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BO S02E06

Dans l'espace, personne ne vous voit vous taper la honte. Et cette semaine dans la Bibliothèque Orbitale, Philippe Boulier a lu deux ouvrages dédiés aux genres cinématographiques les plus inavouables : Extrêmes ! et Nazisploitation !

Parution Bifrost 66

Bifrost 66 est désormais disponible dans toutes les bonnes librairies mais aussi sur belial.fr en papier et en numérique.

Critiques Bifrost 36

Retrouvez sur l'onglet Critiques toutes les chroniques de livres du Bifrost n°36 !

JHB 18/04

La suite des aventures de Francis Valéry, non plus au fond des bois mais à Bruxelles, entre BD et Art Nouveau !

Extrait Points Chauds

En attendant Points Chauds, roman de Laurent Genefort à paraître le 15 mai, découvrez un extrait gratuit reprenant les trois premiers chapitres, le glossaire et quelques illustrations intérieures de Manchu.

CdC Battre la campagne

Tandis que la campagne électorale bat son plein, c'est du côté littéraire que l'on retrouve le Cabinet de Curiosités, qui a battu la campagne dans le Bifrost 12, du côté des lieux imaginaires et des états fictifs !

Roughs Tau Zéro

Découvrez les roughs de Manchu pour la couverture de Tau Zéro de Poul Anderson !

Diamond Dogs Turquoise Days

Le moins qu'on puisse dire, c'est que du côté du groupe Pocket/Fleuve Noir, il y a du grain à moudre ce trimestre pour les amateurs de S-F. Ainsi, après Les Légions immortelles de Scott Westerfeld en mars chez Pocket, nous sont arrivés en avril un nouveau Iain M. Banks au Fleuve Noir (La Plage de verre), et le présent recueil d'Alastair Reynolds. Quoi ? Deux inédits chez Pocket, et qui plus est en S-F ? Y aurait-il quelque chose de pourri au royaume de la pink fantasy ? Faut croire. En tout cas par chez-nous, en Bifrosty, on n'ira pas s'en plaindre…

Ainsi, alors que Pocket s'apprête à rééditer en poche L'Arche de la rédemption, troisième volet de l'incontournable tétralogie des Inhibiteurs, l'éditeur nous propose, en guise de mise en bouche, Diamond Dogs, Turquoise Days, recueil de deux longues nouvelles inscrites dans le même univers que le cycle précité (petite info en passant : on lira aussi bientôt dans Bifrost deux autres récits de Reynolds issus du même cycle).

Passée une intéressante préface de notre collaboratrice Sylvie Denis, qui a le mérite de poser l'univers de Reynolds tout en esquissant une définition du « Nouveau space opera » (intitulé qui semble avant tout se résumer à un argument commercial sous-entendant que non, le space op' n'est pas une branche de la science-fiction réactionnaire et débile, et, oui, il y a aussi des auteurs de gauche qui en écrivent, et même qu'ils sont intelligents…), le recueil s'ouvre donc sur la plus longue des deux novellas proposées : « Diamond dogs ». Qui repose sur un pitch pour le moins excitant : imaginez une planète lointaine et déserte. Rien n'y pousse, rien n'y vit. Bref, une zone sans intérêt, n'était un curieux artefact, une tour gigantesque et muette. Dans cette tour des pièces se succèdent, chacun d'entre-elles renfermant une énigme qu'il faudra résoudre avant d'accéder à la suivante. Et gare à l'erreur, la sanction de la Flèche est souvent sans appel… Que cache l'édifice ? Qui l'a construit ? Et pourquoi ? Autant de questions auxquelles devra répondre l'expédition qui, autour de Roland Childe (référence transparente, du moins pour les lecteurs anglo-saxons, au long poème de Robert Browning « Childe Roland to the Dark Tower Came » (1855), qui a aussi inspiré le cycle de La Tour Sombre de Stephen King), s'est fixée pour but de percer les mystères de la Flèche. Ici, sous des dehors classiques et référencés (on ne peut s'empêcher de penser à Cube), Alastair Reynolds livre une nouvelle d'une implacable efficacité, peuplée de personnages tous plus dingues les uns que les autres, d'une froide cruauté et d'une constante tension. Bref, un excellent texte (en dépit d'une résolution un peu décevante), y compris pour les lecteurs n'ayant jamais ouvert un bouquin de l'auteur, qui découvriront là un substrat S-F passionnant et n'auront qu'une envie : aller plus avant dans ce futur aussi terrifiant que fascinant.

Si le premier récit de ce petit recueil convainc sans déchaîner l'enthousiasme, « Turquoise days » est à mon sens bien au-dessus. Sous des dehors d'un absolu classicisme (planète lointaine, créature extraterrestre mystérieuse et fascinante que les humains tentent de comprendre, personnage principal hanté par un passé qui trouvera écho dans la résolution du texte…), voici un petit bijou d'humanité, à mi-chemin entre le meilleur de Robert Silverberg et Ursula Le Guin, de ces textes d'ethno-SF dont on se dit en les refermant : « Putain, ouais, c'est pour ça que j'aime la science-fiction. » Une perle, en somme, bien moins « froide » que la plupart des textes de l'auteur de la Cité du gouffre, moins « abyssale » aussi, peut-être, mais d'une justesse bâtie sur une économie d'effet remarquable.

À l'arrivée, Diamond Dogs, Turquoise Days propose 250 pages d'une excellente science-fiction pour pas cher, une occasion toute trouvée de découvrir l'un des auteurs les plus saisissants du moment, ou, pour ceux qui connaissent déjà, de se replonger dans un univers appelé à devenir un classique. Bref, une belle initiative de l'éditeur, dont on espère qu'elle sera suivie de nombreuses autres du même tonneau, et tant pis pour les amateurs de pink fantasy.

Les Légions immortelles

Quatre ans après la publication de l'excellent L'I.A. et son double chez Flammarion « Imagine » (premier roman traduit en France mais en fait troisième bouquin de l'auteur), voici donc que nous arrive en inédit chez Pocket un nouveau Westerfeld, Les Légions immortelles, premier volet d'un diptyque space op' pour le moins musclé qui nous narre, dans un futur lointain, la guerre qui oppose l'Empire ressuscité, quatre-vingts mondes humains sous la férule d'un empereur vieux de vingt siècles, aux terribles Rix, créatures plus proches de la machine que de l'homme, serviteurs d'I.A. aux pouvoirs quasi divins. Humains contre machines, donc, mais des humains dirigés par une caste d'immortels dont on se demande s'ils sont encore humains, justement…

Le bouquin s'ouvre sur une hallucinante scène de bataille sur Legis XV, une planète aux marches de l'Empire. Ça dégage dans tous les coins, Westerfeld enchaîne les trouvailles technologiques à la cadence d'une mitrailleuse Thomson, entrecroise différents points de vue, différentes lignes de narrations, on est dedans, et pas pour rire. Accrochez-vous, ça va durer plus de cent pages ! Trop, probablement, car si l'auteur n'oublie pas de poser son univers dans cette gigantesque baston, il assène aussi un jargon technico-scientifique parfois lourdingue et à la longue éreintant. Ce qui n'empêche pas Westerfeld d'embarquer le lecteur dans ce tourbillon brutal, porté qu'il est, le lecteur, par l'impact des scènes décrites et le relief immédiat de persos qui, pour certains, dégageront dans une giclée de sang dix pages plus loin. Bref, une entrée en matière pyrotechnique sur plus d'un quart du bouquin assez sidérante… Si la suite est plus calme, elle n'en reste pas moins fort rythmée et, peu à peu, la structure narrative se dessine. Ainsi suivra-t-on pour l'essentiel trois personnages : Laurent Zaï, héros de guerre humain aux commandes d'une corvette impériale sur le front de Legis XV ; le sénateur Nara Oxham, qui s'oppose à l'empereur et à sa cohorte d'immortels et nouera une idylle avec Zaï le temps de trois flash-back assez touchants ; et enfin Herd, une Rix rescapée qui développera une relation étonnante avec une humaine de Legis XV. Voilà pour la forme.

Le fond est quant à lui plus fouillé qu'il n'y paraît de prime abord. D'abord parce que les personnages de Westerfeld sont d'une jolie profondeur, moins manichéens qu'on pourrait le croire, en prises à des dilemmes moraux aigus. L'univers du roman est fouillé, le monde humain, s'il fait front à la menace Rix, est le théâtre de luttes politiques réelles avec pour pivot l'affrontement entre les tenants de l'immortalité (les dirigeants, les factions impériales, comprenez les réactionnaires), qui se servent de cette même immortalité comme levier social, et les opposants (les démocrates, en fait), incarnés par le sénateur Oxham, qui refusent l'accession à l'immortalité, considérant cette dernière comme un facteur d'immobilisme mortifère. Face au monde humain, les machines et leurs serviteurs Rix font également état d'une jolie profondeur, des « méchants » réclamant un droit à la vie légitime tout en développant des aspirations qui auront tôt fait de convaincre le lecteur qu'après tout, les « méchants » ne sont peut-être pas ceux qu'on croit…

Sans atteindre la finesse de L'I.A. et son double (quoiqu'on y retrouve beaucoup des questions soulevées dans ce dernier, quant à la bipolarité I.A./humain, notamment), et pour peu qu'on s'adapte à un jargon « technoïsant » parfois rebutant, Les Légions immortelles, qui n'est autre que la première moitié d'un roman coupé en deux (dès la VO, d'ailleurs), s'impose comme un space opera de facture classique mais de qualité, un excellent morceau de S-F taillé pour divertir, ce qu'il fait avec classe, et même un peu plus que ça. Une bonne pioche, sans aucun doute, et un inédit S-F chez Pocket à moins de 9 euros dont on aurait tort de se priver. Vivement la suite

Le Secret de l'orfèvre

Dans toute bibliothèque qui se respecte, il y a un recoin discret où s'abritent des livres spéciaux, ceux pour lesquels on garde une affection particulière. Ce n'est pas vraiment, ou pas seulement, la qualité qui invite une œuvre en ce recoin car il est un territoire de l'émotion… Ce court roman d'Elia Barcelo a pris place dans mon recoin à moi, sans bruit, avec la discrétion qui convient à l'évidence. Le voilà maintenant parmi des livres de Christopher Priest, le DVD de 2046 de Wong Kar Wai ; « L'Enfant en proie au temps », nouvelle de feu Charles L. Harness ; Le Voyage de Simon Morley de Jack Finney ou le Brigitta d'Adalbert Stifter entre autres…

Considérée comme l'un des plus grands écrivains espagnols de science-fiction, Elia Barcelo avait pu être découverte par le public français dans les page de la revue Antarès, mais c'est avec un court roman intimiste qu'on la retrouve aujourd'hui au catalogue de littérature étrangère d'un grand éditeur parisien en compagnie d'A. S. Byatt, Margaret Atwood ou Doris Lessing pour ne citer que des femmes. Ça situe.

Sans nulle machine, un voyage dans le temps ramène un homme mûr dans la jeunesse franquiste de ses parents et auprès de celle qui, vingt-cinq ans plus tôt, l'initia à l'amour. Traité avec une grande économie de moyens, qui focalisent sur l'essentiel, le livre d'Elia Barcelo nous touche avec sensibilité et profondeur. Il est difficile de rester insensible à ces êtres, Celia et le narrateur, qui se cherchent et s'attendent, ne se trouvant que pour mieux se perdre. C'est une bien belle et touchante histoire d'amour qu'il nous est donné là de lire.

On pourra déplorer un prix si élevé pour un texte si court mais, outre un exceptionnel confort de lecture, la qualité proposée impose de mettre la main au gousset pour accéder à ce vrai moment d'émotion littéraire.

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