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Metro 2034

Metro 2034 complète et achève le diptyque entamé avec Metro 2033. Et il y a de bien bonnes nouvelles avec ce nouvel opus. Au rang des critiques du premier volet, nous avions évoqué quelques longueurs qui auraient mérité un coup de scalpel d’une centaine de pages. Eh bien, non content d’avoir lu notre critique, Dmitry Glukhovsky a décidé de doubler la mise en réduisant Metro 2034 à un peu plus de 400 pages, le rendant ainsi plus digeste et plus incisif. A quand l’abonnement, Dmitry ? Ensuite, parce qu’il a su garder l’univers post-apocalyptique original, l’atmosphère glauque et la froideur du métro moscovite, tout en changeant les protagonistes de cette nouvelle histoire, évitant ainsi l’éternelle suite poussive où les personnages s’essoufflent tant ils manquent d’épaisseur au fil des pages. Enfin, cette fois, la situation géographique des personnages est limitée, ce qui nous évite de nous perdre avec eux dans le métro moscovite (même avec le plan !), qui, c’est confirmé, grouille de bestioles bizarres et peu amicales. Seul fil rouge, Hunter, le stalker, revenu d’entre les morts et qui sera, cette fois-ci, accompagné d’Homère, vieillard nostalgique en quête d’éternité. Ils seront chargés d’enquêter sur la disparition d’une caravane de ravitaillement ainsi que du groupe de reconnaissance parti à sa recherche. La station Sevastopolskaya, qui produit de l’électricité pour l’ensemble du métro, ne peut plus fonctionner sans approvisionnement. Sur la route, l’équipe sera complétée par Sacha, jeune adolescente ayant vécu l’exil avec son père dans une station isolée.

Beaucoup plus ramassé que son prédécesseur (nombre de personnages, zones géographiques et batailles rangées avec les zombies), Metro 2034 gomme les défauts du premier tome (il y en avait peu) et en transcende les qualités. Des personnages fouillés et attachants, une quête de sens finement exploitée et de l’action rondement menée sans tomber dans le gratuitement sanguinolent à coup de zombies explosés. Enfin, pour ceux qui n’auraient pas lu le premier, Metro 2034 peut se lire indépendamment.

Petite pichenette caustique pour nos amis de l’Atalante, concernant la couverture… et un bon plan recette pour les apprentis éditeurs : vous prenez l’illustration d’origine, vous changez le 3 en 4, vous passez du rouge au vert à pas cher et le tour est joué ! Une bien belle leçon de rationalité économique. L’éditeur nantais nous avait habitués à mieux. (Qui a dit quand ? C’est petit, ça !). Ceci étant, ce que l’éditeur n’a pas investi dans la couverture, il a dû le mettre dans la traduction, tant le travail de Denis E. Savine est à nouveau exemplaire (eh oui, on se répète !). Une très bonne manière d’éviter un Razzie !

En conclusion, un bon roman d’anticipation post-apocalyptique, intelligent, efficace, musclé, et, pour la présente édition, allégé de toute lourdeur. Que demande le petit peuple ? On attendra maintenant de voir ce que Dmitry Glukhovsky produira par la suite, tant il paraît difficile d’échapper à une construction littéraire si typique et complète. Wait and see

Dans la peau d'un autre

Après un premier roman jeunesse publié chez Hachette (Les Détectives de l’étrange), Xavier Müller s’invite dans le petit monde du thriller scientifique avec Dans la peau d’un autre.

Edité par My Major Company Books, association de My Major Company (plus connue dans le monde de la musique) et XO éditions, le roman de Xavier Müller a bénéficié du système de financement collaboratif via le site web de MMCB. Le principe : l’auteur propose des extraits de son manuscrit aux internautes qui peuvent alors participer à l’édition en misant de 10 à 500 euros. Avec plus de 450 éditeurs participatifs, le roman bénéficiera d’un tirage à 10 000 exemplaires (pas mal tout de même). Alors, l’édition participative, une alternative au monde de l’édition classique ? En tout cas une initiative qui, comme les plateformes numériques, diversifie les modes de publication habituels.

Quant à l’histoire… Maxence Lance, jeune et brillant étudiant en neurobiologie, spécialisé dans les neurones miroirs, finance ses études en donnant des spectacles d’hypnose dans un cabaret. En sortant d’une représentation, un voile noir s’abat sur ses yeux et il reprend connaissance, dix ans plus tard, littéralement dans la peau d’un autre, celle de Philippe Mahieu, éminent chercheur en neuroscience, incarnation du rêve carriériste de Maxence. Qui est réellement Mahieu ? Sur quoi travaillait-il ? Quels sont les liens avec Maxence ? Que s’est-il passé lors de la dernière décennie ? Comment se faire passer aux yeux de tous pour celui que l’on n’est pas ? Quelle identité est réelle ? Nous suivrons dès lors les mésaventures de notre héros malgré lui, qui subit sa nouvelle condition plus qu’il ne la maîtrise, mais qui finira par démêler toutes ces énigmes sur fond de découvertes scientifiques. Comme quoi c’est bien fait !

Ici, l’hypnose et les neurones miroirs sont au cœur de l’intrigue. Pour ne pas la dévoiler, nous ne dirons rien sur ce dernier thème, au demeurant passionnant et pour le moins révolutionnaire dans le champ des neurosciences. Pour information, le sujet de la thèse de Max est « la tentative d’influence des neurones miroirs à l’aide de la stimulation magnétique transcrânienne » Aïe ! Comme on a fait lecture à la fac et pas calcul, on se dit qu’on va en baver pendant quelques pages. Eh bien non. Xavier Müller (docteur ès sciences et journaliste scientifique) réussit magistralement à mettre en lumière un thème pour le moins complexe.

Quant à l’hypnose, nous sommes convaincus qu’il aura voulu rendre ses lettres de noblesse à cette discipline, et pour le coup, c’est plus ou moins réussi. L’hypnose, notamment le Mesmérisme (vous savez, le type représenté avec de grands yeux globuleux qui vous fait faire n’importe quoi après avoir compté jusqu’à trois) est très souvent associé à une forme de charlatanisme, occultant du même coup, dans nos représentations, l’utilité médicale aujourd’hui reconnue du procédé notamment utilisé dans le traitement de la douleur, voire en remplacement de l’anesthésie pour certaines opérations chirurgicales. D’une certaine manière, l’auteur participe de cette confusion, particulièrement dans certaines scènes de transes fulgurantes confinant à la magie des chevaliers Jedi. Dommage.

Malgré ce petit bémol, Xavier Müller nous livre un texte plutôt sympathique et réussi. Pas exempt de défauts, notamment en terme de rythme, le récit est empreint de certaines lenteurs et passe ensuite en mode avance rapide / action parfois au détriment de la cohérence globale et d’un équilibre nécessaire à l’ensemble. A noter l’atmosphère des laboratoires de recherche particulièrement bien restituée ici : guerre des chefs, procédure de publication, financement et sponsoring, expérimentations… Un environnement captivant.

Conclusion en forme de répétition : Dans la peau d’un autre affiche quelques petits défauts d’écriture et de traitement du sujet, mais rien de rédhibitoire pour un premier roman (adulte) tant les idées développées sont passionnantes et le rendu final plaisant à lire. Xavier Müller est un auteur plein de promesses que nous suivrons avec intérêt.

Deus in machina

Il était une fois, dans une lointaine galaxie… Le Seigneur est un petit dieu devenu grand, depuis qu’il a vaincu ses semblables à l’issue d’un interminable conflit cosmique. Depuis lors, il fait l’objet d’une adoration exclusive de la part des multitudes. Les dieux défaits ont été asservis. Enkystés au sein d’immenses nefs spatiales, qu’ils propulsent à l’aide de leur énergie spirituelle, proprement machinisés, ils restent pourtant des créatures imprévisibles et dangereuses aspirant sans cesse à l’évasion, que seules retiennent captifs la foi inébranlable et les méthodes de tortures exotiques des équipages. Si sa foi ne saurait être mise en doute, Ean Tephe, commandant du Vertueux, se reconnaît de moins en moins dans le culte tout d’austérité que veut imposer un clergé omnipotent, aux prétentions intellectuelles exorbitantes malgré les faiblesses humaines qui l’entachent. Il entretient par ailleurs une trouble relation — de dégoût et de fascination mêlée — avec la déité renégate qui déplace son bâtiment de guerre. Lorsque l’épiscopat le rappelle pour aller porter la bonne parole du Seigneur sur une planète lointaine, Tephe accepte sans enthousiasme, séduit toutefois par la promesse d’une rapide ascension sociale. De la réussite ou de l’échec de cette mission (au sens d’évangélisation) pourrait bien dépendre la pérennité de la puissance du Seigneur et l’équilibre de son empire post-humain. Bien sûr, l’expédition mettra la foi de Tephe à rude épreuve, et il réalisera un peu tard le caractère tragique de l’itinéraire qu’il a emprunté et combien il sera difficile de l’infléchir…

Deus in machina est le septième roman paru en France de John Scalzi, auteur qui s’est distingué avec son cycle du Vieil homme et la guerre (même éditeur).

Une belle idée de base, qui consiste notamment à faire un livre hybride à cheval entre la SF et la dark fantasy, un incipit prométhéen (« L’heure était venue de fouetter le dieu. ») et un dénouement cynique, quelques séquences gores sympas qu’on dirait écrites pour le cinéma de genre, ainsi qu’une atmosphère poisseuse teintée de désespoir, tout cela est à mettre au crédit d’un roman qui, hélas, ne tient pas vraiment ses promesses, donnant l’impression de se défaire au fur et à mesure que progresse l’action. Ici, le mystère de la croyance, auquel Scalzi a voulu confronter le lecteur, n’est pas tant dû à l’opacité des mécanismes de la conscience qu’à des choix narratifs douteux. Construction chancelante, avec notamment une gestion désastreuse des ellipses, background défaillant, personnages peu fouillés et sans nuance, vacuité du discours antireligieux, écriture plate sont les principaux écueils à l’origine de ce résultat. Dommage, car les prémices autorisaient sans doute des développements plus ambitieux. On passe.

L'Unité

A 50 ans, parce qu’elle n’a ni enfant, ni compagnon attitré, Dorrit doit faire sa valise. Ne disposant pas d’un pouvoir d’achat suffisant, elle se voit contrainte d’abandonner son chien et sa maison, vendue aux enchères par l’Etat. Parce qu’elle ne produit rien d’utile pour la collectivité, elle rejoint les vies superflues encagées dans cette prison dorée appelée l’Unité, où on fait littéralement don de sa personne pour le bien-être d’autrui.

Les lecteurs chenus — mais pas trop quand même — n’auront pas manqué de le remarquer : par sa thématique, L’Unité rappelle Eternity express de Jean-Michel Truong. Le sujet est sensible, et pour cause ! Avec le réchauffement climatique, l’allongement de l’espérance de vie apparaît désormais comme une préoccupation majeure de nos sociétés. Une menace beaucoup plus tangi-ble que ce gaz à effet de serre dont on ne perçoit même pas les émanations délétères. Le troisième âge (voire le quatrième !) est là. On le croise dans la rue ou dans les magasins. Cœur de cible pour les commerciaux, ses membres consomment, votent et perturbent par leur longévité le pacte social. Tous ces papy-boomers perclus d’individualisme, comment faire pour qu’ils ne deviennent pas un fardeau pour la collectivité ? Avec moins de cynisme que l’auteur franco-vietnamien, Nini Holmqvist nous projette dans un futur indéterminé, mais que l’on ressent comme proche, aux apparences très policées. Démocratie et respect de la dignité sont en effet les maîtres mots des dirigeants de l’Unité. Ici, nulle police politique pour restreindre, contraindre ou réprimer. Juste un personnel formé aux méthodes psychologiques. Entre centre de remise en forme et programme d’expérimentation, entre activités artistiques et dons d’organe, les pensionnaires acceptent de bon gré leur condition. Tout au plus s’indignent-ils lorsqu’un test s’avère inutile ou bâclé. Mais cela ne va pas plus loin. Ils vivent dans un univers clos au confort qualité Ikéa, n’offrant aucune prise au temps qui passe et aux caprices de la nature. En somme, un emprisonnement de grand standing, sous la garde d’un personnel soucieux de la santé des pensionnaires, maternés par caméras de vidéosurveillance interposées, même aux endroits les plus intimes, car il faut éviter toute velléité suicidaire, histoire de ne pas gâcher le matériel. Et si jamais le moral défaille, des psychologues s’empressent de soigner les plaies de l’âme.

En arrière-plan de l’Unité se dévoile ainsi un futur où prévaut un utilitarisme forcené justifiant moralement la cannibalisation du corps des improductifs. Une société où on ne se soucie des individus que pour leur contribution à la collectivité. « Plus d’excuse pour ne pas procréer. Plus d’excuse pour ne pas se tuer au travail. » En som-me, un système social-capitaliste guère éloigné du modèle scandinave, où la compassion a remplacé la faculté à s’indigner ou à se rebeller.

On le voit, par son cadre L’Unité rappelle les joies de la dystopie, sous-genre dans lequel la Suède s’est déjà illustrée auparavant — on renverra les curieux vers La Kallocaïne, roman méconnu de Karin Boyle. Toutefois, le ton choisi par Nini Holmqvist et le traitement des personnages se rapprochent de Never let me go de Kazuo Ishiguro. Chronique d’une mort annoncée, le roman de l’auteure suédoise reste au final très égocentré. On s’attache aux pensées, aux souvenirs, aux peines de cœur et au quotidien de Dorrit, narratrice dont les sensations et les sentiments ont tendance à alourdir, d’un sentimentalisme parfois sirupeux, l’inhumanité du destin des pensionnaires. Le point de vue de Dorrit peut même agacer à la longue. Sans cesse en train de s’apitoyer sur son sort, le personnage n’attire pas vraiment la sympathie. Et les choses s’aggravent lorsqu’elle succombe au charme de Johannes, un fringuant sexagénaire. On se doute que la relation amoureuse de Dorrit est un exutoire lui permettant d’échapper au quotidien de l’Unité. Cependant, le roman bascule à ce moment-là dans la bluette sentimentale pour adolescentes. Fort heureusement, la réalité rattrape le couple, histoire de remettre les horloges biologiques à l’heure, et on retourne au meilleur des mondes.

Malgré ce bémol, L’Unité reste au final un roman troublant dont l’ambiance, empreinte à la fois d’humanité et de cruauté, dérangera plus d’une bonne conscience.

Mordre le bouclier

Retour au castel de Broe. Le soleil d’août a remplacé les frimas de l’hiver. Pourtant, à l’ombre de la forteresse prévaut une atmosphère de deuil. Scrutant les moignons de ses doigts, Chien s’enfonce dans la désespérance. N’ayant vécu que pour et par la guerre, elle ne peut plus désormais exprimer sa rage et sa colère sur les champs de bataille. Recluse dans sa cellule, elle sent leur poison lui pourrir la carcasse et la tête.

Une prothèse pour remplacer son pouce amputé et la perspective de connaître son nom la font sortir de sa prostration. En compagnie de Bréhyr, elle reprend la route, direction le sud, une tour au bord d’un col, quelque part sur la route des croisades. Chemin faisant, elle rencontre Saint Roses, chevalier abandonné de Dieu, et la Petite. Ensemble, ils portent leurs plaies aux corps et à l’âme jusqu’au Tor, perché sur sa montagne. Et une fois arrivés, claquemurés entre ses murailles, cernés par les brumes et la neige, ils attendent. Un signe. Le dénouement de leur quête. Des raisons d’être dans un monde leur étant devenu étranger. Des raisons de transmettre leur histoire.

Malgré quelques imperfections, on avait beaucoup aimé Chien du heaume, roman âpre dans un cadre médiéval indéterminé, entre mythologie et histoire, monde celte et nordique. Aussi la perspective de renouer avec cet univers et ses personnages apparaissait effrayante au début. Peur d’être déçu d’abord, de ne pas retrouver les impressions fortes et le ton singulier de l’œuvre précédente. Peur de la redite également. Au final, il n’en est rien et on peut même dire que l’écriture de Mordre le bouclier s’imposait pour conclure l’histoire de Chien avec panache. En effet, Justine Niogret transforme ici son coup d’essai. Elle complète, voire dépasse Chien du heaume. Et les deux volets de ce qu’il convient de considérer maintenant comme un diptyque s’assemblent au point de faire sens.

Mordre le bouclier renvoie à son prédécesseur. Même monde ensauvagé empreint à la fois d’authenticité brute et de mythe. Des descriptions incisives confinant à l’épure. Ici une ville, pâle et calme, des fumées maigres s’élevant timidement de ses cheminées et des croisées couleur de rien donnant sur des chambres noires. Là, une maison paysanne, bâtisse de bois et de torchis poussée comme un champignon au bord du chemin. Là encore, une tour montant la garde drapée dans les souvenirs de ses occupants disparus.

Même puissance d’évocation, viscérale, faite de fulgurance et de poésie. Le temps s’étire, semble se dilater, interrompu ici et là par de brusques flambées de violence dépourvues de cette noblesse conférée par les conteurs. Des personnages murés dans leurs pensées, leurs tourments, et ne livrant leur cheminement intime que dans un langage pseudo-médiéval maîtrisé de bout en bout.

Même thématique d’un monde finissant, où la foi nouvelle remplace les anciens cultes, où l’écrit se substitue à la parole et où le temps historique relègue la légende au rang de folklore.

Pourtant, malgré toutes les similitudes, Justine Niogret densifie son propos et impulse à son roman une direction inattendue. L’intrigue de Mordre le bouclier offre ainsi plusieurs niveaux de lecture. Linéaire, jalonnée d’épreuves et de révélations, elle se veut quête initiatique dans la tradition des gestes chevaleresques, même si les combats n’ont rien d’épique. « Les autres apprennent à se battre ; moi je dois apprendre à vivre. »

Drame humain, Mordre le bouclier ne dédaigne pas les symboles et les motifs puisés dans la mythologie. Les dieux païens et les lieux associés à leur manifestation y côtoient les visions et le Walhalla mythique. Il y aurait sans doute matière à faire une recension de ces éléments pour en déchiffrer le sens caché.

Au final, avec ce roman, Justine Niogret confirme tout le bien que l’on pensait d’elle. Mordre le bouclier atteste de la naissance d’une voix atypique dans le paysage de la fantasy française. Et si pour l’instant, on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir de l’auteur, on peut toutefois prédire sans craindre de se tromper que l’on sera au rendez-vous de sa prochaine œuvre.

Julian

Signe des temps, la guerre atomique n’a plus la cote en science-fiction. Exit les paysages vitrifiés, balayés par les vents radioactifs. La faute au réchauffement climatique et aux autres périls générés par l’hyperconsommation. Même si l’accident nucléaire reste plus que jamais d’actualité, la peur semble s’être décalée vers d’autres sujets de préoccupation. A l’heure où la perspective du pic pétrolier hante toutes les prévisions, pourra-t-on se passer de cette ressource ? La transition énergétique s’effectuera-t-elle en douceur ?

En bon auteur de SF, Robert Charles Wilson explore les possibles. Au XXIIe siècle, la période de l’Efflorescence du pétrole a été remisée dans les poubelles de l’Histoire. Frappée par la Grande Affliction — comprendre : l’effondrement des économies fondées sur la consommation d’hydrocarbures —, l’humanité a connu le repli sur elle-même. Pénuries multiples, chute des villes, famine, guerres pour le contrôle des ressources, avec en guise de solde de tout compte des millions de morts. La fin du village global et le retour à l’esprit de clocher.

Les Etats-Unis ont pourtant survécu au chaos. Au prix d’un retour au temps du charbon et de la vapeur. Une récession assortie d’un repli sur des valeurs traditionnelles, pour ne pas dire réactionnaires. Ainsi, le pays à la bannière étoilée (étoiles désormais au nombre de soixante) entame une nouvelle séquence de sa jeune histoire. La république ayant troqué la démocratie contre la ploutocratie, la pérennité des institutions est désormais assurée au temporel par l’armée et au spirituel par l’Eglise du Dominion. Avec la bénédiction de Dieu et du marché, l’aristocratie eupatridienne — riches magnats de l’industrie, générée par le recyclage de l’activité passée, et grands propriétaires terriens confondus — domine la masse des travailleurs réduits à un quasi-servage. Elle peut compter sur l’appui tacite de la classe bailleresse. Mais à l’heure où la nation est engagée dans une longue guerre d’usure contre les Mitteleuropéens, cet équilibre reste-t-il tenable ? Pour Julian Comstock, neveu encombrant du dictateur Deklan Comstock, le temps du changement est venu. Mais est-on jamais sûr de la direction imprimée à l’Histoire ?

Julian est la version prolongée de la novella éponyme, parue en France dans le volume Denoël « Lunes d’encre » Mysterium. Dès les premières pages, il se dégage du roman de Robert Charles Wilson un charme suranné propice à la nostalgie. Un sentiment éprouvé à la lecture de la plupart des romans de l’auteur. De même, l’atmosphère de Julian suscite de multiples réminiscences. Axis rappelait Ray Bradbury, A travers temps Clifford D. Simak, et La Cabane de l’aiguilleur John Steinbeck. Ici, on ne peut s’empêcher de penser à Walter M. Miller et à Gore Vidal, auteur dont le Julien partage un certain nombre de thèmes communs et de péripéties avec le roman de Wilson. On y trouve le même personnage, né trop tard, féru de philosophie, de science, et obsédé par la grandeur d’un passé qu’il souhaite restaurer. Bref, on se laisse prendre par cette reconstitution presque historique d’une Amérique retournée à ses valeurs pionnières, quelque part entre la fin du XVIIIe et le XIXe siècle.

Pour autant, l’auteur canadien ne se cantonne pas exclusivement au registre de la nostalgie. Il sait se montrer très drôle à l’occasion. On pense notamment à cette adaptation de la vie et de l’œuvre du naturaliste Charles Darwin sous la forme d’un film d’aventure, romancé et ponctué de chansons et de combats contre des pirates. Sans doute le morceau de bravoure du roman de Robert Charles Wilson.

Au-delà du contexte post-apocalyptique et du drame individuel, le propos de Julian se focalise sur la question du sens de l’Histoire. A un moment du récit, lorsque Julian Comstock affronte l’un des dirigeants du Dominion, le jeune homme affirme que l’histoire du monde est écrite dans le sable et évolue avec le souffle du vent. Manière pour lui d’exprimer son opposition à l’hégémonie définitive du Dominion. Manière pour lui aussi de livrer le fruit de ses réflexions. Une philosophie politique fondée sur l’inéluctabilité et l’imprévisibilité des changements historiques. Toutefois, ce n’est pas parce que rien ne dure que rien n’a d’importance. Julian Comstock se veut un idéaliste, porté par une vision mystique. Chevauchant le changement, il cherche à créer un monde fondé sur la Conscience où chacun pourrait sans hésiter faire confiance à autrui. Vaste projet et tâche éreintante vouée à un échec magnifique.

Au final, même si Julian peut dérouter l’amateur de Robert Charles Wilson, ce roman parvient à mêler les préoccupations sociétales et intimes, la littérature populaire et la réflexion, le drame et l’Histoire. Ce récit, à part dans la bibliographie de l’auteur, se révèle une œuvre subtile, attachante et douloureusement humaine. Un futur classique, pas moins.

Cinacitta

Rome, ville ouverte. Un nombre incalculable d’Africains, de Roumains et surtout de Chinois ont remplacé les Italiens, partis vers des terres plus tempérées au Nord. Ils grouillent dans les rues et les avenues immortalisées par Fellini, colonisant peu à peu ces lieux mythiques. Des théories de pousse-pousse, de pékinois en maillot de corps, insensibles à la chaleur de la canicule permanente, tirent et poussent leur fardeau dans les odeurs de cuisson de pâtes de soja, sous les néons criards des enseignes couvertes d’idéogrammes. On pourrait croire cette vision issue des cauchemars d’un esprit fiévreux et paranoïaque. Et pourtant, telle est désormais la réalité dans la ville éternelle.

« La réalité n’est rien d’autre qu’une déformation mentale, un espèce de malentendu collectif. »

On l’appellera Marcello. Dernier Romain de naissance à habiter la cité, il nous livre sa confession, il nous confie sa vérité. Des mots et des mots, vides de sens pour tout autre que lui. Car aux yeux de tous, il est un monstre : « l’homme qui dort avec les cadavres ». Présumé coupable d’un crime atroce. Meurtrier d’une prostituée chinoise. Pourtant, en son for intérieur, il sait que les apparences sont trompeuses.

« La vérité, c’est que personne ne veut comprendre personne. Tout le monde voudrait être compris, et c’est à ça que se limite le désir de compréhension des gens. »

Avec Cinacitta, mémoire de mon crime atroce, les éditions Asphalte — tout juste un an au compteur — proposent un roman inclassable, à l’atmosphère déroutante, dont le propos oscille sans cesse entre drame et satire. On y suit le cheminement intérieur d’un artiste raté, ex-galeriste, vivant de ses rentes de chômeur dans une Rome devenue asiatique. Spectateur de la décadence de l’Urbs, du moins à ses yeux, conquise sans coup férir par de nouveaux barbares, il nous convie également au spectacle de sa déchéance. Narrateur de sa propre histoire et par conséquence faux candide, Marcello tente de reconstituer l’itinéraire menant à son crime supposé. Un cheminement entaché de jugements caustiques, de préjugés racistes, de digressions bavardes et d’états d’âme navrants. Il nous emmène dans les méandres de sa mémoire, au cœur des ténèbres de sa psyché tourmentée.

Si dans les précédents romans parus dans l’Hexagone les personnages principaux de Tommaso Pincio étaient des êtres vivants, Kurt Cobain dans Un amour d’outremonde (Denoël « Lunes d’encre ») et Jack Kerouac dans Le Silence de l’espace (Folio « SF »), ici Rome occupe incontestablement le devant de la scène. La capitale italienne apparaît transfigurée par la canicule et l’invasion chinoise, en proie à une mutation contre-nature aux yeux de Marcello, et cette vision provoque chez lui fascination et répulsion. Pour le lecteur, il s’agit plutôt d’une immersion en terre étrangère et pourtant familière, dont l’atmosphère baroque souligne la chute inéluctable de Marcello. Peu à peu, la cité romaine s’impose comme un acteur majeur de l’intrigue, emplissant de sa présence le vide de l’existence du narrateur et faisant paraître encore plus piteuses sa chute.

Comme de coutume avec l’auteur italien, fiction et réalité contemporaine entrent en résonance, l’une nourrissant l’autre. Pincio convoque la Rome de Fellini, du moins son souvenir, lui faisant supporter le choc de la mondialisation et de ses effets. Dans une ambiance fin du monde très cinématographique, entre Wong Kar-Wai et David Lynch, Marcello erre dans la ville, habillé en dandy, entre sa chambre d’hôtel à deux pas de la fontaine de Trevi, et la Cité interdite, le bar à bières et à prostituées où il a ses habitudes. Comme dans La Dolce vita, il se voit offrir plusieurs choix, mais il préfère laisser couler, fier de son oisiveté et de son manque d’intérêt pour l’avenir.

Bref, on est troublé par la banale humanité, empreinte d’une ironie désespérée, du personnage de Marcello. On est envoûté par l’ambiance immersive et impressionné par la construction impeccable de l’intrigue. « D’abord petit à petit, puis d’un seul coup », Tommaso Pincio réussit à nous piéger avec sa dangereuse vision. Après le flop d’Un amour d’outremonde, espérons que le lectorat ne manquera pas une nouvelle fois le rendez-vous.

La Triste Histoire des Frères Grossbart

Pseudo-fantasy historique au style unique et aux innombrables références, La Triste histoire des frères Grossbart rejoint les œuvres de Jeff Vandermeer au rayon OLNI. (Vandermeer, qui recommande d’ailleurs chaudement le bouquin à qui veut l’entendre ; on a vu des patronages plus durs à porter.) Dense, difficile, violent, halluciné et… hilarant, le roman de Jesse Bullington a la saveur unique des grands livres. Intelligent, bien raconté, tragicomique et fondamentalement absurde, le « scénario » n’utilise aucune ficelle du genre et s’apparente plus à un jeu avec le lecteur. Située au milieu du XIVe siècle, au fin fond des montagnes autrichiennes, l’intrigue dérive assez vite dans l’anti-quête initiatique. On y suit le parcours (la fuite) des frères Grossbart, pilleurs de tombes de pères en fils depuis des temps immémoriaux, et non dénués d’une certaine forme de bondieuserie toute personnelle (mais très éloignée des standards locaux, tout de même). Après avoir massacré la femme et les filles d’un fermier du cru (lors d’une scène décidément anthologique aussi drôle qu’horrifique et injuste), les deux frères quittent leur village et traversent les montagnes pour fuir leurs poursuivants. Poursuivants dont ils se débarrassent assez vite pour se perdre rapidement dans une dense forêt. C’est le début d’un voyage délirant et très sérieux (vers L’Egypte mythique, terre païenne sur laquelle ils espèrent régner par la volonté de la vierge Marie — plus tout à fait vierge, comme les deux frères l’admettent eux-mêmes, mais c’est une autre histoire) au cours duquel ils rencontreront des démons visqueux, des sorcières épuisées, des princesses cachées et autres délires extrêmement bien agencés par un auteur dont on ignore tout mais qu’il va falloir surveiller de près.

Pour un coup d’essai, Bullington signe un coup de maître, avec des personnages d’une rare présence, une totale absence de manichéisme et un humour cynique de bon goût. Ici, la violence gratuite ne l’est jamais (un peu quand même, d’accord, mais légèrement décalée), les situations les plus absurdes suivent une logique implacable et les dialogues pour le moins truculents ont sans doute poussé au suicide le traducteur. Il fallait assurément le talent d’un Jean-Daniel Brèque ou la verve d’une Nathalie Mège pour venir à bout d’un truc (?) pareil, mais — surprise — c’est Laurent Philibert-Caillat qui s’y colle, et force est de reconnaître qu’il s’en tire haut la main. Et pourtant, le défi était de taille. Rendre en français ce mélange unique d’horreur-comico-rabelaisien-gore-mystico-délirant avait de quoi doucher les enthousiasmes. Alors ne boudons pas notre plaisir, d’autant que les éditions Eclipse ont eu l’excellente idée de conserver la (très bonne) couverture anglo-saxonne, sorte de croisement entre Escher et Dürer version destroy. Avis au public, La Triste histoire des frères Grossbart est un roman aussi étonnant qu’enthousiasmant. Et drôle, aussi. Et sanglant. Avec des têtes coupées. Oui, bon.

Alien, No Exit

De La Confrérie des mutilés à Père des mensonges, Brian Evenson a largement montré ses qualités d’auteur dérangeant. On soutiendra sans peine qu’il fait désormais partie des grandes plumes du roman contemporain anglo-saxon. Publiée fort logiquement chez « Lot49 » (collection hautement recommandable dont on s’enverrait bien l’intégralité du catalogue sans ciller), l’œuvre de cet ancien mormon (dont les démêlées avec son église sont connues — à tel point qu’il a dû renoncer à tout pour écrire) s’inscrit dans une logique critique implacable, où une violence sourde met peu à peu le lecteur mal à l’aise, malgré un humour noir assez détonnant. C’est donc avec une surprise teintée d’incrédulité qu’on découvre ce Alien, No Exit™, paru certes au Cherche Midi, mais pas dans la collection « Lot49 ». Après quelques pages, on s’aperçoit aussi que si la traductrice est restée la même, elle n’a pas dû bénéficier des services du même correcteur (ou alors saoul ?). Concordance des temps hasardeuse, structures des phrases pour le moins curieuses, on se dit que ce roman-là n’a pas forcément été considéré comme l’œuvre majeure de l’auteur. On craint même que le label Monstre-avec-des-dents n’ait quelque peu submergé les scrupules de l’éditeur, bien décidé à se faire du pognon quand même, parce que bon, y a pas de raison.

Bref, surpris, mais pas forcément consterné, le lecteur lit. Et là, oui, le lecteur est peu à peu mal à l’aise, mais pas pour les mêmes raisons. On s’attend en fait à une sorte de relecture métacritique de Alien, au sens de la conscience du monstre en tant qu’entité raisonnée dans un registre marxiste teinté de religiosité fallacieuse, bref, on s’attend à du Evenson, quoi, mais en fait, non, l’auteur aime Alien, et ça tombe bien, du Alien, il en a trois cents pages à fourguer. Bilan, une franchise. Une sorte de Star Wars™ sans intérêt, certes bien foutu, très pro, mais lamentable du début à la fin. Un machin qu’on s’attend à trouver sous le label Warhammer 40 000™, pas au Cherche Midi. L’histoire, vous y tenez vraiment ? Bon. Un chasseur d’Aliens estime être responsable du massacre de sa famille (il a tort, mais il souffre, et cette souffrance est importante, ça donne de la graisse au personnage). Comme il a du mal à s’en remettre (un peu comme Thomas Day, après avoir palpé l’à-valoir de Resident Evil™), il décide de se cryogéniser et de se réveiller dans super-longtemps, histoire d’oublier un peu. On le décryogénise, et, surprise, il se rend compte que, en fait, pour lui, c’est comme si sa famille était morte hier sous les coups de dents des monstres bien connus. Il continue à souffrir. Par désœuvrement, inconscience ou handicap mental, il accepte de jouer les experts sur une planète perdue que se disputent deux grosses multinationales très méchantes. Une attaque d’Aliens y a, paraît-il, eu lieu. Il s’y rend, découvre la mise en scène et se rend compte qu’il a mis le doigt dans… dans quoi ? Allez, dans un complot. Voilà. Jusque-là, c’est assez chiant. Heureusement, il y a une chouette scène de torture et, ah quand même, des attaques d’Aliens.

Bref, pour faire court, il faut vraiment être fan d’Alien pour aimer ce roman. Mais vraiment fan, hein, pas juste aimer le film de Ridley Scott pour son ambiance et son étrange beauté. Non non, il faut bouffer du Alien au petit déjeuner, avoir un mug Alien et boire des grandes chopes d’acide en se marrant avec les potes. Pour les autres, Alien, No Exit™ sera un peu court, au sens littéraire, s’entend.

Treis, altitude zéro

On avait apprécié Les Tours de Samarante, premier volume d’une trilogie dont Treis, altitude zéro est la partie centrale. Même si pénétrer dans l’univers âpre de Norbert Merjagnan est difficile, tant il est exigeant envers son lecteur : près de cent pages à devoir accepter de ne pas réellement comprendre où on va, qui on croise, ce qu’est ce monde. L’auteur semble dire à celui qui ouvre les pages de ses œuvres : découvrir mon univers n’est pas aisé, les phrases ne sont pas qu’un simple outil transparent, les mots ne sont pas interchangeables. Bref, écrire est un choix et lire un travail. Mais un travail plaisant. D’autant plus quand on a rongé son frein, quand on a suivi sans garantie autre que le choix d’un éditeur (remercions-le, d’ailleurs, de publier un nouvel auteur français de cette qualité) et que l’on découvre enfin l’architecture de cette société, les liens qui unissent les personnages.

En débutant Treis, altitude zéro, on se dit que la période d’adaptation est terminée. Que l’on va entrer directement dans l’histoire, sans le long sas du premier roman. Erreur ! Norbert Merjagnan nous ballotte à nouveau sur des sentiers dont il ne révèle les contours que progressivement. Les variations de style, selon les personnages suivis, forcent encore à l’attention et à la concentration.

Heureusement, des têtes connues émergent : Cinabre et Oshagan. La première, dont l’importance capitale et la force inouïe se dévoilent peu à peu. Le second, obstiné, à la recherche de sa sœur, finalement vivante. Triple A, également, petit être inadapté à la société qui l’a vu naître mais qui s’avère pièce centrale d’un avenir incertain. De nouveaux personnages apparaissent aussi, remplacent ceux qui n’ont pas survécu aux Tours de Samarante. La marraine, être énorme, Méduse revisitée avec ses tresses de métal en guise de cheveux. Itaka Ten, le mystérieux hurleur, aux pouvoirs si particuliers. Le Seigneur Valar de Thirce, qui s’oppose à sa hiérarchie et risque tout pour sauver son monde du péril mécanique qui le menace : les Borgs et leur univers de machines. On découvre aussi de nouveaux lieux, entraperçus dans le premier opus : l’aliène, frontière avec l’ennemi, vaste désert aux habitants durs. Et, surtout, Treis, la Cité mère, pourrie, gangrenée par le mal qui ronge la planète et la menace de plus en plus violemment. Les fils, mis en place dès le début des Tours de Samarante, continuent à se dévider, à se mêler vers un destin que l’on devine tragique. La machine, comme dans les tragédies antiques, semble se dérouler, inexorable, et broyer sans pitié ceux qu’elle croise.

Pour nous faire découvrir son univers, Norbert Mejagnan utilise la langue dans ce qui fait sa force : chacun a ses propres tics, sa façon de s’exprimer. Aussi, l’auteur adapte sa syntaxe et son lexique à ses personnages. Dans les chapitres qui narrent le destin hors du commun de Triple A, le gamin des rues à l’aise nulle part, heureux seulement quand il court, le rythme des phrases s’accélère, tressaute ; le vocabulaire devient familier, voire vulgaire. A d’autres moments, l’écriture se fait caressante, lyrique. C’est une des richesses de ces livres et une de ses principales difficultés. On doit sans cesse rester concentré, sous peine de perdre le fil de cet univers noir, des paragraphes à la poésie sombre et rugueuse. Et on pense à des auteurs comme Thierry Di Rollo, pour qui le rythme de l’écriture, les respirations ont une telle importance. Exigeant est décidément l’adjectif qui caractérise le mieux ces deux premiers volumes. Mais cela n’est pas gratuit et l’on ne regrette en rien d’avoir persévéré à s’aventurer dans ce monde. En attendant la fin, explosive, sûrement, dans le troisième et dernier tome, un ultime volet qu’on espère à paraître avant trois ans d’intervalle…

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