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Éros ou Thanatos

Avec cette novella, Loïc Henry revient à l’univers qu’il avait exploré dans Loar. Ce texte est néanmoins indépendant du roman et se situe plusieurs millénaires avant les événements qui y sont narrés.

Eros ou Thanatos, c’est le choix auquel est confrontée la jeune Isis, comme tout habitant de la cité d’Opale arrivé à l’âge de dix-huit ans. Eros, ce sera une vie normale ; Thanatos, une existence de plusieurs siècles, mais asexuée. Opale est une cité close sur elle-même. Au-delà de ses murailles, c’est l’extra-muros, no man’s land craint de tous. Mais… quelques jours avant son choix, Isis croise le chemin d’Ig, une mystérieuse jeune fille qui semble (trop) bien la connaître et qui lui offre l’accès à l’extra-muros. S’ensuit pour les deux jeunes femmes une odyssée à travers la planète, un périple qui va les mener de cité en cité et permettra à Isis d’en apprendre davantage sur ses origines, sur les liens qui l’unissent à Ig et sur la spécificité de la cité d’Opale. Une particularité qui aura son importance plus tard — les dernières lignes d’Eros ou Thanatos rattachant la novella directement à Loar.

Ce dernier était un honnête space opera, qui aurait pu s’affranchir sans peine d’une centaine de pages. Cent pages dont aurait bénéficié Eros ou Thanatos, afin d’approfondir tant l’univers que l’histoire. Celle-ci pèche en effet par sa légèreté. Les pérégrinations d’Isis et Ig ne semblent prétexte qu’à une balade à travers quelques cités aux noms de pierres semi-précieuses, aux fonctionnements et aux particularités tout juste esquissées, sans que cet ensemble n’ait quelque influence sur la grande Histoire. Si Loar évoquait par endroit Dune, cette aventure débute comme une version utopique de L’Age de cristal (roman assez médiocre au demeurant, signé J. C. Johnson et W. F. Nolan). Encore que l’enjeu de l’âge n’ait pas grande influence — Isis est rapidement fixée sur la question. De fait, Eros ou Thanatos manque d’enjeux et peine à accrocher le lecteur. Au final, on conseillera davantage la lecture de Loar que cette novella somme toute assez anodine. En se disant que Loïc Henry fera mieux la prochaine fois. Ou pas.

L'Ére des Phalanstères

Le pseudonyme de l’auteur renvoie à une nouvelle humoristique de Jules Vernes, dans laquelle un dément du nom de Gil Braltar rêve de reprendre aux anglais le rocher de Gibraltar. Dans L’Ere des Phalanstères, on est au milieu du XXIIe siècle. Du côté de Sumbawa, en Indonésie, Mikhail a la belle vie dans sa résidence, entouré de robots et d’IA. Son quotidien consiste à surfer, faire la fête et voir ses amis de par le monde. Jusqu’au jour où, découvrant une anomalie géographique dans le désert du Sahara, il décide d’en savoir plus. Ailleurs, dans le phalanstère Primevère7, la jeune Inako se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond. Comme tous les habitants du phalanstère, elle a Peur de l’extérieur — un dégoût viscéral des grands espaces, inculqué par une puce cérébrale. Peu à peu, Mikhail et Inako vont réaliser qu’on leur a caché la vérité, une vérité qu’ils vont s’efforcer de découvrir. Et c’est vraiment pas jojo. Imaginez : cent ans plus tôt, alors que l’état de la planète était de plus en plus catastrophique, une bande de trois cent soixante nantis (comme par hasard, les magnats de l’industrie et les élites gouvernantes) a décidé de faire table rase, avec une solution des plus radicales : enfermer les sept milliards de pauvres dans des phalanstères souterrains, et laisser une Terre en jachère aux deux milliards de riches. Comme par hasard, les prêtres qui dirigent les phalanstères sont également ceux qui président le monde libre. Naturellement, Mikhail et Inako vont participer, mais d’assez loin, à la mise à bas de cet ordre inique, aidés par un pingouin virtuel nommé Tox et un robot programmé pour parler en vers.

Arrivé à ce stade, le lecteur est en droit de se sentir consterné. Heureusement, il n’a plus à souffrir longtemps, car le roman touche à sa fin. Dans L’Ere des Phalanstères, la satire est bien loin et on se situe davantage du côté de la charge grossière. Contre qui ? Le capitalisme, le libéralisme, tous ces individus foncièrement méchants à la tête des gouvernements ou des grosses entreprises qui complotent contre le reste de la pauvre population. Une charge dépourvue de subtilité, avec une histoire sans horizon d’attente et peuplée de personnages désincarnés. Toute ressemblance avec des individus réels… Si l’on a droit à Rahan et Alix en hôtes de réalités virtuelles, on dissimule le magnat de l’informatique sous le nom transparent de William Doors — ah, pardon, c’est son petit-fils. Ne manquerait plus que Steve Works… Dans le ridicule, mention spéciale à la mascotte de Linux, renommée ici Tox, et qui n’avait pas besoin de ça.

Si le « Gil Braltar » de Jules Vernes ne brille pas non plus par sa subtilité, au moins a-t-il le mérite de la brièveté et de l’humour. Ici, Gil Braltard nous a pondu un roman aussi moralisateur qu’ennuyeux, bourré de bonnes intentions et qui ne cesse d’enfoncer des portes ouvertes. A éviter.

AD Noctum

La collection « Lunes d’encre » accueille peu d’auteurs français, et encore moins de premiers romans francophones — on remontera en 2008 et aux Tours de Samarante de Norbert Merjagnan pour en trouver un. Aussi, lorsqu’il nous en est proposé un, convient-il d’y prêter attention. Quoique, du côté de la forme, plutôt qu’à un roman, on est ici plus proche du CLEER de L. L. Kloetzer, avec ce fix-up composé de neuf récits.

AD Noctum : les majuscules sont significatives, car c’est bien sous l’angle de la génétique que sont abordées ces « Chroniques de Genikor ». Et sous-tendant ces dernières, il y a un slogan : « Rappelons-nous : chaque jour, nous donnons la vie. »

Ce nous, c’est Genikor, multinationale tentaculaire spécialisée dans l’ingénierie génétique et ayant solution à tout. Pour un conflit, Genikor propose des chimères qui s’attaqueront seulement à l’ennemi, capables de le reconnaitre via son génome. A destination de ceux qui s’ennuient, Genikor fournit un gibier de premier choix, à chasser lors de safaris bien particuliers. Et pour ceux en manque d’affection, Genikor vend des sex-toys huma-noïdes tout entier dévolus à la satisfaction de vos moindres désirs.

Derrière Genikor, c’est tout un futur qui s’esquisse, et pas le plus rose qui soit. Qu’on en juge : une guerre entre les Etats-Unis et la Chine ; une nature dévastée qui pousse la plupart des humains à se réfugier dans des cités-dômes ; une entreprise omniprésente ; un monde où l’on trompe son mal-être avec des créatures artificielles plutôt qu’avec son prochain ou sa propre progéniture. Seul l’ultime texte du recueil, « Mes aïeuls », viendra détromper, juste un peu, ce désolant état de fait. Si cela n’a rien d’infâmant, on peut déplorer qu’on reste toujours dans des terrains déjà explorés par Silverberg en son temps.

Les nouvelles sont indépendantes entre elles, et seule Genikor, la toile de fond, et quelques personnages, permettent de les relier. « FTA » introduit le recueil, présentant un effet secondaire aussi inattendu que regrettable de l’utilisation de chimères dans la guerre sino-américaine. « OK » traite de la même guerre sous la forme d’un étonnant journal à rebours. Quant au « Cri de la chair », la nouvelle se présente comme un échange épistolaire entre deux amoureux d’un genre particulier qui ne peuvent se rencontrer. Avec « Sexus Machina », elle fait partie des textes les plus réussis d’AD Noctum — l’une et l’autre abordant le thème des androïdes de plaisir d’une manière qui fait mouche. Il reste dommage que l’ensemble ne mène pas à grand-chose. On se rapproche peu à peu de Genikor, sans véritable progression dramatique, ce que l’on peut regretter.

Si la qualité des textes est assez inégale, l’ensemble est néanmoins de bonne tenue et fait de AD Noctum un premier livre des plus recommandables, aussi attendra-t-on avec curiosité les deux autres volets de ce qui s’annonce comme un triptyque.

Et pour quelques gigahertz de plus…

Les éditions Ad Astra, dont on a pu notamment apprécier jusque-là le travail autour de Christian Léourier et Jean Millemann, donnent cette fois sa chance à une jeune auteure, Ophélie Bruneau, dont c’est ici le premier roman. Un vaisseau spatial d’exploration terrien se retrouve propulsé au cœur d’un conflit qui le dépasse quelque peu : dans un système solaire lointain, deux planètes se disputent la suprématie sur une troisième, riche en minerais. N’ayant pas vocation à arbitrer ce type de confrontation, le capitaine du Viking, Jean-Frédéric Serrano (!), devra néan-moins s’y atteler pour sauver la vie de l’un de ses membres d’équipage, fait prisonnier par l’un des camps antagonistes.

Space opera de la plus classique facture, cousin lointain de Star Trek, Et pour quelques gigahertz de plus… se lit sans déplaisir grâce à un sens du rythme assez bien maîtrisé. Les péripéties s’enchaînent convenablement, les rebondissements relancent l’intérêt, bref, de ce point de vue, Ophélie Bruneau s’en sort avec les honneurs. Ce qui n’empêche pas le bât de blesser sur plusieurs aspects : tout d’abord, les personnages sont réduits à de simples caricatures sans réelle épaisseur. Ceci vaut autant pour les êtres humains que pour les extraterrestres, desquels l’auteure ne tire pas tout le potentiel disponible. Faute de creuser suffisamment (notamment, sur le rapport des habitants de Ninsat, l’ancienne colonie devenue indépendante, avec la planète-mère), alors qu’elle avait pourtant planté quelques bases intéressantes, Bruneau ne parvient jamais à nous donner à voir des extraterrestres crédibles.

Se plaçant ouvertement sous l’influence de Douglas Adams (et de Babylon 5 et Galaxy Quest, d’après la quatrième de couverture), la romancière découvre aussi qu’il n’est jamais évident de faire rire, même avec la meilleure volonté du monde. Si l’on sourit parfois, si l’on trouve quelques répliques plutôt bien senties, on sera moins indulgent sur d’autres passages, comme certaines idées étirées jusqu’à les vider de toute substance (le jeu vidéo…). Il est vrai que l’humour est une chose difficile à maîtriser en littérature… En outre, le livre oscillant entre ce nonsense et une trame un peu plus sérieuse, on a le sentiment que l’auteure n’a jamais réussi à concilier les deux et se retrouve in fine aux prises avec un roman qui échoue à trouver son équilibre : les enjeux dramatiques sont escamotés du fait de cet humour nonchalant alors même que Bruneau, désireuse de raconter une histoire qui se tienne, ne lâche jamais la bride côté drôleries.

On l’aura compris, Et pour quelques gigahertz de plus…, sans être déshonorant, reste malgré tout une tentative bancale sur de nombreux points. De fait, au-delà de ce premier roman, on patientera quelque peu pour se faire une idée plus précise du potentiel d’Ophélie Bruneau.

L’Encyclopédie du fantastique

Succédant à L’Encyclopédie de la fantasy parue chez le même éditeur en 2009, le présent ouvrage est animé des mêmes intentions. A savoir, proposer au grand public une approche du genre en maintenant l’équilibre entre initiation et approche érudite, l’ensemble étant étayé par une riche iconographie.

Convoquant dans l’introduction les avis éclairés de Roger Caillois et H. P. Lovecraft notamment, l’auteur caractérise le fantastique par l’intrusion dans notre réel d’un phénomène étrange, allant à l’encontre des règles habituelles, et qui provoque la peur. Le fantastique, genre aîné de l’Imaginaire, se distinguerait ainsi de la science-fiction et de la fantasy. En effet, dans l’un et l’autre cas, les mondes décrits sont donnés comme recevables en bloc, qu’il s’agisse de prospective ou de magie. On admet que l’univers évoqué est normal selon ses propres conventions, l’intrigue s’y déroulant ne remettant pas en cause ses lois. Dans le fantastique, au contraire, l’événement inattendu, et littéralement contre-nature, bouleverse non seulement notre connaissance de la réalité, mais la réalité elle-même. Une définition amendable, mais parfaitement recevable.

Jacques Baudou consacre son premier chapitre à la figure du diable en tant que matrice possible du fantastique, identifiant l’écrivain Jacques Cazotte comme père éventuel du genre avec Le Diable amoureux (1772), suivant en cela l’indispensable The Penguin Encyclopedia of Horror and Supernatural. L’auteur évoque ensuite les figures obligatoires d’Horace Walpole, Matthew G. Lewis ou encore Robert Charles Mathurin, rayonnant à partir du socle anglo-saxon en direction des autres traditions européennes, principalement françaises et allemandes, sans toutefois oublier les autres apports essentiels, qu’ils soient par exemple belges (Tomas Owen ; Jean Ray ; Michel de Ghelderode) italiens (Landolfi ; Buzzatti) ou russes (Gogol ; Tourgueniev). Ce tour d’horizon, forcément rapide compte tenu de l’intention de l’ouvrage, est parfaitement satisfaisant. L’érudit y trouvera son compte, et l’amateur pourra y puiser des suggestions de lectures.

Puisque l’objet est à la fois littéraire et illustratif, mentionnons pour la partie allemande la très belle reproduction de l’affiche cinéma d’Alraune (1930) ou des splendides couvertures de la revue Der Orchideengarten, véritable pépinière de talents durant la première moitié du siècle passé. En parfaite cohérence avec l’intention générale, l’iconographie puise de même dans les photogrammes, images de comics ou clichés de studios.

Concernant la partie analytique, Jacques Baudou se réapproprie de façon assumée la grille de Stephen King proposée dans son Anatomie de l’horreur. Là aussi, le choix est judicieux, puisque King est à la fois un nom connu du grand public et un incontestable expert. L’organisation thématique à partir des figures de la chose sans nom, du vampire, du loup-garou et des fantômes rend aisé le parcours. Ainsi peut-on aller du livre au film, du théâtre à la télévision en passant par le fantastique radiophonique, injustement sous-estimé. L’ouvrage fait enfin place au renouveau du fantastique, qu’il soit littéraire, filmique ou télévisuel. L’ancien critique du Monde mentionne des talents qu’il con-tribua largement à faire connaître : Graham Joyce, Mélanie Fazi ou Jonathan Carroll, montrant sans qu’il en soit besoin sa cons-tance, qu’elle soit de goût où d’amitié.

Cela, pour une description générale de l’ouvrage.

L’ensemble, parfaitement plaisant, atteint son principal objectif, qui est de conjuguer connaissance et visuel agréable à destination du plus large lectorat. Mais il n’est pas que cela, et de loin. Au détour d’une description générale, Jacques Baudou évoque des chefs-d’œuvre oubliés, principalement des nouvelles, comme « Io » d’Oliver Onions, probablement l’un des plus grands textes fantastiques jamais écrits, tout comme l’est l’extrêmement dérangeant « Sredni Vashtar » de Saki. De plus, profitant de la notoriété de certaines œuvres fantastiques, telle Rosemary’s Baby, l’auteur butine dans d’autres champs et rappelle que le même Ira Levin est l’auteur d’un petit bijou de cynisme policier : La Couronne de cuivre. En jouant volontairement la carte de la digression, Jacques Baudou parvient à enrichir le thème, voire à établir des passerelles entre différents genres de l’Imaginaire.

A cette approche intentionnellement généraliste viennent s’ajouter des éléments de réflexion qui intéresseront le connaisseur. Jacques Baudou remarque à juste titre que le fantastique est d’abord un genre littéraire réservé à une certaine élite d’écrivains. Sans remonter jusqu’à Christopher Marlowe, rappelons que des auteurs encensés par la littérature générale, tels André Pieyre de Mandiargues, Pierre Mac Orlan ou Marcel Aymé se sont illustrés dans le genre, et n’hésitaient pas pour certains à publier dans la revue Fiction. Cela, pour ne citer que des auteurs francophones, mais l’on pourrait autant évoquer, par exemple, Jorge Luis Borges. Selon Jacques Baudou, le passage d’un lectorat lettré à un public de masse s’est effectué via le progrès des techniques d’impression (songeons aux pulps), les adaptations au cinéma (Frankenstein ; Dracula…) et le développement des networks américains, d’abord radiophoniques puis télévisuels. Ces différents éléments plus pointus, loin d’alourdir l’ensemble, confèrent un bonus appréciable.

Bref, L’Encyclopédie du fantastique atteint largement ses objectifs, voire même les dépasse. L’ouvrage, qui se lit bien sûr isolément de son équivalent en fantasy, laisse toutefois entrevoir un projet plus vaste. La logique voudrait en effet que les deux premiers volumes soient suivis de semblables études relatives au roman policier et à la science-fiction. Souhaitons qu’il en soit ainsi.

L'Ombre dans la vallée

Avec ce cycle des Barounaires, en dépit de mots dans la langue chantante du cru, Jean-Louis Le May nous livre un sauvage Mad Max provençal.

De même, un autre constat : Le May est un auteur de droite. Il n’est pas un de ces libertariens controversés comme le furent Heinlein, par exemple, mais il est néanmoins un humaniste et un progressiste. Peut-être cela n’est-il jamais affirmé avec autant de force que dans ce diptyque des Barounaires. Le May a été un militaire et un soldat qui semble s’être battu ; cette expérience éclaire l’œuvre qui en porte la marque. Il exalte des valeurs telles que le courage, la compétence, l’esprit d’équipe et le sens du devoir, mais, bien que la part belle soit laissée aux combats, jamais on ne verra le moindre militarisme va-en guerre. On cherchera à épargner ce bien précieux qu’est la vie, fut-ce celle de l’adversaire. Le May est également un farouche pourfendeur des traditions rigides et figées, souvent meurtrières, qui subsistent alors que les raisons qui sont à leurs origines ont elles-mêmes disparu. Les femmes, chez Le May, sont toujours dotées de caractères bien trempés, de fortes personnalités, souvent dominantes mais jamais dominatrices, et armées de solides compétences. Angélique en est un bon exemple. Tout cela est omniprésent dans ce diptyque.

La richesse particulière de L’Ombre dans la vallée tient peut-être à la présence d’un beau salaud — denrée rare chez l’auteur — qui se dévoile petit à petit. Le May, bien sûr, n’est pas socialiste ! Chez lui, la société est là pour apporter du mieux aux individus et ceux-ci ne sont pas au service de celle-là. Par contre, l’individualiste égoïste incarné par Barba Ammoun est bel est bien le méchant. Les bons, c’est du côté des forces de l’ordre qu’il faut les chercher : Francès Filhol, le régulier (sorte de gendarme), les maires de hameaux, mais aussi les chefs de gang qui entendent jouer la musique sur le même ton.

Quelques décennies après l’effondrement de la société de consommation, lors d’une apocalypse dont on ne saura rien si ce n’est qu’elle laisse la mer sans vie et que les militaires n’y sont pas étrangers (une triple coquille à la fin de la première partie transforme le slogan « A bas l’armée » en « A bas l’année » dépourvu de sens), un semblant d’organisation s’est reconstitué autour de la forteresse. Plusieurs éléments donnent à penser qu’il s’agit de la région niçoise. Quatre clans de barounaires (voyous) règnent sur les ruines de la cité. Les Véloces (qui vont à vélos), les Mobs (en Mobylettes), les Drags (de dragsters, en motos) et les Caisses (en tires, pardon, en automobiles), tous se tirent dans les pattes et se livrent à une âpre guerre des chefs pour des raisons de préséance et d’honneur quand bien même leur temps serait compté. Ces sanglantes rivalités sont attisées par Barba Ammoun, qui y gagne profit et pouvoir en bouffant à tous les râteliers. Mais voila que la petite vérole s’en vient bousculer ce « bel » état des choses…

Même si on échappe au pire, si, pour éviter la complaisance, Le May dit plus qu’il ne montre, le livre reste d’une extrême violence et renvoie Mad Max au rang d’œuvrette pour boy-scouts. Au bout du compte, on ne fait que frôler l’inceste, mais le cannibalisme est la règle et le viol une habitude… Quant au savon…

Les Mobs et les Drags chers à Barba Ammoun règlent des comptes féroces. Les Caisses se voient attaquées et contaminées par des Véloces de toutes façons foutus et vérolés, tandis que les réguliers du maréchal Troussadouilla décident de flinguer et de cramer tout ça pour contenir l’épidémie. Mais les Caisses optent pour une sortie autrement grandiose, au grand dam de Filhol, consterné, qui les avait plutôt à la bonne, et que Barba Ammoun passe complètement de l’autre côté du cheval…

D’un livre à l’autre, ça change. Et cette fois, l’illustration est si moche que j’ai l’impression de l’avoir dessinée moi-même. Quelques coquilles malheureuses. Une postface contestable. Une bibliographie hasardeuse. Voila pour les moins. Autant dire qu’ils pèsent peu en regard de la nécessité qu’il y avait à rendre justice à Jean-Louis Le May en lui offrant la place qui lui est due au sein d’une belle collection (quoique hors de prix : 26 euros pour 260 pages, quand même…). Si l’on pouvait naguère avancer l’excuse d’un Fleuve Noir « Anticipation » par trop populaire pour faire l’impasse sur ce Le May, cette réhabilitation chez l’un des meilleurs éditeurs du moment est une garantie plus que suffisante pour considérer la réitération de l’impasse comme une faute. A découvrir, à redécouvrir ou à relire.

Les Enfers virtuels

[Critique portant sur les deux volumes du roman.]

Il y a toujours moyen, pour un état belliqueux, de donner à ses officiers l’occasion de se couvrir de gloire (et de sang) sur le théâtre des opérations (ex-champ de bataille), et l’auteur n’a qu’à trouver un méchant qui fasse l’affaire pour qu’Honor Harrington et consorts… Mais pas Iain M. Banks ! Ce n’est pas aussi simple ni facile avec la Culture…

Iain M. Banks cherchait donc une idée pour un nouveau roman de son cycle de la « Culture », et il a trouvé les Enfers Virtuels. Ce n’est pas la meilleure inspiration qu’il ait eue.

La galaxie de la Culture est habitée par des peuples divers et variés qui ont tous en commun de ne pas supporter que les autres soient différents d’eux-mêmes. Cette propension permet à tous ces peuples, très humains, en fait, de se livrer à notre activité la plus caractéristique : se foutre sur la gueule. Mais tous ces gens sont également très civilisés, aussi ne se livrent-ils que de manière virtuelle aux arts de la guerre. Bref. Ils s’adonnent à une gigantesque partie de jeu vidéo dont les vainqueurs pourront imposer leur vision des choses. Le camp anti-Enfers, auquel la Culture est favorable sans toutefois aller jusqu’à s’impliquer dans le conflit de crainte qu’on ne la taxe d’arrogance, est en train de perdre et se prépare donc à jouer son va-tout en faisant monter le conflit dans le réel : il a l’intention de détruire les substrats (le hardware) où tournent les Enfers.

Les Enfers, tels que Dante les a visités, sont un pays des morts sans aucune interpénétration avec le réel. C’est un lieu métaphysique. Par contre, dans l’univers de la Culture, les Enfers appartiennent bel et bien au monde physique, les substrats existent bien quelque part. D’autre part, dans la Culture et les autres civilisations galactiques, les êtres pensants sont essentiellement électroniques. On passe aisément d’une forme biologique à une forme électronique, que l’on soit d’une origine ou de l’autre. Si l’on vient à mourir, on peut être ressuscité (réinventé) avec un corps biologique ou mécanique, ou encore rester au sein d’une réalité virtuelle. On change de sexe comme de chemise si tant est que l’on opte pour un. Dans ce livre, les Enfers, c’est comme Pyongyang. Ce n’est pas facile d’y aller (ou d’en revenir), et on en a de toute façon pas très envie, mais c’est du domaine du possible. Les Enfers sont donc des réalités presque comme les autres.

C’est bien sûr là que le bât blesse. Les Enfers ne sont pas une menace métaphysique située dans l’au-delà. C’est une sanction sociale à l’instar de la prison, du bagne ou du goulag : une décision de justice prise par des entités de la communauté galactique à l’encontre de leurs pairs. Pas par Dieu ! Ces enfers ont beau être dantesques à souhait, on y va et on en revient. On les visite à titre pédagogique comme nos ados sont conviés à assister à une session d’un tribunal. Si on mesure le niveau social et moral d’une civilisation à l’aune de ses prisons, les tenants des Enfers auront leur copie à revoir. Dans le monde religieux, dans un premier temps, on meurt — or, dans la galaxie de la Culture, on ne meurt plus —, puis Dieu juge et ou on se rend au Paradis, ou on est damné, ou encore on va au Purgatoire pour une période de probation. La damnation galactique diffère toutefois de la prison dans un état de droit. On y est déporté apparemment sans jugement, plus ou moins à son insu, comme les Juifs qui ne croyaient partir que pour un camp de travail… Pour la Culture et les anti-Enfers, les tolérer chez les autres seraient s’abaisser. La question du roman est donc : est-ce s’abaisser davantage ou non de transférer la guerre dans le réel que de tolérer les Enfers ?

Dans ce gros livre, il n’y a pas, à proprement parler, de progression de l’intrigue, ou très peu. On retrouve davantage qu’on ne suit les divers personnages dans des séquences pas forcément contiguës. Vatueil en est le meilleur exemple. A chaque itération, le roman semble s’enrouler en une spirale toujours plus large. Chaque séquence élargit dans une direction la vue que l’on peut avoir de la situation, comme si on la percevait de plus en plus haut. Certaines séries télé donnent l’impression de se développer (plutôt que de progresser) selon ce schéma plus évolué (qui, en tout cas, permet des romans plus gros, des séries plus longues, n’étant plus limités à l’enchaînement des péripéties pour étendre la narration), schéma qui succède aux lignes narratives convergentes et aux narrations éclatées et kaléidoscopiques de la new wave des sixties, Moorcock et Jerry Cornelius en tête. Dès le début de ces Enfers Virtuels, on sait ce qui va se passer : la guerre contre les Enfers va faire irruption dans le réel. La Culture va faire en sorte de limiter cette irruption tout en parvenant à ses fins. On découvre la manière dont cela se fait au fur et à mesure que s’élargit notre vision de la situation.

Est-ce là une manière d’écrire, de construire les romans, qui permette à l’auteur de mieux rendre compte du monde actuel qui gît à l’arrière-plan de chaque fiction ? L’intérêt des Enfers Virtuels réside davantage dans cette manière dont le roman est construit qui fait que, bien que l’on sache dès le début où l’on va en venir, on réussisse à ne pas s’ennuyer, à s’y intéresser. Le tour de force est d’autant plus impressionnant que certaines séquences sont inutiles à l’intrigue (ainsi, la vie de Chay aux Enfers, tandis que l’on ne voit pas Prin témoigner devant le concile galactique), mais contribuent à l’élaboration du contexte. Monsieur Banks réussit à faire énormément (700 pages tout de même) avec assez peu de matière. Ce livre ne mérite peut-être pas que vous lui accordiez une priorité absolue, mais reste au premier rang tout de même.

La Route de Haut-Safran

Jasper Fforde revient en force avec la trilogie de La Tyrannie de l’arc en ciel. Plus connu pour les aventures de son héroïne, la détective littéraire Thursday Next, qui débutait ses enquêtes dans le très remarqué L’Affaire Jane Eyre (éd. 10/18), Fforde nous propose aujourd’hui un petit voyage dystopique dans une dictature aux codes plutôt déroutants. Jugez plutôt… Depuis cinq siècles, l’humanité telle que nous la connaissons n’existe plus. La raison ? Inconnue, oubliée. La société, totalitaire, est maintenant régie par les couleurs. Le statut, le rang, la profession, la descendance, tout est déterminé par sa propre perception des couleurs. Les gris sont aux pieds de l’échelle (le petit peuple surexploité), et les pourpres au plus haut (bourgeoisie, bureaucratie). Edward Rousseau, jeune rouge dont la perception exacte des couleurs n’a pas encore été évaluée, fils d’un swatcheur (sorte de médecin utilisant les couleurs pour soigner ses patients), est envoyé dans les Franges Extérieures pour effectuer un recensement des chaises afin de récupérer un peu d’humilité après une blague foireuse d’adolescent ( ?!). Le décor est posé, ça va être un délire. L’oppression menée par cette nouvelle société est fondée sur deux éléments : la régression par l’abandon progressif des technologies des « Précédents » (téléphones, histoire, voitures — sauf la Ford T !), et la menace par la peur, omniprésente (peur de la nuit, des attaques de cygnes, des éclairs…). Pour Eddy, tout va basculer lorsqu’il rencontre Jane, une jeune Grise au nez retroussé dont il tombe immédiatement amoureux, et pour laquelle il va mener une enquête pour le moins périlleuse qui le mènera hors des limites de Franges, sur la route de Haut-Safran… à la découverte de la vérité, mais est-elle réellement bonne à connaitre ?

Autant le préciser tout de suite, nous avons là un très bon roman, incisif, intelligent, bien écrit et aux personnages bien campés. La « symphonie chromatique » peut être déroutante en début de lecture, l’auteur usant et abusant de la palette de couleurs avec gourmandise. Mais si on arrive à passer les cinquante premières pages, on est happé par ce monde étonnant dont les échos résonnent volontiers avec Un bonheur insoutenable d’Ira Levin, 1984 de George Orwell et Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Autre référence, et elle est incontournable pour apprécier l’ouvrage, l’humour anglais, voire so British, voire too much British ! Il y a du Monty Python dans l’écriture de Jasper Fforde, de cette petite folie lunaire et absurde qui peut vous faire bêtement pouffer de rire. Mais il est vrai qu’il faut aimer. Exemples : « Pour faciliter les compléments alimentaires des végétariens, le premier mardi de chaque mois, le poulet est officiellement déclaré un légume. » Ou encore ce musée où cinq siècles après le « Truc-Qui-S’est-Passé » on découvre avec enthousiasme une Ford Fiesta, quatorze secondes de « Something Got me Started » de Simply Red, ou encore une publicité pour Ovomaltine parce que la consonance rouge y est prédominante ! Certains trouveront ça nul, d’autres totalement hilarant. Nous, on aime. Un délire sur près de six cents pages bourrées de jeux de mots, d’allusions, de calembours et autres situations loufoques. Attention, il n’y a pas dans ce livre qu’humour et bonnes blagues : l’auteur britannique confirme ici son talent d’écrivain. L’intrigue savamment orchestrée, les dialogues, assez vifs pour ne pas être inutiles, et le fond de l’histoire en suspens à la fin de ce premier volet, suffisent largement pour éprouver l’envie d’en savoir beaucoup plus et de poursuivre les aventures de maître Rousseau. Bref, une très bonne cuvée 2012 que ce nouveau Jasper Fforde.

Destination Univers

Les éditions Griffe d’Encre nous proposent avec Destination Univers une anthologie ayant pour thème le space opera. Au sommaire, huit récits, une postface et quelques fiches de présentation des anthologistes et de l’illustrateur, Alexandre Dainche, qui nous offre pour l’occasion une illustration assez réussie, en tout cas dans les canons du genre, même si le vert reste toujours un choix audacieux (la poisse, vade retro…). Space opera, donc, exercice difficile s’il en est puisque le genre est submergé de productions plus ou moins bonnes, en littérature comme au cinéma. On s’attend de fait au pire, surtout que la postface, qu’on aura lu en premier (!), affiche quelque chose de l’ordre de la simplicité, du joyeux, du tranquille, du cool… non mais ! Quelle honte, par les temps qui courent : pourriez pas faire comme tout le monde, baisser les yeux, courber l’échine et suivre la file jusqu’aux urnes ! Bon, pourquoi pas ? Alors on s’y colle… et là, c’est la bonne surprise, voire la très bonne, peut-être même de celle où l’on verra certains auteurs primés pour l’excellence du travail fourni… Eh oui ! Tout d’abord, le sommaire est équilibré, quatre auteurs plus ou moins confirmés (Anne Fakhouri, Thomas Geha, Laurent Genefort, Olivier Paquet), et quatre petits jeunes (Anthony Boulanger, Célia Deiana, Olivier Gechter, Aurélie Ligier). C’est pour le moins agréable de voir qu’un éditeur joue réellement le jeu d’ouvrir ses colonnes à de nouveaux talents. Et il ne s’y est pas trompé. Ensuite, parce que la qualité d’écriture est au rendez-vous pour chaque nouvelle, conférant à l’en-semble un niveau d’exigence assez rare. Enfin, parce que chaque thème abordé, sans être totalement révolutionnaire (pas simple d’être innovant dans le genre choisi), apporte au lecteur quelque chose de stimulant. Environnement, personnages, contextes, sujets pro-posés, idées… rien ne laisse indifférent. On ne se limite pas ici au sense of wonder, on a aussi droit à un peu de mécanique neuronale. Et franchement, docteur, ça fait du bien ! Thomas Geha, avec « Les Tiges », nous invite dans un monde post-humain où les hom-mes ne sont plus que des objets génétiquement modifiés au service de deux civilisations extraterrestres qui s’opposent. Un must. Anthony Boulanger, avec « Evaporation et sublimation », nous propose un voyage aux accents oniriques, poétiques et apocalyptiques à découvrir ; Célia Deiana, avec « Le Bal des méduses », nous révèle l’étrange rituel des enfants vogueurs ; Anne Fakhouri, avec son « Sleeping Beauty », livre une manière de western galactique réussi ; Olivier Gechter, avec « Le Gambit de Hunger », étonne par tant de sense of wonder et de jugeote (intrigue, contre- intrigue…) ; « Le Marathon des trois lunes », d’Aurélie Ligier, résonne de l’empreinte de Stephen King ; Laurent Genefort nous propose avec ses « Dieux bruyants » un récit ciselé ; et pour finir, Olivier Paquet, avec son « Khan Mergen », nous offre une mise en bouche prometteuse d’un roman à paraitre aux éditions l’Atalante, Le Melkine. N’en jetons plus, la coupe est pleine. En Bifrosty, quand on n’aime pas, on le dit, et quand on aime, on le dit aussi, haut et fort. Destination Univers est une anthologie cent pour cent française à ranger tout près des meilleures : Genèses d’Ayerdhal ou Escales sur l’horizon de Serge Lehman. Point barre.

Sentinelle

[Critique commune à Eden et Sentinelle.]

« Certaines questions sont fragiles, monsieur Sensini. Il y a dans ce monde beaucoup de gens pour les négliger, pour les balayer et vouloir donner la place aux seules réponses. C’est économique et bien plus confortable. »

Rien ne prédestinait Renzo Sensini à côtoyer le Complex, mystérieuse organisation dont les partners When, Where, Who, Why et tutti quanti agissent dans les coulisses de l’Histoire. Mais voilà, Renzo est the right man, in the right place. Autrement dit, un emmerdeur. Une sentinelle animée par un souci de vérité et une indépendance d’esprit admirables sur le papier, mais beaucoup plus gênants dans la réalité. Sans surprise, cette attitude lui a valu une mise au placard au sein de la vénérable institution d’Interpol. Renzo est désormais chargé de s’occuper des affaires d’éco-terrorisme, un secteur peu réputé pour son hyperactivité. Jusqu’au jour où son unique adjoint, un petit génie de l’informatique aux tenues pour le moins voyantes, l’aiguille sur un attentat perpétré contre un riche cultivateur de roses. Des noms, une date, des revendications, mais bizarrement pas de sinistre car aux dires de la victime, l’attentat n’a pas eu lieu. En temps ordinaire, il n’y aurait pas lieu d’accorder d’importance à cette rumeur. Toutefois, Renzo a le coup pour dénicher les affaires louches suscitant de multiples interrogations. Une impression confirmée dans les faits, les membres du commando commençant à tomber comme des mouches sans révéler leur secret. Plus tard, pendant sa convalescence, l’inspecteur d’Interpol découvre que l’on ressuscite d’antiques pratiques du côté de Delphes sous couvert de fouilles archéologiques. Une opération financée par un homme d’affaires pour le moins sans scrupules, déçu du caractère trop aléatoire des prévisions de croissance boursière, et qui s’est mis en tête de les remplacer par des prédictions. Là aussi, les questions ne vont pas manquer…

L’éclatement du Bloc Est a mis un terme à une longue séquence historique, faite de crises internationales et de relâchements de tension, la dislocation des certitudes des uns renforçant au final celles des autres. Dans cette fin de l’Histoire, d’aucuns ont cru voir le triomphe de leurs valeurs, prédisant dans la même foulée le début d’une ère de paix et de progrès. Les attentats du 11 septembre 2001 et les excès de la mondialisation les ont ramenés sur terre, rappelant la seule certitude qui vaille ici-bas : tout change, sans cesse. Une réalité que la fiction s’est empressée de saisir à bras le corps, accouchant ainsi d’une nouvelle génération de thrillers, pour le meilleur comme pour le pire.

Eden et Sentinelle relèvent assurément de la première catégorie, et l’on se réjouit de la réédition en poche des deux premiers volets d’une trilogie, dont l’ultime opus reste encore à paraître (aux éditions du Masque). Si, par certains aspects, les deux romans évoquent ceux de la série « Epicur » de Stéphanie Benson, Bretin et Bonzon se distinguent par leur talent de raconteurs d’histoire. A vrai dire, difficile de lâcher ces deux titres tant leur rythme happe le lecteur, lui faisant oublier le côté répétitif de l’intrigue et le caractère redondant des effets. Ainsi, Eden et Sentinelle n’usurpent pas le qualificatif de page-turner, lorgnant du côté de l’Histoire, de la géopolitique et des séries télévisées, notamment Le Prisonnier.

Des vestiges du Rideau de fer aux décombres du World Trade Center, Bretin et Bonzon collent à l’air du temps. Terrorisme, manipulations génétiques, capitalisme prédateur, écologie, post-communisme, nos deux compères manient quelques-uns des poncifs issus d’une géopolitique incertaine, saupoudrant l’ensemble d’un zeste de SF et d’une pincée d’humour.

Bref, voici une série divertissante, un tantinet roublarde sur le fond, mais suffisamment bien fichue pour que l’on en recommande la lecture. Et l’on attend le troisième épisode… Vite !

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