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Les critiques de Bifrost

Yumi et le peintre de cauchemars

Yumi et le peintre de cauchemars

Brandon SANDERSON, Brandon SANDERSON
LIVRE DE POCHE
688pp - 24,90 €

Bifrost n° 112

Critique parue en octobre 2023 dans Bifrost n° 112

Yumi est une Élue du Royaume de Torio. Depuis son plus jeune âge, elle manipule les pierres pour invoquer les esprits afin qu’ils répondent aux besoins de son peuple, qui survit tant bien que mal sous une lumière constante et une chaleur écrasante. Tout le contraire de Nikaro qui vit à Kilahito, une ville enveloppée d’un voile noir. Mais comme Yumi, il travaille au bien-être de son peuple en repoussant chaque jour les cauchemars qui traversent le voile. Armé de ses pinceaux et de ses toiles, Nikaro rend inoffensif ces esprits cauchemardesques pour les éloigner des habitants. Yumi et Peintre (surnom de Nikaro) accomplissent leurs tâches respectives jusqu’au jour où Peintre se réveille dans le monde de Yumi… enfermé dans le corps de cette dernière, qui n’est plus qu’un simple esprit. À partir de cet événement, rien ne va plus. Et quand le corps de Yumi s’abandonne au sommeil… la jeune yoki-hijo s’immisce dans la vie de Peintre mais conserve son apparence à elle, Peintre n’étant plus à son tour qu’un simple esprit dans son monde. Hein ! Comment ? Eh oui, le lien qui les unit échappe à toute logique. Mais ce qui est certain, c’est qu’un cauchemar stable rôde dans les rues de Kilahito, et ce n’est pas par hasard… tout comme cet esprit qui a demandé à Yumi de le libérer.

Après Tress de la mer émeraude (cf. Bifrost n° 110) et Manuel de survie du sorcier Frugal dans l’Angleterre médiévale (cf. Bifrost n° 111), le nouveau roman « secret » (pour rappel, il y en aura quatre au total) de Branson Sanderson est enfin sorti du four. Et son goût est légèrement décevant. L’auteur des « Archives de Roshar » n’est pas connu pour la qualité de ses histoires d’amour, mais pour son talent de conteur, ses world buildings qui envoient du pâté et sa capacité à nous émerveiller par des systèmes de magie aussi complexes qu’excitants. Yumi et le peintre de cauchemars se place donc comme un OVNI dans l’univers du Cosmère : une romance un peu trop longue entre deux héros que tout oppose. Elle, maniant l’art de l’empilement des pierres selon un enseignement strict ; lui, jouant du pinceau de façon libre et instinctive. Les deux jeunes gens devront apprendre l’un de l’autre, et qui du corps ou de l’esprit gouverne, ils n’ont pas le choix s’ils veulent se libérer du lien qui les unit et regagner leur monde respectif. Pour lui, une planète aux influences japonisantes et à la technologie avancée ; pour elle, un monde inspiré de la culture coréenne et médiévale. Un peu classique, donc, ce roman d’apprentissage mâtiné de romance. Le grain de sel ne viendra pas du couple, mais plutôt du narrateur, un porte-manteau. Hein ! Quoi ? Oui, un porte-manteau à l’humour rafraîchissant, un narrateur omniscient que les habitués du Cosmère reconnaîtront et qui racontait déjà l’histoire de Tress. Mais Brandon Sanderson ne s’attarde pas sur ce non-personnage, et c’est dommage car son sort est lié aux héros. Il lui préfère Yumi et Peintre dont il isole la relation du reste du monde et du Cosmère. Par ailleurs, inutile d’avoir lu les autres romans de l’univers pour comprendre parfaitement cette histoire, des références sont présentes mais trop peu pour avoir un impact sur la lecture. Yumi et le peintre de cauchemars est avant tout une histoire « conçue comme un cadeau » dédiée par Brandon Sanderson à son épouse et qu’il faut lire en tant que telle, une déclaration d’amour à celle qui l’épaule au quotidien.

Aayla SECURA

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