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Les critiques de Bifrost

Dark Run

Dark Run

Mike BROOKS
FLEUVE NOIR
21,90 €

Bifrost n° 96

Critique parue en octobre 2019 dans Bifrost n° 96

Voici un livre choisi par l’autrice de ces lignes uniquement sur sa couverture (1), signée par le vétéran John Harris : un cube perdu dans l’espace, ou peut-être un océan, et un minuscule vaisseau planant au-dessus. Avant même de retourner l’ouvrage pour en lire le résumé, le lecteur ou la lectrice en espère quelques pages d’« Évasion », comptant sur Dark Run pour plonger la tête dans les étoiles et s’échapper de la réalité. Et vous aurez parfaitement raison. Le résumé continue sur la lancée, en promettant une équipe de chasseurs de primes peu à peu rattrapés par le passé mystérieux de certains d’entre eux.

Affirmons-le d’emblée : ni la 1re de couverture ni sa 4e ne mentent. Si vous souhaitez un space opera qui cherche à vous faire réfléchir sur la condition humaine ou l’évolution de la technologie dans la galaxie, passez votre chemin. Ici, on vous vend de l’action, de la sueur, du sang et de la poudre. Rien de plus, rien de moins, mais le plat est joliment préparé et parfaitement assaisonné. Les saveurs y mêlent le classicisme de toute bonne histoire de pirate avec des touches plus exotiques. On y retrouvera un capitaine charmeur cachant un sombre passé, une seconde implacable et d’une droiture affolante, une pilote casse-cou, un guerrier effrayant – mais avec un cœur en or – et une novice petite-bourgeoise s’encanaillant dans les bas-fonds. Le tout saupoudré d’une couche cyberpunk lourde de prothèses, de tatouages mouvants et de bidouille informatique bien menée. Sans oublier une modernisation bienvenue du genre, avec une galerie de personnages très diversifiée sans surreprésentation du monde anglo-saxon.

Certes, Dark Run prend son temps pour s’installer et présenter ses personnages. Mais dès la situation mise en place, le rythme s’accélère. L’action court aux quatre coins de la galaxie, en passant par l’espace aérien franco-espagnol et notre bonne vieille Terre, alterne entre courses-poursuites, motorisées ou non, fusillades et embuscades, actes de piraterie ou escroquerie de haute volée. Certains personnages, dont L’Homme qui rit ou les jumeaux, sont sous-exploités et trop peu mis en valeur. Mike Brooks les garde-t-il en réserve pour les prochains épisodes de la série ? C’est une possibilité, sur le compte de laquelle on mettre aussi la fin abrupte de Dark Run, à laquelle il ne manque qu’un « À suivre… » ou un « Dans notre prochain épisode… », tellement l’envie de donner une suite aux aventures de l’équipage du Keiko est palpable chez l’auteur. D’ailleurs, deux autres romans sont déjà sortis en version originale. Le lecteur voudra-t-il les lire ? Pour ma part, ce sera oui. À la façon dont on retrouve un blockbuster estival au cinéma, avec pop corn et cerveau sur les genoux. Pour quelques heures…

(1). Présentée dans la revue papier dans sa version anglaise, celle de l’édition française étant affublée d’un bandeau jaune à l’accroche si grotesque qu’il nous a semblé préférable de vous l’épargner. [NdRC]

Stéphanie CHAPTAL

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