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Les critiques de Bifrost

L'Homme le plus doué du monde

L'Homme le plus doué du monde

Edward Page MITCHELL
FRANCISCOPOLIS
96pp - 9,00 €

Bifrost n° 74

Critique parue en avril 2014 dans Bifrost n° 74

En 1874, alors que Babbage est déjà mort avant de pouvoir donner vie à sa machine à différences, Edward Page Mitchell imagine ce qui sera le premier cyborg de la littérature dans « L’Homme le plus doué du monde ». Cet auteur écrira aussi sur une machine à voyager dans le temps (« The Clock That Went Backward », 1881), et sur un homme invisible (« The Cristal Man », 1881 également) avant même que Wells ne rende populaire les deux. Inutile donc de souligner à quel point nous sommes en présence d’un visionnaire.

Tout commence à Baden, lieu de villégiature visité par Fisher, un ami du narrateur. Suite à un malentendu, on prend celui-ci pour un médecin et on le mène auprès d’un baron russe qui éveillera sa curiosité… Et c’est déjà là qu’il faut arrêter la description de cette courte nouvelle dont il reste peu à découvrir quand on nous annonce d’emblée qu’il y sera question d’intelligence artificielle.

Pour tout dire, ce récit met quelque temps à démarrer et peine à captiver l’attention du lecteur, même si sa brièveté permet de ne pas trop lui tenir rigueur de son aridité. Cependant, ce n’est pas pour ses qualités littéraires qu’il nous intéressera, mais bien pour son rôle dans la construction des thématiques de base de la science-fiction ; d’où le caractère assez indispensable de sa lecture pour le curieux souhaitant revenir aux sources de la figure de l’homme-machine et des préoccupations philosophiques que son existence peut poser.

Toutefois, la dimension fondatrice du texte qu’il propose n’est pas le seul atout de ce tout petit livre particulièrement soigné. Sous une couverture veloutée se cachent également un portfolio de photos en rapport avec le thème de la nouvelle, ainsi qu’une postface rédigée par le traducteur, Jean-Noël Lafargue. Dommage qu’une attention similaire n’ait pas été portée au texte même, qui comporte un peu trop de coquilles pour qu’on puisse passer dessus sans ciller…

Au final, voici un récit certes moyen mais précurseur, et, de ce fait, assurément fréquentable pour qui s’intéresse à l’histoire de la science-fiction.

Sophie CORRADINI

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