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Les critiques de Bifrost

Simulacres martiens

Simulacres martiens

Eric BROWN
LE BÉLIAL'
136pp - 9,90 €

Bifrost n° 106

Critique parue en avril 2022 dans Bifrost n° 106

Tout comme Stephen Baxter a écrit une suite (Les Vaisseaux du temps) à La Machine à explorer le temps de H.G. Wells, Eric Brown a choisi de rayer le mot « fin » et d’imaginer ce qui se serait passé si une deuxième vague de Martiens avait débarqué après les événements contés dans La Guerre des mondes. Des Martiens cette fois vaccinés contre les virus terriens, expliquant que leurs prédécesseurs émanaient d’un régime dictatorial et impérialiste qu’ils viennent de renverser, qu’ils sont venus en paix et souhaitent gratifier les humains de leur technologie supérieure. Pourtant, force est de constater que le rapport entre les deux races est celui de suzerain bienveillant à féal satisfait de l’amélioration de ses conditions de vie…

Brown, qui ne s’arrête pas en si bon chemin, recycle aussi les trois héros emblématiques d’Arthur Conan Doyle, mettant en scène Watson (le narrateur), Holmes et son antithèse, le professeur Challenger (on remarquera aussi un clin d’œil de l’auteur à son quasi-homonyme, Fredric Brown). Un an après les événements décrits dans la nouvelle« La Tragique affaire de l’ambassadeur martien » (au sommaire du Bifrost n° 105), qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lue pour apprécier Simulacres martiens, les extraterrestres font de nouveau appel au célèbre détective pour élucider la mort d’un fameux philosophe… sur Mars. D’emblée, le fait qu’on veuille, peu logiquement, l’attirer sur la planète Rouge, éveille la suspicion de Holmes, sentiment renforcé quand il ne trouve aucune mention du « célèbre » érudit dans les écrits martiens, et qui atteint son paroxysme lorsque Watson est abordé, à la veille du départ, par une charmante jeune femme persuadée que ces Martiens « pacifiques » de la seconde vague ne sont pas ce qu’ils prétendent être… Seul moyen d’en avoir le cœur net : aller sur place !

Précisons que le lecteur s’attendant à une enquête classique de Holmes sera décontenancé par ce texte où le détective, plutôt passif, subit les événements plus qu’il ne les maîtrise. On lui conseillera de se tourner vers la nouvelle susmentionnée, qui, elle, sera tout à fait conforme à ses attentes. Le court roman, lui, est plus axé sur le sense of wonder lié à Mars et à ses merveilles technologiques, la découverte d’une incroyable conspiration et une aventure qui n’aurait en rien dépareillé dans un pulp de l’âge d’or de la SF, ainsi que sur l’ironie d’une Angleterre, centre d’un empire colonial, qui se retrouve elle-même colonisée par des poulpes d’apparence hideuse. Si l’on sait à quoi s’attendre, aucune raison d’être déçu par ce texte à l’atmosphère plaisante, l’écriture fine et la traduction sans défaut. À un gros détail près, toutefois : la novella se conclut précisément quand la « vraie » histoire est sur le point de commencer. On espère qu’une suite est prévue !

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