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Les critiques de Bifrost

Quelques années après Un éclat de givre, Estelle Faye propose une suite aux aventures de Chet et de son alter ego, la chanteuse de jazz Thais, qui nous replonge dans son Paris post-apocalyptique, désormais en proie aux pluies permanentes. Dès les premières pages, on retrouve ce cocktail bien particulier – variante vase et algues – avec un certain plaisir, et si les événements du premier volume sont lointains pour le lecteur, quelques rappels subtils permettent de raccrocher les wagons sans pour autant alourdir le récit, le rendant presque lisible comme un one shot.

La plume d’Estelle Faye est une fois de plus au rendez-vous, pourvoyeuse d’un vocabulaire bien pesé, d’ambiances posées avec efficacité. Quant à Chet, notre narrateur à l’humour particulier et joyeusement autodépréciatif, il est agréable de le retrouver un peu plus travaillé, toujours plus tiraillé ! Concernant l’intrigue, sans en dévoiler trop, elle concerne donc les conséquences du premier volume : un Paris pris dans un déluge permanent, un sourd complot ourdi par d’étranges et sectaires puissants, quelques concerts de jazz, une obsession de Chet pour son chevalier servant qu’il ne reverra plus… et, clou du spectacle, la curieuse apparition de « doubles » de notre héros dans différents endroits de la cité.

L’ensemble nous fait retrouver avec joie les qualités qui faisaient le sel de ses premières aventures : un récit sans temps mort, une exploration de nouvelles arcanes d’un Paris détrempé, le tout mêlé dans un amour contagieux pour cette ville et ses différentes guildes. Une capitale qui se délabre encore plus matériellement et socialement… sans oublier pour Chet son lot d’aventures en tous genres, et dans tous les sens du terme. Une poignée de bémols, cependant : on notera quelques répétitions dans les descriptions, qui tendent à alourdir le récit, et une fin un peu précipitée, à moins que ça ne soit simplement l’effet secondaire d’un bon roman, aussi malin et soigneusement écrit que divertissant, que l’on rechigne à quitter… Il serait néanmoins dommage de se priver de ce bon moment.

Eva SINANIAN

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