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Les critiques de Bifrost

Une Cité en flammes

Une Cité en flammes

Clément BOUHELIER
CRITIC
550pp - 24,00 €

Bifrost n° 100

Critique parue en octobre 2020 dans Bifrost n° 100

Les remerciements d’Une cité en flammes nous apprennent qu’Olangar – Bans et barricades, lisible comme un roman isolé, avait été envisagé comme tel avant que son succès critique ne rende l’écriture d’une suite incontournable. Mieux encore, la fin de ce tome 2 montre sans conteste qu’un troisième tome est prévu.

Ce roman garde toutes les qualités de son prédécesseur (intrigue intéressante, personnages bien construits et attachants, monde original – et qui continue à s’étoffer –, style agréable, fluide et immersif) tout en atténuant les points de crispation pour certains types de lecteurs, comme la longueur (contrairement au tome 1, il ne compte qu’un seul volume, et les scènes dispensables ont été évacuées pour ne laisser que les plus significatives, à quelques exceptions près, telle cette histoire d’amour qui ne s’imposait sans doute pas) et surtout le côté militant : si Une cité en flammes reste un livre engagé, il sera plus digeste pour les lecteurs ne partageant pas les convictions de l’auteur. Le combat syndical incarné par les nains d’Olangar reste présent, et est même épaulé par les avancées (écoles, dispensaires, protection sociale, etc.) qu’Evyna met en place dans sa province, mais il est moins mis en avant que dans Bans et barricades. L’aspect enquête est toujours là, surtout dans la première moitié du livre, où plusieurs personnages du tome 1 cherchent à déterminer l’origine d’événements étranges : le recrutement massif de mercenaires orcs par un humain (ces races étant ennemies), des attentats incendiaires, la pollution génératrice de maladie et de mort frappant le fleuve traversant les territoires elfes. Et tous voient leurs pistes converger vers le même endroit : la zone économique franche de Lorkhil, une de ces enclaves de non-droit (du travail) où le gouvernement a laissé carte blanche aux corporations et aux banques (exemptées de taxes) dans le but de faire baisser à tout prix un chômage endémique. Dans la seconde moitié, un aspect militaire qu’on n’attendait pas forcément dans un cycle aussi engagé à gauche occupe le devant de la scène, conjugué à une thématique géostratégique et coloniale intéressante. Les scènes d’action sont convaincantes, le rythme bien géré, le scénario ménage son lot de surprises, et la longue fin est très réussie, dans un genre « Et si le cauchemar politique de certains se réalisait ? » que ne renierait pas Houellebecq.

Si Bans et barricades était un solide roman d’une forme novatrice de fantasy post-médiévale et engagée sur les thématiques sociales et écologiques, sa suite se révèle plus réussie encore, car plus dense, plus nerveuse et avec un meilleur équilibre entre les aspects militants et les autres. Plus aucune raison, en somme, de s’en dispenser !

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