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Les critiques de Bifrost

La lumière lointaine des étoiles

La lumière lointaine des étoiles

Laura LAM
ACTUSF
21,90 €

Bifrost n° 109

Critique parue en janvier 2023 dans Bifrost n° 109

Après Cœurs artificiels, premier volet d’un diptyque steampunk initialement paru chez Bragelonne il y a une demi-douzaine d’années, Laura Lam, autrice américaine résidant en Écosse, revient par chez nous avec La Lumière lointaine des étoiles. Terre, dans un XXIe siècle bien entamé : notre planète est moribonde, elle n’en a plus que pour trente ans à pouvoir abriter la vie telle que nous la connaissons… même si cela fait trente ans qu’on le dit. Pour Valérie Black, milliardaire visionnaire à la tête de l’entreprise Hawthorne, pas question de baisser les bras. Si les USA ont régressé socialement, écartant les femmes de la plupart des postes à responsabilités, la NASA a tout de même construit, avec l’aide de Hawthorne, un vaisseau spatial, l’Atalanta, et mis au point une propulsion autorisant un déplacement supraluminique. Ce qui tombe bien : Cavendish, une planète habitable, a été découverte à une dizaine d’années-lumière. Y implanter une colonie est du domaine du possible. Et c’est pour éviter de reproduire les mêmes erreurs que sur Terre que Valérie Black s’empare de l’Atalanta avec un équipage de quatre femmes — dont sa fille adoptive, Naomi. Exobotaniste qui a toujours rêvé d’aller dans les étoiles, Naomi a vécu dans l’ombre de sa mère et n’a jamais vraiment coupé le cordon. À mesure que l’astronef se dirige vers Mars, où se trouve l’anneau d’Alcubierre qui l’enverra vers Cavendish, les problèmes s’accumulent tant avec les systèmes de survie qu’au sein de l’équipage… et Naomi découvre bientôt non seulement qu’elle est enceinte, mais que sa mère adoptive a peut-être menti sur certains aspects cruciaux de la mission (vous savez, les omelettes, les œufs…). La question, pour Naomi et ses collègues, est de savoir jusqu’à quel point elles sont capables de suivre Valérie Black pour bâtir un monde nouveau… et meilleur, peut-être.

Faisant mine de commencer comme un space opera féministe s’attachant à corriger l’histoire des Mercury 13 (treize femmes ayant suivi des tests physiologiques identiques à ceux des astronautes de la NASA dans les années 60, mais n’ayant jamais été acceptées dans le programme spatial US), La Lumière lointaine des étoiles bifurque bientôt vers le huis clos questionnant le bien-fondé de la mission : l’enfer, les pavés, les bonnes intentions, etc. Si le premier tiers est laborieux, la suite se montre plus intéressante… moyennant quelques grosses ficelles et une bonne suspension d’incrédulité. Si, d’un côté, le discours écologiste et l’alerte face aux mouvances rétrogrades sont des plus actuels, de l’autre le récit un rien schématique et les facilités d’une intrigue peuplée de personnages falots desservent le roman. Plus actuel que la série « Lady Astronaute » de Mary Robinette Kowal, car ne cherchant pas à réécrire l’histoire et se déroulant dans notre temporalité, La Lumière lointaine des étoiles échoue à se montrer aussi pertinent. Une déception, qui a le mérite de se lire (et de s’oublier) vite.

Erwann PERCHOC

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