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Les critiques de Bifrost

Techno faerie

Techno faerie

Sara DOKE
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
370pp - 21,00 €

Bifrost n° 83

Critique parue en juillet 2016 dans Bifrost n° 83

Avec sa belle couverture entremêlant le lierre et les câbles, le livre se présente au lecteur comme un grimoire mystérieux, sans visage mais pas sans âme. Techno Faerie est divisé en deux parties. La première propose des histoires et des personnages, l’autre déplie toute une galerie d’illustrations accompagnées de fiches – différents types de fées, anciennes ou nouvelles, remises au goût du jour ou inventées par Sara Doke.

Auteure et traductrice, présidente du prix littéraire Julia Verlanger, Sara Doke nous vient de Belgique et compte à son actif de nombreuses nouvelles. Techno Faerie perpétue une œuvre multiforme et sincère ayant toujours eu des racines dans les légendes et des branches tournées vers l’avenir.

Passé cette première originalité, on rentre dans le livre non sans quelques questions : s’agit-il d’un roman, d’un guide touristique, d’un compte-rendu de promenade sous hypnose dans les jardins de la fée Morgane ? Le mystère s’éclaircit à mesure qu’on progresse dans sa lecture. L’histoire commence par un monologue. Le ton est direct et frais. Il laisse planer le doute et donne envie de continuer. L’aventure change de style et de ton dans le deuxième chapitre, qui raconte une fugue de jeunes Goonies. Du monde féérique, ils décident de partir à la découverte de notre bon vieux quotidien de macadam et de vilains lampadaires. Viennent les troisième et quatrième chapitres, et à chaque fois style et forme changent : articles de journaux, interviews, lettres, nouvelles, l’auteure varie les plaisirs tout en gardant un fil directeur.

Ce fil, composé de sève et de jus électrique, d’écorce et d’octets, raconte l’invasion de notre monde par les fées qui, après de longues années recluses dans leurs forêts, décident de venir nous chatouiller les doigts de pieds. Sous le vernis de l’aventure se cachent ainsi d’éminentes questions et de fulgurantes envolées.

L’influence d’André-François Ruaud (éditeur aux Moutons électriques) pour la classification et la passion de Pierre Dubois (docteur en elficologie…) se ressentent, sans trop dévorer d’espace pour autant. Le jeu de rôle Changelin (White Wolf Publishing) est peut-être aussi de la partie. Ce livre est un cabinet de curiosités qui se serait fait envahir par une salle informatique. Un reproche, toutefois : sa trop large étendue. Ainsi, l’histoire se perd parfois dans les explications au détriment de l’intensité. Sans oublier le décalage, qui, s’il fait l’originalité de l’œuvre, peut dérouter.

Terminons sur une note fleurie et saluons les illustrations venues de tous les horizons : de Philippe Caza à David Calvo (si si !). Féru d’aventures trépidantes et de narration TGV, passez votre chemin : il convient d’avoir le temps de laisser pousser ses pensées pour goûter semblable ouvrage.

Antoine DELAHAYE

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