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Les critiques de Bifrost

La Belle et le fuseau

La Belle et le fuseau

Neil GAIMAN
ALBIN MICHEL JEUNESSE
68pp - 19,00 €

Bifrost n° 82

Critique parue en avril 2016 dans Bifrost n° 82

Contes, mythes et mythologies ont toujours été présents dans l’œuvre de Gaiman. Aussi, rien de surprenant à ce que notre auteur décide un jour de porter son dévolu sur la réécriture d’un conte, en l’occurrence celui de la Belle au bois dormant. Un conte déjà popularisé en son temps par Charles Perrault, puis les frères Grimm.

Or donc, voici une reine – cheveux noir de jais, lèvres rouges et teint d’albâtre, n’en disons pas plus – qui se prépare, sans grand enthousiasme, à renoncer à une partie de sa liberté en vue de son mariage. Mais une escouade de trois nains, partis dans le royaume voisin chercher la plus belle étoffe de soie, revient avec des nouvelles inquiétantes : depuis la chambre d’une princesse (maudite par une sorcière, bénie par une fée), une épidémie de sommeil se propage et risque de menacer tôt ou tard le royaume de la reine. Sans plus attendre, cette dernière quitte sa robe pour son armure et, en compagnie du trio de nains, part délivrer le royaume voisin du mal qui l’infeste. Le sommeil, notre reine ne le craint pas, elle qui a passé un an endormie dans un cercueil de verre. Mais il est dit qu’une muraille de ronces entoure le château et qu’une sorcière garde la belle endormie… Les choses sont-elles pourtant ce qu’elles paraissent ?

Avec La Belle et le fuseau, Neil Gaiman effectuait une nouvelle incursion dans le domaine du conte, juste avant Hansel and Gretel (paru peu après au Royaume Uni, et illustré par le talentueux Lorenzo Mattoti). Et pour quel résultat ? Quelque chose que l’on qualifiera de sympathique. Entremêler deux contes fameux, s’interroger sur la notion de genre et inverser bon nombre des éléments attendus – le plus notable s’avérant la quasi absence d’un quelconque prince charmant – sont autant d’excellentes idées. Mais le livre souffre de sa trop grande brièveté : une grosse soixantaine de pages, dont une bonne part occupée par les illustrations, où les personnages peinent à se développer et à devenir attachants – chose d’autant plus dommage que notre auteur excelle d’habitude en la matière. Justement, que serait ce livre sans les dessins de Chris Riddell ? Un trait au noir rehaussé d’aplats dorés, qui magnifie le texte de Gaiman. Ni trop enfantin, ni trop glauque, mais parfait.

À défaut d’être un jalon dans l’œuvre de l’auteur d’American Gods, La Belle et le fuseau demeure un joli livre, un cadeau idéal.

Erwann PERCHOC

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