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Les critiques de Bifrost

L'Opium du ciel

L'Opium du ciel

Jean-Noël ORENGO
GRASSET
19,00 €

Bifrost n° 87

Critique parue en juillet 2017 dans Bifrost n° 87

Un drone qui a acquis la conscience survole le monde, il raconte ses souvenirs, il nous parle de ses « parents » archéologues, du monde d’hier, d’aujourd’hui, d’après-demain, du Necronomicon, de Daech, de ces temps anciens où Dieu était une femme, de ce « campement » dans le désert du Proche Orient où (re)vivent des chercheurs iconoclastes et des libres-penseurs comme Jacques Bergier (1912-1978) et Louis Pauwels (1920-1997). Il nous explique pourquoi il s’appelle Jérusalem (aucun rapport avec Transmetropolitan de Warren Ellis, malheureusement).

Jean-Noël Orengo s’est fait connaître avec son premier roman, La Fleur du capital, Prix Sade et Prix de Flore (entre autres), œuvre colossale où il mettait en scène Pattaya (Thaïlande), la capitale mondiale de la prostitution. L’Opium du ciel est une errance, une suite de divagations (parfois érudites, parfois priapiques), au style trop souvent éreintant. Si on frôle le meilleur de la littérature de genre (sans y plonger), on patauge bien davantage dans le pire de la littérature parisienne (l’apparition surréaliste, gratuite, de Philippe Sollers à Venise, un casque Beats sur les oreilles). Il y a du Houellebecq chez Orengo, mais Houellebecq est définitivement meilleur en terme d’intrigue, de dramaturgie, de progression narrative et de mise en scène (de plus, Houellebecq possède un humour à spectre large, du trivial au génial, qu’on retrouve nettement moins chez Orengo). Bien avant la parution de La Fleur du capital, Houellebecq avait écrit et publié Plate-forme, avec le retentissement que l’on sait. L’Opium du ciel, errances, divagations, ne séduit guère, malgré quelques fulgurances (notamment sur H. P. Lovecraft, ce qui, une fois de plus, nous ramène à Houellebecq).

À l’heure où le thème de l’émergence d’une conscience informatique est plus que jamais à la mode, Orengo rate cette cible. Par conséquent, on peut se passer sans mal de ce petit roman. En Bifrosty, on lui préférera (et de loin) les ouvrages de Greg Egan, Ken Liu et Vernor Vinge.

Thomas DAY

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