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Les critiques de Bifrost

L'Abîme au-delà des rêves

L'Abîme au-delà des rêves

Peter F. HAMILTON
BRAGELONNE
576pp - 25,00 €

Bifrost n° 82

Critique parue en avril 2016 dans Bifrost n° 82

Démarrage sur les chapeaux de roue pour ce nouvel ouvrage de Peter F. Hamilton : Laura Brandt est réveillée en urgence. Le Vermillion, l’un des vaisseaux en route pour une lointaine mission, s’est perdu, avalé par le Vide. Seule chance pour l’équipage : tenter de se poser sur une planète aux caractéristiques favorables. Mais il faudra également explorer une forêt spatiale aux propriétés surprenantes, histoire peut-être de comprendre ce qui leur est arrivé.

Dans la deuxième partie du roman, Nigel Sheldon, bien connu des lecteurs de Peter F. Hamilton, est chargé d’une mission phénoménale : pénétrer le Vide afin d’y découvrir ce qui a pu advenir de ces vaisseaux disparus depuis des centaines d’années.

Enfin, dans la troisième partie, la plus longue, Peter F. Hamilton nous conduit sur Bienvenido, planète sise dans le Vide, dont la société doit affronter une menace continue et terrible : les Fallers. Des œufs noirs tombent du ciel et cherchent à attirer des humains afin de les absorber et prendre leurs places. Le jeune Slvasta a perdu un bras lors d’une rencontre avec cet ennemi venu de la Forêt dans l’espace. Cette aventure lui a amené la gloire et l’a placé en situation de changer la destinée de son peuple. Mais Nigel Sheldon va venir mettre son grain de sel dans ses plans.

Avertissement à ceux qui n’ont pas encore lu « La Trilogie du Vide » : vous pouvez attaquer L’Abîme au-delà des rêves sans aucun souci, car l’auteur y donne tous les détails nécessaires à la bonne compréhension de cet univers et du Vide. Revers de la médaille : il y apporte aussi des informations et des réponses que vous préférerez ignorer si vous avez l’intention (et le courage) de vous plonger dans la trilogie initiale.

Abandonnant le thriller et les expéditions militaires, Peter F. Hamilton fait un retour gagnant dans son genre de prédilection avec « Les Naufragés du Commonwealth », dont le deuxième et dernier tome est annoncé en VO pour la fin de l’année. Ce qui signifie, en passant, que cet auteur parvient enfin à faire plus court (enfin, tout est relatif : 646 pages aux lignes bien remplies pour le premier opus du diptyque annoncé). Et c’est tant mieux. Le rythme y gagne en vigueur et en tempo. L’Abîme au-delà des rêves mêle avec réussite aventures spatiales et révolution ouvrière. En effet, les deux premières parties sont du pur space opera, avec ses races extraterrestres (alliées ou ennemies), ses technologies de pointe (voyage spatial, mais aussi clonage) et ses rapports de force fluctuants. Mais l’essentiel de l’ouvrage prend place sur Bienvenido, gouvernée par un monarque peu ouvert au dialogue social, le Capitaine. Sans parler d’Aothori, le Second, son fils sadique aux mœurs perverses. Face aux inégalités et à l’immobilisme, Slvasta va se retrouver, presque malgré lui, au centre d’une révolution digne de ses homologues français ou russe.

Pour narrer ces aventures, le ton est tour à tour sérieux ou léger, selon que l’on suit Slvasta, jeune homme tragique et habité par une obsession depuis la perte de son bras, ou Nigel Sheldon, dandy détaché de tout – en apparence –, sûr d’avoir tout vu, tout vécu. L’équilibre est habilement trouvé et l’on attend les rares rencontres des deux personnages avec gourmandise. Tout cela transforme L’Abîme au-delà des rêves en véritable page-turner qu’on se prend à regretter d’avoir déjà lu, sachant que la suite n’arrivera pas en France avant 2017. Monde cruel !

Raphaël GAUDIN

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