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Les critiques de Bifrost

Luna : Lune montante

Luna : Lune montante

Ian MCDONALD
DENOËL
22,90 €

Bifrost n° 98

Critique parue en mai 2020 dans Bifrost n° 98

La guerre entre les Corta et les Mackenzie a profondément déstabilisé l’équilibre des forces sur la Lune. Lune montante voit s’imposer de nouveaux acteurs dans le jeu tandis que les anciens fauves, tués ou blessés, cèdent progressivement la place. Alexia Corta, venue du Brésil à la demande d’un Lucas Corta ayant accédé au rang d’Aigle de la Lune, devient sa Main de Fer assurant la reconquête : l’allégeance à la famille est le leitmotiv qui court tout au long du roman. Le lecteur découvre à travers ses yeux les mœurs complexes de la Lune et les conditions très dures des défavorisés, qui surveillent sur leur rétine la disponibilité des Quatre Fondamentaux calculés en temps réel, l’air, l’eau, le carbone et les données, garants de leur survie.

Les autres Dragons cherchent à asseoir leur position tandis que la Terre, en embuscade, attend le moment propice pour s’approprier les ressources lunaires au moyen d’un accord retors. Chaque faction nourrit une vision d’avenir pour la Lune : les Sun visent l’abondance économique, forte d’un ambitieux programme énergétique nécessitant une entente avec les Vorontsov, qui maîtrisent les vols spatiaux, lesquels découvrent que Duncan Mackenzie, maître des hauts-fourneaux, vise moins les échanges commerciaux avec la Terre, obsolète à ses yeux, qu’un affranchissement de toute tutelle. De leur côté, les Asamoah, les jardiniers de la Lune, rêvent d’une terraformation qui permettrait de vivre à sa surface…

Le roman n’est pas exempt de longueurs tandis que les alliances, les complots et les trahisons se multiplient. Paradoxalement, des pans du récit sont insuffisamment développés : il n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans la succession de scènes brossées à grands traits, denses et trop brèves, aux descriptions sommaires et au style lapidaire, quasi télégraphique. Le saucissonnage des séquences qui saute d’un temps fort, parfois artificiellement créé, à un autre, est manifestement adopté pour convenir à l’adaptation télévisuelle en cours. Il est évident que le récit souffre de ces contraintes. Le dernier tiers se révèle cependant tout à fait passionnant avec un spectaculaire jugement de la cour de Clavius, qui réserve son lot de coups de théâtre.

On précisera enfin que si la trilogie se conclut brillamment, l’exploration de cet univers très original n’est pas achevé pour autant puisque vient de paraître The Menace from Farside, qui explore, dans un registre adolescent, une autre facette de la société, loin des rivalités politiques de « Luna ».

Claude ECKEN

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