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Les Portes de la délivrance

Premier tome d’une nouvelle trilogie, Les Portes de la délivrance était très attendu par le lectorat de Peter F. Hamilton, car après des années passées dans l’univers du Commonwealth/du Vide ou celui, aux fondamentaux similaires, de La Grande route du Nord, l’auteur allait enfin proposer un contexte inédit. On pouvait donc espérer quelque chose de très différent, mais cet espoir est rapidement déçu, puisque ce nouvel univers utilise le même élément central, des portails permettant de voyager instantanément d’un endroit à l’autre, y compris sur des distances interstellaires. Et ce n’est que le début en matière d’exploitation d’idées déjà vues : outre le fait qu’il réutilise ses propres fondamentaux (menace extraterrestre, infiltration alien, les portails, équivalent des ombres virtuelles, importance des terroristes, personnage de l’enquêteur tenace, etc), Hamilton puise aussi lourdement chez d’autres auteurs, principalement Dan Simmons (maison aux pièces situées sur différentes planètes), Orson Scott Card (copie servile de La Stratégie Ender, mais en mode Young Adult), Arthur C. Clarke, David Brin ou Liu Cixin. En matière d’originalité, donc, c’est raté, même si ce point ne gênera pas ceux qui ne connaissent ni l’œuvre de l’auteur, ni celles des écrivains dont il s’inspire.

Le problème est que les défauts de ce roman ne s’arrêtent pas à un manque flagrant d’originalité : mêlant trois lignes narratives situées en 2204, dans le passé et au 51e siècle, le récit fait de la digression la règle et propose une structure très lourde, multipliant les modes de narration (première ou troisième personne du singulier) et les points de vue, voire les époques (les flashbacks se passent dans cinq périodes différentes, six en comptant le prologue). Ajoutons à cela une tendance au tirage à la ligne encore plus flagrante que d’habitude, le ton « jeunesse » pénible de la partie située dans le futur, sans oublier certains flashbacks manquant d’intérêt, et on obtient un roman qui multiplie les maladresses.

Toutefois, même conscient de ces faiblesses, on ne peut balayer d’un revers de main ce nouveau roman d’un des maîtres du new space opera : l’univers, même s’il n’est pas original, reste intéressant, voire parfois fascinant (notamment dans la coexistence difficile entre une culture classique majoritaire et une autre, post-pénurie, minoritaire), l’intrigue se fait plus prenante à mesure que l’on progresse, certains personnages (et les relations tissées entre eux) ou flashbacks se révèlent attachants. S’il ne s’agit ni de l’univers original attendu par ses fans, ni du meilleur des livres d’Hamilton, ce roman se révèle un honnête NSO — beaucoup s’en satisferont.

Un an et un jour

Le père de Jézabel était un homme convaincu : « Dieu a inventé les montres pour capter le temps et Il a inventé le temps pour punir les hommes. » Toute sa vie, cet ancien pasteur rigoriste et (trop) traditionnel de Haute-Savoie s’est passionné d’horlogerie, sacrifiant famille et fortune à cette passion. Aujourd’hui, le père de Jézabel est mort. Et, même s’il manquera peu à sa fille, cette dernière, qui s’était éloignée de lui, décide d’honorer la promesse qu’il lui a extorquée quand il agonisait : elle livrera à un ami joailler au salon de l’horlogerie de Québec le fruit des recherches paternelles, la montre Révélation.

Manque de chance, l’avion dans lequel elle s’est embarquée est détourné à cause d’une tempête hivernale. Obligée de se réfugier dans une ville isolée du nord des États-Unis, la jeune femme descend au Plazza, un vieil et immense hôtel autrefois luxueux. Le tarif est exorbitant, mais bon, pour une nuit… Et le cauchemar absurde commence : à son réveil, on lui annonce qu’elle est restée un an endormie, et qu’elle doit maintenant payer la note. Jézabel, prof de maths, n’a évidemment pas les moyens de régler le montant faramineux qu’on lui réclame. Elle est donc condamnée, sans autre forme de procès, à des travaux forcés au sein de l’hôtel. Maintenue prisonnière par un bracelet électronique de cheville, elle commencera sa peine comme femme de ménage dans les étages les plus hauts, et devra faire ses preuves tous les jours pour évoluer au sein de la hiérarchie des autres détenues, et ainsi descendre et se rapprocher de la porte de sortie. Quant à la montre, qui serait finalement sans valeur financière, elle a été réquisitionnée par l’une des directrices du personnel qui tente en vain de percer un mystère qu’elle devine…

L’idée de départ était plus qu’accrocheuse. Malheureusement, ce court roman n’est pas sans rappeler un grand bazar que croque-rait à la va-vite John Irving, avant que ne l’adapte un Wes Anderson d’humeur pour une fois sombre et je-m’en-foutiste, s’inspirant pour l’occasion d’un brin de Terry Gilliam mal réveillé un lendemain de cuite. C’est peut-être alléchant pour certains, mais la recette ne prend pas à toutes les cuissons… Dès les premières pages manquent ce grain de folie qui épice la sauce et fait qu’on en redemande, ce petit goût d’absurde dangereux qui rend accro. Le récit erre souvent sans but, sans héroïne et sans repère. Quel dommage que cette femme perdue et dupée n’ait de biblique que son prénom, qui promettait pourtant une belle allégorie quand on l’associait à la montre au nom apocalyptique ! On aimerait secouer un peu Jézabel pour la débarrasser de sa naïveté ; on se surprend à simplement ne pas l’aimer, faute de la détester, car en perdant sa liberté, elle semble aussi avoir perdu toute profondeur. Qu’elle choisisse de ne garder que le diminutif de Jazz en abandonnant peu à peu son identité est peut-être révélateur : et si toute cette histoire n’était qu’une variation improvisée sur des motifs connus ? La mélodie étrange, déconstruite et discordante d’un rêve flou ? Cela expliquerait les déséquilibres du récit, l’absence de consistance de certains personnages face à l’abondance de détails pour d’autres, cet air vaguement classique d’un système carcéral tyrannique opposé à un doute final sur la réalité des événements narrés, une recherche de sens psychanalytique… Mais l’heure tourne vite, les pages sont peu nombreuses, et la musique sans surprise se perd dans les questions laissées sans réponse, ne laissant qu’une envie : celle de remonter le temps pour rêver encore aux promesses de ce roman.

Une plaquette pour Terra Ignota

Ce n'est pas tous les mois que l'on fait ça : une plaquette à destination des représentants de commerce, dont le but est de propager la bonne parole auprès des libraires. Découvrez sur le forum la plaquette pour Trop semblable à l'éclair, premier volume de la tétralogie Terra Ignota (sortie le 24/10) avec les superbes couvertures de Victor Mosquera et une brève interview d'Ada Palmer par son impeccable traductrice, Michelle Charrier.

“Le Triomphe” chez Lorhkan

« Avec toujours Pierre-Paul Durastanti à la traduction et surtout une œuvre d’art de toute beauté de Philippe Gady pour la couverture, ce quatrième tome des aventures du géant roux continue à nous donner une bonne dose de sense of wonder à l’ancienne, bardé de multiples rebondissements, avec avalanche de noblesse d’âme, de courage et d’amitié. Un cocktail qui fonctionne toujours, presque 80 ans après sa parution, pour un peu que le lecteur ait gardé une âme d’enfant. » Lorhkan et les mauvais genres

Le Monde de Satan : en librairie

Quatrième volet de la Hanse galactique, Le Monde de Satan de Poul Anderson (trad. Jean-Daniel Brèque) est dès à présent disponible, en papier comme en numérique, dans toutes les bonnes librairies du système solaire.

Abimagique : la couverture

Découvrez la couverture, signée Aurélien Police, de Abimagique ! Cette novella signe le retour de Lucius Shepard (trad. Jean-Daniel Brèque) dans la collection Une Heure-Lumière. Sortie le 29 août.

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