pu oublier la fantastique et furieuse chevauchée du Colonel de l’Est, unique survivant de la bataille de Portaroy, surclassant un par un les héros ennemis pour porter à Dilfar la nouvelle de la défaite. En 1965, au détour d’une poignée de pages, Zelazny crée ainsi l’un de ses personnages les plus marquants, qui acquiert en quelques lignes une stature mythique que bien des héros de fantasy peinent à atteindre en une brochette de trilogies. Quatre nouvelles flamboyantes suivent alors, esquissant les premiers tableaux de la geste de Dilvish le Damné : dernier descendant d’une noblesse déchue pour s’être unie aux elfes, banni aux Enfers deux siècles durant pour s’être opposé à un puissant sorcier, échappé pourtant des abîmes en compagnie d’une mon-ture de ténèbres et d’acier, Dilvish ne s’accordera pas de repos avant d’avoir à nouveau libéré les peuples des terres de l’Est et obtenu réparation de ses tourments.

Mais en 1970, alors que paraît le premier volume des Princes d’Ambre, Zelazny semble se désintéresser de Dilvish. Celui-ci ne réapparaîtra qu’une dizaine d’années plus tard : six nouvelles et un roman — Terres changeantes — le voient alors reprendre sa quête de vengeance. Entre temps la plume de l’auteur a mûri, s’est affûtée, perdant toutefois les audaces formelles et poétiques qui donnaient au Damné son aura de légende : l’énigmatique héros a pris chair, son infernale monture s’est découvert le sens de l’humour et du cynisme. Dilvish, façonné par son aspiration au Bien et son obsession de vengeance, est devenu l’un des personnages les plus « humains » d’un auteur pourtant fasciné par la démesure du héros. Le changement de ton est sensible, mais la sword & sorcery regorge ici de trouvailles, d’idées qui font mouche — ah ! la magie selon Zelazny… — dans un genre trop souvent ronronnant, et malgré quelques textes mineurs, on se laisse volontiers entraîner, au fil des péripéties, jusqu’aux abords du Château Hors-du-Temps, ultime refuge du sorcier Jélérak… château soumis aux fluctuations de plus en plus cataclysmiques de l’immense pouvoir d’un Dieu Très Ancien au bord de la démence. L’hommage à Lovecraft, au-delà des savoureux clins d’œil qu’il autorise, permet à Zelazny d’offrir en conclusion des aventures de Dilvish une apothéose de fougue et de folie, et de livrer quelques morceaux de bravoure qui n’ont pas à rougir de la comparaison avec les meilleurs pages d’Ambre.

Du cycle de Dilvish le Damné, les lecteurs francophones n’avaient pu lire jusqu’à présent que trois nouvelles et un roman. Ce recueil en très grande partie inédit — pour ne pas dire complètement inédit, tant la nouvelle traduction de Michelle Charrier transfigure les textes déjà connus — répare enfin cette injustice, et permet notamment de (re)découvrir quelques magnifiques nouvelles et un roman de fantasy particulièrement réjouissant

Le Landau du Rat

Luxueusement réédité (ou simplement éditée) à La Volte, l’œuvre de Jacques Barbéri trouve enfin l’écrin qu’elle méritait. Compagnon de route de la SF depuis un bon paquet d’années, Barbéri propose des textes drôles, ambigus, parfois expérimentaux, bizarres et d’une rare modernité. Avec Le Landau du rat (on peut y voir un clin d’œil au Berceau du Chat, de Vonnegut), il nous offre vingt-neuf nouvelles rassemblées par Richard Comballot, anciennes ou pas, toutes délirantes et marquées par son style inimitable. Les convaincus ne manqueront pas de s’y précipiter, et les plus sceptiques peuvent se tourner vers la quatrième de couverture pour avoir un bon aperçu de ce qui les attend. Hommes-bouteilles, héros récurrents, folie intérieure, insectes géants, cités moites et obscures, technologies organiques, monstres, fluides, sang, homoncules et œufs, autant de délires très sérieux à faire pâlir les mondes les plus baroques d’un China Miéville. Mais Barbéri est un orfèvre et ne se permet jamais de livrer un récit à la construction branlante. Ici, tout se tient, tout est logique (une logique déviante, certes, mais logique tout de même) et tout s’enchaîne avec une remarquable fluidité. La grande force du Landau du rat, c’est d’être à la fois accessible à tous et de combler les plus exigeants. On y retrouve l’éventail des passions humaines, les extraterrestres en plus. Il s’agit indéniablement d’une sorte de SF humaniste et généreuse, où le souci littéraire au sens strict du terme place la barre très haut. Rien d’étonnant à ce que Barbéri ait fait partie du groupe Limite. A ce titre, la lecture du Landau du rat est non seulement recommandable, mais exemplaire. On y retrouve la plupart des obsessions de cette bande de fous furieux, on y côtoie l’ombre d’Emmanuel Jouanne, on y décèle des accents à la Berthelot, bref, on sent que l’œuvre de Barbéri est à la fois moteur et réceptacle. De quoi s’y plonger avec délice, d’autant que ces vingt-neuf textes n’ont pas vieilli (pour les plus anciens) et que leur drôlerie n’a d’égale que leur inventivité. En trois cent cinquante pages, le lecteur s’en prend plein les yeux et ressort un peu sonné de l’expérience. Sonné, mais ravi. On cite souvent Ballard et Dick pour qualifier Barbéri, le Landau du rat s’impose d’entrée de jeu comme essentiellement barbérien. Et c’est tant mieux. Même si on regrette de ne pas y trouver la véritable recette du scotch-benzédrine. Au prochain recueil, peut-être ?

D'or et d'émeraude

Second roman d’Eric Holstein, D’or et d’émeraude confirme tout le bien qu’on pensait de l’auteur. Avec cette uchronie bien fichue et totalement assumée, on sent que la machine est désormais lancée. Eric Holstein déroule son histoire sans trembler et s’offre le luxe de modifier totalement la perception qu’on avait de ses précédents travaux. Exit les vampires du premier roman, exit le style dont on avait remarqué les partis-pris, exit à peu près tout, place à quelque chose de différent. Preuve que l’auteur sait se renouveler et emmener ses lecteurs dans des directions inattendues. Malgré ses trois parties distinctes qui fleurent parfois l’artifice, D’or et d’émeraude donne dans le vrai. Eric Holstein s’y livre sans doute un peu plus qu’ailleurs et réinvente l’histoire colombienne avec un talent manifeste. En France, on sait bien peu de choses sur ce pays sud-américain, hormis les éternels clichés concernant la drogue, la violence et les Farc. A ce titre, la première partie du roman nous offre une vision bien plus réaliste que la lecture d’un quelconque article de journal. On y suit l’arrivée de Simon dans son pays natal, dont il ignore tout. Colombien adopté encore nourrisson par un couple de français, il a grandi en région parisienne, ne parle pas espagnol et ne s’intéresse pas particulièrement à ses origines. C’est d’ailleurs presque à reculons qu’il se décide enfin à franchir l’Atlantique, pour faire plaisir à ses parents, en quelque sorte. Et voilà ce post-ado qui débarque à « La Casa », l’orphelinat par lequel il est passé. De là, on suit son itinéraire à Bogota, ses rencontres, ses histoires d’amour, ses beuveries, jusqu’à ce que l’étrange Benino le contacte pour lui présenter son père. Son vrai père. Surpris, réticent, mais finalement curieux, Simon accepte et découvre enfin ce géniteur envers lequel il n’éprouve rien. Le courant passe, pourtant, et Simon finit par participer à une cérémonie indigène censée lui en apprendre un peu plus sur son statut d’indien. La magie opère, et le voilà propulsé… ailleurs. Fin de la première partie.

La suite délaisse la modernité et s’intéresse à la figure de Quesada, sans doute le moins célèbre des conquistadors, en pleine conquête de ce qui n’est pas encore la Colombie. Eric Holstein donne la pleine mesure de son talent dans cette centaine de pages impeccablement racontée. On avance difficilement dans la jungle aux côtés des explorateurs fatigués, sales, hirsutes et malades, on découvre les indigènes et les tueries subséquentes, bref, on participe à l’aventure. Une aventure assez ambiguë, d’ailleurs, dans la mesure où le manichéisme n’est pas de mise. Pourriture affirmée ou humaniste raté, Quesada s’impose comme un homme attachant, certes pétri de doutes et d’obsessions glauques, mais étonnamment vivant et humain. On sait ce qu’il advint de sa première expédition, et c’est là où Eric Holstein fait dévier l’histoire, la grande comme la petite. Car ici, la conquista est un désastre. Les indigènes savent se battre, menés par un chef aussi étrange que charismatique dont on devine assez vite la véritable nature. Pour les conquistadors, c’est la fin. Mais encore une fois, rien n’est simple. Et plutôt que d’exterminer les envahisseurs et de se lancer dans une guerre forcément longue et destructrice avec l’Espagne, les futurs « Colombiens » organisent une sorte de coexistence pacifique avec le royaume. Un accord à la fois réalisable et lucratif pour tout le monde. De quoi ouvrir la voie vers un monde radicalement différent.

Ne reste plus qu’à lire la troisième partie du roman, qui nous replonge en 2010, dans une Colombie souveraine, un continent jamais morcelé et un monde finalement prospère dont les enjeux géopolitiques n’ont rien à voir avec le nôtre. On y retrouve le personnage de Benino, une version différente, en quelque sorte. Et on devine assez vite ce qui s’est passé.

On l’a dit, la construction du roman en trois parties distinctes peut agacer par son didactisme. Mais il serait malhonnête de s’arrêter sur ce détail, tant Eric Holstein nous embarque dans son histoire sans jamais cesser de convaincre. Un peu à l’image de Petits arrangements avec l’éternité, qui fonctionnait sans accroc, D’or et d’émeraude s’orchestre comme une partition millimétrée ouvrant parfois des perspectives vertigineuses. Le tout sans avoir l’air d’y toucher, avec une modestie manifeste. On s’en doutait, en voici désormais la preuve, Eric Holstein fait désormais partie des plumes de la SF française. Une SF qui va devoir compter avec lui. Et quelque chose nous dit qu’elle ne s’en portera pas plus mal.

La Rivière perdue

Amateurs d’eau en bouteille, tremblez ! A vous qui pensez que l’alcool est dangereux pour la santé et que boire de l’eau est la seule alternative saine, ce livre apporte un démenti cinglant.

Eric Shaw est un cinéaste dont l’avenir semblait tout tracé. Sauf que… le voilà à présent réalisateur de films de mariage ou d’hommage aux défunts. Ne supportant pas cet échec, ayant quitté sa femme, il est peu de dire que notre héros est en plein doute. Un état d’esprit idéal pour la suite de l’aventure… C’est Alyssa Bradford qui lui en ouvre la porte. Cette jeune épouse veut faire un cadeau à son mari : elle commande donc à Eric un film sur son beau-père, le millionnaire Campbell Bradford. Après une entrevue étrange avec le vieil homme mourant, le vidéaste se rend dans la ville natale de Campbell : French Lick (Indiana), ancienne ville pour familles fortunées autrefois célèbre pour son hôtel grandiose, « irréel » et digne d’un film à gros budget. Et pour son « eau de Pluton » aux vertus affichées si nombreuses qu’une page n’y suffirait pas. Un slogan : « Quand la nature ne peut pas, Pluton s’en charge. » Tout un programme ! D’ailleurs, avant de l’envoyer en mission, Alyssa a confié à Eric une vieille bouteille de cette eau que son beau-père avait conservée depuis des années. Etrange récipient qui semble se refroidir de jour en jour. Curieux (et ivre !), le cinéaste en boit une gorgée. Et aussitôt les visions commencent… Un homme resurgit du passé. Pour reprendre une place qu’il estime avoir perdu injustement. Et il est prêt à tout pour la retrouver. Même à tuer. Surtout à tuer.

Robert Pépin a quitté le Seuil pour devenir, chez Calmann-Lévy, le directeur de cette nouvelle collection au nom évocateur : « Robert Pépin présente » (hommage égotique et revendiqué à Hitchcock — mais il faut dire que l’arrivée de Pépin chez Calmann-Lévy, c’est ce qu’on appelle un gros transfert du côté des footeux…). Ce vieux routard de l’édition a emporté dans ses bagages chargés quelques-uns de ses auteurs fétiches, dont Michael Connely tout de même (le créateur de l’inspecteur Harry Bosch et du Poète), et le jeune Michael Koryta (vingt-six ans et déjà huit romans parus aux Etats-Unis), qui signe ici sa première incursion dans le fantastique.

Pour un essai, ce roman tient ses promesses, même si la énième comparaison avec Stephen King s’avère lourde à porter (surtout quand le maître sort lui-même un nouvel ouvrage : Dôme). Malgré cela, le résultat ne manque pas d’intérêt, sans qu’il soit pour autant transcendant. Ainsi n’échappe-t-on pas aux poncifs, la structure se révèle classique et, à quelques exceptions près, on est rarement surpris. Toutefois la lecture demeure agréable et Koryta fait montre d’une maîtrise narrative toute professionnelle. Les personnages prennent vie peu à peu, le décor est planté dans les règles de l’art et l’intrigue, bien menée, s’avère prenante. Pas le livre du siècle, certes, mais un ouvrage bien fait, bien construit. On attend à présent que ce jeune auteur, le succès et l’assurance venant, ose sortir des pistes bien tracées et des carcans imposés.

Au fait, l’hôtel existe bel et bien. Voilà qui mérite une petite visite : http://www.frenchlick.com/ hotels/westBaden. Vous ne le regretterez pas…

Jackpots

Voyager dans le temps vous intéresse ? Aucun doute alors, ce recueil est pour vous. En effet, au fil des quatre récits qui le composent, on retrouve le parfum suranné des temps de Guerre froide, l’affrontement des blocs Est/Ouest, et la douce fragrance anxiogène de la menace atomique planant sur tout et tous. Cette époque où les femmes n’étaient souvent que des faire-valoir dont le seul horizon se résumait à un mariage digne de ce nom. Mais n’allez pas pour autant croire que l’auteur de L’Histoire du futur manie les clichés et aligne les stéréotypes. Au contraire ! Il a même le don (l’arrogance ?) de prendre à rebrousse-poil l’optimisme et le volontarisme parfois béats de ses éditeurs de l’époque, tel John Campbell.

Ce qui explique que ce dernier ait, dans un premier temps, refusé de publier « La Création a pris huit jours », seule nouvelle inédite du présent recueil. Et cela peut se comprendre, tant la race extraterrestre qu’elle met en scène s’avère éloignée des aliens communs aux années 40 — une vision qui se rapproche bien davantage de celles d’auteurs contemporains. Pas de créature cruelle rêvant de réduire la Terre en esclavage pour finir par être vaincue grâce au courage de quelques humains valeureux, donc, mais des entités infiniment supérieures à l’homme, bien au-delà de ses capacités, résolument… autres. A tel point que la fin du récit ne donne aucune réponse précise, se contentant de quelques pistes ; on imagine combien cela devait déranger et surprendre à l’époque — et même encore de nos jours, d’ailleurs, quand on pense aux films du type Independence Day, ou aux réactions suscitées par un roman comme La Nef des fous de Richard Paul Russo…

« Une année faste », retraduit par Eric Pi-cholle pour l’occasion, texte qui clôt Jackpots, prend pour base une théorie de 1947. Selon deux économistes, 1952 serait l’année de conjonction de plusieurs cycles majeurs (économique, géologique, biologique…). Partant de cette idée, Heinlein nous présente une fin du monde à travers les yeux d’un couple atypique : une jeune femme qui, sans savoir pourquoi, s’est livrée à un strip-tease dans les rues de Los Angeles, et son sauveur, Potiphar (quel prénom !), observateur pointilleux de ces cycles. Le résultat s’avère amusant, et ce en dépit d’une conclusion pessimiste et d’un ton, une fois encore, quelque peu suranné. Une parenthèse ludique que nous offre celui qui aimait tant jouer avec ses lecteurs.

Plus noire dans le ton et le contexte, « Solution non satisfaisante », publiée en mai 1941, est davantage un constat désabusé et inquiet qu’un plaidoyer contre les dangers du nucléaire. Ainsi, quoique pensent ou tentent les personnages de cette nouvelle, rien n’y fait : la découverte de cette puissance phénoménale a bel et bien changé le monde. Et pas nécessairement en bien. La démonstration est aussi implacable que fascinante, et même si certains détails techniques datent inévitablement l’ensemble, le texte ne perd rien de sa force.

Enfin « Sous le poids des responsabilités », texte d’ouverture du recueil, vient en dernier quant à l’intérêt et la richesse. Ici proposé dans son ancienne traduction du « Livre d’or de la science-fiction », ce n’est pourtant pas cela qui en fait le récit le plus faible de Jackpots, mais bien la comparaison avec les trois nouvelles suivantes. On suit le sacrifice assez involontaire d’un pilote de torche, seul vaisseau capable d’apporter à temps à une colonie lointaine le remède miracle. Touchant, mais bien moins séduisant que le reste du recueil.

Reste au final un ensemble convaincant, assez grave dans ses thèmes et représentatif du talent de Robert Heinlein, bref une occasion toute trouvée de (re)découvrir un auteur fascinant et ô combien fondateur. Une belle initiative que cette publication, en somme.

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