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Les critiques de Bifrost

Lord Cochrane vs L'Ordre des catacombes

Lord Cochrane vs L'Ordre des catacombes

Gilberto VILLARROEL
AUX FORGES DE VULCAIN
480pp - 20,00 €

Bifrost n° 102

Critique parue en avril 2021 dans Bifrost n° 102

Narrée par Gilberto Villarroel, la première aventure de Lord Cochrane, marin anglais ayant réellement existé, nous présentait ce dernier confronté à l’armée française qu’il assiégeait à Fort Boyard… avant d’y rencontrer les frères Champollion afin d’examiner des éléments archéologiques sur ordre express de Naopléon. Français et Anglais avaient alors fait cause commune face à de terrifiantes créatures, dont la plus exceptionnelle d’entre elles, l’indicible Cthulhu tapi dans une R’lyeh sous-marine située non loin du fort… (Cf. notre critique peu convaincue dans le Bifrost 99.)

À la fin de cette aventure, Lord Cochrane partait en Amérique du Sud afin de participer aux guerres d’indépendance de plusieurs pays. Désormais banni de l’armée anglaise, il revient ici à Paris pour y retrouver Champollion ; en effet, il se murmure qu’un témoignage de première main pourrait bien accréditer la thèse de l’existence de R’lyeh, et donc les affirmations de Cochrane, et ainsi redorer son blason terni par ce que beaucoup prennent pour des affabulations. D’autant que la source de ce témoignage est d’une fiabilité exemplaire : rien de moins que l’empereur César lui-même ! Qui aurait lui aussi, en son temps, croisé la route de Cthulhu et consigné les faits dans l’un des carnets de la Guerre des Gaules. Toutefois, il semble que d’autres personnes aient un intérêt à retrouver ce fameux carnet porté disparu ; l’aîné des Champollion est kidnappé, puis Cochrane se retrouve la cible de plusieurs tentatives d’embuscade. À la tête de ces assassinats ratés : le cardinal de Paris, rien que ça ! Qui dirige d’une main de maître, vicieuse en diable, le fameux mais nébuleux Ordre des Catacombes…

Après l’unité de lieu du décor iconique de Fort Boyard dans Cochrane vs. Cthulhu, Villarroel change de braquet, proposant une histoire qui prend son essor à Paris, où l’on arpente cimetières, parvis de Notre-Dame et catacombes, avant de prendre la route pour Niort, Poitiers, La Rochelle et enfin l’île d’Aix. Le mélange d’histoire réelle et de surnaturel est un cocktail une nouvelle fois détonant, même si la première partie se concentre davantage sur l’aspect historique, mâtinée d’histoire secrète et de secte impie sans pitié. Trépidant, ce roman se révèle toutefois moins percutant que le premier tome  ; la faute, peut-être, à l’abandon du huis-clos, qui concentrait les enjeux, au profit de paysages plus ouverts qui affadissent le propos ? À moins qu’il ne faille incriminer une accumulation d’événements redoutables un rien too much, et ce d’autant que Cochrane, à l’instar d’un James Bond du début du xixe siècle, s’en tire toujours ? Restent malgré tout une lecture toujours énergique et jamais idiote, notamment au travers des extraits de la Guerre des Gaules rythmant l’ouvrage, une galerie de personnages hauts en couleur, sans oublier, bien sûr, les allusions répétées au panthéon lovecraftien. C’est aussi l’occasion pour Villaroel d’ancrer son roman dans un terreau historique qu’on devine travaillé, impression confirmée dans une postface instructive. Et de nous informer que Lord Cochrane reviendra, puisqu’il s’agit là d’une tétralogie ; le prochain tome se déroulera du reste en Amérique du Sud. Villaroel étant chilien (il habite en France depuis 2014), nul doute qu’il saura une nouvelle fois marier l’histoire locale avec des éléments plus fantasmatiques dans un combiné explosif…

Bruno PARA

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