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Thomas DAY

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On doit à Thomas Day une bonne dizaine de romans, où il réinterprète avec brio mythes et mythologies, ainsi qu’une quarantaine de nouvelles, publiées pour part dans Bifrost. Ses romans, souvent courts et brutaux, et sous forte influence cinéphilique, ont tendance à faire couler l’hémoglobine.

Dans L’Instinct de l’équarisseur, il transforme Sherlock Holmes en psychopathe ; les deux tomes de La Voie du Sabre et La Maison aux fenêtres de papier emmènent le lecteur dans un Japon rêvé qui n’a jamais été ; Le Trône d’ébène, couronné par le prix Imaginales 2008, revisite de manière épique la vie de Chaka, roi des zoulous. Chez ActuSF, il a participé à plusieurs anthologies et signé un recueil de nouvelles décapant : This Is Not America. En 2013 et 2014, il obtient coup sur coup le Grand Prix de l’imaginaire pour son roman Du sel sous les paupières et le recueil Sept secondes pour devenir un aigle. Ses dernières parutions en date au Bélial’ sont sa participation au beau-livre Gotland, dont il signe l’un des textes, et Dragon, paru en 2016 dans la collection « Une heure-lumière ».

Côté BD, Thomas Day a signé les scénarios de Wika (dessins d’Olivier Ledroit), Juste un peu de cendres (dessins d’Aurélien Police) et Macbeth roi d’Écosse (dessins de Guillaume Sorel).

Dans une autre vie, Thomas Day se nomme Gilles Dumay. Après avoir fondé et dirigé  la prestigieuse collection « Lunes d’Encre » chez Denoël, il est maintenant directeur du département Albin Michel Imaginaire d’Albin Michel.

Disponible   À paraître   Bientôt épuisé   En réimpression   Épuisé

Bifrost n° 57

Bifrost n° 57

La femme avançait en trébuchant dans le long couloir, trop fatiguée pour courir. Elle était grande, pieds nus, et portait des vêtements déchirés qui n’auraient pu dissimuler sa grossesse très avancée.

La vue brouillée par la douleur, elle aperçut une lumière bleue familière. Un sas. Elle n’avait plus d’autre endroit où aller. Elle ouvrit la porte, la franchit et la referma derrière elle. Elle se tourna vers la porte extérieure, celle qui donnait sur le vide, puis se hâta d’actionner les quatre manettes de déverrouillage. Au-dessus de sa tête, une tonalité d’avertissement retentit, discrète et rythmique. La porte extérieure restait désormais fermée grâce à la pression de l’air dans le sas et il faudrait la verrouiller à nouveau pour débloquer la porte intérieure. Elle entendit du bruit dans le couloir, mais elle se savait en sécurité. Tenter de forcer la porte extérieure déclencherait assez d’alarmes pour attirer la police et le service de l’air.

Ce n’est qu’en sentant ses tympans éclater qu’elle s’aperçut de son erreur. Elle voulut hurler, mais son hurlement s’éteignit très vite quand le dernier souffle d’air se rua hors de ses poumons. Elle continua un certain temps à marteler sans bruit les parois métalliques, jusqu’à ce que le sang lui coule du nez et de la bouche. Le sang faisait des bulles. Au moment où ses yeux commençaient à geler, la porte extérieure pivota vers le haut, lui dévoilant le paysage lunaire…

John Varley
L’Homme à la Cloche

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Bifrost n° 55

Bifrost n° 55

Elle gît, couverte de givre, dans une grotte de glace. Sa pose est si inconfortable qu’elle pourrait lui avoir été soufflée par Rodin en personne : en partie appuyée sur son côté gauche, les épaules plaquées à la paroi, elle lève le coude droit au-dessus de la tête, la main pendue devant son visage. Sa jambe gauche est complètement enterrée.

[…]

Sous sa couche de glace, ce qui apparaît de ses traits n’est pas déplaisant, mais pas frappant de beauté non plus. Elle semble avoir une vingtaine d’années. De multiples fissures courent sur les murs et le sol. Au plafond, les stalactites chatoient tels des bijoux dans la lumière que les parois reflètent en un cycle infini. Le terrain présente une pente graduée, aussi la statue, en son point culminant, confère à tout l’endroit un vague air de tombeau. Quand parfois les nuages se fendent à la tombée du soir, le couchant baigne sa silhouette d’un éclat rougeoyant.

[…]

Le tableau d’ensemble pourrait laisser croire qu’il s’agit là d’une pauvre infortunée prise au piège et morte de froid, plutôt que la statue de la déesse vivante qui se tient à l’endroit où tout a commencé.

Roger Zelazny
Permafrost

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Bifrost n° 54

Bifrost n° 54

De toutes les assistantes de l'Institut, Y Lan était la seule à accepter de tenir la main des patients pendant le transfert. C'était toujours de vieilles gens au bout du rouleau et leurs vieilles mains sentaient la mort. La peau était tendue sur les cartilages, on aurait dit des pattes de perroquet, sèches et rugueuses.

Au début de son stage, Y Lan partageait l'aversion de ses collègues et il lui avait fallu du temps pour comprendre la beauté secrète de ces mains. Du temps et quelques souvenirs, à l'époque où les crues jetaient des branches à la porte de sa chambre, quand la maison de la famille Nguyen se trouvait au-dessus du niveau des eaux, quand Hanoï avait encore la force de résister au Fleuve Rouge...

Richard Canal
Anastasia

 

« Il n'était donc que justice de voir Bifrost, la revue des mondes imaginaires, offrir un forum à [Richard Canal], auteur très (trop ?) discret dans un entretien fleuve dont seul ce magazine a le secret. (...) On pourra enfin y lire "Une niche", magnifique nouvelle de Peter Watts, auteur de l'éblouissant Vision aveugle ! »

Fluctuat

 

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Bifrost n° 53

Bifrost n° 53

Le 27 novembre 2000, un pli m'est parvenu. Rien que de très habituel chez moi : depuis que j'ai entamé une carrière d'écrivain à plein temps, je reçois beaucoup plus de courrier. Une bande arrachée sur le rabat de l'enveloppe permettait d'en vérifier le contenu. Ce qui n'a rien d'inhabituel non plus. A cause, sans doute, de mes activités politiques — membre à géométrie variable d'un groupe d'extrême-gauche, je me suis présenté aux élections au nom de la Socialist Alliance — , il est fréquent que l'on espionne ma correspondance, ce qui ne lasse d'ailleurs pas de m'indigner. Si je précise ce détail, c'est pour expliquer pourquoi j'ai ouvert une lettre qui ne m'était pas destinée. Je m'appelle China Miéville et j'habite sur ...ley Road. Le paquet était adressé à un certain Charles Melville, au même numéro, mais sur ...ford Road. Aucun code postal n'étant mentionné, le colis a fini par échouer à mon domicile. Devant ce gros emballage à demi déchiré par quelque barbouze, j'ai tout bêtement supposé qu'il m'était adressé et je l'ai ouvert...

China Miéville
Compte-rendu de certains événements survenus à Londres (prix Locus 2003)

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Bifrost n° 52

Bifrost n° 52

Panorama de l'enclave autonome : entre les îlots bâtis, des marchés à perte de vue où grouillent des foules cosmopolites. Filles en tenue d'Eve (ou peu s'en faut) et travestis en short moulant arpentent les trottoirs des rues chaudes encombrées de clients en rangs serrés. Dans des quartiers plus excentrés, mais non moins fréquentés, des créatures venues de l'ensemble du Système exhibent leurs charmes exotiques. Palmiers, collines et désert d'ocre composent l'écrin de la ville, qu'un fleuve aux eaux huileuses sillonne paresseusement. Côté levant, on discerne, noyées dans une brume de chaleur, les installations de l'astroport où transitent chaque jour des centaines de navettes orbitales. En retrait de la zone passagers, cinquante hectares de tarmac destinés au fret : l'astroport d'Interzone constitue la plus grande plate-forme terrestre d'import-export à destination du système solaire, notamment pour le commerce des drogues.

Christian Vilà
Interzone

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Bifrost n° 51

Bifrost n° 51

Plusieurs mois avant mon treizième anniversaire, ma mère m'a visité en rêve afin de m'expliquer pourquoi elle m'avait envoyé vivre dans un cirque sept ans plus tôt. Sauf erreur de ma part, ce rêve était un Mitsubishi, une biopuce de la gamme Moonflower qui dominait le marché de la pornographie à cette époque ; programmé pour s'activer une fois que ma production de testostérone aurait atteint un niveau déterminé, il présentait une Asiatique au corps sculptural, sur lequel ma mère avait apparemment greffé son visage. J'ai supposé que, pressée par le temps, elle avait été obligée d'utiliser ce qu'elle avait sous la main ; d'un autre côté, vu la complexité machiavélique de notre histoire familiale, je me suis demandé par la suite si elle n'avait pas délibérément choisi une puce porno afin de provoquer en moi un conflit œdipien de nature à souligner l'urgence de son message...

Lucius Shepard
Radieuse Etoile verte (prix Locus 2001)

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Bifrost n° 50

Bifrost n° 50

... Cette nuit-là le Santa Ana charriait vers l'ouest des détritus divers : papiers, feuilles mortes et panaches de poussière subtilisée sur des aires de stationnement où des semi-remorques attendaient patiemment le lever du jour. Cette nuit-là une chose non identifiable, roulant et glissant dans les rues désertes de Santa Margarita, se raccrocha brièvement à de hautes branches, tenta quelques dérapaqes sur les toits des voitures garées puis lonqea la vitrine nord de la Cantina de Guillermo, un resto ouvert 24 heures sur 24, en exécutant une sorte de danse du ventre langoureuse et lascive. Le seul qui put l'admirer fut ce vieillard que tous appelaient Cyclope, et qui sirotait un café au comptoir — une activité qu'il faisait durer pour bénéficier d'un peu de chaleur et de lumière — , et il contempla cette chose jusqu'au moment où elle atteignit l'extrémité de la vitre et bascula au-delà, l'obligeant à tordre le cou pour la suivre de son œil valide...

Tim Powers
Itinéraire nocturne

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Bifrost n° 49

Bifrost n° 49

... ce que bous venez de lire est en fait le passage érotique d'ouverture de Love Addict [Esclave de l'amour] publié à Chicago par Nightstand Books en octobre de cette année-là. Ce fit le premier de quelque cent cinquante romans que je devais écrire pour cette maison au cours des cinq années suivantes sous le pseudonyme de Don Elliot. De nos jours, on appellerait ça du porno soft.

Vous avez bien lu. Cent cinquante romans de longueur standard en cinq ans. Trente livres à l'année, plus d'un toutes les deux semaines, jours ouvrables ou non, entre 1959 et 1964. Tapés à la machine, rien de moins (les PC n'existaient pas, à l'époque, pas même les bonne vieilles IBM électriques). D'autres auteurs, dont les noms vous surprendraient beaucoup, pondaient leurs œuvres au même rythme étonnant. Nous étions rapides, en ce temps-là. Normal : nous étions très jeunes...

Robert Silverberg
Ma carrière de pornographe

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Bifrost n° 48

Bifrost n° 48

Caliban et ses frères rampaient dans le verger tout proche. A travers les herbes trempées par la rosée nimbée par les rayons précoces du soleil.

Tous les quatre s'étaient présentés au contremmaître Vargas Benét comme des ouvriers migrants de Garten IX, mais étaient en réalité des clones créés in vitro et ex machina par les biogénéticiens de LS XVII. A partir de la matière première des laboratoires de la station mise en orbite haute autour de Huerta. Ce jour-là, le Pr Morrow avait fouillé dans des réserves de cellules cryogénées ordinaires de Dedalos VI, système de Deneb. Ce Dr Jekyll mâtiné de Victor Frankenstein avait ainsi donné naissance à un quatuor de Misters Hyde. Puis pour « voir », on les avait lâchés sur Huerta. Ce qui allait contre le code de déontologie tout en étant parfaitement illégal. Zenna avala la semence de son amant et le sentit qui s'insinuait entre ses cuisses pour lui lécher la chatte comme un... chat lapant son lait matinal. Zenna avait l'impression que des yeux cruels les regardaient en pleine joute amoureuse !

Daniel Walther
Les Terrasses du Crépuscule

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Bifrost n° 47

Bifrost n° 47

Richard détourna les yeux, écoeuré, et se pencha sur son propre livre. Le sifflement retentit à nouveau et il sursauta. Son voisin le dévisageait franchement. Avec lenteur, il sortit un carnet à spirale de sa poche de poitrine, arracha une feuille et traça un grand nombre de traits en désordre avec le marqueur. Lorsqu'il la lui tendit, Richard n'y vit qu'un ensemble de gribouillages sans signification et la tourna dans tous les sens sans parvenir à la déchiffrer.

Il la laissa tomber sur la table et son voisin la reprit. Il rabattit un coin sur le coin opposé, effectua une série de pliages si rapides que Richard ne put suivre le mouvement de ses doigts. Puis l'homme lui tendit à nouveau la feuille pliée en forme de rose.

Elle s'ouvrit au creux de sa paume et les lignes jaunes enchevêtrées s'ordonnèrent en lettres, puis en mots, en suivant les plis. Sur la corolle de papier, on pouvait lire :

Je t'expliquerai...

Jean-Claude Dunyach, Repli sur soie

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