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Les critiques de Bifrost

Cochrane vs Cthulhu

Cochrane vs Cthulhu

Gilberto VILLARROEL
AUX FORGES DE VULCAIN
400pp - 20,00 €

Bifrost n° 99

Critique parue en août 2020 dans Bifrost n° 99

Quel rapport y a-t-il entre le fort Boyard et Champollion ? Que se passerait-il si le marin le plus ingénieux de la marine britannique après l’amiral Nelson s’alliait à son ennemi naturel : la Garde impériale napoléonienne ? Quel adversaire commun pourrait réunir tous ces personnages  ? Si ce n’est le Grand Ancien du titre miraculeusement téléporté en Charente-Maritime. À partir de ce qui pourrait servir d’ingrédient à un pari oulipesque ou à une partie de Kamoulox géante, Gilberto Villarroel dresse avec Cochrane vs Cthulhu une fresque maritime épique. Ici, le fort Boyard et la baie qui l’entoure n’ont rien à voir avec une émission de TV estivale. Flambant neuf et armé de tous côtés de son sous-sol jusqu’à son sommet, le fort protège les lieux, mais surtout un mystérieux artefact. Une nuit, plusieurs événements se produisent en même temps. Les frères Champollion et un commissaire politique arrivent, mandatés par l’Empereur pour percer le mystère de l’objet. Et Lord Cochrane, marin écossais soi-disant en disgrâce, se laisse capturer pour passer la nuit dans le fort, tandis que des êtres étranges venus de la mer lui donnent l’assaut.

D’une certaine façon, Cochrane vs Cthulhu réussit son pari. Gilberto Villarroel parvient à mêler roman militaire historique et horreur lovecraftienne en faisant, comme il se doit, monter l’angoisse et la terreur de façon insidieuse jusqu’à l’explosion finale. Les amateurs des deux genres devraient donc être ravis et y trouver leur compte. Et pourtant, le roman n’échappe pas à certains défauts qui ont plusieurs fois agacé l’autrice de ces lignes et l’ont sortie de sa lecture. Ainsi Gilberto Villarroel porte une trop grande attention aux détails maritimes ou à l’armement au détriment de l’action. Nul n’a besoin d’avoir un descriptif détaillé sur plusieurs lignes des fusils napoléoniens en pleine bataille ! Le tout se fait au détriment de la profondeur des personnages. Que ce soit le capitaine Eonet qui nous sert de compagnon d’un bout à l’autre du roman, de ses seconds, des frères Champollion ou de Lord Cochrane lui-même, ils sont tous décrits d’un bloc, sans réelle zone d’ombre ou de profondeur, mais plutôt à la manière des personnages de théâtre de boulevard que le public doit pouvoir identifier et classer dès la première réplique. De plus, tout au long du livre, l’auteur revient sur des événements qui se sont déjà passés dans l’histoire. Cela, sans les présenter sous un angle différent, mais comme s’il avait peur que le lecteur oublie ce qu’il s’était passé quelques chapitres plus haut. Le processus rend la lecture du livre aussi laborieuse que si le lecteur avait affronté les tempêtes océaniques et Cthulhu pleinement réveillé aux côtés des personnages.

Stéphanie CHAPTAL

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