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Les critiques de Bifrost

Après la chute

Après la chute

Nancy KRESS
ACTUSF
264pp - 18,00 €

Bifrost n° 77

Critique parue en janvier 2015 dans Bifrost n° 77

Après la chute est un court roman de Nancy Kress couronné par les prix Nebula et Locus dans la catégorie novella. Ce texte ambitieux se divise en trois lignes narratives alternées, le classique couple plot-counterplot auquel s’ajoute une partie hard-SF qui correspond à « pendant la chute ». Intéressons-nous à chacune de ces lignes narratives.

Avant la chute (2013) : une mathématicienne enceinte aide la police à tenter de mettre fin à une série de kidnappings et de vols, liés les uns aux autres. Des événements étranges car les criminels, dont un garçon décrit comme difforme, disparaissent — « pouf ! » — dans une grande marée de lumière, une fois leurs méfaits accomplis.

Pendant la chute (2014) : est la partie hard-SF du court roman, aride et pourtant la plus intéressante des trois, on y suit des bactéries qui prolifèrent, des mitoses. Et diverses anomalies biologiques…

Après la chute (2035) : nous présente un petit groupe de survivants humains déformés par… (Ou là là, le grand secret !) Des survivants qui, depuis leur Abri, récupèrent en 2013, grâce à une technologie extraterrestre, des enfants et du ravitaillement. Cette technologie c’est la Soustraction, qui leur permet des sauts dans le passé d’une durée de dix minutes, terriblement courts quand on doit commettre un crime fédéral. Sauf qu’en 2035, il n’y a plus de FBI…

Le sentiment qui domine la lecture de ce court roman est la déception (et même, parfois, la consternation), sentiment évidemment amplifié par ce qu’on est tenté d’attendre d’un texte de Nancy Kress multi-primé. Il n’y a quasiment aucun suspens, surtout si on a lu Spin de Robert Charles Wilson ; mais là où Wilson est terriblement humaniste et mélancolique, Kress est aussi didactique que moralisatrice (« la pollution, c’est vraiment pas bien » ; ah bon, m’dame, on n’aurait jamais deviné tout seul). La partie enquête à la Numbers, en sus d’être tendue comme un string XXL sur le cul osseux d’une top-model anorexique, devient évidemment — vous pensez bien, une mathématicienne enceinte d’un policier marié — une ligne narrative surtout sentimentale. Le style est infect (à moins que ça ne soit la traduction française) : il y a de gros gros problèmes de niveaux de langue qui vous expulsent régulièrement de la lecture ; chaque fois que l’auteure essaye un tant soit peu d’écrire (c’est-à-dire de produire une prose tenue), cette tentative avorte lamentablement trois lignes plus loin. Tout cela rend l’ouvrage très pénible à lire ; mais peut-être plaira-t-il à des lecteurs qui ont peu ou pas de culture SF et ne verront pas au fil des pages d’Après la chute du sous-Wilson ou du sous-McAuley…

Thomas DAY

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