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De peur que les ténèbres ne tombent

Martin Gregory est un type discret. A trente-trois ans, cadre supérieur dans une firme new-yorkaise, il mène avec Anna, sa femme jeune et séduisante, une existence des plus banales dans une banlieue chic. Le couple n’a pas d’enfants mais deux chiens, des golden retrievers, les « garçons », Klaus et César, qu’ils adorent… Oui, Anna et Martin le reconnaissent bien volontiers, si ces chiens ne sont pas des enfants, bien sûr, il y a malgré tout un peu de cela. Et alors ? Aujourd’hui, c’est l’anniversaire d’Anna. Martin lui a fait une surprise. Il l’a enfermée dans sa chambre, là-haut, le temps de préparer la fête. Une grosse boîte. Une caisse, plutôt. Avec dedans un poème. Et aussi Klaus et César. Qu’il a proprement égorgés pendant qu’il les nourrissait, sans trop savoir pourquoi. Un joli cadeau pour Anna. Manifestement, Martin a un problème…

Initialement publié dans la défunte collection « Paniques » des Presses de la Cité en 1983 (soit un an après sa publication VO) sous le titre Le Guetteur (traduction littérale de l’intitulé anglais), réédité dix ans plus tard dans une autre collection défunte, « Terreur », des éditions Pocket, puis en 1998 chez Omnibus dans le volume Paniques, une sélection de cinq romans présentés comme les meilleurs « thrillers des années 80 » (dont Le Seigneur des guêpes de Iain Banks), voici donc la quatrième édition de The Watcher, qui y gagne au passage un nouveau titre français — dommage —, mais pas une nouvelle traduction — re-dommage (et ce dans l’attente d’une cinquième édition pour un retour en poche, puisqu’il semblerait que ce roman soit appelé à reparaître chez 10/18 sous peu). Bref, De peur que les ténèbres ne tombent est un classique. Peut-être pas hyper connu, mais un classique tout de même. Et qui vaut qu’on s’y attarde, tant s’avère bien menée l’intrigue qui nous fait osciller entre fantasme et réalité brute, entre doute et certitude en alternant les procédés et points de vue narratifs avec habileté. Sans parler d’une scène d’ouverture proprement glaçante qui « portera » le lecteur tout au long du livre — et qui n’est pas sans évoquer l’Equus de Peter Shaffer. Un peu daté, ceci dit (publié en 1982, on est en plein âge d’or de la psychanalyse moderne, et ça se sent), une impression renforcée par la traduction de Jacques Martinache qui, sans être scandaleuse, aurait mérité un sérieux coup de frais (on éprouve à la lecture du texte la même impression qu’au visionnage de certains films d’horreur du tournant des années 80, le sentiment d’un décalage patent, quelque chose qui n’empêche pas le malaise, presque au contraire, mais qu’on perçoit tout du long et sur lequel on ne peut s’empêcher de revenir…). Demeure un moment de lecture intense, la plongée dans une psyché malade somme toute assez flippante et qu’on n’oubliera pas de sitôt. A découvrir.

Fragments d'une fantasy antique

[Critique commune à Et d'Avalon à Camelot et Fragments d'une fantasy antique.]

Pourquoi ces continuels retours vers le passé, fut-il mythique ? Faut-il y voir de l’admiration (de la vénération ?) pour des légendes si puissantes qu’elles traversent les âges ? Ou plutôt un manque d’imagination et, de fait, un refuge dans un passé sécurisant car déjà cent fois rebattu ? Un peu des deux, sans doute.

Lucie Chenu continue à faire partager son goût pour les relectures de légendes ou contes anciens. Quatre ans après De Brocéliande en Avalon (même éditeur), elle a composé une nouvelle anthologie, inégale, mais pas dénuée d’intérêt, autour du cycle du roi Arthur : Et d’Avalon à Camelot. Dix textes. Différentes approches d’un même univers. Si certains restent fidèles au monde médiéval, d’autres s’évadent dans notre présent, voire le futur. Ainsi, dans « Voyage sans retour », Rémy Gallart imagine que les chevaliers sont des voyageurs temporels allant de monde divergent en monde divergent. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux fasse une certaine rencontre… Pour Dean Whitlock (seul auteur traduit du volume), notre époque est un simple point de départ vers Arthur. « Le Sacre du Nouvel An » propose une idée séduisante qui s’enlise malheureusement dans la grandiloquence. Gudule aussi, dans « Excalibur Circus », part de notre siècle : le cirque est un prétexte bien pratique pour trouver la bonne personne, l’élu, et l’emmener où son destin l’appelle. Yael Assia, de son côté, mêle assez habilement magie et folie. Pas très original, mais bien conduit, « Trick or Treat » se montre séduisant et quelque peu dérangeant. Quant à Estelle Valls de Gomis, à trop vouloir mélanger les mythes, et surfer sur les modes, elle passe à côté de son « Histoire du Haut-portail ». Le vampire, nouvel ennemi de la chevalerie, c’en est décidément trop ! Enfin, « Fata Morgana » de Sara Doke revisite l’histoire de la magicienne. Mais à l’instar de son personnage principal, le lecteur reste froid devant ce court récit.

Les autres auteurs de cette anthologie un rien convenue placent leurs personnages dans un monde médiéval fantasmé. Anne Fakhouri nous donne l’image d’un Keu touchant dans « Ce que chuchotait l’eau », un texte sensible et attachant. Alors que « Le Chevalier noir » de Luvan tourne en boucle et finit par lasser. Quant à Nicolas Cluzeau, il signe ici la plus longue nouvelle, la dernière : « Une légende est née ». Riche et efficace, son récit met en scène une Guenièvre convaincante et permet de quitter cette an-thologie sur une note positive, chose qu’on se gardera de considérer comme un luxe…

Et de partir plus loin encore dans le temps afin de revisiter une autre mythologie, gréco-latine cette fois. David K. Nouvel, suite au colloque « L’Antiquité gréco-latine aux sources de l’imaginaire contemporain » du mois de juin dernier, a dirigé l’anthologie Fragments d’une fantasy antique ici proposée par les éditions Mnémos. En guise de préambule, on s’interrogera sur la présence du mot « fantasy » dans le titre de l’ouvrage nous occupant alors que les textes qui le composent n’en sont pas… Tentative désolante de faire vendre, ou sincère certitude qu’un lien existe entre les mythes gréco-latins et ce genre si galvaudé depuis quelques années ? On reste perplexe.

Toutes choses qui n’enlèvent rien à la valeur de certains textes peuplant cet ouvrage. Laissons de côté « Le Miroir d’Electre » de Jeanne-A Debats. Même si on sent que l’auteure s’est fait plaisir en modernisant l’histoire de cette jeune Grecque, ce sentiment n’est qu’en partie partagé ; multiplier les références et les clins d’œil finit par alourdir l’histoire. C’est aussi le problème de Fabien Clavel. Dans « Sur un fragment perdu du Satyricon », il imagine la découverte du livre I de ce roman antique truculent (dont il ne nous est parvenu que des morceaux) et nous le restitue. L’exercice, s’il s’avère intéressant, né-cessite cependant une bonne connaissance de l’original pour en profiter… et laisse une impression d’inachevé (un comble, au regard du projet du texte). Tout comme « Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse » de Lionel Davoust. La magicienne Circé, forte de son expérience en matière de transformation porcine, propose d’étendre le procédé afin de lutter contre la faim dans le monde. L’idée est amusante, certes, mais cela ne suffit pas à forcer l’enthousiasme. Dans un tout autre style, Sylvie Miller et Philippe Ward mettent une nouvelle fois en scène leur détective préféré. Dans « Voir Pompéi et mourir », il est engagé par Isis pour découvrir le meurtrier d’un de ses prêtres en terre romaine. Distrayant. Ce n’est déjà pas si mal…

Passons également sur le rapide « Sphinx », virgule sympathique, sans prétention, de Rachel Tanner, pour arriver au plus convaincant « Labyrinthe » de Romain Aspe. Pour créer ce bâtiment mythique, Dédale ne s’est pas contenté de ses connaissances d’architecte, il a également fait appel aux dieux. Dans un but bien précis, dangereux. Et qui fera plusieurs victimes. Nicolas Delong, dans « Les Dieux veulent, les dieux prennent », s’intéresse aussi à ce côté impitoyable du divin, à cette tendance à prendre les hommes pour des pions, de simples marionnettes. Son récit, en cela, est touchant. Enfin, plus violent, plus à fleur de peau, « A couteau ». Nathalie Dau y évoque une vision moderne du mythe d’Apollon et Marsyas ; surprenante, et presque plus cruelle que l’originale. C’est dire !

Au final, et sur l’ensemble de ces deux anthologies, des lectures souvent trop classiques d’histoires déjà bien souvent reprises et ressassées. Avec quelques rares bonnes surprises qu’il serait dommage de laisser de côté, mais qui peinent à elles seules à suffire pour recommander l’achat de l’un ou l’autre de ces ouvrages…

Dommage. 

Et d'Avalon à Camelot

[Critique commune à Et d'Avalon à Camelot et Fragments d'une fantasy antique.]

Pourquoi ces continuels retours vers le passé, fut-il mythique ? Faut-il y voir de l’admiration (de la vénération ?) pour des légendes si puissantes qu’elles traversent les âges ? Ou plutôt un manque d’imagination et, de fait, un refuge dans un passé sécurisant car déjà cent fois rebattu ? Un peu des deux, sans doute.

Lucie Chenu continue à faire partager son goût pour les relectures de légendes ou contes anciens. Quatre ans après De Brocéliande en Avalon (même éditeur), elle a composé une nouvelle anthologie, inégale, mais pas dénuée d’intérêt, autour du cycle du roi Arthur : Et d’Avalon à Camelot. Dix textes. Différentes approches d’un même univers. Si certains restent fidèles au monde médiéval, d’autres s’évadent dans notre présent, voire le futur. Ainsi, dans « Voyage sans retour », Rémy Gallart imagine que les chevaliers sont des voyageurs temporels allant de monde divergent en monde divergent. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux fasse une certaine rencontre… Pour Dean Whitlock (seul auteur traduit du volume), notre époque est un simple point de départ vers Arthur. « Le Sacre du Nouvel An » propose une idée séduisante qui s’enlise malheureusement dans la grandiloquence. Gudule aussi, dans « Excalibur Circus », part de notre siècle : le cirque est un prétexte bien pratique pour trouver la bonne personne, l’élu, et l’emmener où son destin l’appelle. Yael Assia, de son côté, mêle assez habilement magie et folie. Pas très original, mais bien conduit, « Trick or Treat » se montre séduisant et quelque peu dérangeant. Quant à Estelle Valls de Gomis, à trop vouloir mélanger les mythes, et surfer sur les modes, elle passe à côté de son « Histoire du Haut-portail ». Le vampire, nouvel ennemi de la chevalerie, c’en est décidément trop ! Enfin, « Fata Morgana » de Sara Doke revisite l’histoire de la magicienne. Mais à l’instar de son personnage principal, le lecteur reste froid devant ce court récit.

Les autres auteurs de cette anthologie un rien convenue placent leurs personnages dans un monde médiéval fantasmé. Anne Fakhouri nous donne l’image d’un Keu touchant dans « Ce que chuchotait l’eau », un texte sensible et attachant. Alors que « Le Chevalier noir » de Luvan tourne en boucle et finit par lasser. Quant à Nicolas Cluzeau, il signe ici la plus longue nouvelle, la dernière : « Une légende est née ». Riche et efficace, son récit met en scène une Guenièvre convaincante et permet de quitter cette an-thologie sur une note positive, chose qu’on se gardera de considérer comme un luxe…

Et de partir plus loin encore dans le temps afin de revisiter une autre mythologie, gréco-latine cette fois. David K. Nouvel, suite au colloque « L’Antiquité gréco-latine aux sources de l’imaginaire contemporain » du mois de juin dernier, a dirigé l’anthologie Fragments d’une fantasy antique ici proposée par les éditions Mnémos. En guise de préambule, on s’interrogera sur la présence du mot « fantasy » dans le titre de l’ouvrage nous occupant alors que les textes qui le composent n’en sont pas… Tentative désolante de faire vendre, ou sincère certitude qu’un lien existe entre les mythes gréco-latins et ce genre si galvaudé depuis quelques années ? On reste perplexe.

Toutes choses qui n’enlèvent rien à la valeur de certains textes peuplant cet ouvrage. Laissons de côté « Le Miroir d’Electre » de Jeanne-A Debats. Même si on sent que l’auteure s’est fait plaisir en modernisant l’histoire de cette jeune Grecque, ce sentiment n’est qu’en partie partagé ; multiplier les références et les clins d’œil finit par alourdir l’histoire. C’est aussi le problème de Fabien Clavel. Dans « Sur un fragment perdu du Satyricon », il imagine la découverte du livre I de ce roman antique truculent (dont il ne nous est parvenu que des morceaux) et nous le restitue. L’exercice, s’il s’avère intéressant, né-cessite cependant une bonne connaissance de l’original pour en profiter… et laisse une impression d’inachevé (un comble, au regard du projet du texte). Tout comme « Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse » de Lionel Davoust. La magicienne Circé, forte de son expérience en matière de transformation porcine, propose d’étendre le procédé afin de lutter contre la faim dans le monde. L’idée est amusante, certes, mais cela ne suffit pas à forcer l’enthousiasme. Dans un tout autre style, Sylvie Miller et Philippe Ward mettent une nouvelle fois en scène leur détective préféré. Dans « Voir Pompéi et mourir », il est engagé par Isis pour découvrir le meurtrier d’un de ses prêtres en terre romaine. Distrayant. Ce n’est déjà pas si mal…

Passons également sur le rapide « Sphinx », virgule sympathique, sans prétention, de Rachel Tanner, pour arriver au plus convaincant « Labyrinthe » de Romain Aspe. Pour créer ce bâtiment mythique, Dédale ne s’est pas contenté de ses connaissances d’architecte, il a également fait appel aux dieux. Dans un but bien précis, dangereux. Et qui fera plusieurs victimes. Nicolas Delong, dans « Les Dieux veulent, les dieux prennent », s’intéresse aussi à ce côté impitoyable du divin, à cette tendance à prendre les hommes pour des pions, de simples marionnettes. Son récit, en cela, est touchant. Enfin, plus violent, plus à fleur de peau, « A couteau ». Nathalie Dau y évoque une vision moderne du mythe d’Apollon et Marsyas ; surprenante, et presque plus cruelle que l’originale. C’est dire !

Au final, et sur l’ensemble de ces deux anthologies, des lectures souvent trop classiques d’histoires déjà bien souvent reprises et ressassées. Avec quelques rares bonnes surprises qu’il serait dommage de laisser de côté, mais qui peinent à elles seules à suffire pour recommander l’achat de l’un ou l’autre de ces ouvrages…

Dommage. 

Vortex

Dans les précédents volumes, Spin et Axis, les Hypothétiques, extraterrestres dont on ne sait rien, avaient connecté la Terre et Mars à un vaste réseau de planètes accessibles à partir des Arcs. Ils les ont aussi propulsées quatre milliards d’années dans le futur, alors que le Soleil mourant a commencé à entrer en expansion, plaçant par mesure de protection un bouclier filtrant ses radiations. Comment, pourquoi ? Ce qu’on a appelé le spin n’a pas trouvé de réponse.

Après avoir pillé les ressources naturelles, notamment pétrolières, du monde voisin, ce qui acheva de détruire la Terre incapable de supporter la pollution provoquée par les énergies fossiles de deux mondes, les Humains se sont établis sur Equatoria.

Le troisième (et dernier) volet développe deux intrigues parallèles, appartenant à des temps différents. La première se déroule trente ans avant les évènements d’Axis, qui virent Turk Findley et Isaac Dvali enlevés par les Hypothétiques : Sandra Cole, médecin au centre d’évaluation psychiatrique du State Scare de Houston, qui reçoit des mineurs et vagabonds désorientés suite aux événements, est intriguée par le jeune Orrin Mather, probablement parce que l’agent Bose lui voue un intérêt particulier. Il lui confie, pour avis, les premiers feuillets des carnets que le jeune homme aurait rédigés, bien qu’il n’ait pas le niveau intellectuel requis pour s’exprimer de la sorte. Il s’agit des récits croisés de Turk Findley et de Treya/ Allison, censés se dérouler dans un lointain futur, lesquels forment le second pan du récit.

Turk Findley et Isaac Dvali, en effet, sont réapparus dix mille ans après leur disparition dans le désert d’Equatoria et récupérés par Vox, un incroyable monde flottant qui les considère comme des demi-dieux pour avoir approché les Hypothétiques. Vox est une démocratie limbique, où tous les citoyens, reliés par une interface réseau au niveau de la colonne vertébrale, se fondent en une seule conscience appelée le Coryphée, par définition moins agressive et plus humaniste puisque l’intérêt commun est celui de tous. Une utopie pour le moins discutable au vu de l’attitude de la communauté envers certains représentants. Le but de Vox est de rejoindre l’Antarctique où les Hypothétiques se trouveraient, persuadé que leur destin est de lier connaissance avec eux. Tandis qu’Isaac, affreusement mutilé, est reconstruit par la technologie de Vox, Treya, la jeune femme envoyée pour apprivoiser Turk, en retrouvant accidentellement sa personnalité d’Allison Pearl, entre en dissidence.

Sandra Cole, qui apparente ce récit à de la science-fiction, écartée de son patient par ses supérieurs, tente avec Bose de déterminer la raison de cet intérêt pour Orrin : à l’intrigue première se greffe une trame policière qui achève de relier les multiples entrées de ce foisonnant roman.

Les trajectoires de Sandra et Bose, de Turk et Allison se font écho, de même que l’enquête remontant à l’origine d’un trafic se superpose avec l’expédition à la rencontre des Hypothétiques. Les réponses aux questions posées, loin de fermer le roman, lui donnent une envergure encore plus grande, en s’interrogeant aussi bien sur l’avenir proche de l’humanité que sur sa destinée lointaine, ses mutations futures, sur des échelles de temps gigantesques, et ce sans jamais se départir de son humanité ni perdre de vue ses personnages. Du grand art, vraiment ! Et la conclusion à la hauteur d’un triptyque Spin/ Axis/Vortex incontournable.

Mécaniques du ciel

En 1867, Kostya, dix ans, est l’enfant atypique d’une famille nombreuse qui vit plutôt chichement à Riazan, dans la rugueuse Russie centrale. Tout en jouant aux jeux des garçons de son âge, ce turbulent et remuant gamin s’intéresse aux locomotives à vapeur, au point de les reconnaître au bruit, et rêve tellement d’aller plus vite et plus haut qu’il se passionne pour la mécanique céleste. Mais comment un fils de bûcheron saurait-il sortir de sa condition pour devenir un jour celui qui rendrait possible le roman de Jules Verne envoyant des hommes sur la Lune ?

Devenu dur d’oreille suite à une scarlatine, et de ce fait refusé à l’école, Tsiolkovski étudiera en autodidacte à la bibliothèque de Moscou, tout en souffrant du froid et de la faim, puis deviendra un professeur de mathématiques et de physique original, faisant éprouver à ses élèves la taille et les distances des objets célestes via diverses activités…

Mécaniques du ciel n’est pas un roman de science-fiction, mais s’inscrit à la marge, dans la mesure où il relate, en trois parties, l’enfance, l’adolescence et la jeunesse de Constantin Tsiolkovski, accessoirement auteur de science-fiction (Rêves de la terre et du ciel, 1895, et Au-delà de la terre, 1920), mais surtout père de l’astronautique moderne pour avoir décrit le mode de propulsion des fusées à base de propergol liquide, prévu la séparation en plusieurs étages et calculé le rapport de la masse lors de l’accélération (équation de Tsiolkovski), imaginé l’astéroïde évidé comme engin de transport et esquissé la notion d’ascenseur spatial.

Pas d’équations ni de pesantes explications : il s’agit d’un roman d’apprentissage. Bullough montre des tableaux plus qu’il ne raconte des scènes ; les épisodes de la vie romancée de Tsiolkovski s’interrompent parfois en pleine action, plantant dans l’esprit du lecteur une saisissante image synthétique. L’attaque des loups, la description d’un bordel de ville, les rigueurs de l’hiver sont narrées avec brio. La restitution de la vie campagnarde dans la Russie profonde, pour le moins miséreuse mais non dénuée de joies champêtres, rend plus remarquable encore la volonté et la ténacité d’un gamin fantasque acharné à rendre réels ses rêves. Le récit interrompu en 1881, raconte dans sa conclusion la première sortie dans l’espace, émouvante mais éminemment périlleuse, par Leonov, en mars 1965, aboutissement des rêves de Tsiolkovski. Derrière la poésie et la légèreté du récit, une belle méditation sur les forces que l’imaginaire peut mettre en branle.

Les Montagnes hallucinogènes

[Critique commune à Les Montagnes hallucinogènes et Moi, Cthulhu.]

Tout le monde connaît « Les Montagnes hallucinées » de H. P. Lovecraft, court roman dans lequel une expédition américaine en Antarctique découvre les plus hautes montagnes de la planète, et sur leurs flancs les ruines d’une ville à l’architecture démente, ville plus ancienne que l’Humanité qui n’est peut-être pas totalement inhabitée… A l’âge de vingt-deux ans, Arthur C. Clarke écrivait « At the mountains of murkiness », traduit en français « Les Montagnes hallucinogènes » (ce qui n’a pas grand rapport avec le contenu du texte), pastiche poussif du chef-d’œuvre de Lovecraft dont une grande partie de l’humour réside dans le choix du nom des personnages : Professeur Alhamass, Docteur E. Thanazy (ah ah ah), etc. Un texte pas désagréable, parfois à la limite du pathétique et au final totalement anecdotique. En trois mots : une curiosité poussiéreuse.

Plus proche de nous, Neil Gaiman, grand amateur du corpus lovecraftien, auquel il a souvent rendu hommage (comme nous le rappelle Patrick Marcel dans son introduction), nous propose un « Moi, Cthulhu » plus drôle que le texticule de Clarke, malin (il faut une sacrée culture lovecraftienne pour tout comprendre), et par conséquent nettement plus convaincant. L’introduction suscitée, une lettre de Neil Gaiman et un gros appareil de notes complètent ce « Moi, Cthulhu » qu’on recommandera aux fans de Gaiman, à ceux de Lovecraft et aussi aux joueurs de L’Appel de Chtulhu — ce qui fait du monde…

Pour commander ces livres, une seule adresse ; on paye par PayPal, c’est simple, sûr et pratique.

Moi, Cthulhu

[Critique commune à Les Montagnes hallucinogènes et Moi, Cthulhu.]

Tout le monde connaît « Les Montagnes hallucinées » de H. P. Lovecraft, court roman dans lequel une expédition américaine en Antarctique découvre les plus hautes montagnes de la planète, et sur leurs flancs les ruines d’une ville à l’architecture démente, ville plus ancienne que l’Humanité qui n’est peut-être pas totalement inhabitée… À l’âge de vingt-deux ans, Arthur C. Clarke écrivait « At the mountains of murkiness », traduit en français « Les Montagnes hallucinogènes » (ce qui n’a pas grand rapport avec le contenu du texte), pastiche poussif du chef-d’œuvre de Lovecraft dont une grande partie de l’humour réside dans le choix du nom des personnages : Professeur Alhamass, Docteur E. Thanazy (ah ah ah), etc. Un texte pas désagréable, parfois à la limite du pathétique et au final totalement anecdotique. En trois mots : une curiosité poussiéreuse.

Plus proche de nous, Neil Gaiman, grand amateur du corpus lovecraftien, auquel il a souvent rendu hommage (comme nous le rappelle Patrick Marcel dans son introduction), nous propose un « Moi, Cthulhu  » plus drôle que le texticule de Clarke, malin (il faut une sacrée culture lovecraftienne pour tout comprendre), et par conséquent nettement plus convaincant. L’introduction suscitée, une lettre de Neil Gaiman et un gros appareil de notes complètent ce « Moi, Cthulhu » qu’on recommandera aux fans de Gaiman, à ceux de Lovecraft et aussi aux joueurs de L’Appel de Chtulhu — ce qui fait du monde…

Pour commander ces livres, une seule adresse ; on paye par PayPal, c’est simple, sûr et pratique.

Enig Marcheur

Enig Marcheur, 12 ans, vit dans une Angle-terre post-cataclysmique (plus précisément, dans la région de Canterbury, ce qui n’est pas un hasard). Il est à la poursuite de la Vrérité, une sacrée quête du Graal dans un monde où tout ou presque est source de danger.

Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de lire du Mad Max. Dans sa remarquable préface, Will Self prévient le lecteur potentiel : « C’est un livre grandiose, un livre exigeant, un livre déstabilisant. » Eloge dont on retiendra surtout le mot « exigeant », même s’il est vrai qu’il y a des moments grandioses et des moments particulièrement déstabilisants qui mobiliseront tous vos neurones alors passés en mode « traduction du parlénigm ».

Pièce à conviction n°1 (la Défense ne présentera pas d’autres pièces, jugeant celle-là plus qu’éloquente) :

« Ils déclenchèr le Grand Boum et zoumm parut un grand éclair de lumyèr plus grand que le mond en tié et la nuyt de vint le jour. En suite tout deuv nu noir. Rien que la nuyt des années durant. Des pidémies oxir les gens et les nanimaux et rien poussa plus dans le sol. L’homme et la femme famés dans le noir cherchant le chien à manger et le chien cherchant à les manger tout comme. Final ment la nuyt et le jour revinr mais jamais vrai ment. Une nuyt verreuse en gendra un jour verreux et la maladie dans laideux. » Page 25.

A la lecture de cet extrait (qui est un des plus limpides du roman, si si), le lecteur motivé a compris la tâche qui l’attend. Enig Marcheur se mérite vraiment : ça pourrait être une fille trop belle aux exigences insensées, au caractère de cochon, frigide pour tout arranger, mais il n’en est rien, Enig Marcheur est comme un whisky d’exception, on en savoure un minuscule verre chaque soir pendant une vingtaine de jours, on suit chapitre par chapitre (il y en a dix-huit) l’odyssée de cet enfant de douze ans. Jusqu’à la Vrérité (qu’on connaît depuis longtemps), mais ce n’est pas le but qui conte (et compte ?), mais le voyage. Quant aux plus malades, ils se pencheront d’abord sur la légende de Saint Eustache, puis liront Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer, afin de pouvoir jouer en connaissance de cause avec l’écheveau tissé par Russell Hoban.

On louera en guise de conclusion le travail de traduction réalisé par Nicolas Richard, hallucinant, courageux et digne de deux ou trois Grand Prix de l’Imaginaire ; il y a un peu de perte (les sonorités de l’anglais permettent des choses impossibles à reproduire en français ; il a fallu « adapter » comme dans toute bonne traduction), mais c’est vraiment bien fait. Ah, j’oubliais, Enig Marcheur est un livre de fou, il se lit donc à voix haute (de toute façon, aucun regret à ce sujet, vous ne pourrez pas le lire dans le métro ou tout autre « transporc an com1 »).

Omale, l'intégrale

Dix ans après le début de sa publication dans la défunte collection « Millénaires » des éditions J’ai Lu, « Lunes d’encre » réédite l’intégrale de la série « Omale », une œuvre d’une ampleur et d’une ambition peu communes dans la science-fiction française. En créant cet univers, Laurent Genefort s’offrait un terrain de jeu d’une taille sidérante, une sphère de Dyson entourant un soleil, dont la superficie représente plusieurs millions de fois celle de notre planète, et dont l’ensemble des textes réunis dans ces 1700 pages n’explore qu’une infime partie.

Omale (le roman) et ses suites se déroulent dans une zone où tentent de cohabiter trois espèces intelligentes, les Humains, les Chiles et les Hodgqins, et les différents récits au sommaire s’étendent sur plusieurs siècles. On ignore tout de l’origine de ce monde comme des raisons de la présence de ces êtres à sa surface, autant de sources d’intenses débats et conflits entre scientifiques et religieux.

Le premier roman de la série s’intéresse moins au cadre de son action qu’à ses habitants. Laurent Genefort dépeint à grands traits la nature d’Omale, mais focalise avant tout son attention sur les relations souvent tendues entre Humains, Chiles et Hodgqins, en mettant en scène une demi-douzaine d’individus de toutes origines, contraints de collaborer pour parvenir à un but commun. La notion d’altérité est au cœur de ce récit, et pas seulement à travers les relations inter-espèces que le récit illustre. Les différents protagonistes sont pour la plupart des marginaux, voire des parias au sein de leur propre communauté : Alessander est un humain qui a grandi parmi les Chiles, Sikandaïrl est une rochile, une Chile dont le jumeau est mort avant terme, ce qui fait d’elle un individu craint par ses congénères, et Amees’Sixte-deVorsal est un Shadlee, un Hodgqin qui a atteint l’immortalité grâce à des moyens interdits. Le passé de chacun de ces personnages permet à Laurent Genefort de décrire de manière plus précise la société qui les a vus naître.

Si Omale passionne souvent par la diversité qu’il met en scène, ce premier roman n’est pourtant pas exempt de tout reproche. En particulier, son intrigue s’avère artificielle et maladroite. La quête que se sont vu confier ses protagonistes repose sur une série de hasards et de coups de chance tellement improbables qu’elle en perd toute vraisemblance. Et plus sa résolution approche, plus le roman souffre de cette faiblesse, jusqu’à en gâcher les ultimes révélations du récit. Néanmoins, au terme de cette histoire, les fondations de cet univers sont posées, fondations que le romancier va s’empresser d’exploiter davantage dans Les Conquérants d’Omale.

Ce second roman se déroule sept siècles plus tôt, alors qu’une guerre interminable oppose les Humains aux Chiles. Paradoxalement, les habitants d’Omale bénéficient alors de technologies plus avancées que dans le précédent récit. L’explication se trouve dans l’une des trois intrigues qui composent ce récit, évènement crucial de l’histoire de ce monde, brièvement évoqué dans Omale, mais que Laurent Genefort met cette fois en scène de manière plus détaillée. Dans le même temps, on suit une petite expédition scientifique, partie enquêter sur un phénomène de plus en plus inquiétant, qui menace de plonger le monde dans une ère glaciaire. Mais l’essentiel du récit est consacré à une opération militaire rocambolesque et suit les pérégrinations d’une poignée de soldats chargée de s’emparer d’une locomotive atomique afin de porter un coup décisif contre l’armée chile. Cette dernière histoire, avec son lot de péripéties, donne au roman un agréable parfum de série B à l’ancienne, tout en permettant à l’auteur d’élargir le périmètre de son exploration d’Omale.

Il faut toutefois attendre La Muraille sainte d’Omale pour découvrir Laurent Genefort au sommet de son art. Il y suit une expédition scientifique en route vers le Landor, cette zone qui vit débarquer les premiers Humains sur Omale, aujourd’hui entourée d’une muraille de 80 000 kilomètres de long. Un retour aux premiers pas de l’humanité sur Omale, sur lequel plane un parfum d’apocalypse, alors que les rumeurs de fin du monde se font de plus en plus persistantes.

C’est véritablement dans ce roman qu’on retrouve le Laurent Genefort féru de science, qui met en scène une jolie brochette d’explorateurs, lesquels lui permettent de s’intéresser plus précisément à la nature d’Omale et de résoudre quelques-unes de ses énigmes. Le voyage est passionnant de bout en bout, les révélations finales à la hauteur des enjeux.

Les Omaliens réunit de manière chronologique les différentes nouvelles de l’auteur qui se rattachent à ce cycle, et même si l’on sait que ce n’est pas son format de prédilection, le résultat est le plus souvent très bon. « Aparanta » raconte l’arrivée des Humains sur Omale. Entre scènes à grand spectacle de carambolage spatial et tentative de réorganisation des survivants, Laurent Genefort traite intelligemment ce premier contact à la fois avec un environnement totalement étranger et avec une forme de vie radicalement différente. Entre craintes et espoirs, ce premier texte ne tranche pas. Trois siècles plus tard, hélas, les jeux semblent déjà faits, les tensions entre Humains et Chiles ne cessent de croitre, tandis que la science recule face à l’obscurantisme religieux. « Un Roseau contre le vent » met en scène cette opposition entre connaissance et croyance, omniprésente dans tout le cycle. Situé à la même époque, « La Septième Merveille d’Omale » décrit les négociations entre Humains et Chiles autour de la construction d’un barrage. Là encore, les tensions sont palpables, le pire n’est jamais loin, et les compromis fragiles.

Les nouvelles suivantes prennent la forme d’enquêtes policières. « L’Affaire du Rochile » oblige un vétéran humain à reprendre du service pour découvrir qui est à l’origine des dizaines de morts brutales qui menacent de relancer la guerre entre Humains et Chiles ; « Arbitrage » contraint un juge itinérant à superviser une partie de fejij (ce jeu chile, mélange d’échecs, de go et de wargame, qui occupe une place prépondérante dans le premier roman) commencée soixante ans plus tôt, et dont l’enjeu n’est rien de moins que la vie de plusieurs dizaines de milliers d’humains. Enfin, « Patchwork » amène un médecin-légiste hodgqin à s’interroger sur les opérations qu’ont subies certains de ses patients avant d’être conduits dans sa morgue. Outre ses qualités littéraires, chacun de ces textes augmente à sa manière notre connaissance d’Omale, vient éclairer un pan de son histoire, des mœurs de sa population. Et même ceux qui, considérés isolément, souffrent de défauts formels indéniables (Omale en particulier), gagnent beaucoup à être confrontés aux autres œuvres du cycle et s’enrichissent à leur contact. Plus que jamais, le cycle d’ « Omale » apparait comme l’une des œuvres majeures de la science-fiction française. Laurent Genefort a encore progressé en tant que romancier ces dernières années, on aimerait le voir s’y frotter à nouveau1.

Note :
1. Chose qu’il fait en ce moment même, à en croire les milieux autorisés… [NdRC]

Elbrön

En fantasy peut-être plus qu’ailleurs, il est des écrivains comme des lecteurs qui ne conçoivent pas la littérature autrement que par le biais d’interminables séries délayant à l’infini la pauvreté de leur imaginaire et ressassant jusqu’à plus soif les mêmes stéréotypes navrants. Je ne cite personne, les tables des libraires débordent de sagas elfiques à rallonge et de trilogies trollesques en seize volumes.

Quiconque connait un tant soit peu l’œuvre de Thierry Di Rollo sait que cet auteur se situe aux antipodes de telles préoccupations, qu’il ne raisonne qu’en termes d’économie et de nécessité. Et s’il a décidé de nous replonger dans l’univers de Bankgreen, ce n’est pas pour le simple confort que procure le fait de renouer avec des lieux et des personnages désormais familiers, mais parce que tout n’avait pas été dit. D’ailleurs, Elbrön a moins des allures de suite que de coda, et apparait avant tout comme une manière de clore une fois pour toutes le récit précédent. Toutes les tentatives pour relancer cette histoire viennent ainsi se heurter au même mur, celui de l’inexorabilité qui préside aux destinées de Bankgreen et des êtres qui la peuplent.

Plus que jamais, les personnages que l’on croise dans ce roman, brièvement pour la plupart d’entre eux tant leur espérance de vie est courte, sont le jouet de forces qui les dépassent. A commencer par les Shores, autrefois esclaves des Digtères et des Arfans, qui ne se sont affranchis de leur condition que pour se découvrir enchaînés par des entraves bien plus puissantes. Le libre-arbitre ne peut avoir cours sur Bankgreen, chacun est amené à tenir sa place dans l’histoire de ce monde, y compris Mordred, annonciateur de mort et figure emblématique du roman précédent, qui va cette fois renoncer à une part de lui-même pour jouer le rôle qui a été écrit pour lui.

Des figures familières de Bankgreen, on ne retrouve le plus souvent que les échos, les ombres, à l’instar des Elbröns, les fantômes des anciens habitants de ce monde, ressuscités en une parodie de vie et guidés par une irrépressible soif de vengeance. De ces créatures en apparence toutes semblables, presque mécaniques dans leur comportement, Thierry Di Rollo est parvenu à faire un portrait à la fois pathétique et sensible en mettant à jour leur part d’humanité. Et sous sa plume, voir ces êtres au corps cendreux évoluer dans les décors immaculés de Bankgreen sont autant de moments de pure beauté.

Sur la forme, Elbrön offre un récit beaucoup plus linéaire que son prédécesseur, dont les véritables enjeux ne se révélaient que dans les dernières pages et dont les multiples méandres exigeaient du lecteur une attention sans faille. Le cadre s’est lui aussi sensiblement restreint, et l’on regrette parfois la jubilation que pouvait procurer l’exploration minutieuse de ce monde. D’où également cette impression de noirceur accentuée, qu’aucun émerveillement ne vient plus contrebalancer, ou trop rarement. Le romancier s’est recentré sur l’essentiel, l’étude de la condition humaine, dans ce qu’elle a de plus tragique. Le regard qu’il porte sur ses personnages, mélange de cruauté et de compassion, rejoint celui des Runes, ces êtres féériques qui, dans l’ombre, continuent de jouer un rôle crucial dans cette histoire.

Avec Elbrön, Thierry Di Rollo tourne sans doute définitivement la page Bankgreen et lui offre une conclusion à la hauteur de nos attentes. Et malgré la tristesse infinie qui se dégage de ces pages, c’est à regret que l’on quitte ce monde, quand bien même cette fin répond à une nécessité. Car sur Bankgreen, tout a une raison, et prolonger cette histoire davantage n’en aurait sans doute pas.

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