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Kallocaïne

Kallocaïne, de la Suédoise Karin Boye, est une dystopie classique, dans la lignée de Nous autres et du Meilleur des mondes, et antérieure à 1984. On y retrouve les ingrédients essentiels du genre, sans doute d’autant mieux intégrés qu’ils se fondent sur ce que l’auteure avait pu discerner lors de voyages dans l’URSS stalinienne et l’Allemagne nazie.

Elle y décrit donc, de l’intérieur, un prétendu « État Mondial », avec ses cohortes de camarades-soldats dociles et même volontaires. Un État totalitaire, donc, tellement paranoïaque qu’il en devient autophage, tellement cauchemardesque qu’il en devient presque drôle – horriblement – à l’occasion.

Karin Boye met notamment l’accent sur la thématique de la surveillance – des caméras et micros dans les appartements anticipent Big Brother, mais l’essentiel réside surtout dans la délation généralisée, des époux entre eux, des subordonnés par rapport à leurs chefs ou le contraire… Elle a cependant un corollaire essentiel, qui fournit la matière du roman : la kallocaïne, drogue inventée par le médiocre (mais ambitieux) chimiste Leo Kall, de la Ville de Chimie n° 4, narrateur du roman – un sérum de vérité ultime qui force à tout déballer, douloureusement et en pleine conscience.

C’est ainsi que le petit chimiste devient auxiliaire de police, tandis que sa solution miracle révèle toujours plus de « traîtres ». Son supérieur, l’ambigu Rissen, le lui a assez répété : dans l’État Mondial, tout le monde a par essence quelque chose à se reprocher. Peu importe si les « traîtres », ici, ne sont guère des résistants/terroristes en lutte ouverte contre la machine totalitaire ; ces rêveurs, ces « fous », se contentent la plupart du temps d’entrevoir, via des rites ou des mythes abscons, la possibilité bien timide d’un autre monde guère moins intrusif. Mais ces détails suffisent…

Leo Kall est pleinement convaincu du bien-fondé de l’État Mondial. « L’humanité », à ses yeux, n’a rien d’un critère pertinent : seuls comptent le dévouement et le sacrifice pour le bien commun ; les camarades-soldats sont des outils au service d’une entité qui les englobe et les dépasse, et on ne saurait concevoir autre chose – rien en tout cas qu’on puisse qualifier de « civilisation ». Les conséquences de l’usage de la kallocaïne pèseront bien sur lui, sans surprise, l’amenant à très vaguement « douter »… Mais c’est en fin de compte dans le peu, le quasi rien de sphère privée qui demeure dans cette société cauchemardesque, que se jouera le roman – la suspicion de Leo Kall quant aux sentiments réels de son épouse Linda n’ayant finalement pas grand-chose à envier à la brutalité policière de l’État Mondial.

Le propos final est peut-être plus ou moins convaincant, à cet égard du moins, mais le roman dans son ensemble est d’une force indéniable. Le portrait que dresse Karin Boye de cette société totalitaire glace le sang, en se montrant habile et convaincant, crédible, enfin, jusque dans son outrance ; l’urgence de 1940 rendait sans doute le roman d’une actualité brûlante… mais, hélas, il n’a sans doute rien perdu de sa portée aujourd’hui. Réédition bienvenue d’un excellent roman, à redécouvrir.

Fond d'écran

Terry Pratchett a toujours confessé avoir du mal à rédiger des nouvelles – à l’en croire, elles lui coûtaient « sang et eau », il enviait ceux qui en écrivaient « facilement », et doutait d’en avoir écrit plus de quinze dans sa carrière… Et pourtant si, ainsi que le présent volume en témoigne – d’autant qu’il n’a pas l’ambition de constituer une intégrale (et a notamment procédé à un tri draconien dans les textes de jeunesse, a priori).

On en avait eu un aperçu en 2011 avec Nouvelles du Disque-Monde, très, très bref recueil focalisé sur la saga culte des « Annales », dont les six textes ont été repris ici. L’impression qui s’en dégageait, cependant, n’était guère favorable : on en concluait que Terry Pratchett n’était effectivement pas un nouvelliste… On pouvait en retenir deux nouvelles à proprement parler, « Drame de troll » (chouette récit doux-amer où intervient le nécessaire Cohen le Barbare), et la bien plus longue « La Mer et les petits poissons » (probablement trop longue, d’ailleurs, quand bien même intéressante – la présente édition en montre pourtant en annexe un passage supprimé, à la demande de l’anthologiste, Robert Silverberg ; mais Mémé Ciredutemps brille néanmoins dans ce récit, où elle a la diabolique idée de devenir gentille…) ; le reste faisait figure de gadgets sans grand intérêt…

Fond d’écran est cependant bien davantage qu’une réédition augmentée : le plus grand nombre de textes (on passe de six à trente-deux, composés au long de cinquante ans de carrière – nouvelles et « textes courts », donc – poésies, notices de jeu, brèves allocutions, cadeaux de conventions…), et surtout l’inclusion essentielle de récits ne se rapportant pas au Disque-Monde (200 pages sur 330 environ), changent fondamentalement le projet.

Pour ce qui est du Disque-Monde, on a de nouveaux textes « gadgets », la plupart du temps quelconques… Celui qui s’en sort le mieux est probablement « Thud : contexte historique » (qui vient d’un jeu de plateau construit autour de Jeux de nains) ; pour le reste… On sourit parfois un brin, mais assez rarement somme toute.

Le véritable intérêt est sans doute ailleurs, dans les textes ne concernant en principe pas le Disque-Monde – mais l’annonçant parfois : ici, par exemple, on a un gnome du nom de Rincepresse (même si la nouvelle prépare avant tout Le Peuple du tapis) ; et La Mort, dans « Les Platines de la nuit » (clairement une des meilleures nouvelles de l’ensemble), est exactement semblable à celle du Disque-Monde – jusque dans ses répliques en capitales… On trouve dans cette première partie quelques textes très corrects, oui – loin d’être parfaits, il y a presque toujours un petit quelque chose qui coince, mais régulièrement intéressants. Et si « Les Hauts Mégas » (qui débouchera bien plus tard sur La Longue Terre et ses suites avec Stephen Baxter) est assez confus, rendant l’immersion délicate, on trouve d’autres récits, de science-fiction ou de fantasy, qui se tiennent bien, et dessinent parfois un étonnant univers parallèle où Terry Pratchett n’aurait pas été l’homme du Disque-Monde à défaut du reste – « Ultime Récompense », où un écrivain de fantasy a maille à partir avec le héros barbare de son immense et populaire saga à laquelle il aimerait bien mettre un terme, a beau dater de 1988 (et avoir été potentiellement un brin retouchée depuis, de l’aveu même de l’auteur – qui présente la plupart des textes compilés ici), elle résonne tout particulièrement aujourd’hui…

Enfin – ou plutôt non, au tout début, et c’est une étape à franchir –, le recueil a un aspect « document » assez poussé, notamment en ce qu’il reproduit des textes de jeunesse d’un intérêt littéraire assez douteux, objectivement, mais qui sont autant de témoignages d’un talent émergent ; pour l’essentiel des textes très, très courts, à l’exception du premier, « L’Affaire d’Hadès » (Pratchett avait 13 ans, c’était un texte scolaire), qui est probablement aussi le meilleur (et laisse envisager à terme De bons présages avec Neil Gaiman, à sa manière).

Bref, tout ça n’a absolument rien d’indispensable, mais s’avère bien plus intéressant que l’inutile Nouvelles du Disque-Monde, en ouvrant d’autres horizons sur la carrière de l’auteur. À réserver aux fans, cela dit.

Les Évangiles écarlates

Le projet derrière Les Évangiles Écarlates remonte à au moins une vingtaine d’années, aussi la parution du roman a-t-elle pris des allures d’événement : Clive Barker souhaitait y confronter deux de ses personnages les plus célèbres – tous supports artistiques confondus –, à savoir le mal nommé Pinhead (qui déteste au moins autant ce sobriquet que l’auteur lui-même, semble-t-il), le plus célèbre des Cénobites apparus dans Hellraiser, et le détective du surnaturel Harry D’Amour (créé dans une nouvelle des « Livres de sang » ayant débouché sur le film Le Maître des illusions, mais apparu régulièrement ailleurs).

La rumeur laissait entrevoir quelque chose de plutôt ambitieux, depuis tout ce temps. Mais Les Évangiles Écarlates, au-delà du pur « fan service », s’avère bien vite, hélas, un triste ratage, donnant en outre la fâcheuse impression d’avoir été écrit par-dessus la jambe – comme si le projet longtemps entretenu devait être enfin exorcisé pour pouvoir passer à autre chose.

Tout y est poussif ou presque. On peut vaguement s’amuser, dans le prologue, devant les inévitables déferlements de gore et de porno que suscite l’intrusion de Pinhead dans un cercle de magiciens – que le Prêtre de l’Enfer traque et élimine l’un après l’autre depuis longtemps, dans un but obscur –, mais il n’en reste pas moins que l’outrance coutumière de l’auteur a ici quelque chose de plus ridicule que véritablement fascinant et dérangeant ; comme si l’ambition de faire dans le bis sordide mais réjouissant échouait dans une calamiteuse zèderie. Impression hélas confirmée par les premiers chapitres mettant en scène Harry D’Amour, avec un flashback péniblement gratuit… Quand les deux personnages se rencontrent – au travers d’un stratagème guère convaincant –, on n’y croit déjà plus vraiment. Pinhead, toutefois, ne désire pas tant faire souffrir et tuer le détective, à sa manière SM habituelle, qu’en faire le témoin de ses hauts faits mégalomanes… Et c’est pourquoi – rebondissement ô combien original – il enlève la médium aveugle Norma Paine, à charge pour D’Amour de la délivrer en Enfer. La perspective d’une virée chez Lucifer ravive un temps l’intérêt du lecteur, avide d’y retrouver l’imaginaire débridé et extrême de l’auteur dans ses œuvres – entre Dante et Jérôme Bosch, forcément –, mais il faut vite se rendre à l’évidence : non, cette fois, Barker n’y arrive tout simplement pas. D’Amour et ses petits camarades errant en Enfer évoquent plus une (très) mauvaise partie de Donjons & Dragons enchaînant les péripéties plates en mode automatique qu’autre chose…

Il faut attendre les tout derniers chapitres pour enfin trouver quelques éléments vaguement intéressants, car c’est là, et seulement là, que les personnages (D’Amour, du moins) occupent enfin le devant de la scène, avec leurs forces comme leurs faiblesses – bien loin de l’excursion héroïque semée de punchlines navrantes à laquelle on avait droit jusqu’alors. Pour un roman censément basé sur deux figures aussi fortes que Pinhead et Harry D’Amour, c’est tout de même problématique…

Les Évangiles Écarlates tient donc de l’échec cuisant – et parfois agaçant, même, tant on se demande si cette auto-parodie ne contient pas une certaine part de foutage de gueule… Un mauvais pulp qui ne fait guère honneur à son sujet – fuyez, pauvres fous !

Le Travail du furet

Dans un futur proche, tout part à vau-l’eau et tout le monde s’en fout. Pour les plus pauvres ? Plus le moindre travail, une crise généralisée, juste l’espoir de vivre un jour supplémentaire. Pour les autres ? Ils logent dans leurs propres zones urbaines, chacun restant replié sur lui-même et son mode de vie… Pourtant, les choses vont bien du point de vue de l’État. Les statistiques le confirment, les maladies régressent de façon régulière. Le seul problème est la surpopulation. La solution trouvée est des plus extrêmes. On a mis en place un système juste et impitoyable : l’élimination annuelle de 40 000 citoyens choisis aléatoirement par un corps spécialisé, les Furets.

Le roman suit le flot de pensées d’un de ces Furets, qui traverse les diverses strates de la société pour accomplir son œuvre de mort avec une certaine créativité pleine de panache. Sa vie est simple. Il aime les vieux films et déteste à peu près tout le monde. Tuer ne lui pose aucun problème et il est un parfait rouage dans le système. Jusqu’au jour où, bien sûr, il finit par se poser les mauvaises questions, c’est-à-dire des questions tout court. Dont il cherche obstinément à obtenir les réponses. Quand on voudra l’en dissuader, les choses commenceront alors à sérieusement vriller.

Cette réédition d’un classique de la science-fiction française – avec une adaptation télévisuelle en 1993, puis en bande dessinée en 2004 – est une belle plongée dans un univers glauque et inquiétant. L’humour d’Andrevon pétille en même temps que giclent les éclats de cervelle. Les références cinéphiliques n’ont pas pris une ride, tandis que certains clins d’œil seront certainement plus obscurs pour les lecteurs qui découvriront ce texte de 1983.

ActuSF a eu l’intelligente idée d’enrichir le volume du synopsis d’une suite abandonnée, d’une série de nouvelles et d’un entretien avec l’auteur. Le tout forme un bonus copieux qui permet de prolonger l’expérience de lecture et d’attendre peut-être le jour où Jean-Pierre Andrevon relancera le furet à l’intérieur du poulailler.

Homunculus

Cela fait quinze ans qu’aucun livre de James Blaylock n’a été édité en France. Le fait éditorial est assez extraordinaire, quand on y pense, tellement son œuvre aurait de quoi réjouir le public francophone. Bragelonne le réédite dans un superbe écrin, celui de la sélection annuelle du « mois du cuivre ». Ce roman est un des premiers publiés par Blaylock en 1986, et a remporté le Philip K. Dick Award de 1988. Il fait surtout date dans l’histoire des genres de l’Imaginaire parce qu’il est devenu, avec les romans de Tim Powers et de K.W. Jeter, une des fondations du steampunk.

À ce titre, il est nécessaire de rappeler que le steampunk a fortement évolué ces trente dernières années. Les corsets et les rouages sont absents ici. Nous sommes dans un steampunk des origines, quand le genre n’est pas codifié, quand tout est possible parce qu’en train d’être inventé. D’ailleurs, James Blaylock a été le premier auteur américain d’une nouvelle steampunk, en 1978, avec « The Ape Box Affair », dont le personnage principal est déjà celui d’Homunculus, Langdon St Ives.

Là où Homunculus peut surprendre le plus le lecteur qui le découvrirait aujourd’hui, c’est dans son approche de l’uchronie victorienne. Ce n’est pas la création rétrofuturiste d’un passé qui aurait pu être, en y ajoutant une dose de science-fiction pour permettre une rupture avec notre propre histoire. Nous avons au contraire une uchronie victorienne de la fantaisie et de l’absurde, de l’humour et de la déraison. Le cadre historique est au service de la création d’une fiction où tout devient littéralement possible.

Le roman parle d’un étrange aéronef qui parcours le ciel londonien de la fin du XIXe siècle, de la lutte entre le millionnaire maléfique Kelso Drake et le scientifique Langdon St Ives, de carpes susceptibles de rendre immortel, de pilleurs de tombes, de zombies et d’extraterrestres (ou inversement), d’une jeune fille en détresse, d’un savant fou, des maisons closes londoniennes et d’un fabricant de jouets… Il ne sert à rien de résumer une intrigue dont le principal attrait est d’être ressentie, dans son rythme hallucinant et sa construction baroque.

On s’amuse énormément à se perdre dans le fil du récit, à croiser les références littéraires et les clins d’œil aux copains. Il est des livres que l’on est heureux de voir réédités et Homunculus en fait définitivement partie (même à 25 euros pour 280 pages !). Que sa sortie ne soit pas un vulgaire feu de paille, aussi éblouissant soit-il. Donnez-nous le reste des aventures de Langdon St Ives.

L'Ambre du diable

Lucifer Box est de retour ! Mais tout est désormais bien différent pour notre anti-héros britannique depuis l’aventure du Club Vesuvius. Dans le premier volume de la trilogie, nous étions au début du XXe siècle, avec Lucifer artiste décadent qui trompait son ennui en assassinant les cibles que lui désignait une officine secrète au service de la Reine. Avec L’Ambre du diable, les temps ont changé. Nous sommes passés aux années vingt et Lucifer se sent un vieil homme, déjà quadragénaire, loin d’être en phase avec son époque et sa modernité qui lui échappe.

Le cadre du roman évolue également, le projet de Mark Gatiss devient alors plus évident. Nous quittons les univers d’Arthur Conan Doyle et consorts pour rejoindre le New York de la Prohibition et du coup de poing facile. Le fascisme pointe son nez hideux avec succès. Vétéran de la Première Guerre mondiale, Lucifer Box se voit confier une dernière mission avant d’être mis à la retraite. On ne cesse de le lui répéter : il n’est plus le meilleur. Lui restent son charme et son fantastique appétit sexuel, certes, mais la nostalgie et les souvenirs sont là. Des anciens amis et amants sont morts. D’autres ont disparu.

Lucifer Box est un personnage aussi irritant qu’intéressant. Narrateur égotiste, doté d’un sens de la pointe redoutable, il est le prétexte qui permet à Mark Gatiss de se promener à travers l’histoire du roman policier, allant du récit hardboiled au roman d’espionnage à la John Buchan pour finir dans le pur fantastique.

Le dernier volume de la série, Black Butterfly, sera certainement dans nos bibliothèques l’année prochaine. L’ultime aventure de Lucifer Box l’enverra en Jamaïque, nul doute qu’il y sera doté d’un indispensable permis de tuer…

Le Prince-Marchand chez Albedo

« Le Prince-marchand tient davantage du planet-opera que du space-opera avec un texte cohérent et élégant qui ne néglige pas la trame et les rebondissements. Poul Anderson met sa plume et sa créativité au service d’une histoire flamboyante dans un cadre propice à l’aventure, avec un personnage atypique, agaçant parfois, captivant certainement.»  Lutin

Gotland : en route vers le 8e palier !

Sur la page Ulule de Gotland, nous vous dévoilons le douzième palier : une exclusivité destinée à tous les contributeurs : Le Petit-Neveu de Pickman, un livre bonus rassemblant les 40 dédicaces-contreparties ! À portée de tentacule si le projet continue de progresser sur sa belle voie !

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