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Jennifer Strange, dresseuse de quarkons

Et c’est à nouveau sous une couverture à côté de la plaque (et accessoirement — ou pas — sous un titre français plus qu’approximatif) que le Fleuve noir publie, dans sa collection young adult « Territoires », le deuxième tome de la trilogie « Jennifer Strange » de l’excellent Jasper Fforde.

Le premier tome, Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de Dragons (critique in Bifrost 63), était tout à fait sympathique, même si l’on pouvait en sortir un brin déçu eu égard aux attentes générées sur un écrivain de la trempe de Jasper Fforde, qui a su nous régaler notamment avec sa fameuse série des « Thursday Next », ou, plus récemment, avec « La Tyrannie de l’arc-en-ciel » (cf. Bifrost 66). On sentait en effet la différence de public visé, ce qui se traduisait par un délire moindre, plus contrôlé.

Avec ce deuxième tome, toutefois, on a rapidement l’impression que l’auteur ouvre les vannes, et s’autorise cette fois tous les excès dans le but premier de susciter le rire. C’est donc très vite avec un grand plaisir que nous retrouvons les Royaumes Désunis, et plus précisément le royaume de Hereford.

L’enfant trouvée Jennifer Strange y dirige toujours, en l’absence du Grand Zambini, l’agence magique Kazam. Et, depuis ses exploits du premier tome, qui ont eu une influence sans pareille sur la magie mondiale (l’énergie sorciérique, ou « crépite »), on peut dire qu’elle ne chôme pas. Néanmoins, elle doit faire face à la concurrence acharnée d’iMagie (oui, parce que tout est tellement plus cool précédé d’un « i »), l’autre agence, dirigée par l’Etonnant Blix, qui se donne du Tout-Puissant Blix, mais parvient difficilement à faire oublier qu’il est le petit-fils de Blix le Hideusement Barbare. Il y a beaucoup de contrats à la clé, dont celui, particulièrement juteux, de la réactivation du réseau de téléphonie mobile… et tous les coups sont permis dans cette lutte de pouvoirs. Kazam se retrouve bientôt dans une fâcheuse situation, alors même que le différend entre les deux entreprises doit se solder par un tournoi de magie.

Accessoirement, un quarkon rôde dans les environs, qui pourrait être le double de celui que Jennifer Strange a perdu en Dragonie. Ah, et puis il y a aussi cette histoire d’anneau maudit — mais ça n’a probablement aucune importance, n’est-ce pas ?

Sans oublier l’élan transitoire.

Jennifer Strange, dresseuse de quarkons s’inscrit résolument dans la foulée de son prédécesseur. Aussi en reproduit-il largement tant les défauts que les qualités. On notera cependant (et pourquoi pas en bas de page, procédé dont l’auteur use et abuse pour notre plus grand plaisir) que, dans ce roman sans véritable trame générale — ou disons qu’elle reste discrète —, le délire est plus franc, et s’exprime dans une succession de gags tous plus improbables les uns que les autres.

Parallèlement, Jasper Fforde garde à l’esprit qu’il s’adresse à un public prétendument adolescent, et son art se plie aux contraintes nécessaires de ce cœur-de-cible. Mais sans que cela devienne jamais ennuyeux pour un lecteur plus âgé.

Au final, et même s’il n’est pas sans défauts, Jennifer Strange, dresseuse de quarkons convainc en fait davantage que le premier tome — grâce à ses héros sympathiques, ses méchants insupportables d’arrogance, et surtout cette ambiance générale de joyeux délire s’exprimant dans un cadre de fantasy uchronique tout à fait enchanteur (et un brin, juste un brin, subversif). C’est donc une lecture des plus agréables, même si l’on n’en fera pas un achat indispensable.

Avilion

Le cycle de « La Forêt des mythagos » est assurément le grand-œuvre du regretté Robert Holdstock, et figure d’ores et déjà parmi les classiques de la fantasy. Avilion, écrit et publié bien après les volumes précédents, est le cinquième — et ultime… — roman prenant place dans le bois de Ryhope, et il vient en quelque sorte boucler la boucle, puisque les événements qui y sont rapportés sont les conséquences directes de ce qui nous fut conté dans le premier tome du cycle (lecture préalable indispensable).

Petit retour en arrière : le bois de Ryhope, en Angleterre, est un vestige de la forêt primordiale, inchangé depuis l’ère glaciaire. Plus grand à l’intérieur qu’il n’y paraît à l’extérieur, il abrite tout un monde fascinant de créatures et personnages mythiques générés par l’inconscient, les fameux « mythagos », ainsi que les a baptisés George Huxley après toute une vie de recherches passionnées les concernant.

Les héros de cet ultime volet sont Yssobel et Jack, les enfants de Steven Huxley, victorieux de son frère Christian, et de la princesse celte Guiwenneth pour laquelle ils se sont affrontés. Les enfants sont donc pour moitié humains et pour moitié mythagos, partagés en-tre le Sang et la Sève : Yssobel a son côté « rouge » et son côté « vert », quand Jack parle de — et avec — son « fantôme ».

Tous deux ont longtemps vécu avec leurs parents dans une villa romaine en plein bois de Ryhope. Mais le départ inopiné de Guiwenneth mettra fin à cette vie calme et heureuse. Yssobel se lance sur les traces de sa mère — mais tout autant, en fin de compte, sur celles de son grand-père maternel Peredur, le vieux roi, et de son oncle paternel Christian, ressuscité à la tête de l’armée intemporelle Légion — et cherche donc à se rendre en Avilion, au cœur de la forêt, que l’on connaissait jusqu’à présent sous le nom de Lavondyss. Jack, de son côté, attiré par la lisière du bois, pense trouver auprès de son défunt grand-père George, dans la vieille demeure d’Oak Lodge, les réponses qui le mettront sur la trace de sa sœur.

Ce double voyage en sens inverse est ainsi le point de départ du roman, qui emprunte largement les traits d’une saga familiale sur trois générations. Mais cette saga, qui pourrait se jouer uniquement sur le mode intimiste, vire à l’épopée en se confrontant, dans les bois, à la légende arthurienne ou encore à L’Odyssée. Et le résultat, pour déconcertant qu’il soit au premier abord — malgré la petite musique familière qui se met très tôt en place, avec le récit des aventures de Jack « à l’extérieur » —, est à la hauteur des attentes du lecteur qui s’était régalé avec les quatre volumes précédents. Avilion vient ainsi parachever le complexe édifice de « La Forêt des mythagos » de la manière la plus subtile, en jouant sur une multitude de registres.

Le roman brille à tous points de vue : écrit dans une langue impeccable, il est riche de personnages complexes et attachants — Yssobel et Jack au premier chef, mais ils ne sont pas les seuls —, et parvient à renouveler utilement les thématiques développées dans les volumes précédents. Le voyage en Avilion, quête des origines envisagée sous l’angle familial, se révèle ainsi, une fois encore, une brillante incursion dans le bois de Ryhope, aussi fascinante qu’intelligente, comme il se doit, et il y a fort à parier que l’amateur de l’œuvre de Robert Holdstock ne sera pas déçu par ce roman qui a pris bien malgré lui une forme testamentaire. On y retrouve en effet tout ce que l’on a pu apprécier auparavant dans le cycle, sans que l’auteur ne se répète véritablement pour autant — ce qui, en soi, relève déjà du tour de force.

Ce roman « approfondi » véhicule ainsi toute une gamme de sensations et de réflexions autrement plus subtiles que les lieux communs de la « big commercial fantasy », dont il constitue en quelque sorte l’antidote. On le louera pour sa finesse, son astuce, sa délicatesse aussi, qui en font le brillant témoignage d’un écrivain au sommet de son art. Lecture chaudement recommandée, même si elle ne saurait donc être envisagée isolément.

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