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Les critiques de Bifrost

Time Salvager

Time Salvager

Wesley CHU
FLEUVE NOIR
528pp - 22,90 €

Bifrost n° 105

Critique parue en janvier 2022 dans Bifrost n° 105

Au XXVIe siècle, l’humanité a beau avoir colonisé la majeure partie du Système solaire, il lui faut faire face à un inexorable déclin la conduisant à moyen terme vers l’extinction pure et simple. La Terre, en particulier, est dans un état désastreux, une « abomination toxique » où survit tant bien que mal la majorité de la population dans les ruines laissées par les guerres des siècles précédents, tandis qu’une minorité de privilégiés bénéficie du confort de zones urbaines sécurisées. Malgré son état lamentable, la Terre joue néanmoins un rôle essentiel puis­que c’est de là que s’élancent vers le passé les Chronmen, les voyageurs temporels chargés de prélever dans les époques anté­rieures tout ce dont manque la société actuelle, à commencer par ses sources d’énergie. Un métier dangereux où l’on ne fait généralement pas de vieux os, tant en raison du profil psychologique de ces agents que des missions qu’on leur confie, lesquelles devront être menées à bien sans enfreindre les Lois Temporelles. C’est pourtant ce que fait le meilleur d’entre eux, James Griffin-Mars, lorsqu’il ramène avec lui, sur un coup de tête, une femme du XXIe siècle condamnée à une mort certaine. Ensemble, ils vont devoir échapper aux au­torités lancées à leurs trousses tout en mettant à jour un complot concernant l’avenir de l’es­pèce humaine.

Premier tome d’une trilogie dont on attend la conclusion de­puis 2016, Time Salvager est le genre de roman qu’on lit jus­qu’au bout tout en grinçant des dents. Qu’il s’agisse du style, des personnages ou des dialogues, Wesley Chu accumule les clichés à longueur de pages. L’idée de cette humanité future n’ayant d’autre solution que de piller son propre passé pour assurer sa survie est certes intéressante, mais tout cela reste trop superficiel et n’offre qu’un décor vaguement original aux multiples scènes d’action et autres courses-poursuites qui parsèment le récit. Le romancier, en faiseur opportuniste, semble moins s’adresser à son lectorat qu’aux producteurs de blockbusters hollywoodiens tant Time Salvager se plie avec complaisance à tous les critères du genre. Un projet d’adaptation a d’ailleurs été un temps d’actualité, avec Michael Bay aux commandes, lequel, reconnais­sons-le sans mal, aurait été parfaitement à sa place pour trans­poser à l’écran ce show pyrotechnique aussi spectaculaire que vain.

Comme son héros, Wesley Chu se contente de piocher dans l’histoire de la science-fiction (cinématographique plus que littéraire) de quoi bricoler son roman, sans jamais parvenir à offrir quoi que ce soit de neuf ou d’enthousiasmant, sur la forme comme sur le fond. S’il s’agit là de l’avenir de la SF, mieux vaut la déclarer morte tout de suite.

Thomas DAY

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