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“Éversion” chez les Lectures du Maki

« Vous voulez une aventure hors-norme ? Appareillez donc sur le Demeter, harnachez-vous sur le pont, les traversées ne seront pas de tout repos, profitez des brises légères et de la pétole avant de vous faire engloutir par les tempêtes. Vous vous en sortirez probablement vivant mais différent et heureux ! Il est donc temps de larguer les amarres et que vogue la lecture… » Les Lectures du Maki

Gidéon la Neuvième - Le Tombeau scellé T.1

Récompensé en 2020 par le prix Locus du meilleur premier roman, le volume initial de ce qui devrait être à terme une tétralogie nous arrive précédé d’une petite réputation parmi les lecteurs anglophones.

Efficace, Tamsyn Muir installe d’emblée, et en quelques pages, un univers de belle consistance, aussi travaillé que mystérieux. N’en révélant pour le moment que peu les contours, l’intrigue plonge le lecteur dans l’action et se concentre sur ce qui va occuper les deux personnages principaux de cette histoire. Le point de vue privilégié est celui de Gideon Nav, irrévérencieuse jeune femme acceptant, pour prix de sa liberté, d’accompagner l’ambitieuse Harrowhark Nonagesimus au cours d’une épreuve dont la réussite la con­sacrerait Lycteure de l’Empereur. Convergent ainsi, vers la planète où siège la Première Maison, un duo nécromancien-cavalier re­présentant chacun une des huit autres Maisons, tous en quête de ce prestigieux titre.

Huis-clos aux atours de whodunit, étonnant mélange entre science-fiction et dark fantasy, le roman invoque certains codes que l’on pourrait aisément attribuer au young adult, utilisant des tropes que certains trouveront peut-être trop prévisibles : tandis que le tandem Gideon-Harrow s’installe sans surprise dans le schéma relationnel enemies to lovers, certains personnages campent solidement leurs archétypes. Mais force est de constater que l’autrice ne verse jamais dans l’excès, et que le soin porté à la cohérence d’ensemble compense sans difficulté ces aspects. Avec une mention spéciale au déroulé de la trame, dont le rythme évolue continuellement pour ne jamais laisser au lecteur, sans cesse entrainé vers la suite, le temps de s’installer dans un confort routinier. L’autrice pioche dans un large éventail d’éléments variés, apportant à son récit une richesse et un relief des plus agréable : de l’humour mordant au drame, des moments d’émotion aux visions d’horreur pure, la qualité de l’écriture ne se relâche ni dans la narration, ni dans les dialogues. On déplorera éventuellement, par moments, un em­ballement quelque peu brouillon dans les scènes d’action, sans toutefois pouvoir éclipser un goût certain pour la mise en scène et le plaisir que Tamsyn Muir semble y prendre. Du reste, on appréciera que le traitement des personnages, notamment féminins, sorte de sentiers trop souvent battus, proposant autre chose que des portraits propres et lisses. Par la grâce d’une écriture organi­que, sans fard et sans pudeur, elle malmène tous ses protagonistes sans la moindre retenue dans un registre toujours maitrisé et sans jamais sombrer dans le sordide.

Un premier roman plein de promesses, en somme, dont Sté­phanie Lux a su restituer, par sa traduction, l’atmosphère singulière autant que la richesse. Nul doute que cette entrée dans l’univers du « Tombeau Scellé », par lequel Tamsyn Muir fait montre de qualités indiscutables, séduira de nombreux lecteurs francophones.

Trois Lucioles - Capitale du Sud T.2

Nous avions quitté Nox à la fin du Sang de la cité (Prix Imaginaire de la 25e Heure du Livre, Prix Libr’à Nous Imaginaire et Prix Imaginales du Roman Francophone, rien que ça… cf. critique in Bifrost n° 103) fuyant la maison de la Caouane et une cérémonie de mariage digne de « Game Of Thrones », son odieuse sœur incendiaire, et les intrigues politiques de Gemina, la ville tentaculaire. Or, on ne peut échapper à son destin aussi facilement. Tour à tour, les ennemis de son père d’adoption, le duc Servaint, se pressent à la porte de l’échoppe de Saint-Vivant, que Nox dirige seul à présent, pour lui demander d’assassiner l’homme qui l’a élevé. Il refuse, et ni les menaces ni les charmes de certains conspirateurs n’arriveront à bout de son entêtement. Il n’est pas un meurtrier. De plus, il a d’autres projets en tête. Nox découvre par hasard qu’il est l’héritier d’une propriété près de Dehaven, la Tour de Garde, là où fut inventé le jeu du même nom, et il compte bien s’y rendre avec son ami Symètre, contraint de se cacher depuis que la Recluse a découvert son secret. Mais s’il est facile de tromper ses ennemis terrestres, qu’en est-il de ceux qui complotent dans le Nihilo depuis des siècles pour prendre le pouvoir sur Gemi­na ?

Que dire de ce nouvel opus, si ce n’est que les attentes étaient hautes, voire très hautes, et que le résultat est fabuleux ! Guillaume Chamanadjian, à travers le prisme de la fantasy, décortique les arcanes du pouvoir et pointe du doigt le venin qui gangrène notre propre monde, un mélange de peur de l’autre et de sentiment d’invulnérabilité. Quant à la magie, sous couvert de vouloir divertir le lecteur (qui n’a jamais eu envie de manipuler la pierre ?), elle met en lumière ce besoin qu’ont les puissants de vouloir contrôler ceux qui pourraient les détrôner et de les utiliser à leur avantage. Classique, mais incroyablement efficace et toujours servi par une plume des plus immersive.

Ce deuxième tome de « Capitale du Sud » se fait plus sombre aussi ; Nox n’est plus un joueur de Tour de Garde mais bien la pièce centrale du grand échiquier. On se l’arrache, on le manipule et on le déplace au gré des besoins et des stratégies. Moins haut en cou­leur que Le Sang de la cité, Trois lucioles n’en est pas moins délicieux : c’est une cuvée dont on sirote les premiers chapitres, tellement heureux de retrouver les rues grouil­lantes de Gemina. Mais, soucieux du sort de Nox, on vide la bouteille, ivres de connaître le sort du jeune homme. Guillaume Chama­nadjian pousse les portes de l’Entre-deux-murs pour protéger son héros – moins d’odeurs et de somptuosités, moins de bruits et de saveurs, le silence entoure Nox et Sy­mètre dans leur retraite, laissant au premier le temps d’apprendre à fluidifier ses passages dans le Nihilo, tandis que le second s’exerce à manipuler la roche. On les pense à l’abri, on les pense en sureté ; oui, nous en sommes certains, Nox trouvera le moyen de quitter Gemina sans sacrifier ceux qu’il aime ; il y arrivera parce qu’il est le héros et qu’un héros n’échoue pas. Jusqu’à l’introduction d’un personnage qui va tout changer – le pion dont on ne se méfiait pas, la distraction qui va finalement prendre racine et magnifier le roman, faire exploser la poudrière, transformer une querelle de pouvoir en révolution. En toile de fond, la distance entre Gemina et Dehaven s’amenuise, mais il nous faudra attendre encore un peu pour le dénouement…

Les Imparfaits

Cas est un jeune homme implémenté. Comme tout être humain, il vit en symbiose avec une intelligence artificielle personnelle, mère virtuelle, omnisciente et entièrement dévouée à son pendant humain. Gena veille à son éducation, son bien-être, et planifie chaque instant de sa vie qu’elle se doit de rendre parfaite. Cas n’est ni heureux, ni malheureux, le monde réel l’indiffère et il se complaît dans les Yitus, ces réalités virtuelles aux possibilités infinies, plutôt que de cher­cher à tisser des liens avec ses semblables dont les réactions sont dictées par leurs propres algorithmes. Jusqu’au jour où Cas va croiser la route de l’un d’entre eux. Un Imparfait. Un déconnecté. Un marginal à la peau maladive, aux yeux cernés et aux dents putrides. Jus­qu’au jour où Cas va oser briser ses chaînes virtuelles pour faire découvrir le goût à son humanité.

Ewoud Kieft fait un pas de four­mi dans le temps. Dans cette époque si proche de la nôtre, les politiques n’ont trouvé qu’une seule réponse face à l’effondrement de la société : soumettre l’homme, son corps et ses émotions, à des intelligences artificielles, le décharger de ses responsabilités, à commencer par celles envers ses enfants, le débarrasser des préoccupations du quotidien et des maladies qui pourraient le rendre… humain. Raconté par l’une de ces IA, le roman trouve là son originalité et sa faiblesse, car le style froid met le lecteur à distance, d’autant que l’intri­gue est clairement reléguée au second plan. Mais qui mieux que cette mère d’adoption pouvait raconter l’histoire de Cas ? Raconter, ou plutôt témoigner devant des représentants du gouvernant de la déchéance d’un de leurs sujets. La responsabilité de Gena est questionnée, comme une mère, elle s’interroge sur ce qu’elle aurait pu faire pour éviter à Cas de se rapprocher des Imparfaits. Comme une vraie mère, Gena évolue avec son en­fant, comme lui, elle commet des erreurs, ap­prend et grandit. En 2060, qu’en sera-t-il de notre humanité ? Sera-t-elle toujours l’apanage de l’Homme ? Ou celui des Impar­faits ? Voire des IA ?

Les Imparfaits alerte sur la déshumanisation qui est en marche, sur notre libre-arbitre, sur notre asservissement aux ré­seaux et à la virtualité, et sur l’infantilisation à laquelle nous sommes soumis et dont nous sommes dépendants. Mais les questionnements que soulèvent ce premier roman et les réponses qu’il offre, tout comme l’originalité du point de vue adopté, ne suffisent pas à transformer l’essai et, tout comme Cas, on se déconnecte assez vite, hélas, de son intrigue mollassonne.

Ces guerres qui nous attendent. 2030-2060

Prenez une poignée d’auteurs, d’illustrateurs et de scénaristes de SF. Plutôt des bons. Jolies plumes, belles intelligences. Formez-les. Faites-leur vivre des expériences rares. Donnez-leur accès à des spécialistes, à des chercheurs, avec le soutien d’un Ministère régalien et d’une grande université. Payez-les à peu près décemment (il paraît…). Laissez infuser. Tirez un livre de leurs cogitations collectives. La promesse d’un résultat hors-norme, non ?

Ben non.

Le collectif Red Team Défense a donc été formé en 2019 à l’initiative du Ministère des Armées. Ces guerres qui nous attendent, 2030-2060 présente quatre scénarios dé­veloppés pour sa « saison 1 ». Le premier, « Les Pirates de la P-nation attaquent Kou­rou », s’ouvre sur une présentation très vulgarisée d’un ascenseur spatial guyanais qui pourrait, autour de 2060, « hisser la France au tout premier rang des nations ouvertes sur l’avenir » (si, si !). Mais cet avenir radieux est menacé par la « P-nation », communauté pi­rate composite, voire « liquide », composée en grande partie de réfugiés climatiques. « Barbares­ques 3.0 » décrit la résurgence de la piraterie en Méditerranée, y compris par la prise de con­trôle de la commandante d’un vaisseau de guerre à l’aide de « technologies dérivées du pro­gramme Neuralink d’Elon Musk » (lequel semble un peu obséder la Team). « Chronique d’une mort culturelle annoncée » ré­fléchit à la difficulté d’une in­tervention humanitaire dans une Grandislande en pleine désagrégation (ça leur appren­dra à brexiter !), atomisée en sous-communautés réfugiées dans des safe spheres virtuelles manipulées par la Grande-Mongolie. Enfin, « La Sublime Porte s’ouvre à nouveau » explore le concept d’hyperforteresse entièrement automatisée, qui démode celui de guerre de mouvement.

Selon le Ministre, Florence Parly, « La Red Team, c’est le symbole d’ouverture du Mini­stère des Armées en matière d’innovation. C’est renverser la table. » En dépit de la crispation antimilitariste de certains membres de Notre club, la démarche paraissait plutôt bienvenue. Mais la table ne semble pas près d’être renversée. La prospective polémologique s’a­vère être « un art simple et tout d’exécution », comme un connaisseur, le général Bona­parte, qualifiait la guerre elle-même. Or, le compte n’y est pas.

Même si l’on peut imaginer que certaines des idées les plus originales soient restées classifiées, les spéculations techno-scientifiques présentées apparaissent banales. Les prochaines décennies verront l’apparition de véritables Intelligences Artificielles. Admet­tons. Les réseaux sociaux deviendront pres­que aussi importants pour la Défense que le monde physique. Bon… Les systèmes d’armes autonomes, capables de déclencher le feu dans des délais trop brefs pour permettre une intervention humaine se gé­néraliseront, et la sécurité de ces automatismes constituera un enjeu tactique majeur. Certes. Mais s’agit-il vraiment de prospective ? La fiabilité et la testabilité de tels systèmes d’armes automatisés en réseau était déjà au cœur des critiques à l’encontre de l’Initiative de Défense Stratégique de Ronald Reagan, en 1980. Et les inquiétudes sur le contrôle des réseaux sociaux sonnent plus « Elon Musk 2022 » que « guerre 2060 »…

Plus surprenant, la qualité littéraire n’est pas non plus au rendez-vous. À un ou deux morceaux de bravoure près, les scénarios sont de simples juxtapositions de textes courts pseudo-informatifs, au style basique et sans grand souffle. Quelques néologismes sont bien trouvés, mais disparaissent sous le poids des acronymes gratuits et des analogies faciles.

Sans doute un exercice aussi original aurait-il mérité en amont une réflexion méthodologique un peu plus sérieuse sur la double, et subtile, interface arts/sciences/sciences humaines. En attendant, relisons plutôt La Destruction libératrice d’H.G. Wells (1914) ou Solution non satisfaisante de Robert Heinlein (1941), autrement provocateurs et malheureusement toujours d’actualité…

Utopie radicale

Au vu des crises qui agitent notre monde, en particulier la crise climatique, l’utopie est plus que jamais nécessaire. Dans notre précédente livraison, nous évoquions Archéologies du futur de Fredric Jameson, ouvrage aussi passionnant qu’excessivement touffu (du moins pour le commun des mortels), qui questionnait la place de ce non-lieu autant que bon-lieu au sein de notre monde. Cette même question, Alice Carabédian – autrice, notamment, d’une thèse en philosophie consacrée à l’utopie au sein du cycle de la « Culture » de Iain M. Banks – la prend également à bras le corps dans un essai bien plus bref et plus accessible. Sous-titré « Par-delà l’imaginaire des cabanes et des ruines », Utopie radicale cherche à trouver une autre voie pour l’invention de Thomas More. D’un côté résident les ruines : la dystopie, ma­nière de fascinant repoussoir, souvent trop proche du réel. De l’autre, les cabanes : des utopies concrètes, réalistes, réalisables, un brin trop domptées, et toujours cachées dans les marges du monde. Une autre manière d’aborder l’utopie est-elle possible ?

« Tout ce qui est possible a d’abord été impossible » annonce d’emblée cet essai. Et si bon nombre des crises actuelles étaient au­paravant jugées impossibles, la réalité s’est chargée de prouver le contraire. Pas question pour autant, nous dit l’autrice, de céder au fatalisme. Instrument d’exploration des pos­sibles, la SF permet aussi de tester d’autres modalités en matière de respect, d’égalité, de responsabilité – des « lignes de fuite », comme l’écrivait Yannick Rumpala dans son essai Hors des décombres du monde (cf. Bifrost n° 92). Et l’autrice de mentionner Iain M. Banks, Becky Chambers ou encore Star Trek: Discovery, autant d’imaginaires fé­conds, afin de réfléchir à « une troisième voie qui serait autre que celle des alternatives ou des possibles : celle des impossibles, excès s’il en est ». Une utopie radicale, donc, qui se soucie moins de sa réalisation que de sa volonté de faire bouger les lignes. « Pour penser des possibles, il faut d’abord penser les impossibles. »

Vivifiant, Utopie radicale laisse espérer que tout n’est pas encore fichu. Du moins, si on s’y met, avec la SF comme flambeau. Ce qui tombe bien : en Bifrosty, la SF, c’est notre truc.

Rendez-vous demain

Chaque nouveau roman de Christopher Priest est un événement en soi. À plus forte raison quand il s’agit, comme pour Rendez-vous demain, d’un livre dont la publication en France se fait en avant-première mondiale, celle en langue originale n’étant prévue qu’à la rentrée prochaine.

Fin du XIXe siècle. Adler Beck, un Norvégien, entame une carrière de glaciologue, en partie liée à la tragique disparition de son père sur un glacier quelques années auparavant. Son sérieux et sa stabilité tranchent avec son aventureux frère jumeau, Adolf, qui n’a jamais su prendre sa vie en mains. Lors­qu’Adler, après un passage en Angleterre, décroche un poste aux États-Unis, Adolf, qui préfère se faire appeler Dolf, l’accompagne, mais pour aussitôt s’envoler vers l’Amérique du Sud. Les deux frères vont garder un lien au-delà des frontières, même s’il se relâche progressivement du fait de leurs aspirations opposées. Toutefois, un événement qui les touche tous les deux – une voix intérieure qui, brus­quement, s’adresse à eux et les paralyse – va de nouveau les rapprocher. D’où vient-elle ? Mystère.

À peu près à la même épo­que, à Londres, un homme du nom de John Smith doit répondre de plusieurs procès, où il est ac­cusé de malversations diverses.

Enfin, dernier fil de l’intrigue, en 2050, Chad Ramsey, profiler pour la police, perd son travail suite à l’arrivée d’un nouveau chef. Il a toutefois eu le temps de se former à une nouvelle technologie de pointe, qui permet d’entrer en relation mentale avec d’autres personnes à l’aide d’une nanoplaque implantée dans son crâne. Après son départ de la police, il se désespère à propos du réchauffement climatique ambiant et inéluctable, avant d’obtenir un contrat qui va lui permettre de réfléchir sur le sujet…

Ces différentes lignes vont se rejoindre car, bien évidemment, tout est lié chez Priest. Chad Ramsey, par exemple, a un frère ju­meau… comme Adler et Dolf Beck ; la gémel­lité est du reste un motif récurrent dans l’œu­vre de l’auteur (Le Prestige, La Séparation). Sous-jacente à cette thématique, on trouve bien évidemment celle de la notion d’identité, puisqu’au sein de chaque paire de ju­meau, chacun se définit forcément en fonction de l’autre. Histoire de gravir un échelon dans la complexité et la mise en abyme du thème du double, Priest a donc inséré au cœur de son roman un fait divers : John Smith a réellement existé, comme l’attestent avec évidence les images d’époque qui parsèment le livre ; et, plus le roman avance, plus il semble bien que John Smith et Dolf ne sont qu’un seul et même homme, puisque Beck est finalement condamné par la justice an­glaise. Vertigineux…

Autre fil rouge du livre, les recherches d’Adler sur les glaciers, lui qui prédit un re­froidissement global de la planète dans les prochaines décennies, trouveront un écho dans celles de Chad, qui pour sa part se débat donc dans le réchauffement climatique qui conduit à une montée des eaux de plus en plus problématique et à un monde qui en­chaîne les dévastations… À moins… à moins qu’il arrive à trouver un espoir dans certaines des théories les plus folles qu’au­ront avancées des climatologues des générations précédentes ? La précision de certaines des théories environnementales abordées par Priest montre qu’il a particulièrement soigné ses recherches bibliographiques sur le sujet, et rend le tout passionnant (même si, petit bémol, cela se traduit parfois par des passages qu’on croirait tout droit recopiés de Wikipedia). Elle tranche du reste avec les prolongements révolutionnaires du moyen de communication mentale expérimenté par Chad, qui semblent davantage magiques que scientifiques. L’essentiel pour Priest n’est ici pas la crédibilité scientifique, mais bien le potentiel ludique que lui procure cet artifice pour faire se répondre, tels des échos, deux périodes séparées par un siècle et demi.

Bénéficiant au passage d’une splendide couverture d’Anouck Faure, Rendez-vous demain se révèle donc un Priest de bonne cuvée. Sans doute pas son meilleur livre, l’écriture manque peut-être un peu de chair, mais un roman solide, documenté, qui pro­pose à la fois de nouveaux développements sur les thématiques chères à l’auteur, et son appropriation, à nul autre pareille, du thème déjà rebattu du réchauffement climatique. Or un Priest solide, c’est déjà un événement en soi.

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