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Bifrost n° 33

Bifrost n° 33

Il fallait d'abord frapper le chien. Pour attendrir la viande ou au contraire saturer les tissus d'adrénaline, afin d'augmenter sa saveur. Sur ce point, les écoles divergeaient, mais toutes admettaient l'importance du rituel. Le premier assistant de Paul Veyne tira de sa cage l'animal à poil gris, couleur de hyène. Le meilleur choix. Contrairement à la vision simpliste des Occidentaux, n'importe quel chien ne pouvait convenir pour la préparation du Thit cho. A défaut d'un gris, on pouvait se rabattre sur un jaune tacheté de marron. Jamais un noir, réservé au traitement des maladies mentales, ce qui aujourd'hui aurait fait montre d'une impardonnable faute de goût. La bête tenta de se dégager mais ses membres étaient entravés par un câble d'acier.

« Diffusion dans quinze secondes. »

Paul fixa le décompte numérique affiché sur l'écran. Un LIVE clignota avant de laisser place à un gros plan de sa femme. Elle était assise au milieu de leur salon, le canon d'un automatique pointé sur sa tempe. La situation n'avait rien d'exceptionnel, mais elle était éprouvante. Il devait l'oublier ; ne songer qu'à son art.

« Nous pouvons commencer. »

Xavier Mauméjean

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Bifrost n° 32

Bifrost n° 32

A plus de soixante pas du trio, un immense rocher noir occupe une bonne partie du centre de l'espace voûté. Devant ce récif infernal, un géant cornu attend. Il est assis dans la position du Bouddha, les yeux clos. C'est un oni de la taille d'une pagode à trois étages. [...]

Soudain, le grand cornu se dresse de toute sa hauteur et rugit. Il est enchaîné au roc par la ceinture, un collier de métal noir et des bracelets aux poignets. Sur sa peau rouge orangé comme la braise d'une forge, ses poils sont roux à l'exception de la longue chevelure sombre qui lui couvre le dos pareille à une crinière. Son sexe — court au vu de la taille du monstre — et ses bourses grosses comme des calebasses ballottent à chacun de ses mouvements. Il rugit à nouveau. Agité, il tire sur ses lourdes chaînes semblables à celles des ancres des galions Portugais. Daigoro se tient prêt à décocher son trait.

Le démon tend le bras droit en avant et pointe Onireiko du doigt.

« Toi ! » hurle-t-il en langue impériale.

Thomas Day, L'Homme qui voulait tuer l'Empereur

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Bifrost n° 30

Bifrost n° 30

« Le front commença à lui peser comme s'il avait eu de gros sourcils en laine de fonte et ce poids lui écrabouillait le cœur, ce qui jetait le trouble dans ses représentations mentales.

Il mit des étiquettes sur le fleuve d'eau savonneuse qui ballottait ses pensées (Psychose, Traumatisme) et quand il en vint à la conclusion qu'il tournait au serial killer, il rigola pour la première fois depuis des mois.

Il eut une fois, une seule, le courage d'aller voir. Dans une cave. Après tout, nécrophile, c'était bien aussi pire que serial killer et il mourait d'envie de toucher de la chair. Même Froide. Il voulait trouver une femme.

Ou mieux, une petite fille. Pédonécrophile, ça c'était de l'aventure.

Il se demanda, en descendant marche après marche un escalier noir de salpêtre, s'il la violerait.

Il n'avait jamais fait ça.

Mais il avait essayé tous les trucs de tous les sex shops, ceux qu'on enfile et ceux qui s'enfilent, et il lui fallait autre chose. »

Catherine Dufour

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Bifrost n° 29

Bifrost n° 29

L'histoire commence sur la banquette arrière d'une Ford 1949 décapotable. Le lieu : les Etats-Unis d'Amérique, section Californie, sous-section L.A., sous-sous-section une route qui serpente dans les collines couvertes d'orangers desséchés de Hollywood. La date : 4 juillet 1955, avant minuit. Trois mois plus tôt, Albert Einstein est mort à Princeton, rupture d'un anévrisme intestinal. Trois mois plus tard, James Dean va se tuer au volant de sa Porsche 550 Spyder baptisée Little Bastard. Marylin Monroe a encore sept ans à vivre. Elvis va bien, mis à part les merdes qu'il tourne sous la direction de réalisateurs de second ordre ; lui, son avenir se mesure en vingt années d'ingestion de beurre de cacahuète qui se termineront par l'explosion répugnante de son gros bide. Trois milliards d'autres Terriens, en général moins célèbres que les quatre susnommés, vivent sur la planète Terre en ce 4 juillet de forte chaleur. Personne ne peut s'en douter, mais tous ceux qui survivront un demi-siècle plus tard, sans parler de la cohorte encore à naître, sont condamnés à mourir quelques jours avant le Christmas Day de l'an 2000. Voici pourquoi...

Jean-Pierre Andrevon

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Bifrost n° 28

Bifrost n° 28

Il avait des glaçons pour dents, trois rangées de lances inégales, blanches dans la caverne bleue de sa bouche. S'il battait des ailes, la bise se levait, la neige voltigeait, tourbillonnait, le monde se recroquevillait, frissonnait. Quand une porte s'ouvrait au froid hivernal, poussée par une rafale, le maître de maison se hâtait de la refermer, de la barrer et de dire : « Le dragon de glace est passé. » S'il ouvrait sa vaste gueule pour souffler, il n'en jaillissait pas le feu à la puanteur sulfureuse des dragons inférieurs. Le dragon de glace soufflait du froid. De la glace se formait au contact de ce souffle. La chaleur s'enfuyait. Les feux crachotaient, s'éteignaient, étouffés. Les branches friables des arbres gelés à cœur dans leur âme lente et secrète cassaient sous le fardeau de leur propre poids. Les animaux bleuissaient, gémissaient et puis mouraient, les yeux exorbités, la peau gainée de givre. Le dragon de glace insufflait la mort au monde, la mort, le silence et le Froid.

George R. R. Martin

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Bifrost n° 27

Bifrost n° 27

Loin de disparaître, l'aspérité créée par l'explosion du module changeait de taille. Elle se dilatait en un immense fil de néant qui ondulait dans l'espace, évoquant un serpent qui repliait son corps en anneaux, un fouet qui claquait sans bruit dans le vide alentour. Hobangui compara la longueur du fil au diamètre du Seuil, mais le nombre qu'il obtenait était trop démesuré pour représenter plus qu'une suite de chiffres déconnectée du spectacle auquel il assistait. Ce qui ondoyait sur l'écran était impensable, monstrueux, c'était...

« Obscène, murmura McLelan. Cette chose est obscène. Il faut l'éliminer. »

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Bifrost n° 24

Bifrost n° 24

« Une voix hurle quelque part. Reno se déplace à la vitesse de la lumière. L'univers crie de douleur autour de lui. La clarté l'éblouit. Les odeurs piquent ses narines. Au-dessus de lui nagent les étoiles, leur doux éclat brouillé par les larmes.

Il est allongé sur le dos. Sous lui, quelque chose se froisse et bruisse. Les étoiles le contemplent de leurs pupilles illuminées.

Reno bouge le bras. Un geste des plus simples, pourtant il a oublié comment l'effectuer. Il veut essuyer les larmes sur son visage, mais touche sa tempe par erreur et y sent un objet, un câble fiché dans son crâne. Sa coordination est sérieusement détériorée. Son corps lui semble erroné. Il a mal à la gorge, un goût infect dans la bouche. Il se rappelle où il est, ce qu'il fait ici. Il se rappelle que les hurlements étaient les siens.

Il se souvient de ce que ses amis lui ont demandé en échange de certains services.

Il se souvient de ce qu'on ressent en mourant. »

Walter Jon Williams
Solip:système

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Bifrost n° 23

Bifrost n° 23

« Quand l'explorateur arctique s'éveille de son cauchemar de glace et de vent, il retrouve un monde de glace et de vent. Ses gelures qui se sont réchauffées dans son sac de couchage lui donnent l'impression d'avoir les pieds et les mains en feu. La douleur est presque insupportable, mais il se convainc qu'il va vivre. Du moment que son compagnon est en état de conduire le traîneau, lui-même survivra. Il se traîne hors de la tente, plisse les yeux sous l'éclat du soleil. Lorsqu'il s'aperçoit que les chiens et le traîneau sont partis, il reste longtemps à contempler leurs traces qui s'effacent dans le vent. Dans mes rêves, les morts portent témoignage.

Du fond de la mer, les marins morts agitent les bras.

Gelé dans la glace, un doigt de cuir pointe et accuse.

Tic-tac tic-tac, fait mon cœur dans son compte à rebours vers le zéro. »

Bruce Holland Rogers

L'Autre Bord (Prix Nebula)

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Bifrost n° 22

Bifrost n° 22

« C'est un jeu hors du temps. Il fait bon s'y prélasser, à l'heure où le soleil à l'horizon s'émiette en un dernier rougeoiement. On se laisse bercer, alangui au creux d'un rocking-chair. Un vieux chien est couché de tout son long sur le plancher de la véranda. Un verre de whisky couleur de miel est posé sur une table basse, à portée de la main... Le temps d'un soupir et ce sera bientôt l'heure où les voisins viennent dire un petit bonjour. Il v aura Thorndyke et Bauncer, dont la malice ne s'est pas émoussée en presgue sept décennies. Il y aura aussi Brad : lui passe désormais le plus clair de son temps à se balader dans la vieille Ford T qu'il a enfin fini par retaper ! Il y aura Enoch Wallace : cent vingt-quatre ans mais qui en paraît à peine trente. Il y aura peut-être les nouveaux voisins : des gens discrets qui viennent d'on ne sait où... d'un repli de l'espace ou d'un autre temps, mais quelle importance ? Il y aura sans doute Hezekiah, Richard Daniel ou le vieux Jenkins : plus humains nombre d'humains. On boira un verre. On papotera. On évoquera des souvenirs d'antan. Mon Dieu, qu'est-ce qu'on sera bien ! »

De Demain les chiens à Au Carrefour des étoiles, Clifford Donald Simak nous laisse une des oeuvres les plus personnelles de la S-F mondiale. Un monument que nous avons tenté de cerner dans ce numéro spécial, qui se veut autant un hommage à celui qui « écoutait les étoiles » qu'une invite à (re)découvrir ses univers.

Épuisé  

Bifrost n° 21

Bifrost n° 21

D'abord l'odeur : caoutchouc brûlé, pneus cuits par le soleil, carburant au goutte à goutte...

Au loin, quelques grattements — griffes sur la tôle tiède.

Ton corps en alerte t'oblige à ouvrir les yeux. Toute résistance est vaine. Ils sont de plus en plus proches. Menaçants — griffes sur la tôle tiède.

La lumière pénètre ton œil ; aveuglement suivi de quelques nuages d'insectes lumineux. Enfin ton regard trouve un chemin vers la réalité : minuscule triangle de ciel nocturne.

Tu es assis dans une épave de voiture.

Tu ne comprends pas ce que tu vois : des carcasses broyées sur ta gauche et ta droite, des voitures couches sur couches, devant, derrière, dessous, au-dessus, qui t'étouffent et te laissent juste apercevoir la Lune — pleine comme un ventre qui attend l'enfant.

Déjà un coup de patte précis...

Sur ta droite, le verre sécurit explose. Derrière, un animal grogne. Devant, ses congénères hurlent à la mort... Des loups ?

Une gueule jaillit des ténèbres pour te saisir à la gorge. Longue et puissante, brillante de salive.

Une patte déchire ta chemise et laisse paraître les poils sombres qui couvrent ta poitrine.

Un goût de métaux envahit ta bouche.

Te voilà sur le long ruban d'Extermination Hiqhway, une route qui ne connaît pas de fin...

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