Connexion

Actualités

Couves Féerie

Découvrez les couvertures définitives des deux volumes de l'intégrale de Féérie pour les ténèbres de Jérôme Noirez, illustrées comme il se doit par Aurélien Police, à paraître en février.

Critiques Bifrost 21

Les chroniques de livres du Bifrost n°21 sont maintenant en ligne sur l'onglet Critiques !

Razzies 2012

Tremblez, mortels, car voici la liste des nominés aux Razzies 2012 !

Edito Bifrost 65

Découvrez l'édito d'Olivier Girard qui ouvre le Bifrost 65, à lire en ligne ou à télécharger gratuitement en PDF !

Du gros, du beau et du lourd

Pas d'idées cadeaux ? À quelques jours de Noël, Richard Comballot a pensé à vous, avec une sélection de livres tout aussi beaux qu'indispensables !

Bibliothèque Orbitale 28

Au programme du dernier épisode de la Bibliothèque Orbitale avant 2012 : les romans de Laurent Whale et de Yoss !

Couv Bifrost 65

Découvrez la couverture définitive de Bifrost 65, dossier Christian Léourier, à paraître le 19 janvier !

Critiques Bifrost n°20

Retrouvez les chroniques de livres du Bifrost n°20 sur l'onglet Critiques !

Sonne le glas de la terre

Quand la Nativité approche en Californie du Sud, on écope en général, en guise de temps de saison, d'averses plus fréquentes. Et dans les banlieues foisonnantes du Comté d'Orange, plus connu aujourd'hui pour Disneyland que pour ses agrumes, on a peu de chances d'entendre le son des carillons d'église. Pourtant c'est autour des églises d'un des coins les plus anciennement urbanisés de l'endroit — le « vieil » Orange, garanti XXe siècle d'origine — que Blaylock choisit de situer son action, où un contrat avec le Diable se télescope avec un conte de Noël.

Au centre du réseau démoniaque, Robert Argyle, financier véreux mais bien respecté dans la communauté en raison de son succès matériel. De l'autre côté, deux prêtres, un catholique, Mahoney innocent ramasseur de coquillages, et un protestant, Bentley plus inquiétant parfois, un personnage pétri de paradoxes qui est un des plus étranges du livre. Mais pas le plus attachant ; la place est réservée à l'habituel anti-héros blaylockien, Walt Stebbins. À quarante ans, il n'a toujours trouvé ni travail régulier ni un commerce qui puisse le faire vivre, et se repose sur sa femme, Ivy, agent immobilier. Sa contribution au ménage, comme souvent chez Blaylock, se résume à du bricolage inefficace, et à l'amoncellement dans des hangars qui grignotent le jardin d'un incroyable bric-à-brac qui devrait, sinon assurer sa fortune, du moins être utile à quelqu'un. Un jour, pourtant, le manque d'ambition de Walt est garant de sa pureté morale. Quand tombe entre ses mains un fétiche capable d'exaucer tous ses vœux, il est très réticent à s'en servir, et quand on lui offre de l'argent sale, il sait qu'il a une odeur. Il y a quelque chose de dickien dans ce héros innocent (avec Tim Powers et K. W Jeter, Blaylock faisait partie des gens qui ont connu Phil Dick durant sa période Orange County des années 70), un quelque chose souligné par de petits clins d'œil comme son attention à la vie et à la mort des insectes, ou la désopilante scène de tentative de recollage du Pot à Lait en Forme de Vache (et rien de galactique ici1). Il y a aussi un clin d'oeil à Powers, ces âmes enfermées dans des bocaux, qui ne tiennent guère de rôle dans l'intrigue, mais rappellent furieusement un concept central de son roman Expiration Date.

Au demeurant, quand les responsabilités incombent par force à Walt, sous la forme de deux neveux de sa femme abandonnés par leurs parents, il sait se montrer, au-delà de ses protestations, le meilleur des pères de rechange. Et son manque d'ambition le protège également contre les escroqueries, comme celles dans lesquelles son oncle Henry, naïf et sans scrupules à la fois, tombe avec une désespérante régularité. Aussi n'est-il pas surprenant que, tandis que vandalisme anti-religieux et indices d'intervention satanique se multiplient, Walt garde la tête froide et finisse par arranger la situation in extremis.

Difficile de donner une idée précise des livres de Blaylock, qui fonctionnent par accumulation de détails insignifiants, à l'image de ses personnages un peu névrosés qui empilent les objets sans valeur. Comme c'est une névrose que je partage, à l'instar de beaucoup de fans de S-F, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la sympathie pour ce point de vue. Dommage, soit dit en passant, que le livre soit massacré par un traducteur dont on dirait qu'il a appris le français en écoutant des séries américaines doublées à la télévision. Blaylock arrive quand même à transmettre des tonnes d'humour et de tendresse, et à donner du fantastique à base chrétienne dans un cadre contemporain sans se ridiculiser (si, si, tout se termine bien pour Noël, et on marche comme dans un film de Capra !).

Notes :

1. Le Guérisseur de cathédrales (Manque de pot, dans sa première traduction), de Philip K. Dick, s'intitule Galactic Pot Healer en anglais, (NDRC).

Le Pêcheur

À la base du roman, un prétexte technique déjà dépassé (ou sur le point de l'être) lors de sa parution en 1961 : nous savons à présent que les ceintures de Van Allen n'empêchent pas les vols spatiaux habités. Peu importe — toutes sortes de raisons physiques ou économiques pourraient mener à un futur comme celui que Simak envisage, où l'espèce humaine, au rebours des plans élaborés par la SF, est bloquée sur Terre. L'originalité ici est que la parapsychologie vient au secours de l'exploration interstellaire : le projet Hameçon a rassemblé des gens capables de projeter leur esprit sur d'autres planètes, et même de téléporter de petits objets. Banni par les USA, qui entretiennent une peur superstitieuse des talents parapsychologiques, Le Hameçon, installé au Mexique, est devenu un acteur majeur de l'économie mondiale. Ses innovations technologiques se vendent dans des comptoirs installés un peu partout, et approvisionnés par téléportation.

Shepherd Blaine est un des explorateurs télépathiques du Hameçon. Lors d'une rencontre avec un extraterrestre, il hérite d'une copie complète de l'esprit de celui-ci — et, dès lors, se considère (avec raison) comme un homme traqué, car le Hameçon fait disparaître ceux de ses employés considérés comme contaminés. Dès la dixième page, Blaine est donc en fuite, bénéficiant d'une série de coups de main trop opportuns pour être fortuits.

Simak replonge ainsi dans sa ruralité de prédilection, et l'essentiel du livre est une sorte de road movie, si on prend le road movie, dévoué qu'il est à l'exploration des paysages de l'Ouest américains (et de ses habitants les plus primitifs), pour la forme contemporaine du western. Western auquel Simak emprunte plus que des lieux : du vocabulaire (dans le texte original), des personnages comme le shérif ou le prêtre et des épisodes comme l'attaque de la diligence (un camion) par des Indiens (ce sont des jeunes télékinètes, ne pinaillons pas) ou le lynchage d'un prisonnier défendu plus ou moins mollement par le shérif. Blaine, certes, a acquis des pouvoirs extraterrestres sur le déroulement du temps, mais il ne s'en sert que de façon parcimonieuse, un coup chacun, histoire de réserver des surprises au lecteur.

Le pêcheur est une illustration classique du thème des mutants ; comparés à diverses minorités défavorisées (Amérindiens, mais aussi Noirs ou, explicitement, Juifs), ceux qui détiennent des pouvoirs parapsychologiques sont victimes d'un racisme américain qui nuit aussi à la prospérité même de ceux qui en sont coupables. C'est un livre daté — les voitures circulent sur coussin d'air, sont munies d'ailerons tout droit copiés sur les Cadillac de 1958, et, quand il faut communiquer d'une ville à l'autre, on décroche le téléphone et on demande un numéro à l'opérateur… Quant à la manière dont le Hameçon traite ses agents mentalement contaminés par l'étranger, elle sort tout droit des fantasmes de la guerre froide et des romans d'espionnage (y compris la station balnéaire où les agents “grillés” habitent une cage invisible). C'est aussi un livre généreux, prêchant la tolérance envers la différence, et plus qu'agacé par le comportement du monde des affaires.

On ne prétendra pas que ce soit un roman majeur, ni magistralement exécuté au niveau de l'intrigue (tous les fils ne sont pas recousus) ou des sentiments (parfois tissés de clichés). Il fournit un cas d'école du fonctionnement de la SF de cette époque, qui s'affranchissait du bon goût littéraire, en négligeant les aspects prosaïques du vécu quotidien ou de l'affectivité pour coudre à la va-vite des pans entiers de mythologies populaires existantes (western, espionnage) et tirer de cet assemblage de fortune sa propre mythologie (les mutants, la sagesse venue des étoiles).

À la différence de bien des auteurs, Simak introduit des ingrédients religieux dans son cocktail mythique. Les pouvoirs psi sont vus autant sous l'angle du miracle que celui de la science ; le contempteur des télépathes, Finn, est présenté comme un prêcheur itinérant, tandis que le Père Flanagan (catholique, à noter) fournit à Blaine une aide qui est (la seconde fois) telle coïncidence qu'elle relève de la Divine Providence ; enfin les efforts de Blaine pour sauver une communauté de mutants incrédules envers le péril, et son départ découragé de la ville, suivent le canevas du récit de Lot. À cela près que Sodome, ici, n'est pas une cité pécheresse — Simak était trop gentil pour endosser un concept pareil.

  1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280 281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315 316 317 318 319 320 321 322 323 324 325 326 327 328 329 330 331 332 333 334 335 336 337 338 339 340 341 342 343 344 345 346 347 348 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359 360 361 362 363 364 365 366 367 368 369 370 371 372 373 374 375 376 377 378 379 380 381 382 383 384 385 386 387 388 389 390 391 392 393 394 395 396 397 398 399 400 401 402 403 404 405 406 407 408 409 410 411 412 413 414 415 416 417 418 419 420 421 422 423 424 425 426 427 428 429 430 431 432 433 434 435 436 437 438 439 440 441 442 443 444 445 446 447 448 449 450 451 452 453 454 455 456 457 458 459 460 461 462 463 464 465 466 467 468 469 470 471 472 473 474 475 476 477 478 479 480 481 482 483 484 485 486 487 488 489 490 491 492 493 494 495 496 497 498 499 500 501 502 503 504 505 506 507 508 509 510 511 512 513 514 515 516 517 518 519 520 521 522 523 524 525 526 527 528 529 530 531 532 533 534 535 536 537 538 539 540 541 542 543 544 545 546 547 548 549 550 551 552 553 554 555 556 557 558 559 560 561 562 563 564 565 566 567 568 569 570 571 572 573 574 575 576 577 578 579 580 581 582 583 584 585 586 587 588 589 590 591 592 593 594 595 596 597 598 599 600 601 602 603 604 605 606 607 608 609 610 611 612 613 614 615 616 617 618 619 620 621 622 623 624 625 626 627 628 629 630 631 632 633 634 635 636 637 638 639 640 641 642 643 644 645 646 647 648 649 650 651 652 653 654 655 656 657 658 659 660 661 662 663 664 665 666 667 668 669 670 671 672 673 674 675 676 677 678 679 680 681 682 683 684 685 686 687 688 689 690 691 692 693 694 695 696 697 698 699 700 701 702 703 704 705 706 707 708 709 710 711 712 713 714  

Ça vient de paraître

La Maison des Soleils

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 114
PayPlug