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Toucher la peau du ciel (L'Empire s'effondre T.2)

Dans le volume inaugural et éponyme du cycle (chroniqué dans Bifrost 104), l’empire de Seth s’est effondré quand une révolution de palais a créé une scission entre les princes dirigeant ses différentes castes, et que l’un d’eux est entré en guerre contre les autres pour préserver le système. Le volume 2, Toucher la peau du ciel, pose tout simplement la question suivante : et maintenant ? L’empire s’est effondré, mais que va-t-il jaillir de ses décombres ? Diverses factions y apportent des réponses très différentes : les Familles de la Pègre tentent d’exploiter les vestiges, créant une vague d’insécurité sans précédent; le Triumvirat (prince de la Loi en premier lieu) cherche à consolider son pouvoir et à préserver ce qu’il peut du système de castes en déliquescence; les dirigeants de la Foi et de la Guerre veulent le transformer pour accentuer son aspect théocratique et faire passer les autres castes sous leur contrôle, tandis que les Techniciens cherchent à transcender l’ordre ancien en créant une nouvelle Loi qui ne viendrait plus d’un livre sacré mais des hommes, en refondant l’ensemble de la société, où le mérite compterait plus que l’origine sociale, et en la basant sur la Raison plutôt que la Foi.

Dans notre recension de L’Empire s’effondre, nous avons déploré, malgré d’évidentes et incontestables qualités, que ce soit en termes de style, d’intrigue ou (surtout) de worldbuilding, des maladresses, comme des longueurs, un nombre trop élevé de points de vue, de personnages secondaires et de sous-intrigues (parfois à l’utilité douteuse), ainsi que quelques effets de manche stylistiques dispensables. Ce second volet corrige en bonne partie ces défauts, l’ensemble donnant moins l’impression de se perdre dans des détours superflus, les dialogues étant moins déclamatoires (on aurait néanmoins apprécié qu’en contrepartie, Coville nous évite de jouer à l’épigone de Jean-Philippe Jaworski ou Cédric Ferrand en mettant autant l’emphase sur le registre populo-argotique), le rythme plus constant et l’importance de chaque personnage (déjà connus du lecteur, ce qui facilite les choses) plus claire. On soulignera que le worldbuilding, déjà admirable, s’enrichit encore, et que les questions que nous nous posions quant à la nature réelle de cet univers et au classement taxonomique de ce cycle ne font que devenir plus pressantes. On appréciera, enfin, une communication plus sobre de l’éditeur, qui en faisait DES TONNES sur la quatrième de couverture du roman précédent.

Notre critique de L’Empire s’effondre se terminait en prédisant qu’avec quelques ajustements, le tome 2 pourrait être une spectaculaire réussite : force est de constater que réussite, il y a, et qu’elle n’est effectivement pas si loin d’être spectaculaire !

Superluminal

Pour inaugurer sa nouvelle collection ap­pelée « Stellaire », Mnémos a choisi de ré­éditer Superluminal de Vonda McIntyre, paru en 1986 chez OPTA. Publié en 1983 en VO, le roman résulte en fait de l’expansion de la novella « Aztèques », parue en 1977, à laquelle est rattachée « Transit », une nouvelle également sortie en 83, mais plus tôt.

Dans son univers, les clivages homme / femme sont dépassés du fait de l’application d’une méritocratie parfaite, mais de nouvel­les différences sociales émergent, que ce soit du fait des capacités de certaines professions ou de l’apparition de variantes génétiques (adaptées au milieu sous-marin) de l’humain. Les Pilotes forment l’élite de cette société, car ils sont les seuls à pouvoir rester éveillés sans mou­rir au sein du Flux, les dimensions supérieures à l’espace-temps quadridimensionnel banal permettant de franchir rapidement les gouffres interstellaires. Le prix à payer, toutefois, est considérable : leur cœur doit être remplacé par une prothèse mécanique. Membres d’équipa­ge et passagers, eux, se voient placés sous une anesthésie si profonde et toxique que la mort n’est pas rare.

L’ouvrage, qui s’ouvre sur un incipit d’une grande force (« Elle n’avait pas hésité à renoncer à son cœur »), commence par narrer, dans son premier tiers, l’histoire d’amour impossible entre Laena, jeune pilote, et Radu, membre d’équipage, qui, à partir du second tiers, fera preuve d’un don hautement singulier qu’il utilisera pour retrouver une Laena égarée dans les dimensions supérieures de l’univers, mais qui, menaçant de remettre en cause l’ordre établi, lui attirera une attention malvenue de la part des Pilotes et des tout-puissants Administrateurs du Flux. Cette seconde partie étant plus axée sense of wonder et aventure, tout en n’oubliant jamais le pivot du roman : les relations hu­maines.

Même si l’autrice fait preuve de belles qualités (un sens bluffant de l’anticipation technologique, un intéressant univers transhumaniste), le roman n’en reste pas moins trop bancal pour convaincre : le premier tiers est très (trop) lent (sans compter que l’histoire d’amour ne séduira pas tous les profils de lecteurs), tandis qu’au contraire, le reste s’avère trop rythmé pour son propre bien. Certains dialogues ou manières de réagir de personnages secondaires peinent à convain­cre, et la conclusion abrupte laisse questions et fils d’intrigue en suspens. Sans même parler de l’univers, qui évoque un peu trop de prestigieux devanciers (Cordwainer Smith, Frank Herbert).

Mais McIntyre n’est pas la seule en cause : l’éditeur s’est cru obligé de souligner avec emphase le côté révolutionnaire (l’inversion des stéréotypes de genre, par exemple) et visionnaire du livre, alors qu’il aurait mieux employé son temps à corriger le texte (et à laisser le lecteur tirer les conclusions qui s’im­posaient) : pour un roman de taille modeste, le nombre de coquilles et d’erreurs n’a rien de glorieux !

Focus The Expanse T. 2 à 9

Alors que l’ultime tome de « The Expanse », La Chute du Lévia­than, est paru en mai 2022, et que seul le tome 1, L’Éveil du Léviathan, a été chroniqué dans Bifrost (n° 76), il est temps de tirer un bilan général de cette saga, et celui du roman qui la clôture. Le tout sans dévoiler les nombreux changements de cap de l’univers !

Les tomes de « The Expan­se » fonctionnent par duos, exceptés les trois derniers qui forment un tout. En général, le premier des deux romans présente un paradigme (parfois esquissé à la fin du duo précédent), que le second va se charger de démolir pour en mettre en place un autre, radicalement différent. Dans les deux premiers tomes, l’Humanité est confinée au Système solaire, et est divisée entre grandes puissances (Terre et Mars) d’un côté, bases de la Ceinture d’astéroïdes et des satellites des planètes géantes de l’autre. Une corporation a découvert sur un des satellites de Saturne une « protomolécule » d’origine extra­terrestre, qui aurait dû se répandre sur Terre mais qui a été capturée par la gravité de la planète. Son but restant inconnu, la corporation en question organise sa dissémination sur l’astéroïde Éros pour comprendre son utilité et s’approprier cette technologie toute-puissante. Quand la situation devient hors de contrôle, l’Humanité découvre enfin la surprenante mission de cet outil, et les auteurs (Daniel Abraham et Ty Franck se cachent derrière le pseudonyme commun de James S.A. Corey) passeront l’essentiel des tomes 3 et 4 à en explorer les énormes conséquences, notamment sur le plan de la géopolitique du Système solaire. En effet, les rôles de la Ceinture mais aussi de Mars sont redéfinis, et leurs cultures sur le point de changer radicalement – voire de disparaître. Certains refuseront le déclin et auront recours à la sécession, au terrorisme et à la guerre pour retrouver une place dans l’échiquier politique de l’Humanité recomposée. C’est le sujet des tomes 5 et 6.

Dans le tome 7, qui se dé­roule trente ans plus tard, le Système solaire subit un nouveau bouleversement quand il est conquis par une force irrésistible formée d’anciens Martiens dotés d’une technologie avancée. Dans les tomes 8 et 9, lorsque notre espèce tout entière se retrouve menacée de mort par des entités venues d’ailleurs, le chef du nouvel Em­pire Humain veut lui faire subir un changement posthumaniste radi­cal afin de lui permettre de faire face à la menace. Comme à chaque fois, c’est l’équipage du Rossinante qui devra sauver le monde !

« The Expanse » part d’une situation technologique et géopolitique « réaliste » pour aller, au travers des changements de paradigme, toujours plus loin en matière de sense of wonder, jusqu’à culminer dans un spectaculaire feu d’artifice de révélations grandioses dans son ultime opus (sur la nature de la Zone Lente, des bâtisseurs protomoléculaires, etc.). Sa peinture des cultures de la Ceinture et du Système solaire extérieur est remarquable, tout com­me celle des équilibres de pouvoir qui les lient à la Terre et Mars, abordant des thèmes comme le colonialisme, l’exploitation écono­mique des pays en voie de développement, les inégalités, l’intolérance Ceinturiens / Inté­rieurs, le dilemme du recours au terrorisme et à la violence pour faire prévaloir ses idées politiques, etc. Les basculements violents de paradigme, et la façon de s’y adapter, voire d’y survivre, sont au cœur du propos. Ils per­mettent aussi au cycle de se réinventer en permanence, balayant un nombre conséquent de sous-genres ou de thèmes. Et ce tout en conservant tout du long une équipe de personnages hautement attachants, autre grande qualité de la saga, qui sait mettre de l’humain dans la géopolitique, la guerre, l’His­toire en train de s’écrire et le sense of wonder.

Le tome 9 clôt de façon fort digne le cycle, en répondant à toutes les questions qui se posaient jusque-là, en offrant une sortie parfaite à des héros fatigués et en esquissant, dans son épilogue, un ultime changement de paradigme dont on peut regretter qu’il ne sera jamais développé. Véritable traité sur la façon dont les sociétés doivent s’adapter aux changements, même les plus radicaux et improbables, faute de devoir disparaître, excellent contexte futur, assez proche et « réaliste » dans ses deux premiers tomes, pour sans cesse évoluer vers plus de sense of wonder, longue saga mettant en scène l’équi­page d’un vaisseau qui a tout de « héros ordi­naires » mais qui, pourtant, fait l’Histoire, et pas qu’une fois, « The Expanse » s’est indu­bitablement imposé comme un cycle de tout premier plan, quand bien même, à l’évidence, certains tomes pourront paraître plus faibles que d’autres.

L'Empire des abysses (Vaisseau d'arcane Vol. 2)

L’Empire des abysses est la seconde partie du diptyque « Vaisseau d’Arcane », après Les Hurleuses (Bifrost n° 101). Ré­sumer les fondamentaux de ce deuxième roman sans gâcher au lecteur les retournements de situation de son prédécesseur n’est pas chose aisée, mais essayons tout de même (l’auteur rappelle d’ailleurs les événements précédents en introduction du présent opus, et ce sous la forme habile d’extraits de journaux) : aidée par la traîtrise d’un des personnages, une puis­sance étrangère a conquis le Grimmark. Seule une Rébellion, qui a enregistré quelques beaux succès, mais aussi de sanglants revers, s’oppose à l’Occupant, ainsi qu’un port qui, en accueillant une esca­dre de la Flotte avant la capitulation, a pu préserver son indépendance. Simple bourgade de province, Skemma est ainsi devenue une épine dans le pied de la nouvelle administration, mobilisant la moitié de l’armée, ravitaillée en armes, nourriture et volontaires par la moitié du monde connu (une situation rappelant celle de l’Ukraine). Un an après les péripéties narrées dans Les Hurleuses, les protagonistes vont tenter de libérer leur pays tout en empêchant le conquérant de s’emparer de ce qu’il est réellement venu chercher, ce qui aurait des conséquences dé­sastreuses.

Adrien Tomas, à l’image de nombreux au­teurs français, est ulcéré par la corruption gouvernementale, le contrôle policier, le capitalisme débridé, et il ressent le besoin de l’exprimer dans un livre. Ce qui le dé­marque de la plupart de ses camarades, c’est son talent pour la nuance et la subtilité, sa propension à ne pas mettre toute une corporation dans le même sac, et peut-être, surtout, le fait qu’il n’oublie jamais qu’il écrit un roman, pas un manifeste politique, et ne négligeant pas plus l’intrigue que les personnages, et encore moins le monde dans lequel l’ensemble s’inscrit. Ce second volet confirme toutes les qualités du premier et les accentue encore, notamment en décrivant d’une façon remarquable l’origine de la magie. Le récit fait par l’Arcane, qui donne son nom au cycle, est magistral, générateur d’un véritable sense of wonder comme on n’en voit habituellement que dans la meilleure… SF, celle des plus grands maîtres. On soulignera aussi la fascinante évolution, psychologique ou autre, de cer­tains personnages – Sof, en premier lieu. Le seul point qui pourra potentiellement gêner certains lecteurs sera le nombre très élevé de points de vue (une douzaine), surtout pour un ro­man d’à peine 300 pages.

L’Empire des abysses achè­ve en beauté le splendide diptyque « Vaisseau d’Arcane », prouvant une fois de plus qu’en matière de fantasy industrielle, les français n’ont de leçon à recevoir de personne.

Le Chant des Géants

En 1985, Denis Gerfaud publie le jeu de rôle Rêve de dragon, dans lequel le monde est issu du songe des mythiques reptiles. En 2022, ce rôliste chevronné qu’est David Bry crée Oestant, une île qui, à quelques touches nordiques près, doit tout à la (Grande-) Bretagne du Haut Moyen Âge, et est issue des rêves de trois géants. Vu que certaines analogies sont transparentes (on retrouve un roi Arthus, un Lancelin, un Cara­dec, un Bohort, etc.), que le personnage de Morfessa évoque très fortement Merlin (prophéties, capacité à faire franchir à des armées des centaines de kilomètres en un temps surnaturellement court, comme l’a fait l’Enchanteur avec celle du roi… Bran – justement le nom du protagoniste de David Bry – se rendant à Bedegraine), et qu’il y a plus que de vagues analogies avec l’histoire de Tristan et Iseut, il serait tentant de ne voir dans Le Chant des géants qu’un roman inspiré par la Matière de Bretagne. Ce serait toutefois négliger le fait que l’Iliade est une grille de lecture au moins aussi valable (Sile équivalant alors à Hélène), d’autant plus que le récit a la dimension d’une épopée, à la puissante dramaturgie digne d’une tragédie grecque, jusqu’à l’utilisation habile de la péripétie.

À ces inspirations issues de la littérature classique, il faut en ajouter d’autres venant de la fantasy moderne : le récit est fait par un mystérieux conteur dans une auberge, ainsi que par un flûtiste sur une colline, et leurs interventions forment le fil rouge du roman, le rapprochant du Nom du vent de Patrick Rothfuss ; l’atmosphère est certes dramatique et épi­que, mais elle a aussi une puissante dimension mélancolique, rappelant Ursula Le Guin, référence revendiquée par Bry, tout comme Marion Zimmer Bradley, dont le cycle d’ « Ava­lon » a peut-être inspiré ses très beaux per­sonnages féminins ; l’économie de mots de Le Guin, et sa capacité à créer, malgré tout, une puissante atmosphère, se retrouvent aussi chez David Gemmell, et l’écriture ciselée de Bry, où le gras est quasiment absent des os, tout comme la dimension guerrière et l’empathie ressentie pour des protagonistes très humains, semblent venir tout droit de chez le Britannique.

Avec pareilles inspirations et le talent de Bry, on est bien proche d’un grand livre, même si quelques éléments peuvent tempérer l’enthousiasme : cette histoire de deux princes se disputant une fem­me et le pouvoir, l’un par amour et sens de l’honneur, l’autre rongé par un complexe d’infé­riorité et des passions (comme on disait dans Pendragon) dé­vorantes, est tout de même bien (trop) classique ; l’immersion dans les sentiments de Bran en fait certes un personnage attachant et vivant, mais son histoire d’amour (proche de celle de Tristan, donc ne relevant pas du fin’amor) est parfois horripilante quand il s’interdit d’y céder, et un poil guimauve quand il finit par le faire, sans compter sa foi mal placée en son frère ; l’auteur adopte pour certaines scènes un staccato de phrases courtes avec retour à la ligne à la James Ellroy (auquel il emprunte aussi la thématique de la rédemption) en rupture avec le reste du style du roman, qui oblige à une gymnastique mentale d’autant plus agaçante que la description des combats est assez répétitive ; certains lecteurs seront frustrés par la place modeste (bien que capitale) prise par les Géants ; la fin, si elle est réussie, tranche tout de même avec la couleur émotionnelle gé­nérale du texte ; enfin, Bry ne se renouvelle guère, ce nouvel opus étant bien proche de certains des précédents.

Ce qui ne fait pas moins de ce Chant des Géants un très bon roman (surtout pour qui aime ses sources d’inspiration), d’autant plus recommandable que le contenu est sublimé par une édition à la beauté notable et un prix en regard assez modeste.

“Éversion” chez les Lectures du Maki

« Vous voulez une aventure hors-norme ? Appareillez donc sur le Demeter, harnachez-vous sur le pont, les traversées ne seront pas de tout repos, profitez des brises légères et de la pétole avant de vous faire engloutir par les tempêtes. Vous vous en sortirez probablement vivant mais différent et heureux ! Il est donc temps de larguer les amarres et que vogue la lecture… » Les Lectures du Maki

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