Connexion

Actualités

Grand Prix de l’Imaginaire 2023

« Terra Ignota » d'Ada Palmer et Les Galaxiales, l'intégrale de Michel Demuth sont lauréats du GPI 2023 !

Grand Prix de l'Imaginaire 2023 : les lauréats !

La saga « Terra Ignota » d'Ada_Palmer (trad. Michelle Charrier) est sacrée dans la catégorie Roman étranger !
Les Galaxiales, l'intégrale de Michel Demuth, complétée par neuf auteurs réunis par Richard Comballot à partir des plans et synopsis, reçoit le Prix Spécial !
Bravo à tout·e·s les lauréat·e·s pour ce beau palmarès !

La Lumière lointaine des étoiles

Après Cœurs artificiels, premier volet d’un diptyque steampunk initialement paru chez Bragelonne il y a une demi-douzaine d’années, Laura Lam, autrice américaine résidant en Écosse, revient par chez nous avec La Lumière lointaine des étoiles. Terre, dans un XXIe siècle bien entamé : notre planète est moribonde, elle n’en a plus que pour trente ans à pouvoir abriter la vie telle que nous la connaissons… même si cela fait trente ans qu’on le dit. Pour Valérie Black, milliardaire visionnaire à la tête de l’entreprise Hawthorne, pas question de baisser les bras. Si les USA ont régressé socialement, écartant les femmes de la plupart des postes à responsabilités, la NASA a tout de même construit, avec l’aide de Hawthorne, un vaisseau spatial, l’Atalanta, et mis au point une propulsion autorisant un déplacement supraluminique. Ce qui tombe bien : Cavendish, une planète habitable, a été découverte à une dizaine d’années-lumière. Y implanter une colonie est du domaine du possible. Et c’est pour éviter de reproduire les mêmes erreurs que sur Terre que Valérie Black s’empare de l’Atalanta avec un équipage de quatre femmes — dont sa fille adoptive, Naomi. Exobotaniste qui a toujours rêvé d’aller dans les étoiles, Naomi a vécu dans l’ombre de sa mère et n’a jamais vraiment coupé le cordon. À mesure que l’astronef se dirige vers Mars, où se trouve l’anneau d’Alcubierre qui l’enverra vers Cavendish, les problèmes s’accumulent tant avec les systèmes de survie qu’au sein de l’équipage… et Naomi découvre bientôt non seulement qu’elle est enceinte, mais que sa mère adoptive a peut-être menti sur certains aspects cruciaux de la mission (vous savez, les omelettes, les œufs…). La question, pour Naomi et ses collègues, est de savoir jusqu’à quel point elles sont capables de suivre Valérie Black pour bâtir un monde nouveau… et meilleur, peut-être.

Faisant mine de commencer comme un space opera féministe s’attachant à corriger l’histoire des Mercury 13 (treize femmes ayant suivi des tests physiologiques identiques à ceux des astronautes de la NASA dans les années 60, mais n’ayant jamais été acceptées dans le programme spatial US), La Lumière lointaine des étoiles bifurque bientôt vers le huis clos questionnant le bien-fondé de la mission : l’enfer, les pavés, les bonnes intentions, etc. Si le premier tiers est laborieux, la suite se montre plus intéressante… moyennant quelques grosses ficelles et une bonne suspension d’incrédulité. Si, d’un côté, le discours écologiste et l’alerte face aux mouvances rétrogrades sont des plus actuels, de l’autre le récit un rien schématique et les facilités d’une intrigue peuplée de personnages falots desservent le roman. Plus actuel que la série « Lady Astronaute » de Mary Robinette Kowal, car ne cherchant pas à réécrire l’histoire et se déroulant dans notre temporalité, La Lumière lointaine des étoiles échoue à se montrer aussi pertinent. Une déception, qui a le mérite de se lire (et de s’oublier) vite.

Éclat de l'aube

Quand Brandon Sanderson, stakhanoviste de la fantasy (mais pas que), se tourne vers la forme courte, cela donne… un roman de taille normale. Toute exagération mise à part, Éclat de l’aube constitue donc un appendice au monumental cycle des « Archives de Roshar », qui vient s’intercaler entre le tome 3, Justicière, et le tome 4, Rythme de guerre. Pour faire simple : Roshar, planète balayée par les vents, est désormais le théâtre d’une guerre entre les humains et les néantifères, une race autochtone désireuse de reprendre ses droits. Mais, loin des champs de bataille et de toute cette agitation, voilà qu’un vaisseau fantôme est découvert au large des côtes. Rysn, jeune maîtresse-marchande ayant perdu l’usage de ses jambes deux ans plus tôt, est propriétaire d’un navire : la voilà missionnée pour que son équipage aille enquêter là où rôdait ce vaisseau abandonné. Il s’y trouve une île, auparavant cernée par une tempête perpétuelle mais accessible depuis peu : une île susceptible de dissimuler des trésors… et plus encore. Quelque chose pouvant donner un avantage aux humains dans le conflit. Pourtant, certaines puissances semblent avoir tout intérêt à ce que le secret demeure. Et Rysn devra faire appel à toutes ses capacités de négociatrice pour mener à bien sa mission.

Celles et ceux qui suivent les « Archives de Roshar » depuis leurs débuts savent Sanderson investi dans la création de son univers, le Cosmère. La présente quête secondaire, où l’on recroise quelques visages connus, a pour atouts l’approfondissement du monde et une protagoniste éminemment attachante. Néanmoins, le récit jusqu’à l’île mystérieuse traîne en longueur, et la nature des antagonistes comme la résolution du conflit pèchent un peu, les premiers par leur importance surprenante au sein du Cosmère, la seconde par sa simplicité.

Reste une parenthèse au sein de la saga sympathique, que l’on conseillera surtout aux aficionados de l’auteur.

Chronique de droit martien

Notre collaborateur Raphaël Costa s’attache à le prouver depuis plusieurs numéros de votre revue préférée, science-fiction et droit n’ont rien d’antinomique. Après tout, nous vivons dans une société régie par le droit, et il est donc normal que la SF s’y intéresse. Notre genre de prédilection en Bifrosty fonctionne, on le sait, volontiers comme un miroir volontiers déformant. Pour mieux se voir dans ledit miroir, prendre un peu de distance est souvent utile. Disons celle qui nous sépare de la planète Mars. Sous-titré « Journal de voyage de Philibert Ledoux sur la Planète rouge », Chronique de droit martien adopte une forme double : entre les entrées du journal du (fictif) juriste et voyageur interplanétaire Philibert Ledoux s’intercale son essai sur le droit en vigueur là-bas et ses comparaisons avec le droit humain – ou plus spécifiquement le Code civil français. Le voyage dudit Philibert se déroule en 1977, dans un monde qui n’est pas tout à fait le nôtre : Mars y est habitée par des autochtones humanoïdes (et, pour une raison inconnue de tous, des kangourous), découverts quelques années auparavant. Ce voyage sera l’occasion pour le professeur de droit – et pour le lecteur – de traverser cette planète qui fit rêver tant de monde, de découvrir la civilisation martienne, et d’en apprendre un peu plus au passage sur le droit. L’auteur y aborde le droit de l’espace, questionne la notion d’humanité et la pertinence de son application aux martiens, et détaille de nombreuses particularités d’iceux – du fait que les maisons sont propriétaires de leurs occupants aux spécificités de l’élevage de soucoupes volantes.

Las, si le programme est alléchant en soi, cette Chronique… peine à passionner. Plusieurs défauts plombent malheureusement le roman : celui-ci pèche du point de vue romanesque, qui fleure bon la SF à papa, voire grand-papa, et s’achève là où les choses deviennent plus palpitantes. L’humour constant finit par agacer, et la civilisation martienne fait moins rêver – autant relire Burroughs, Bradbury et Brackett. Reste l’expérience de xénopensée, ou plutôt de xénodroit, plus réussie mais parfois lassante sur la longueur. Au bout du compte, l’ouvrage parlera peut-être davantage aux amateurs de droit curieux de SF qu’aux amateurs de SF curieux de droit. Dommage.

La Forêt pourpre

Cap sur le grand nord avec ce deuxième recueil d’Algernon Blackwood aux éditions de l’Arbre Vengeur, après L’Homme que les arbres aimaient en 2011 (cf. critique in Bifrost n° 64), un grand format cette fois-ci. La Forêt pourpre (une affaire d’arbres, donc, mais sont-ils vengeurs ?) propose en effet une unité de lieu évidente, quand bien même ce lieu s’étend-il sur des centaines de kilomètres carrés : la forêt canadienne, où poussent épicéas et tsugas, et qui laisse parfois la place, sur des hectares, à de majestueux et calmes lacs parsemés d’îles. La forêt est certes un lieu, mais aussi un être vivant, le premier des protagonistes de ce recueil très cohérent, tandis que le vent souffle dans les branches, les faisant bouger comme autant de membres inquiétants. Car c’est aussi le propre de ces bois : ils isolent, tant vous êtes loin de toute présence humaine – hormis les quelques membres de votre expédition, bien sûr – et, en cas de phénomènes troublants semblables à ceux qu’expérimentent les personnages des cinq nouvelles recueillies ici, ils vous poussent, aussi doucement que sûrement, à bout, vous laissant faire une partie du chemin vers l’épouvante avant que celle-ci ne se déclenche réellement. Blackwood excelle dans la montée progressive vers l’angoisse, installant une ambiance apaisée propre à la tranquillité des lieux, avant d’ajouter un petit détail qui détonne dans le décor, une fêlure qui va bientôt s’étendre, consciemment ou non, dans l’esprit des chasseurs et aventuriers qui parcourent les lieux. La forêt sape les acquis d’hommes civilisés et urbanisés, renvoyant certains à leur nature animale, et prédisposant les autres à accepter – voire favoriser – le surnaturel. Et lorsque le fantastique surgit, il se révèle classique : fantômes (« L’Île hantée », « La Clairière du loup ») ou croyances indiennes (« Le Wendigo », sans doute le texte le plus connu de l’auteur, « La Vallée des Bêtes sauvages »), voire noirceur humaine (« Le Lac du Corps-Mort »). Décor, personnage à part entière, mais révélateur aussi : telle est la forêt selon Blackwood.

L’Arbre Vengeur a demandé à Greg Vezon, l’auteur de la couverture, de prolonger celle-ci par quelques illustrations envoûtantes, au trait blanc sur fond noir, qui retranscrivent le sentiment d’oppression ; on notera enfin qu’il s’agit là du premier livre traduit par Romane Baleynaud, jeune traductrice qui s’en tire avec les honneurs. On espère maintenant que l’éditeur attendra un peu moins de onze ans pour nous proposer un nouveau recueil signé Blackwood…

L'Héritage de Molly Southbourne

Royaume-Uni, fin du XXe siècle. Le bloc soviétique est tombé, la Russie est en pleine confusion, l’Ouest ne sait trop comment se positionner dans cette reconfiguration politique dictée par le chaos. Toutefois, comme le dit Tade Thompson, « les gouvernements vont et viennent, mais les agences de renseignements perdurent ». Dans un ultime baroud d’honneur, sans véritable cause sinon d’accomplir une tâche, Gove, pour les services britanniques, et Vitali Ignatiy Nikitovich, au sein d’un programme nébuleux, vont engager, respectivement, Mykhaila Southbourne et Tamara Koleosho, afin de fermer définitivement le dossier Molly. C’est compter sans ses répliques, doubles ou sœurs, dans tous les cas ses héritières.

Il est rare, toutes littératures confondues, de découvrir un ouvrage qui se pose comme achèvement d’un cycle. D’ordinaire, la fin apparaît au terme du dernier volume, mais ne fait pas l’objet d’un récit entier. C’est pourtant le cas ici, Tade Thompson parvenant une fois encore à nous surprendre, de nouveau sans utiliser les effets déployés dans les précédents volets, Les Meurtres de Molly Southbourne (Prix Julia Verlanger 2019 et Grand Prix de l’Imaginaire 2020) et La Survie de Molly Southbourne. Au-delà des communautés plus ou moins viables des mollys et des tamaras, l’auteur ouvre l’intrigue à la totalité de la condition humaine, un monde privé de repères, en quête de stabilité. Les combats époustouflants qui animaient l’histoire auparavant n’ont plus lieu d’être, Tamara échoue d’ailleurs d’entrée au Tournoi contre les Cent Hommes, signe pour Thompson que l’enjeu est ailleurs.

C’est bien la quête de la normalité qui anime l’ensemble des protagonistes, l’attrait du banal lorsque celui-ci vous est refusé. On pense à John le Carré et L’Espion qui venait du froid, quand les agents sont fatigués et aspirent au repos. Précisément ce qu’offre Tade Thompson à son héroïne, mais aussi à sa mère dans un arc éblouissant, Mykhaila « Myke » Southbourne, origine et fin de tout.

L’Héritage de Molly Southbourne clôt donc l’histoire. Une clôture, comme on le dit de ce qui contient un périmètre, l’espace fictionnel d’un grand auteur qu’il est le seul à pouvoir arpenter. Y reviendra-t-il ? Libre à lui d’en décider ou non, Tade Thompson a fait de l’Imaginaire son territoire de jeux.

Valentina

Mertvecgorod, nouveau départ. Après Images de la fin du monde (cf. Bifrost 99) et Feminicid (cf. Bifrost 105) formant les « Chroniques de Mertvecgorod », Christophe Siébert nous traîne à nouveau dans l’atmosphère viciée de sa métropole uchronique post-soviétique. Après nous avoir éclairé sur les affres des pouvoirs dans les deux ouvrages pré-cités, il entame avec ce Valentina un nouveau cycle qui lorgnera plus volontiers du côté du « petit bout de la lorgnette, [du] point de vue de la rue, de ceux qui subissent les choses au lieu d’en être maîtres », et qui porte le doux nom de « Un demi-siècle de merde » — reprenant ainsi un titre déjà éprouvé par l’auteur dans le fanzinat.

Le demi-siècle en question sera le XXIe, Valentina se déroulant sur quinze jours en janvier 2000. On y suit une troupe de cinq adolescents vivant dans le quartier de « Mertvec-Bereg », à la frontière de la Zona, au sud du rajon 5 – le lectorat des précédents ouvrages appréciera. Le quintet est présenté au début de volume à l’aide de courtes fiches biographiques précédées d’illustration de la plasticienne et tatoueuse Clo Porte – qui existe vraiment. On reste dans le ton.

Car pour qui ne le saurait pas déjà, chez Siébert ça tache pas mal, ça gifle, ça gicle, ça violente. Entre défonce, rapine et musique à s’en péter les tympans, la troupe vivote, grandit, survit dans les bas-fonds de la métropole. Voici le Skins ou le Euphoria de la jeunesse de Mertvecgorod. Une fois bien posé le cadre, un nouveau personnage entre en scène : Valentina. Sa trajectoire va bouleverser celle de Klara, la protagoniste du livre.

Le format est plus classique formellement parlant, puisqu’il s’agit d’un roman à la progression donc plus linéaire que les travaux précédents. Parfois, entre deux chapitres, surgissent des interludes nerveuses, fragmentées, sortes de saillies poétiques violentes et hallucinées… jusqu’à ce que leur sens ne laisse plus de place au doute. Les chapitres sont gorgés de chansons, répertoriées en fin d’ouvrage, et la musique occupe une place centrale.

Roman initiatique à la sauce Siébert, Valentina désarçonne un peu mais c’est un nouveau cycle qui s’ouvre. On peut le lire indépendamment, mais on ratera alors quelques références. C’est presque doux (!), comparé à la fureur des « Chroniques… », mais la lecture n’en reste pas moins éprouvante. Mertvecgorod demeure un cauchemar, une horreur dont on craint de reconnaître certains contours.

Jusque dans la Terre

Premier roman de l’autrice et critique d’art irlandaise Sue Rainsford, Jusque dans la Terre faisait partie de la rentrée littéraire 2022 des Forges de Vulcain. Serait-ce une énième histoire de sorcière recluse aux marges ? Assurément pas.

Ada et son père vivent à l’écart du monde, à une époque non précisément définie, mais qu’on imagine dans une rurale première moitié de XXe siècle. On les craint autant qu’on les nécessite. On les évite autant qu’on les sollicite. Car Ada et son père guérissent les maladies. À leur manière aussi douce que brutale, si besoin avec le concours de la Terre. C’est d’ailleurs de là que vient Ada – dont le prénom et la provenance rappellent qu’adam signifie aussi « terre » en hébreu.

Le Père, qui n’est jamais autrement nommé, ne quitte jamais la maison, dit-on. Et il aimerait bien que sa fille en fasse autant. Qu’elle se concentre sur leur mission. Malgré son grand âge, elle a toujours l’apparence d’une jeune femme, son corps n’étant pas soumis à la même réglementation biologique que nous autres. Ainsi donc, un jour, se présentent des problématiques nouvelles pour le binôme, liées à ce qui pourrait sembler attendu d’une personne de sa génération.

Cet étrange duo, qui s’installait sans dépareiller dans le village des Saisons de Maurice Pons, dévoile ses talents autant que ses liens au fil des pages et des interventions auprès de leurs visiteurs. Les chapitres sont entrecoupés, façon documentaire, de témoignages de leurs patients, reflétant bien les divers dégradés de crainte ou de malaise inspirés par Ada et son père, et faisant en creux avancer l’histoire.

Une histoire, justement, un univers, que n’aurait pas reniés Claude Seignolle. Mais ici la gouaille du fameux folkloriste est remplacée par la plume épurée et mystérieuse, sautant dans le temps comme dans un jeu, de Sue Rainsford, qui signe une entrée remarquable sur la scène de nos genres. Du body horror qui tache tendrement, cadre de cette improbable relation fille-père.

Une lecture douce comme un sourire sincère, les mains plongées dans nos entrailles. Pour notre bien.

Les Enfants de Paradis

L’idée d’un éditeur vosgien se vouant à l’imaginaire ne pouvait à priori que m’être sympathique, aussi ai-je opté pour leur plus récente publication et en fus bien marri. On n’a pas tous les ans l’occasion de lire un ouvrage aussi mauvais !

Globalement, ce roman s’apparente sommairement à La Planète aux Oasis de B. R. Bruss (FN anticipation n° 419, 1970). Dans un futur moyennement éloigné, les terriens lancent un second vaisseau interstellaire militarisé, l’Antérus, vers Alpha Centauri après qu’un premier navire eut disparu. Ces opérations faisant suite à la découverte des « gandolfi », scaphandre extraterrestre hauts de trois mètres. Arrivé à destination, l’Antérus est capturé par la planète appelée Paradis qui l’enfouit dans une caverne à des kilomètres de profondeur. L’équipage va en découvrir maintes autres peuplées de toute une ribambelle d’ET amicaux capturés tout comme eux. Les Gandolfi/Aspics/Serpents s’avéreront ne pas les avoir attirés dans un piège mais appelé au secours bien qu’ils soient les plus évolués de tous. Le mystère ne sera pas résolu et l’on en restera aux supputations quant à savoir pourquoi cette planète capture des astronefs pour absorber leur énergie.

Le début du roman notamment est truffé de réflexions politiquement correctes qui sont peut-être la raison pour laquelle cet éditeur qui se proclame militant a publié ce livre au lieu d’envoyer à son auteur la circulaire de refus méritée. A titre d’exemple, l’emploi récurrent de « mâle » pour les protagonistes masculins souvent dans des considérations péjoratives alors que « femelle » n’est pas usité. Entre bien d’autres. Si des ellipses avaient été utilisées à chaque fois que cela eût été opportun, le roman se fut réduit comme une peau de chagrin. Ce sont toutefois les erreurs et contradictions dont le livre est perclus qui sont rédhibitoires à force d’accumulation. Confusion à propos des « gandolfi » sont les scaphandres aliens mais aussi un modèle de scaphandre terrien. Les deus ex machina tombent comme une pluie de parachutistes à la fin de Casino Royale (1967, avec David Niven, Peter Sellers et Ursula Andress). Le chat essayant plus ou moins de retomber sur ses pattes. Les personnages sont décrits à la file comme à une réunion d’ouverture d’un groupe des Alcooliques Anonymes mais leurs qualités et défauts ne sont pas mis en scène. Il y en a d’ailleurs bien trop pour un aussi court roman. Irina Kheraskov – dont le nom n’est pas accordé en genre comme il convient pour un nom russe – est née à Tcheliabinsk, qualifiée de petite ville, deux millions d’habitants tout de même. On la voit confirmer les ordres de McBain, commandant et personnage principal, qui s’évertue à la draguer alors qu’elle plus froide qu’un marbre funéraire et pathologiquement dénuée d’empathie… On débat d’une manœuvre déjà en cours. Notons qu’en plusieurs occasions revient le thème du sang qui serait lié aux qualités et défauts des protagonistes. La caverne où l’Antérus est naufragé est grande comme cinq terrains de foot et quelques pages plus loin, sa bordure est à cinq kilomètres dont ils envisagent de parcourir à pied le pourtour (35 km environ) en deux heures mais la Chinoise Li-Na qui est très intelligente et a un nez aquilin (de Blanc, quoi !) le fera en 40 minutes. Y a bon du marathon ! Du fait de la première expédition terrienne tout ce joli monde parle wolof, une idée plutôt sympa gâchée par le fait que toutes les phrases en wolof sont illico traduites – quand on introduit des mots étrangers dans un texte, ceux-ci doivent être implicitement compréhensibles, teufel ! Voire qu’une telle compréhension soit facultative. Arnauld Pontier étale sa culture par un vocabulaire parfois très précis et spécifique qu’il explique afin de nous éviter un recours intempestif au dictionnaire tandis que l’ensemble du roman n’est nullement rédigé dans un discours soutenu. Il nous cite les diverses ethnies de l’Ouest africain qui ont mâtiné le wolof parlé sur Paradis. Il s’étend en long, large et travers sur les différentes modalités de salut japonaise, y compris celles qui n’ont pas leur place dans le texte, histoire que le lecteur ne meurt pas trop idiot ! Dans ce roman situé dans un avenir suffisant pour que la Terre – bien que ce soit grâce aux ET qui y grouillent comme dans Men In Black (Barry Sonnenfeld, 1997) ou les « petits gris » si chers à Jimmy Guieu – soit à même d’armer un vaisseau interstellaire, on se trouve submergé de références à la culture SF actuelles, qui est certes celles de l’auteur, (Carl/Hal 2001 ; La Planète des singes ; Valerian ; Dilithium/Star Trek ; Yoda/Star Wars ; et même Les Tontons Flingueurs (G. Lautner, 1963)) mais qui sera sans doute bien oubliée dans le futur du récit. Confusion entre Don Juan et Don Quichotte bien que « dulcinée » soit devenu un substantif… Et encore, et encore… Ad Nauseam.

  1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280 281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315 316 317 318 319 320 321 322 323 324 325 326 327 328 329 330 331 332 333 334 335 336 337 338 339 340 341 342 343 344 345 346 347 348 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359 360 361 362 363 364 365 366 367 368 369 370 371 372 373 374 375 376 377 378 379 380 381 382 383 384 385 386 387 388 389 390 391 392 393 394 395 396 397 398 399 400 401 402 403 404 405 406 407 408 409 410 411 412 413 414 415 416 417 418 419 420 421 422 423 424 425 426 427 428 429 430 431 432 433 434 435 436 437 438 439 440 441 442 443 444 445 446 447 448 449 450 451 452 453 454 455 456 457 458 459 460 461 462 463 464 465 466 467 468 469 470 471 472 473 474 475 476 477 478 479 480 481 482 483 484 485 486 487 488 489 490 491 492 493 494 495 496 497 498 499 500 501 502 503 504 505 506 507 508 509 510 511 512 513 514 515 516 517 518 519 520 521 522 523 524 525 526 527 528 529 530 531 532 533 534 535 536 537 538 539 540 541 542 543 544 545 546 547 548 549 550 551 552 553 554 555 556 557 558 559 560 561 562 563 564 565 566 567 568 569 570 571 572 573 574 575 576 577 578 579 580 581 582 583 584 585 586 587 588 589 590 591 592 593 594 595 596 597 598 599 600 601 602 603 604 605 606 607 608 609 610 611 612 613 614 615 616 617 618 619 620 621 622 623 624 625 626 627 628 629 630 631 632 633 634 635 636 637 638 639 640 641 642 643 644 645 646 647 648 649 650 651 652 653 654 655 656 657 658 659 660 661 662 663 664 665 666 667 668 669 670 671 672 673 674 675 676 677 678 679 680 681 682 683 684 685 686 687 688 689 690 691 692 693 694 695 696 697 698 699 700 701 702 703 704 705 706 707 708 709 710 711 712 713 714  

Ça vient de paraître

La Maison des Soleils

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 114
PayPlug