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Les critiques de Bifrost

Le Livre de Ptath

Le Livre de Ptath

Alfred Elton VAN VOGT
J'AI LU

Bifrost n° 98

Critique parue en mai 2020 dans Bifrost n° 98

Ptath est un dieu, qui reprend conscience après une longue absence. Amnésique, il sait cependant que Gonwonlane est son empire, et qu’il entend bien le récupérer. Pendant un temps, il a été Peter Holroyd, soldat américain décédé au combat lors de la Seconde Guerre mondiale. Il est aussi Ineznio, prince déchu de Gonwonlane. Las, un adversaire s’oppose à ses plans : Ineznia, une puissante déesse qui, par ses sortilèges, a enfermé L’onee, la compagne de Ptath. Dans ce monde, le pouvoir des dieux provient directement des prières : celles des femmes pour Ptath, celles des hommes pour Ineznia, qui a tenté d’abolir le culte de Ptath afin de l’affaiblir. Aidé des souvenirs de guerre de son incarnation Holroyd, le dieu va tenter de récupérer son trône, d’éviter les pièges tendus par Ineznia, et de sauver L’onee d’une mort annoncée…

Écrit – une fois n’est pas coutume – d’un seul bloc, et publié comme tel dans les pages du tout dernier numéro d’Unknown (daté octobre 1943), Le Livre de Ptath constitue la seule incursion de van Vogt dans le domaine de la fantasy. À sa manière. D’une part, parce que c’est van Vogt ; d’autre part, parce que dans un futur aussi lointain – deux cents millions d’années, mine de rien –, SF et fantasy ont parfois tendance à se confondre (Jack Vance saura s’en souvenir pour sa «  Terre mourante », et Arthur C. Clarke pour sa fameuse « troisième loi »). À mi-chemin des deux genres, Le Livre de Ptath nous dépeint par trop petites touches une Terre peuplée de dizaines de milliards d’individus et dominée par des dieux mesquins. Van Vogt en profite pour donner une définition cinglante de la religion : « La religion, ce n’est pas […] l’adoration d’un quelconque dieu ou d’une quelconque déesse. La religion, c’est la peur. »

Si le décor diffère, van Vogt ne change pour autant guère ses thématiques : on retrouve ici un personnage tenant du surhomme, habité par différentes consciences, en butte à des ennemis aussi puissants que lui. L’auteur nous plonge dans la psyché éclatée de Ptath, mais le style étique et la brièveté du texte échouent à faire saisir l’ampleur des batailles ou l’énormité des enjeux. Inventif et inutilement alambiqué, à la fois compendium des marottes de l’auteur et écart par rapport à sa production habituelle, Le Livre de Ptath reste une curiosité.

Erwann PERCHOC

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