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Bifrost 95 : alunissage !

Alunissage réussi ! Le Bifrost 95 est dès à présent disponible, en papier comme en numérique, dans toutes les bonnes librairies terriennes et sur belial.fr.

Sixième du crépuscule

On a assez peu parlé de Brandon Sanderson en Bifrosty… et c’est un tort, tant l’œuvre de cet écrivain démiurge est à même de forcer le respect — et pas uniquement par la seule épaisseur de ses livres. Cela, y compris auprès de ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, ne sont pas spécialement attirés par la fantasy. D’ailleurs, ce recueil de cinq novellas possède une tonalité explicitement science-fictive, un genre où l’on n’attendait pas Sanderson (et à nouveau, c’est un tort). Passage en revue…

Comment faire en sorte que le maximum de gens soit le plus heureux possible en minimisant l’impact écologique ? Dans « Parfait État », les mystérieux Wode ont eu l’idée parfaite : des cerveaux en bocaux. Dans ce contexte qui évoquerait presque Matrix, chaque individu est le souverain absolu, surpuissant et solipsiste de son univers, que celui-ci relève d’un monde de SF… ou de fantasy, dans le cas présent. Mais escarmouches et amourettes avec les cerveaux en bocaux voisins sont à prévoir au programme de cette bonne entrée en matière. « Instantané » propose une variation sur ce thème des mondes virtuels : cette fois, c’est une ville entière qui est recrée pour les besoins des enquêtes de police. On y suit le parcours d’un tandem de flics médiocres, Chaz et Davis, qui, sous couvert d’une banale vérification, vont tomber sur ce qui pourrait bien être l’œuvre d’un tueur en série cherchant à vaincre la simulation. Une réussite retorse riche en rebondissements (oui, l’un est évident, mais l’autre ?).

Les deux récits suivants nous emmènent dans des nouveaux mondes fraîchement colonisés. « Des ombres pour Silence dans les forêts de l’enfer » présente une chasseuse de primes à la poursuite d’un criminel dans une forêt peuplée de créatures agressives : le feu les attire et celui qui fait couler le sang risque d’y perdre la vie. Comment s’en sortir lorsqu’on attente à votre existence ? « Sixième du Crépuscule », c’est le nom de ce trappeur qui, avec ses oiseaux capables de prescience, parcourt la dangereuse île de Patji. Sauf qu’une civilisation plus avancée, entrée en contact avec un peuple d’outre-espace, cherche à en percer le secret… au risque de causer un dangereux déséquilibre. Dans ces deux récits, Sanderson démontre son talent remarquable pour créer des mondes et des personnages forts, sans oublier de faire vivre le tout au travers d’intrigues prenantes.

Occupant un bon tiers du livre, le (pas si) court roman « Dansecorde » nous ramène du côté de Roshar, monde aride balayé par des tempêtes et cadre de l’action des « Archives de Roshar ». Situé entre les tomes 2 et 3 du cycle (donc entre Livre des Radieux et Justicière, troisième volume à paraître sous peu), ce récit suit les pas de Lift, truculente gamine dotée d’un pouvoir génial (c’est elle qui le dit) et accompagnée de Wyndle, un Néantifère trouillard. Dans la cité semi-enterrée de Yeddaw, alors qu’une tempête anormale approche, Lift va se frotter à l’Ombre, un mystérieux ennemi. Pour qui n’a pas lu Le Livre des Radieux (c’est le cas de l’auteur de ces lignes), certains tenants et aboutissants paraîtront obscurs. Il n’empêche : le plaisir de lecture ne faiblit pas au fil de cette aventure échevelée.

Bref, un bilan positif, et sans doute davantage. Et une parfaite invite à découvrir les œuvres complètes de Brandon Sanderson.

Légendes d’Agrégats

Dans un futur lointain, l’humanité s’est divisée en deux branches : d’un côté les « Chondriens », vivant sur ces puits de gravité que sont les planètes, de l’autre les « Spatiens », à bord des Agrégats — ces sept immenses nuées d’astronefs qui arpentent ce petit recoin de Galaxie selon la même boucle multimillénaire et suivent les préceptes de la Tradition du Vide. Ilam, amateur de photo spatiale (car dans ce futur distant, on apprécie encore ce loisir qu’est la photographie), se fait un jour piéger lorsqu’un Agrégat se matérialise dans le système stellaire qu’il avait entrepris d’explorer. Secouru par Rivka, spatienne dont le job est de récupérer des ressources minières, Ilam rejoint l’Agrégat — l’Intervention Divine — et se retrouve au cœur d’intrigues. Un scientifique spatien aurait fait une découverte menaçant la Tradition du Vide, ce qui conduit le malfaisant chef de l’ID à prendre des mesures drastiques… Quant à Ilam et Rivka, entre mafieux au grand cœur et méchants pas très gentils, ils auront fort à faire pour sauver leur peau, et puis s’aimer aussi.

Après Antarcticas, un thriller écologique, Étienne Cunge s’essaie ici au space opera, sans grand bonheur malheureusement. Si le décor de Légendes d’Agrégats se veut grandiose et les enjeux riches de perspective, le roman ne parvient guère à susciter l’adhésion : le couple formé par Ilam et Rivka confine vite au niais, tandis que les autres personnages restent unidimensionnels, aucun ne soutenant une intrigue aux faibles horizons d’attente. L’ennui pointe rapidement — et la résolution finale du mystère soulevé par le prologue ne convainc guère. Espérons qu’Étienne Cunge fera mieux (ou en tout cas moins mal) la prochaine fois, et saura davantage susciter le sense of wonder. En attendant, Pierre Bordage (cité en quatrième de couverture) et Laurent Genefort (publié notamment chez le même éditeur) n’ont pas grand souci à se faire, et c’est bien tout le problème.

Journal d’un marchand de rêves

Paru en 2016 chez L’Atelier Mosésu, couronné l’année suivante par le prix Imaginales, Journal d’un marchand de rêve, quatrième roman d’Anthelm Hauchecorne, a été réédité en 2018… et est tombé tardivement entre nos mains.

À vrai dire, il s’agit moins d’un journal que de mémoires, celles de Walter Krowley. Narrateur du présent ouvrage, Walter est le rejeton d’une star hollywoodienne dont l’amour paternel n’est pas la plus évidente des qualités. Individu plutôt instable, scénariste en devenir, Walter fait un jour une crise qui l’amène… à Dollywooh, double inversé et onirique d’Hollywood. Dans ce monde, l’Ever, véritable rêve partagé entre les dormeurs du monde entier, la monnaie ayant cours est le sable. Si le mystérieux Gouverneur fait régner une justice sévère à Dollywoh, les alentours de la ville sont arpentés par les Outlaws et les féroces peaux-rouilles – des robots sans âmes, autochtones oniriques. Au fil de ses séjours à Dollywooh puis à Sellexurb l’européenne, Walter va rencontrer plusieurs personnages hauts en couleurs – son ça bestial, des femmes fortes, des hors-la-loi sans pitié – et explorer la région méconnue de Brumaire, dont le sable possède d’étonnantes qualités. Un sable qui, ingéré, décuple la créativité de Walter dans le monde de l’Éveil – faisant du protagoniste moins un marchand qu’un créateur. Le tout est de ne pas tomber à court de sable. Et de surmonter les nombreux périls de Dollywooh.

Quant au lecteur, il devra surmonter les nombreux écueils de ce roman afin d’en atteindre le terme. La plume n’est pas désagréable mais Anthelme Hauchecorne en fait trop (et gagnerait à suivre un stage chez Thomas Day). On mettra les phrases curieuses sur le dos de la fatigue (« Elle marchait à la verticale », « sa victime tomba à la renverse, sans toutefois s’effondrer »). Trop longue pour son propre bien, l’intrigue est trouée par quelques ellipses dignes d’une logique onirique mais pas d’un texte romanesque, et pas vraiment portée par ses personnages ou le cadre de son action (la description d’Hollywood est générique au possible ; Dollywooh ne s’avère guère plus qu’un décor de western ensablé). L’usage intensif des notes de bas de page s’avère horripilant et sans logique (pourquoi mettre une note pour détailler la filmographie de Terry Gilliam ou expliquer l’acronyme WASP et ne rien mettre pour Oz et Celephaïs ?). En fin de compte, après l’ixième note de bas de page expliquant encore l’évidence, seul l’agacement finit par prédominer. Tant pis, et mieux vaut oublier ce roman comme on oublie un songe mal ficelé après le café matinal.

Theodore Sturgeon, le plus qu’auteur

Y aurait-il un frémissement de l’actualité autour de Theodore Sturgeon ? Sans doute, et ce n’est pas pour nous déplaire. Imaginez : en quelques mois, un numéro spécial de votre revue préférée (Bifrost n° 92) sur l’auteur, une traduction fortement révisée de Cristal qui songe par Pierre-Paul Durastanti sous la houlette de l’éditeur de J’ai Lu Thibaud Eliroff, en attendant un traitement similaire sur Les Plus qu’humains dans les semaines prochaines. Et maintenant ce volume coédité par le Forum Les Débats et ActuSF, sous la forme d’un très joli objet livre grand format, en couleurs et sur papier épais. Quand on sait que la dernière parution en France de cet auteur pourtant extrêmement réputé remonte à dix ans maintenant… Alors, on se prend à rêver, par exemple à la mythique intégrale des nouvelles de l’auteur que nous aurons peut-être un jour la joie de pouvoir lire ?

Mais revenons à cet ouvrage, pour y découvrir un portrait pleine page d’un Theodore Sturgeon au regard malicieux. C’est ce qui attire l’œil en premier dans ce livre : l’iconographie omniprésente, précieuse, riche de nombreuses images rares. Photos de l’auteur et de son entourage, extraits de la correspondance, reproductions de couvertures de ses livres, etc., le tout en couleurs. Rien que pour cette iconographie, l’ouvrage vaut le coup. Mais parlons aussi des textes. Le premier est un entretien avec l’une des filles de Sturgeon, Noël, qui est également la présidente du Theodore Sturgeon Literary Trust. Elle revient sur la carrière de son père, sur son impact sur le genre science-fiction, et dit aussi quelques mots sur la nouvelle « Tandy et le brownie » (au sommaire du Bifrost 92), où les personnages sont les enfants de Sturgeon… dont elle-même ! À la fin de l’entretien, on découvrira la passion de Sturgeon pour le bricolage, au travers notamment de plusieurs plans de mécanismes dessinés de sa main. Viennent ensuite des échanges épistolaires avec Vonnegut, Zelazny et Asimov. Il s’agit là d’authentiques documents, dont l’importance est liée à la réputation de l’ensemble de ces auteurs. Il est passionnant de lire ces lettres, témoins d’un genre en phase de consolidation au travers de quelques-uns de ses monstres sacrés. Un gros regret quand même dans la mise à disposition de ces dernières : aucune d’entre elles n’est traduite ! Si un lecteur anglophone saura les savourer, il est regrettable qu’une personne ne comprenant pas l’anglais soit privée du même plaisir… Après la reproduction d’un script de Sturgeon pour la radio, et une étonnante et impressionnante photo de l’auteur jeune en train de faire un salto aérien, la parole passe à celle qui a sans doute le plus fait pour Sturgeon dans l’édition française : Marianne Leconte, qui a réalisé d’innombrables anthologies de l’auteur au tournant des années 1970. Elle retrace sa biographie (au demeurant assez proche de l’article de Francis Valéry dans le numéro spécial de Bifrost), mettant en lumière comment ses déboires personnels et sentimentaux sont intimement liés à sa création, ce qui, pour un auteur humaniste comme Sturgeon, n’est finalement guère surprenant. Tom Monteleone revient ensuite sur sa rencontre avec l’auteur, ou plus exactement avec une certaine partie de son anatomie ; son billet, hilarant et irrespectueux, est une petite bouffée d’humour bienvenue. Philippe Hupp, organisateur du Festival de Science-Fiction de Metz, s’attarde sur la venue en France de Sturgeon. Imaginez un peu : à la première édition du festival, outre Sturgeon, on y croisait Farmer, Sheckley et Harrison — rien que ça ! Réunir l’équivalent d’un tel plateau aujourd’hui paraît impossible.

La partie sur les rapports de Sturgeon avec le cinéma et la télévision est copieuse. Fabrice Defferrard nous explique comment l’écrivain en est venu à collaborer sur deux épisodes de Star Trek, créant au passage l’iconique « Live Long and Prosper ». Si la participation de Sturgeon à Star Trek est en général bien connue, la tentative d’adaptation des Plus qu’humains par Bertrand Tavernier l’est moins. Le cinéaste s’explique quant au choix de ce texte, indiquant au passage que beaucoup de monde, dans les années 70, connaissait les écrits de Sturgeon. Il reconnaît également que si le projet n’a pas abouti, c’est aussi pour des problèmes d’incompréhension, en partie liés aux intermédiaires entre cinéaste et auteur. Ce que viennent prouver les précieux extraits de la correspondance entre les deux, reproduits à la suite. Le dossier se poursuit par deux autres entretiens avec Christian de Chalonge et Laurent Heynemann qui ont, eux, adapté Sturgeon. Avant que l’ouvrage ne se termine par un guide de lecture, où des personnalités (Dolisi, Garcia, Walton, Durastanti…) expliquent leur rapport au texte de l’auteur qu’elles ont choisi.

Passionnant de bout en bout, notamment dans son exploration des facettes méconnues de l’auteur, de son œuvre et de l’adaptation de celle-ci, faisant la part belle à une iconographie somptueuse, on l’a dit, Theodore Sturgeon, le plus qu’auteur se place donc comme le parfait complément du numéro de Bifrost consacré à Sturgeon (en dépit de l’absence de traduction de l’abondante correspondance qu’il propose).

Mage de bataille T2

Dans la chronique du premier tome, on disait de Mage de Bataille qu’il ne fallait guère en attendre la moindre originalité, Peter A. Flannery s’inscrivant dans une tradition durable (en voie rapide d’assèchement, pourrait-on dire aujourd’hui) du roman d’apprentissage dans un monde de fantasy héroïque. Si l’intrigue et ses révélations sont éminemment prévisibles, si les personnages, au demeurent bien travaillés, restent semblables aux cohortes des leurs qui peuplent les romans de fantasy depuis plusieurs décennies, on reconnaissait à Flannery sa compétence pour nous faire partager les doutes, les angoisses et les exploits de ses protagonistes, et nous scotcher à la lecture de ce tome par une écriture dynamique et immersive. Comme le présent tome n’est rien d’autre que la deuxième partie du gros roman publié en un seul pavé aux États-Unis, rien de surprenant donc à ce qu’on confirme ce statut dans cette chronique.

L’histoire, bien évidemment, prend la suite directe du tome 1. On y retrouve Falco et les siens aux prises avec les Possédés et les Démons qui les gouvernent. La menace se précise, à tel point que le livre démarre sur la lutte de plusieurs Mages de bataille contre ces Démons, qui se conclut par la mort des défenseurs du monde libre. L’histoire est éclatée entre plusieurs lieux, et la lutte qui se concentre peu à peu implique de devoir gérer les distances entre les différents groupes de combattants. Flannery alterne ainsi la narration entre ses différents personnages. Ceci a pour effet de dynamiser encore plus l’intrigue, puisqu’aux actes de bravoure des combattants isolés se superpose un schéma plus global, géostratégique, de convergence. C’est bien évidemment assez classique en fantasy, tout tend à la fameuse bataille finale qui résoudra le sort du monde, mais Flannery se révèle assez doué pour orchestrer les événements, même si cela se fait au détriment de certains personnages qui voient leur temps d’apparition à l’écran diminuer drastiquement (ainsi, l’Émissaire, qui disparaît des ondes radar pendant de nombreuses pages au cœur du roman).

Flannery mène ainsi Falco Danté jusqu’au point culminant de son destin, quand le sort de son univers ne dépend plus que de lui, car tous les autres ont échoué. Falco saura se révéler plus forts que tous les Possédés réunis, que tous les Démons et que leur prince, le Marquis de la Douleur. Ce faisant, Falco mettra à jour certains agissements obscurs, et fera certaines révélations sur le passé. On me pardonnera de spoiler quelque peu l’intrigue, mais, à vrai dire, l’auteur lui-même l’avait déjà fait dès les premières pages de son roman.

Au final, Mage de bataille se révèle un parfait exemple de Big Commercial Fantasy : certes loin d’un roman innovant et audacieux, il propose une lecture de pur divertissement, de celle qu’attend un lecteur de BCF. Contrat parfaitement rempli : nul besoin de faire fonctionner les neurones à plein régime, il suffit de se laisser emporter, en reconnaissant à Peter A. Flannery un réel talent de conteur, lui qui s’acquitte de la tâche avec un vrai respect des codes du genre et visiblement un plaisir communicatif.

300 millions

À première vue, l’histoire paraît simple. Gretch Gravey a rassemblé dans « La Maison aux miroirs » un groupe d’adolescents, en vue de servir Darrell. Afin de le faire advenir, la communauté procède à divers rituels, dont le sens nous échappe ou est au contraire atrocement explicite. La police investit les lieux et prend Gravey vivant. Fin du fait-divers, et début de l’histoire.

En surface, Blake Butler accumule les clichés, si l’on entend par là poncifs du polar américain — l’intimité qui en vient à unir le serial killer et l’enquêteur — et photos instantanées de l’Amérique. Le tout démonté puis reconstruit, comme on le dirait d’un visage défiguré. Le récit est servi par une narration chorale : quatre voix dissociées racontant le même drame. Les parties, ordonnées semble-t-il en 1-3, 2-4 puis 5, fournissent un cadre strict à l’intérieur duquel Butler laisse advenir l’anéantissement littéraire.

Se plaçant sous les auspices d’Allen Ginsberg et de Roberto Bolaño (intégrité des renvois d’ascenseur, mais Butler est en mesure de s’élever tout seul), l’écrivain remet en cause l’idée que la narration, en se développant, dévoile l’intrigue. Comme s’il existait une adéquation nécessaire entre les faits et ce que l’on en dit. Or l’auteur met à mal la stabilité sémantique, qui voudrait que le sens des mots et des phrases demeurent permanent au fil du récit. Au contraire, à force de torsions et de répétitions, d’invraisemblances narratives (selon le confort conventionnel de lecture), par l’usage des passages censurés au noir, du blanc des pages ou de motifs géométriques (et des notes en bas de page, dans une intratextualité qui rappelle forcément La Maison des feuilles de Danielewski), Butler rend inopérant les bases fondamentales de la logique nous permettant d’appréhender le réel. Le principe d’identité vole en éclat, à commencer pour l’ensemble des protagonistes qui n’en sont pas forcément troublés. Le principe de contradiction n’est plus opérant : une même chose peut être et ne pas être en même temps, au même lieu et sous le même rapport. La maison est remplie de miroirs, mais chacun sait qu’ils ne reflètent que la surface des choses ou sont déformants. À moins que tout ce qui est raconté soit l’expression de la pure vérité, prévient Butler, conscient que l’ordre est une figure éventuelle du chaos.

L’ensemble donne lieu à une psychomachie où objets, lieux et médias extériorisent l’état mental des protagonistes, et par rétroaction infectent les esprits. Il y aurait tant à dire de ce roman qui dit tellement et se dédit pour se redire, et dont les personnages apparaissent au fur et à mesure du récit, comme le lecteur entre dans l’histoire. Lecteur qui, et c’est un tour de force, en devient l’un des protagonistes. Il en sortira bouleversé, précisément ce que l’on attend d’une grande lecture.

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